« Les mauvaises langues » n’ont jamais été à court de bons mots

Les mauvaises langues ont su fidéliser un public depuis plus d'un quart de siècle.

Formé en 1998, le groupe nordiste « Les mauvaises langues » a résisté à l’usure du temps et à quelques départs. Présent depuis la première heure, le bassiste Hervé Poinas revient sur cette belle aventure à la veille de nouveaux concerts, ce vendredi 26 septembre (20 h) à l’Étoile à Mouvaux puis le samedi 4 octobre (20 h 30) au centre culturel Delafosse à Wattignies.

Hervé, on imagine qu’en vous replongeant en 1998, vous ne pouviez envisager, à l’époque, une telle longévité ?

« Non d’autant qu’on était déjà tous engagés dans une vie professionnelle et que la musique était vraiment un loisir que l’on pratiquait en amateurs, avant tout pour se faire plaisir. Aucun de nous n’était dans une école de musique ou n’avait suivi un parcours de musicien. Hormis Nicolas, le violoniste nous sommes tous des autodidactes mais, en 1998, on a tout de même eu envie de faire quelque chose de plus sérieux. On a commencé à enregistrer des petites maquettes et tout s’est emballé très vite car l’une d’elle est arrivée jusqu’aux bureaux de Vérone Productions. Ils nous avaient déjà vus lors d’un concours au Splendid, ils ont trouvé ça bien et ils nous ont proposé de travailler ensemble. Pendant un peu plus d’un an, on jonglait entre nos boulots et les concerts jusqu’à ce que ce ne soit plus possible de faire les deux. On a basculé vers un groupe professionnel. Rien n’avait été programmé mais les planètes étaient alignées. »

27 ans, 8 albums et des centaines de concerts plus tard, vous êtes toujours là. Quelle est selon vous la clef de cette réussite ?

« Déjà on a réussi à toujours maintenir une bonne communication entre nous. On a toujours su désamorcer les problèmes, les désaccords et humainement, nous étions des amis avant d’être des musiciens. Une fidélité réciproque s’est aussi installée avec l’équipe de Vérone. C’est très rare de travailler aussi longtemps avec le même producteur. Enfin, nous sommes surtout restés fidèles à ce que nous sommes. On n’a pas essayé de faire plaisir ou de faire des chose à la mode. On a continué à composer la musique que l’on aimait faire et écouter. On a appris au fur et à mesure à peaufiner notre manière d’écrire et d’être sur scène.  Chaque année qui passe, on se dit que c’est incroyable d’être encore là. »

Les mouvements au sein du groupe n’ont jamais impacté le collectif ?

« En fait, il y en a eu peu, le groupe est resté relativement stable et quand il a fallu intégrer quelqu’un, on le connaissait généralement déjà bien. Nicolas, le violoniste, a pris une pause d‘une quinzaine d’années pour mener sa carrière de musicien classique (professeur au conservatoire et musicien avec l’orchestre national de Lille) mais le lien n’a jamais été rompu et il est revenu. C’est le poste de batteur qui a le plus changé avec Benjamin (Desmalines) puis Maxence (Doussot) et, enfin, Laurent (Combes). »

Vous avez beaucoup tourné et pas seulement dans la région, vous avez même fait des concerts à l’étranger…

« Oui, en Allemagne, en Belgique, en Pologne et on a même fait une tournée d’environ un mois en Chine dans une douzaine des plus grandes villes du pays avec l’alliance française qui organisait un festival francophone. On représentait la France, il y avait aussi un Belge, une Québécoise et un Suisse. On a eu un très bel accueil, c’était vraiment magique. »

Savez-vous si dans votre public, certains sont là depuis les débuts ?

« Oui, Il y en a pas mal. Certains ont décroché puis reviennent. Certains qui étaient venus adolescents à 15 ans sont aujourd’hui parents. Il y a un noyau dur de fidèles depuis le début, on les connaît personnellement désormais, on se demande des nouvelles de nos vies respectives. On s’est fait connaître par la scène, pas par la télévision ou les réseaux sociaux, ça fidélise peut-être plus l’audience. »

Estimez-vous avoir eu la médiatisation que vous méritiez tout au long de ces années ?

« On a souvent eu cette discussion entre nous et on se dit que finalement les choses se sont bien passées. Au tournant des années 2004-2005, où on a atteint, je pense, notre climax de popularité ; je ne sais pas si le groupe aurait pu survivre à une très forte exposition. C’est plus difficile de se maintenir quand on atteint un certain niveau de succès et que ça redescend. On a pu organiser nos vies personnelles, avoir des enfants, une vie de famille. Je ne suis pas persuadé que l’on aurait pu les mener de manière aussi heureuses si on avait fait 200 dates par an en étant tout le temps sur la route. »

Vous avez toujours accordé beaucoup d’importance aux textes que vous écrivez avec Philippe Moreau ?

«  On écrit en Français parce qu’il ne vaut mieux pas qu’on écrive en Anglais (rires) mais c’est vrai qu’on aime les chansons avec un texte qui raconte vraiment quelque chose. On a toujours essayé de parler de ce qui nous entoure, des choses qu’on connaît, et de trouver un angle particulier pour aborder ces questions-là et c’est vrai qu’on a récolté une forme de reconnaissance, à la fois du public, des médias et des professionnels. Nous sommes plutôt étiquetés groupe de chansons françaises à texte. Philippe et moi, on a plutôt des influences différentes et on ne dit jamais qui a écrit quoi sur les disques. C’est toujours signé de nos deux noms et il y a très peu de gens qui arrivent à discerner qui a écrit quoi. »

Lors de vos prochains concerts, à quoi peut s’attendre le public ?

«Il y a un tiers de nouveaux titres, un tiers de classiques et un tiers d’anciennes chansons réorchestrées, remises au goût du jour et il y aura une partie du répertoire en formule orchestrale avec Laurent Deleplace à la trompette et Pierre-Joseph au violoncelle qui viendront nous accompagner. »

Avez-vous déjà imaginé la fin des « Mauvaises langues » ?

« En fait, à chaque fois qu’on fait un album on se dit que c’est le dernier. Quand a fini d’enregistrer le huitième « Étrange affaire », on s’est dit que ce serait étonnant qu’il y en ait un neuvième. Un jour, on va s’arrêter c’est sûr mais dans quelles circonstances ? Pour l’instant, on ne le sait pas. Ce qui est sûr, c’est que ça devient difficile pour les programmateurs car les budgets sont en berne partout et si à un moment il y a moins de spectacles, ce sera dur pour nous car ce n’est pas sur Tik Tok que l’on va faire notre audience et développer notre activité. »

« Les mauvaises langues » seront en concert ce vendredi 26 septembre (20 h) à l’Etoile à Mouvaux puis le samedi 4 octobre (20 h 30) au centre culturel Delafosse à Wattignies.

Muganga, un film coup de poing pour réveiller les consciences

Isaach de Bankolé et Vincent Macaigne, un duo qui fonctionne à merveille. @petitespoupéesproduction

Âme sensible, ne pas s’abstenir. Si la scène d’ouverture de « Muganga – Celui qui soigne », sorti dans les salles obscures ce mercredi 24 septembre, a de fortes chances de vous choquer et probablement de vous bouleverser, ce film de Marie-Hélène Roux mérite d’être vu par le plus grand nombre. La réalisatrice a mis une dizaine d’années à monter ce film qui met en lumière l’action de Denis Mukwege, ce médecin gynécologue, récompensé en 2018 d’un prix nobel de la paix pour ses efforts à tenter de mettre fin aux violences sexuelles faîtes aux femmes en République démocratique du Congo.

Au sein de l’hôpital de Panzi à Bukavu, l’homme consacre son temps à soigner, au péril de sa vie, ces femmes et les aide à se reconstruire. C’est en lisant le live « Panzi », co-écrit par l’intéressé er le chirurgien belge Guy Cadière, qui lui a apporté son soutien et donné un nouveau souffle à son action, que Marie-Hélène Roux a eu l’envie de faire ce film. «  « ça m’a bouleversé : la violence infligée aux femmes, leur force mais aussi l’humanité de ceux qui les soignent. J’y ai vu le pire et le meilleur de l’humain », assure-t-elle.

Dans les rôles principaux, Isaach de Bankolé livre une remarquable performance dans la peau du docteur Mukwege, surnommé Muganga, « Celui qui soigne » en langue swahili. Dans un tout autre registre, Vincent Macaigne campe également avec succès un docteur Cadière plus volubile mais empli, lui aussi, d’une générosité débordante. Dans leur sillage, on retrouve toute une galerie de femmes aussi émouvantes qu’inspirantes.

« Ce film montre que des hommes peuvent réparer ce que d’autres hommes ont détruit, que des femmes peuvent s’entraider, que la solidarité dépasse la couleur, le genre, la religion, la culture, affirme la réalisatrice. À Panzi, on trouve des soins médicaux mais aussi une prise en charge psychologique, sociale, juridique… »

Difficile de ressortir indemne d’un tel film coup de poing et si tel est le cas pour la majorité des spectateurs qui iront le voir, Marie-Hélène Roux aura atteint son objectif : « J’espère que ce film éveillera les consciences, qu’il bousculera, qu’il donnera envie d’agir aux côtés de ces femmes, de ces hommes qui nous montrent le chemin ».

« Muganga, celui qui soigne », un film de Marie-Hélène Roux, en salle depuis ce mercredi 24 septembre. Avec Isaach de Bankolé, Vincent Macaigne, Manon Bresch.

Zone Poème, nouveau partenaire du théâtre de la Verrière à Lille

Mélodie Lasselin et Simon Capelle, les fondateurs de la compagnie Zone Poème.

Le théâtre de la Verrière à Lille lance sa saison ce jeudi 25 septembre (19 h). Une occasion de découvrir les spectacles qui seront proposés tout au long de l’année mais aussi de faire connaissance avec Mélodie Lasselin et Simon Capelle, membres de la compagnie Zone Poème, associée au théâtre pour deux saisons.

« On a voulu créer ce compagnonnage pour avoir une présence artistique forte et durable avec une compagnie qui présente ses créations, des projets qu’elle va monter avec notre soutien mais qui va aussi proposer des pistes de médiation, d’actions culturelles notamment à destination de la population du territoire, du quartier, confie Donatella Dubourg, la coordinatrice du théâtre de la Verrière. Au delà de l’événementiel, on avait aussi envie d’une implication sur la vie du lieu, pour améliorer par exemple l’accueil du public ou tout simplement les conditions de travail des gens qui y passent. »

Parmi la trentaine de projets reçus, c’est donc la compagnie Zone Poème, qui a été retenue. « J’ai aimé leur manière de fédérer autour d’eux, le fait qu’ils soient très ouverts sur la jeune création, qu’ils encouragent les pratiques amateurs mais aussi leur projets en lien avec le territoire », poursuit-elle.

« Nous sommes de la région. Je suis plutôt danseuse et chorégraphe alors que Simon vient du théâtre. On travaille nos pièces en lien avec d’autres disciplines et une scénographe nous accompagne dans nos créations », indique Mélodie Lasselin. « Pourquoi ce nom de Zone Poème ? Parce que l’on part d’un territoire, une zone et ce que l’on appelle le poème, ce n’est pas juste le genre poétique mais le fait de construire une réponse à ce qui se passe dans cette zone sous une forme adaptée au réel », explique Simon Capelle.

Zone Poème propose ainsi une trilogie intitulée Deûle, dont le premier volet, déjà existant sera joué en décembre au théâtre du Nord. « C’est une trilogie sur la question de la justice. Le premier acte, baptisé « Citadelle » est une pièce sur l’affaire des noyés de la Deûle, portée par un seul interprète, Baptiste Legros, comédien et musicien. On a fait un travail avec les familles des victimes en leur proposant une forme de collaboration. L’affaire a été traitée médiatiquement il y a une dizaine d’années et on voulait savoir si ça reflétait ce qu’elles avaient vécu ou ressenti, ce qu’elles ont envie de dire aujourd’hui. Le but est que le spectacle soit un objet d’informations mais aussi d’hommage, de souvenir », précise Simon Capelle.

Le deuxième volet a découlé du premier. Appelé « Reconstitution », il évoque la culpabilité et la réinsertion. « En faisant nos recherches, nous avons été mis en contact avec une personne qui n’était pas en lien avec cette histoire mais qui avait, elle aussi, tué quelqu’un en le poussant dans la Deûle, poursuit Mélodie Lasselin. Il a purgé sa peine en faisant de la prison et « Reconstitution » est tout simplement la restitution non coupée de l’entretien que Simon a eu avec cette personne. Sa parole est portée par huit interprètes, professionnels et non professionnels. »

Un dernier volet « Champ de mars » sera créé la saison prochaine et portera sur les victimes en elles-mêmes.

En attendant, le public pourra assister ce jeudi 25 septembre à « Iliade », une autre création de Zone Poème. « Ces trois dernières années nous avons travaillé à l’échelle de l’Union européenne sur la question des guerres, rappellent les deux artistes. Dans « Iliade », on s’intéresse aux extractions de ressources pétrolières et à l’impact des conflits sur le monde animal et végétal. 

« Iliade » par Zone Poème et présentation de la saison du théâtre de la Verrière, ce jeudi 25 septembre dès 19 h, 28 rue Alphonse Mercier à Lille.

Rachid Benzine promeut la lecture comme acte de résistance

"L'homme qui lisait des livres" est le nouveau roman de Rachid Benzine

Alors que près des trois quarts des pays membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont la France, ont procédé ce lundi 22 septembre à la reconnaissance de l’État de Palestine, Planète Lille s’est intéressé au dernier ouvrage de l’enseignant et chercheur Rachid Benzine, « L’homme qui lisait des livres » , sorti fin août aux éditions Julliard. Un roman que l’auteur a eu envie d’écrire juste après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas dans la bande de Gaza le 7 octobre 2023.

Convié à la soirée de rentrée littéraire de la Fnac, organisée la semaine passée au musée de la piscine à Roubaix, Rachid Benzine fait de la lecture un acte de résistance en imaginant cette rencontre inattendue entre un journaliste français, en quête d’images sensationnelles, et Nabil Al Jaber, un vieil homme assis sur le seuil de sa librairie, en train de lire, au milieu des bombes et des ruines, « comme s’il état en train de prier, comme si les mots pouvaient le sauver. »

« Ne pensez vous pas que derrière tout regard, il y a d’abord une histoire », interroge le libraire, conviant le journaliste qui souhaite le prendre en photo à venir, d’abord, prendre une tasse de thé afin de lui raconter sa vie, une existence entamée en 1948, au moment de l’exode palestinien d’une partie de la population arabe. 

Un ouvrage qui entend lutter contre la période de déshumanisation et de manque d’empathie que nous traversons : «  Quand on annonce le nombre de morts, ça finit par devenir des statistiques et ça ne touche personne. Les livres sont des transmetteurs de mémoire, la littérature ne sauve pas du fracas, elle ne ressuscite pas les morts, elle ne reconstruit pas les maisons et tout ce qui est effondré mais elle permet de préserver ce qu’il y a de plus érudit chez l’être humain. »

Au fil des pages, l’auteur convoque ainsi, tour à tour, de grands auteurs tels que Malraux, Hugo ou encore Darwich

Écrire sur le conflit israélo-palestinien et venir en débattre en public n’est pas une démarche aisée tant le sujet est sensible mais Rachid Benzine assume : « Le propre de l’écrivain, c’est de prendre à bras le corps les questions de son temps. Là, il y a urgence, ce qui se passe à Gaza nous concerne tous, insiste-t-il. J’aurais pu faire un essai d’analyse politique mais je constate que ça prend de moins en moins. Globalement, ce ne sont désormais plus les faits qui deviennent le lieu de la vérité mais plutôt le ressenti des gens. À partir de là, il faut passer par le sensible, raconter une histoire, comme celle de ce libraire qui chaque jour, au milieu des bombes, ouvre sa boutique comme un acte d’insubordination, de résistance. »

« L’homme qui lisait des livres », un roman de Rachid Benzine, aux éditions Julliard. 128 pages. Prix : 18 €.

« La vallée fracturée », un nouveau thriller sur fond d’écologie

Jane Cara et Thierry Godard incarnent des résistants à un projet de forage au gaz de schiste dans La vallée fracturée. (c) Caroline Dubois Cinétévé - France TV

Il y a deux ans, France Télévisions diffusait la mini-série « L’île prisonnière », écrite par le romancier à succès Michel Bussi et son compère Christian Clères. Un joli succès qui a donné l’envie à la chaîne de continuer l’aventure. « Au départ, je n’étais pas convaincu, mais j’ai fini par dire oui », confie l’auteur, dont plusieurs livres (« Maman a tort » ou plus récemment « Rien ne t’efface ») ont été adaptés sur petit écran.

Même s’il n’est pas nécessaire d’avoir vu « L’île prisonnière » pour suivre, dès ce lundi 22 septembre (21 h 10), « La vallée fracturée », les téléspectateurs retrouveront deux personnages, Kelly O’Brian (Jane Cara) et Samuel (Théo Augier), opposés dans l’opus précédent et qui, cette fois, vont être amenés à faire cause commune.

L’action se situe dans un petit village de l’Ardèche, au cœur d’une vallée menacée par un projet de forage de gaz de schiste. L’opposition est menée par la maire de la ville, incarnée par Anne Charrier, soutenue par un ingénieur, joué par Thierry Godard. « On a repris le thème de l’écologie et un décor grandiose, celui de la vallée de l’Ardèche pour suivre les aventures de personnes ordinaires confrontées à des situations extraordinaires », explique Michel Bussi.

Un scénario que l’écrivain a spécifiquement écrit pour la télévision. « S’il n’avait pas été accepté, je n’en aurais pas fait un roman, assure-t-il. Ce n’est pas la même façon d’écrire, deux façons différentes de concevoir l’histoire. C’est une série d’actions avec beaucoup d’images fortes dans la vallée, il n’y a pas les ingrédients, les twists littéraires que l’on peut mettre dans un roman, La psychologie des personnages est incarnée par les acteurs et ce qui prime ici, ce sont les rebondissements et l’action. Les personnages vont, par exemple, être amenés à se jeter dans l’eau d’un courant, faire une course à cheval, affronter des drones ou réaliser l’ascension d’une falaise à mains nues.  J’ai écrit en ayant ces visuels en tête. »

« La vallée fracturée », mini-série en 6 épisodes, dès ce lundi 22 septembre sur France 2 (21 h 10) et déjà disponible sur la plateforme France TV. Avec Anne Charrier, Thierry Godard, Nicolas Gob et Anna Cervinka.