« On n’a qu’une vie, il faut foncer », assure Caroline Estremo

Caroline Estremo a décidé de raconter sa vie privée dans son nouveau spectacle. (c) Pierre Beteille

Toute sa vie, Caroline Estremo a eu à cœur de faire du bien aux gens. Dans sa première carrière professionnelle, c’est dans la peau d’une infirmière urgentiste qu’elle s’est occupée des autres mais depuis quelques années, c’est sur scène et par le rire qu’elle met son talent au service de ceux qui viennent la voir en quête d’une dose de bonne humeur. Après le succès de son premier seule en scène, elle revient avec un spectacle très intime, « Normalement », qu’elle jouera le 23 mai à Aulnoye Aymeries puis le 19 novembre à Lille.

Caroline, après votre vie professionnelle, vous nous faîtes pénétrer dans votre sphère privée, qu’est-ce qui vous a décidée à opter pour cette thématique ?

« Dans mon premier spectacle, « J’aime les gens », je parlais des conditions de travail des infirmières avec humour. J’aurais pu continuer sur ce thème mais je ne voulais pas prendre le risque d’être redondante et comme j’ai vécu une histoire d’amour qui a chamboulé ma vie, je me suis dit que la raconter pourrait aider les gens à prendre des décisions mêmes difficiles quel que soit le domaine, privé ou professionnel. On n’a qu’une vie, il faut foncer, ne pas avoir peur de tout plaquer et repartir à zéro. »

Lorsque l’on touche à des choses intimes, est-ce que l’on valide tout avec ses proches et avez-vous posé des limites avant d’écrire ?

« Je suis spontanée et je n’ai pas de tabous donc j’aurais pu tout raconter. C’est ma femme qui a servi de garde fou, qui a mis les limite. Je parle d’homosexualité, d’homoparentalité, je ne savais pas trop comment ça allait être reçu par le public même si les gens ne sont pas majoritairement homophobes, j’ai quand même vu ce qui pouvait circuler sur les réseaux sociaux de certains sur ces sujets. »

Quels principaux enseignements avez-vous tiré du premier spectacle pour construire le deuxième ?

« J’ai appris à être plus concise, plus efficace. Dans le premier spectacle, j’avançais avec le public au fur et à mesure, j’apprenais à peaufiner le texte, à voir si je tenais le bon ressort comique et je me sens aussi plus légitime. J’avais la sensation d’être l’infirmière qui faisait des blagues, là je suis moins gênée de dire que je suis humoriste. »

Au-delà de divertir, j’imagine qu’il y a l’espoir que ce spectacle amène plus de tolérance dans les familles qui apprennent l’orientation sexuelle d’un des leurs. Avez-vous déjà eu des retours en ce sens depuis que vous jouez le spectacle ?

« J’ai un peu de tout. Des gens plus âgés, qui ont vécu cette situation à une époque où c’était encore mal vu et qui trouvent ça bien de pouvoir donner une visibilité à ces orientations sexuelles qu’on ne choisit pas ; il y a des personnes qui sont en transition, encore en questionnement, et ça les rassure de voir ce qui est possible et puis il ya ceux qui n’y arrivent pas encore, qui ne sont pas prêts ; les familles qui ont encore besoin d’un temps de digestion, celles qui ont digéré ; des mères qui avouent avoir mal réagi au début… Si ce spectacle peut envoyer des messages de tolérance, l’objectif sera atteint. »

Vous dîtes qu’il a fallu du temps pour vous sentir légitime, cette envie de faire de l’humour est arrivée à quel moment ?

«  Depuis toute petite, j’aime faire rire, j’avais fait un peu de théâtre plus jeune mais ça me semblait inaccessible d’être humoriste et puis on me disait de faire un vrai métier. En fait, un jour, j’ai balancé une première vidéo sur les réseaux sociaux, juste pour faire marrer le copines et puis ça a fait le buzz, il y a eu un effet boule de neige, des portes se sont ouvertes et aujourd’hui je réalise un rêve d’enfant et au moins mon diplôme est un bon filet de sécurité. Si un jour je ne fais plus rire, je retournerais à l’hôpital. »  

Caroline Estremo sera ce mardi 27 mai (20 h 30) au théâtre Léo Ferré à Aulnoye Aymeries et le mercredi 19 novembre (20 h) au théâtre Sébastopol à Lille.

Le négociateur revient et il a pris du galon

Jeanne Bournaud et François-Xavier Demaison, heureux de se retrouver pour de nouvelles aventures du négociateur. (c) Jonty Champelovier/TF1

Forte du succès de la première saison, TF1 a validé une suite aux aventures d’Antoine Clerc (François-Xavier Demaison), ancien négociateur de la BRI, amené à retrouver ses anciennes fonctions suite à une prise d’otages et d’Hélène Bannier (Jeanne Bournaud), chef d’équipe du Raid.

Dans cette nouvelle saison, Antoine Clerc a officiellement intégré le Raid, ce qui renforce les liens entre les deux personnages : « Il y a vraiment quelque chose de très attachant dans ce duo et je crois que c’est ce qui a plus aux gens, estime François-Xavier Demaison. J’adore la manière dont ces deux personnages interagissent. Le duo est un peu plus croustillant, un peu plus développé, il lui arrive pas mal de choses nouvelles. »

La vie de famille agitée de ce négociateur, père de trois filles et devant composer avec un papa poule (Michel Jonasz) et des ex-compagnes (Léonie Simaga, Barbara Cabrita et Elodie Frenck) très envahissantes participe également au succès de la série. « Ce personnage de négociateur qui gère très bien les situations extrêmes mais qui est totalement dépassé par sa famille, c’est amusant, poursuit-il. Il y a quelque chose de sympathique, un côté feel good. C’est notre ambition de réaliser un programme qui fasse du bien, une série familiale. »

Jeanne Bournaud apprécie également l’évolution de l’intrigue : « Antoine fait désormais vraiment partie de l’équipe du Raid et il va aussi faire partie de la vie d’Hélène en devenant son ami, son confident, un soutien dont elle a bien besoin car il lui arrive pas mal de choses, indique-t-elle. Dans la première saison, elle avait montré l’image d’une femme forte, une guerrière. Là, un événement va bouleverser sa vie et elle va dévoiler une facette plus fragile, davantage dans le doute, qu’elle ne laissera néanmoins apparaître qu’à Antoine. Elle va aussi moins intervenir dans sa famille, tout comme celle-ci va moins se mêler des enquêtes. Les deux univers sont davantage séparés. »

Pour les débuts de la série, Jeanne Bournaud avait suivi un stage en immersion au sein du Raid. Cette fois, elle a été initiée au maniement d’un fusil d’assaut par un commando des forces spéciales. « Je n’en avais jamais touché auparavant, précise-t-elle. J’ai appris à progresser avec, ce qui n’est pas évident car c’est lourd et encombrant, ils m’ont appris à viser, tirer, appréhender le recul de l’arme. J’ai aussi passé une nuit d’observation avec la bac de nuit, c’était assez fascinant. »

« J‘aurais bien aimé faire également « joujou » avec les armes, sourit François-Xavier Demaison, mais comme je suis plus dans la discussion que dans l’action, j’ai plutôt fait un travail à la table en parlant avec des négociateurs, en lisant des livres, en apprenant un vocabulaire spécifique… On avait déjà travaillé avec eux dans la première saison mais on a poussé un peu plus les curseurs. »

Le négociateur, saison 2, dès ce lundi 19 mai (21 h 10) sur TF1.

HPI promet un final en feu d’artifice

Morgane (Audrey Fleurot) et Karadec (Mehdi Nebbou) doivent gérer leur coparentalité dans cette saison 5. (c)Nicolas Roucou-Itinéraire Prod-TF1

L’heure n’est pas à la nostalgie, ni même aux adieux car des retrouvailles sous d’autres formes sont déjà évoquées pour les années à venir, mais c’est tout de même un chapitre majeur de l’histoire des séries françaises qui va progressivement se fermer avec la diffusion de la cinquième et dernière saison de HPI, dès ce jeudi (21 h 10) sur TF1.

Véritable carton d’audience durant les quatre saisons, HPI aura fait exploser la carrière, déjà riche, d’Audrey Fleurot avec ce personnage de Morgane Alvaro, une femme de ménage haute en couleurs, au franc parler et aux attitudes déroutantes, dotée sans en avoir conscience d’un haut potentiel intellectuel, qui va lui permettre de devenir consultante pour la police.

« On a souhaité s’arrêter avant de faire la saison de trop donc on va être cohérent et accepter que ça se termine mais ça va être hyper dur. Il y aura clairement un avant et un après HPI, concède Audrey Fleurot. J’ai eu la chance d’avoir fait plusieurs séries assez longues. La fin de « Un village français » avait été très émouvante ; celle de « Engrenages » avait aussi compté car elle avait été importante dans ma vie mais je ne suis pas de nature nostalgique. Après, j’espère me tromper mais j’ai conscience que cet espace de liberté, cette proximité avec le personnage, je risque de ne plus jamais le retrouver. Morgane, c’est le rôle de ma vie. »

Alors forcément, l’objectif des comédiens, des auteurs, des scénaristes était de ne pas manquer la sortie. « On s’est beaucoup interrogé avec Julien (Anscutter) sur comment finir cette saison, où emmener notre personnage, parce qu’on n’a pas envie de faire une fin dramatique, en même temps le but pour Morgane, ce n’est pas de se caser et d’avoir un chien. On a vraiment réfléchi à comment surprendre en étant cohérent avec le personnage de Morgane. On voulait une fin en feu d’artifice », indiquait l’une des scénaristes, Alice Chegaray-Breugnot, il y a quelques semaines, lors du Festival Séries Mania.

Dans cette cinquième saison, Morgane et Karadec (Mehdi Nebbou) ne sont donc plus simplement collègues, ils sont aussi désormais co-parents et colocataires. « L’idée géniale de nos auteurs, c’est de se dire effectivement qu’ils ont un enfant mais pas l’histoire d’amour qui va avec, et c’est assez drôle de les voir en coparentalité, surtout que cet enfant est le fruit d’une nuit dont ils ne se souviennent pas vraiment, sourit Audrey Fleurot. C’est assez chouette de twister la relation amoureuse mais aussi de parler de jeunes parents qui ne sont plus si jeunes que ça et qui n’agissent pas trop de la même façon. Lui, c’est son premier enfant, il veut tout bien faire comme c’est écrit dans les livres alors qu’elle en est à son quatrième, elle est donc déjà archi-rodée. »

Les deux comédiens apprécient cette inversion des rôles : « Morgane a toujours été un peu un boulet pour Karadec, avec ses galères de garde, en se pointant sur les scènes de crime avec ses mômes. Là, c’est elle qui le pousse à couper le cordon. Lui est dépassé, paniqué, il a peur de laisser le bébé à la crèche. L’anarchie s’est installée chez lui, avec les enfants de Morgane, il ne sait plus comment réagir face à cette tornade, qui prend de plus de plus de place, s’amuse Mehdi Nebbou. En même temps, ils laissent place à une intimité qui n’a jusqu’à l’heure jamais existé. Ils sont beaucoup plus ouvertement amoureux, même s’ils essaient de le cacher aux enfants de Morgane.» De quoi offrir encore quelques séquences mémorables.

HPI Saison 5, le jeudi (21 h 10) sur TF1 pendant 4 semaines.

Grégori Miège s’attaque à une discrimination invisibilisée : la grossophobie

Grégori Miège est seul sur scène pour ce spectacle sur la grossophobie. © Frédéric Iovino

Avant de prendre la route du Festival d’Avignon, où il jouera du 5 au 24 juillet au théâtre du Train Bleu, Grégori Miège fait étape pendant quatre jours du 14 au 17 mai au théâtre du Nord pour présenter son spectacle « Comme tu me vois, récits d’une grossophobie ordinaire ».

Un spectacle né de l’envie du comédien de s’investir sur les questions de grossophobie, ce qui l’a amené à échanger avec le sociologue Arnaud Alessandrin et la sémiologue Marielle Toulze. « Elle m’a confirmé que c’était une discrimination encore très invisibilisée mais qu’il existait de nombreux témoignages, explique-t-il. Je me réjouissais donc de mettre en scène un spectacle avec des amateurs qui livreraient leurs expériences mais très vite ils m’ont dit que ce serait ingérable, qu’il fallait écrire une pièce et que je la joue. Ils m’ont assez vite convaincu, on a effectué une résidence d’écriture un été. »

Très vite, le théâtre du Nord a accepté d’accompagner le projet : « Cette discrimination est l’une des plus violentes. En résumé, si tu es gros c’est forcément de ta faute, c’est le seul prisme de lecture, déplore le directeur David Bobée. À force de travailler avec Grégori, j’ai pu voir les différents obstacles qu’il est obligé de traverser pour travailler normalement, les textes sont passionnants et on espère que ça donnera de la force aux personnes concernées d’avoir des outils d’affirmation de soi. Et pour les autres, il faut arrêter de se regarder de travers. Ce qui est dingue c’est que personne n’est vraiment heureux de son corps. »

Dans une société où près de la moitié des plus de 18 ans souffre de surpoids ou d’obésité, le sujet de ce spectacle est donc d’utilité publique.

Très vite, il fut également décidé que Grégori Miège serait seul sur scène pour porter des textes qui ne sont pas forcément les siens : « Il a fallu que je ramène tous ces textes à moi, même ceux écrits par des femmes, que l’on ait l’impression que c’est toujours mon histoire », précise-t-il.

Dans la mise en scène, il a été décidé de proposer la forme la plus épurée possible : « Je suis un passionné de costumes et j’avais donc au départ des idées un peu folles, pas mal de velléités esthétiques mais on s’est dit avec David que ça risquait de brouiller les pistes et qu’il fallait donc supprimer tout le superflu pour ne garder que l’essentiel », poursuit Grégori Miège.

Un spectacle auquel le comédien espère donner plusieurs vies et qu’il aimerait, par exemple, jouer dans des écoles ou des hôpitaux.

« Comme tu me vois – récits d’une grossophobie ordinaire », un spectacle interprété par Grégori Miège, du 14 au 17 mai au théâtre du Nord à Lille.

 

Emilie Deletrez oscille entre humour et émotion

Emilie Deletrez sera ce mardi 13 mai à Marcq dans son spectacle "Dieu est une caissière".

Plus le temps passe, moins Émilie Deletrez supporte l’injustice, les bobards des hommes politiques, la duplicité. A tel point qu’elle avait décidé de construire son nouveau spectacle sur le mensonge mais en creusant un peu le sujet, la comédienne et metteuse en scène nordiste s’est aperçue que cet état d’esprit était la conséquence d’une enfance pas toujours facile entre une maman schizophrène et un papa un peu affabulateur.

Dans ses précédentes créations, la jeune femme «  se cachait derrière des personnages » pour évoquer des sujets qui la touchait personnellement. « Il a toujours été un peu question de quête de soi. Dans Le journal d’une majorette, par exemple, ça parlait d’une nana issue d’un milieu populaire, qui a envie de briller et en fait c’est un peu aussi mon histoire », confie-t-elle. Un rêve qui, même si elle ne l’avais pas forcément conscientisé à l’époque remonte à sa petite enfance.

« Quand j’avais 5-6 ans, le moment un peu festif de la semaine, c’est quand j’allais au supermarché avec mon père, se souvient-elle. On avait un petit jeu, il cachait une banane dans un rayon, je devais la retrouver et ensuite aller en caisse dire que j’avais perdu mon papa pour qu’il fasse un appel et un jour la caissière m’a fait parler dans le micro, elle est alors devenue un Dieu pour moi, d’où le titre du spectacle, et j’ai pris à ce moment-là goût à parler derrière le micro ».

Pendant une dizaine d’années, son auditoire fut avant tout celui des élèves des classes où elle officiait comme institutrice spécialisée mais en parallèle, elle a découvert le théâtre d’improvisation, s’est mise à jouer de plus en plus et à attirer pas mal de monde, au point d’être un jour prête à faire le grand saut et à quitter son métier d’enseignante pour se consacrer pleinement à la scène. « J’ai eu la chance d’avoir un professeur de théâtre qui m’a dit un jour de me lancer et d’arrêter d’attendre que les autres viennent me chercher. Il avait raison, dans la vie, il faut impulser les choses. » Aujourd’hui c’est d’ailleurs, elle, qui met le pied à l’étrier à de nombreux jeunes artistes, certains totalement débutants lors de différents cours ou ateliers, d’autres plus confirmés mais encore en développement, en mettant en scène leurs spectacles.

Construction collective

Plus mature, plus confiante en ses capacités, Émilie Deletrez a, elle-même, franchi un cap supplémentaire avec ce spectacle : « Plus j’avançais dans l’écriture, plus je me rendais compte que j’étais complètement en train de parler moi. Je me suis dit qu’à 45 ans, il fallait assumer et effectuer ce virage artistique. Je voulais montrer que je n’étais pas qu’une humoriste. Dans ce spectacle, il y a bien sûr des moments drôles car ça reste mon ADN mais il y a aussi beaucoup d’émotions. C’est en fait un récit de vie, avec évidemment des choses exacerbées, et le souhait de passer le message que d’une faiblesse on peut faire une force.  Ce qui m’intéressait c’était de raconter une histoire personnelle dans laquelle chacun peut se reconnaître. Ce spectacle a été quelque part ma psychothérapie, il m’a fait grandir. »

Un seule en scène qu’elle a toutefois construit collectivement, faisant appel à une co-autrice Santine Munoz et confiant la mise en scène à Marie Liagre. « Ca évitait de tomber dans le nombrilisme et j’avais besoin de regards exigeants », précise-t-elle.

Bercée durant sa jeunesse par Zouk puis Elie Kakou, admirative de comédiennes comme Isabelle Nanty et Yolande Moreau « populaires sans être populistes », Émilie Deletrez se plaît à varier les plaisirs : « Je ne pourrais pas faire que du seule en scène comme je ne pourrais pas faire uniquement du théâtre collectif, j’ai besoin de nager entre les deux, de me prouver à la fois que je peux faire des choses seule mais aussi que j’ai besoin des autres.  »

« Dieu est une caissière », un spectacle d’Émilie Deletrez, ce mardi 13 mai (20 h) au théâtre de la Rianderie à Marcq-en-Baroeul. Prix : 15 € (10 € pour les moins de 14 ans, retraités, chômeurs et intermittents).

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