Le pasteur Cospiel est la preuve que, dans « Les traîtres », tous les candidats ne sont pas sans foi, ni loi

Cospiel, l'un des candidats les plus inattendus de cette nouvelle saison des Traîtres. (c) Lou-Anne CORE/M6

Un homme d’église dans l’émission de divertissement, « Les traîtres seront-ils démasqués ? », il faut bien dire que l’on ne l’avait pas vu venir et qu’en retenant dans son casting le pasteur et influenceur Pierre Bodin, alias Cospiel sur les réseaux sociaux, la production a frappé un joli coup.

L’intéressé n’a visiblement pas été trop dur à convaincre : « J’avais envie de sortir de ma zone de confort, de faire des rencontres. Au quotidien, je dois regarder si les gens dont je vais bénir le mariage sont bien intentionnés donc ce jeu était une occasion de tester ma capacité d’analyse et j’ai vite vu que l’être humain est très surprenant, qu’il peut te mentir dans les yeux et toi tu y crois.

Dans les premiers épisodes, déjà diffusés par M6, on a néanmoins vu que Cospiel avait tout de suite de bonnes intuitions concenant Adil Rami. «  J’arrive à voir le manque de sincérité mais là où cette émission est redoutable, c’est que plus le jeu avançait, plus je me perdais. Au début on a des certitudes, puis ça part, ça revient, confie-t-il. La charge mentale joue. Il faut savoir se couper, faire de l’ancrage, passer du temps avec soi-même car si tu baignes trop dans le jeu, tu te fais manipuler. »

Sans déflorer la suite de l’aventure, l’influenceur assure avoir beaucoup apprécié l’expérience : « Au début, je me suis senti super naïf mais ça m’a fait du bien, ça m’a enrichi, je crois que ça m’a rendu plus tolérant aussi, affirme-t-il. Je crois que c’était bien aussi de montrer qu’un pasteur peut être jeune, cool, ouvert et avec des valeurs. C’était un beau défi car je ne suis pas forcément très sociable, très blagueur et beaucoup de gens ont fait l’effort de venir vers moi. »

L’autre challenge auquel notre pasteur a dû se préparer en amont, c’est d’accepter l’idée qu’il puisse être choisi comme traître et ainsi être amené à devoir mentir : « Je savais en démarrant le jeu que c’était une possibilité et je crois que les téléspectateurs ne souhaitaient pas non plus que je sois trop bébête, sourit-il. Après, il faut avoir de la loyauté par rapport à soi, c’est comme un ADN qui reste. Il ne faut pas oublier que l’on peut aussi se confesser auprès des caméras et expliquer pourquoi on a fait telle ou telle chose , ça soulage un peu. »

« Les traîtres seront-ils démasqués », saison 4, tous les jeudis soir (21 h 10) sur M6 et en replay. 

Cristiana Reali tient le rôle de ses rêves dans « Un tramway nommé désir »

Lionel Abelanski et Cristiana Reali dans le chef d'oeuvre de Tennessee Williams. © Christophe Raynaud De Lage

Grande admiratrice de l’actrice Vivian Leigh, Cristiana Reali a rêvé presque toute sa carrière de marcher sur ses traces et d’incarner Blanche Dubois dans Un tramway nommé désir. Après plusieurs requêtes infructueuses, elle a enfin décroché ce rôle à l’approche de la soixantaine grâce à Richard Caillat qui a accepté de produire le chef d’oeuvre de Tenessee Williams et retenir sa candidature pour le personnage principal. Une pièce qui fera étape le mercredi 23 avril au Colisée de Roubaix.

« J’avais été très heureuse de jouer dans une autre pièce de cet auteur, La chatte sur un toit brûlant, mais je voulais absolument ce rôle de blanche Dubois. À 35 ans, on m’a dit que j’avais le temps, que j’étais trop jeune, se souvient la comédienne. Même chose à 45 ans, ce que j’ai moins compris car le personnage a environ 35-40 ans dans la pièce et puis, à cinquante ans, j’ai rencontré un producteur qui lui n’était juste pas intéressé par la pièce. J’ai donc pensé que c’était trop tard, que ça ne se ferait jamais, jusqu’à cette rencontre avec Richard Caillat… »

L’homme a bien tenté de repousser un peu le projet mais Cristiana Reali a refusé : « J’ai bien fait car c’est un rôle épuisant, je suis lessivée après chaque représentation, confie-t-elle. Je me suis toujours demandée pourquoi le rôle n’avait été joué que par des femmes de 50 à 60 ans et j’ai compris en le jouant : il faut une maturité de femme et une expérience d’actrice pour être à l’aise dans le personnage. »

«  C’est le plus grand rôle du répertoire classique, assure-t-elle. Il y a Hamlet pour les hommes et Blanche Dubois pour les femmes. C’est vraiment physique, deux heures et quart sans sortir de scène, elle bouge beaucoup, il y a des moments où elle devient un peu folle et se met à danser. C’est une femme torturée, brisée par la vie, humiliée. Même si elle était bourgeoise, elle a grandi dans un milieu compliqué. Elle n’est pas folle au départ mais c’est un oiseau blessé, la folie vient de la blessure. »

Passionnée par l’âme humaine, Cristiana Reali se régale dans ce rôle : « Il y avait plein de choses à jouer là-dedans, poursuit-elle. J‘aime le regard des jeunes metteurs en scène sur ce genre de propos, sur la violence de la vie sur une femme, l’emprise. Je ne fais pas du théâtre pour raconter des histoires de monsieur tout le monde, j’aime les rôles où on s’investit, sinon ce n’est pas la peine, autant lire un livre. »

Sa performance a d’ailleurs valu à la comédienne de se voir décerner un César l’an passé, une récompense après laquelle elle courait depuis de longues années. « J’avais été déjà nommée six fois auparavant sans jamais l’avoir, rappelle-t-elle. Mon père en était très triste et il me disait qu’ils ne me le donneraient jamais parce que je n’étais pas Française. Je mettais un point d’honneur à lui dire qu’il racontait n’importe quoi mais c’est vrai que la cinquième ou sixième fois, j’ai commencé à me dire qu’il avait peut-être raison et que ça ne valait plus le coup que j’y aille. J’aurais aimé l’avoir pour mon rôle de Simone Veil mais je suis tout de même ravie de l’obtenir avec celui de Blanche Dubois, mon désir de jeunesse, mon rêve d’actrice. »

« Un tramway nommé désir », une pièce de Tennessee Williams, ce mercredi 23 avril (20 h) au Colisée de Roubaix. Avec Cristiana Reali, Lionel Abelanski, Allyson Paradis.

Lynx IRL : des beaux festivals et une volonté d’exporter sa musique

Entre la finale des Inouïs du Printemps de Bourges et le Main Square Festival, de gros rendez-vous attendent Lynx IRL

La rappeuse lilloise Lynx IRL sera ce samedi 19 avril (dès 12 h 30) sur la scène du 22 Est et Ouest à Bourges à l’occasion de la finale nationale du concours Les Inouïs du Printemps de Bourges. Le début d’une belle série de festivals pour la jeune femme que l’on retrouvera également à Bailleul, le vendredi 27 juin à l’occasion du festival En Nord Beat puis le samedi 5 juillet au Main Square Festival à Arras.

Un sacré programme pour une artiste qui a lancé son projet musical il y a maintenant trois ans avec un premier EP « Myosis », sorti il y a moins de deux ans. « J’ai commencé par des scènes ouvertes et puis on m’a proposé de faire des concerts et à un moment on m’a dit que si je souhaitais faire de plus grosses scènes, il allait falloir enregistrer des titres. C’est ce que j’ai fait, j’y ai pris goût. J’ai développé une écriture freestyle, spontanée, beaucoup axée sur le flow en essayant toujours d’avoir du fond en restant le plus souvent sur des thèmes de société. J’ai sorti un premier EP et le second est quasiment prêt. »

Après avoir découvert la musique jungle à travers les Jeux vidéo sur la PS1 et la Nintendo 64, elle s’est laissée bercer par de multiples sonorités. « J’écoutais des choses comme La Cliqua, Fabe, Lacrim, Wiley… Je me suis aussi plongée dans tout l’univers sound system, le ragga, le dub, précise-t-elle. On va dire que le dénominateur commun de mes références musicales, c’est le breakbeat, le break que l’on peut retrouver autant dans le hip hop à l’ancienne que dans la jungle, la Drum and Bass, la UK Garage. J’aime bien utiliser tout ça un peu à ma sauce. »

Dans quelle catégorie se définit-elle ? « Ma manière d’utiliser ma voix et ma façon d’écrire, c’est 100 % rap, il n’y a aucun doute mais les instrus que j’utilise peuvent me faire sortir des registres habituels en France. On peut vite me cataloguer dans le rap alternatif mais ça me va, ça ne me dérange pas.  J’aime être à la croisée de plusieurs mondes, être acceptée plutôt que rejetée par tous. »

Sa participation au concours des Inouïs du Printemps de Bourges, où elle a passé plusieurs étapes dont la dernière phase régionale à l’Aéronef, avait pour but de s’ouvrir à un public plus large avec également l’espoir d’exporter encore davantage sa musique. « J’ai déjà beaucoup bougé car je suis de Lille, je suis partie à Marseille puis à Paris, avant de revenir à Lille. J’ai fait des scènes en Bretagne mais j’ai envie d’être dans des événements comme les festivals qui ne sont pas uniquement rap. J’espère que mon passage à Bourges va me donner une visibilité suffisante pour emmener ma musique dans des lieux dont je ne connaissais même pas l’existence. »

Lynx IRL sera aussi en concert le vendredi 27 juin au festival « En Nord Beat » à Bailleul et le samedi 5 juillet au Main Square Festival à Arras.

Les Zindé, des ingrédients de choix pour pimenter une soirée improvisée

Les Zindé promettent une sacrée soirée vendredi au Spotlight de Lille (c) Chloé Car.

Il y a quelques semaines quelques-uns des meilleurs spécialistes de stand-up du Jamel Comedy Club sont venus faire rire le Zénith de Lille. Ce vendredi soir, c’est au tour de la troupe d’improvisation du Jamel Comedy Club, les Zindé, de débarquer dans le Nord, au Spotlight pour une soirée qui s’annonce toute aussi hilarante. Aziz Aboudrar, Nebil Daghsen, Antoine Lucciardi et Jean-Charles Mulier forment un redoutable collectif. Les trois derniers se connaissent, il est vrai, depuis l’adolescence. « Nous n’étions vraiment pas prédestinés à faire du théâtre, sourit Nebil. On était dans la musique, le hip hop, et par un concours de circonstances, on s’est retrouvés à 18 ans devant le professeur d’improvisation d’un centre social. La mayonnaise a pris instantanément. On nous a demandé de ne rien apprendre, de rester nous-mêmes, on riait, on pleurait, le théâtre a brisé tous nos clichés. »

Rejoints un peu après par Aziz Aboudrar, le créateur du jeu « Tu ris, tu perds » sur les réseaux sociaux, les quatre compères ont d’abord pris un immense plaisir à disputer des matchs d’improvisation avant de se lasser un petit peu. « Si on ne gagnait pas 11-0, on n’avait pas l’impression d’avoir passé une super soirée et comme on est des pirates, ça ne nous allait plus d’évoluer avec toujours les mêmes règles, les mêmes chronos, les mêmes contraintes, avoue-t-il. C’est comme ça que sont nés les Zindé. On a voulu faire kiffer les gens avec nos propres règles. »

Le groupe s’appelle à l’époque « Les Z’indépendants » et invente une sorte de café-théâtre au bistrot Saint-Antoine. « On jouait au chapeau, on se partageait quelques euros à chaque soirée jusqu’à ce que le nouveau propriétaire, ami d’un proche de Jamel Debbouze parle de nous et c’est là que l’histoire est folle, il est venu nous voir. Il nous a fait venir pour une soirée test, on a fait le meilleur spectacle de notre vie et il nous a proposé de devenir la troupe d’impro du Jamel Comedy Club et d’y jouer tous les vendredis. On l’a aussi accompagné sur un match d’impro à Bruxelles qu’on a gagné d’un point, ça a scellé une sorte de pacte entre nous, même si chaque année on remet notre place en jeu. »

Bénéficier du soutien d’un pape de l’humour français fut forcément un accélérateur de carrière incroyable. « On a gagné dix ans d’un coup. Il a tellement d’expérience, il nous a donné de bons conseils à des moments importants tout en nous laissant assez libres », apprécie Nebil.

Rebaptisée Les Zindé  après avoir signé avec un producteur, la troupe fourmille de projets et l’écriture d’une pièce de théâtre est en projet : « On a commencé à se pencher dessus, ça pourrait être un mixte entre une partie écrite et de l’improvisation. La politique nous inspire bien comme sujet. »

De l’inspiration, ils n’en manqueront pas, à coup sûr, ce vendredi au Spotlight de Lille, une ville qu’ils se réjouissent de retrouver pour un show impossible à définir : « On ne sait pas vraiment nous-mêmes ce que l’on va faire, assure Nebil. On sait que le public est une source d’inspiration inépuisable et la deuxième certitude c’est que les copains sur scène ne vont pas nous lâcher. On avait reçu un accueil incroyable lors de notre dernier passage à Lille. L’idée c’est que les gens se sentent bien, on brise tout de suite le quatrième mur, on pose des questions, on évoque des souvenirs et tout devient prétexte à un sketch, toujours dans la bienveillance et avec beaucoup d’auto-dérision de notre côté. Aziz, Antoine et JC sont les trublions alors que je suis un peu le clown blanc, je rassure, je sécurise, bref je passe ma soirée à essayer de recoller un vase qui n’arrête pas de se casser. »

Les Zindé, ce vendredi 18 avril (21 h), au Spotlight à Lille et le mardi 3 juin (19 h 30) à la salle Concorde à Villeneuve-d’Ascq.

Un parfum de Liban transpire des œuvres de Juliette Elamine

Didier Paris est actuellement en promotion de son dernier roman policier Dunkerque paradise.

Se livrer sans totalement se dévoiler, s’imprégner de ses racines pour faire voyager son lectorat à travers sa prose : ce sont les défis relevés depuis juin 2022 par l’autrice franco-libanaise Juliette Elamine. Née d’un papa libanais et d’une maman amiénoise, la jeune femme n’a jamais vécu au Liban mais elle y va régulièrement depuis qu’elle est petite et a donc décidé d’utiliser le pays de son papa comme toile de fond de ses différents récits. « C’est quand même un pays aux décors très riches, qui est aussi merveilleux que complexe sur le plan historique. J’aime m’en servir pour construire mes fictions. »

Dans son premier roman, Le Nom de Mon Père, sorti en juin 2022, Juliette Elamine avait choisi de se raconter : « C’est une histoire d’amour entre un Libanais exilé et une Française. C’est en fait notre histoire familiale que j’ai écrite, ça se rapproche fort de ce qu’on a vécu mais c’est quand même dissimulé dans une fiction, précise-t-elle. Je me suis un peu livrée tout en transformant différents événements à loisir pour préserver quand même notre intimité. »

Présente le mois dernier au salon du livre de Bondues, la Picarde est venue dédicacer ses deux derniers ouvrages. Le dernier jasmin est paru en début d’année : «  C’est l’histoire de deux sœurs, Zeinab et Rim, très fusionnelles, qui s’adorent, et qui s’apprêtent à passer leurs vacances d’été au sud du Liban où elles vivent. Sauf que l’une des deux disparaît, explique-t-elle. Ce jour-là, la deuxième guerre du Liban éclate. On va suivre la quête de Zeinab pour retrouver Rim et qui va au cours de ses recherches découvrir des secrets de famille inavouables. »

Juliette Elamine fait également encore la promotion de son deuxième roman, Les enfants de la vie, paru en fin d’année 2023, qui lui a valu le deuxième prix de la section Nord du Lion’s club. « C‘est l’histoire de Georges, un petit garçon qui grandit aussi au sud du Liban, près de la frontière israélienne, dans une famille qui le protège beaucoup des horreurs de la guerre. On le retrouve jeune adulte, devenu un brillant étudiant en sciences politiques à Beyrouth, au point que l’un de ses professeurs va lui proposer d’écrire des fictions imaginaires basées sur des faits réels. Georges va alors se retrouver embarqué dans une histoire qui va complètement le dépasser et l’emmener sur des terrains glissants et dangereux… »

Régulièrement récompensés et appréciés de la critique, les romans de Juliette Elamine voyagent d’ailleurs jusqu’au Liban, où ils sont diffusés dans quelques librairies.

« Les enfants de la vie » et « Le dernier jasmin » par Juliette Elamine, éditions Stereen. Prix 20 €.