Un double regard sur les « Pensées secrètes » au sein du couple

Florence Hebbelynck et Benoît Verhaert partageront-ils leurs pensées secrètes (c) Pierre-Yves Jortay

Particulièrement doué pour les adaptations, le comédien et metteur en scène Benoît Verhaert n’a pas résisté à la tentation après sa lecture de « Thinks » de David Lodge. Un roman qui évoque la rencontre entre deux professeurs, Ralph Messenger, spécialiste des sciences cognitives, sûr de lui, marié mais infidèle et Helen Ride, littéraire, romancière, fragilisée par un veuvage. Deux êtres qui n’ont a priori rien en commun mais qui partagent, pour des raisons diverses, la tenue d’un journal intime et qui vont découvrir qu’ils ne sont pas indifférents l’un à l’autre.

«J’ai été très sensible à l’humour du bouquin mais aussi aux questions existentielles qui se cachaient derrière la comédie », confie Benoît Verhaert. En s’attaquant à cette adaptation, rebaptisée « Pensées secrètes », le comédien et sa partenaire Florence Hebbelynck se sont néanmoins rapidement interrogés. « On se demandait si ce n’était pas un peu cliché à notre époque de jouer une femme littéraire et sensible face à cet homme scientifique et dragueur, avouent-ils. On a a donc essayé pour l’exercice, pendant une répétition, de lire la pièce dans l’autre sens et on s’est aperçus que non seulement ça fonctionnait aussi bien, quasiment sans rien changer du texte, mais aussi que ça racontait du coup une autre histoire ».

Le couple a alors décidé d’apprendre les deux versions et de se soumettre à un tirage au sort effectué quelques secondes avant le début de la pièce, par un spectateur, pour déterminer la version jouée chaque soir. Lors de notre présence, mercredi, dans le salon de théâtre de la Virgule, ce n’est pas l’originale qui a été présentée. Florence Hebbelynck s’est donc glissée dans la peau de la séductrice Messenger, Benoît Verhaert incarnant le plus réservé Ride. « Au début, c’était un peu plus compliqué d’appréhender ce rôle qui avait été initialement écrit par un homme pour un homme, indique-t-elle. Je me demandais comment trouver la féminité dans ce discours, avec des mots parfois crus, que l’on prête habituellement plutôt aux hommes mais comme j’aime la difficulté, j’ai trouvé ça plutôt intéressant à faire. »

Afin de donner un aperçu aux spectateurs, les comédiens ont d’ailleurs joué une scène en inversant les rôles à la fin de la représentation. L’occasion de vérifier à quel point nous sommes conditionnés à une certaine vision des attitudes masculines et féminines ; comment les mêmes mots, prononcés par une femme ou par un homme n’ont pas le même impact, ne sont pas reçus de la même manière. « En quelques années, les choses ont bougé. La version du roman qui a longtemps été très bien acceptée est aujourd’hui condamnée, alors que ce sont les mêmes mots », reconnaît Benoît Verhaert. « Le mouvement « me too » est passé par là, poursuit la comédienne. Avant les héros étaient presque toujours des hommes. Les femmes ont tellement subi pendant des années qu’elles ont envie de prendre les commandes. Ce spectacle parle de séduction mais aussi de pouvoir. Ce qui est beau dans ce texte, c’est qu’à un moment les personnages se contaminent l’un l’autre. Le message de la pièce c’est aussi de s’ouvrir à l’autre. »

Selon le rôle qu’elle tient Florence Hebbelynck réussit la prouesse de donner la sensation d’être une autre femme : « Il y a un changement de tenue, de coiffure pour la partie visible mais ma posture, ma démarche, mon regard, ma façon de parler ne sont plus les mêmes. C’est quelque part une vraie opportunité de montrer ce qu’est le travail d’acteur, l’objectif étant forcément que l’on y croie dans les deux versions. »

« On focalise sur le rapport de pouvoir dans la séduction mais indépendamment du sexe, cette pièce raconte aussi la rencontre entre deux personnes et interroge sur les frontières à respecter dans un couple, ce moment où l’on peut franchir la ligne rouge », conclut le metteur en scène, qui assure, par ailleurs, ne pas encore se sentir prêt à travailler sur ses propres créations. « ça viendra sans doute plus tard, si un jour j’ai des choses plus personnelles à dire sur la vie mais pour l’heure je me plais dans l’adaptation et l’interprétation. »

« Pensées secrètes », avec Benoît Verhaert et Florence Hebbelynck, jusqu’au 15 novembre au salon de théâtre de la Virgule à Tourcoing. Du mardi au vendredi à 20 h, le samedi à 17 h.

Élodie Poux et près de 70 autres humoristes attendus à Lillarious

Elodie Poux sera la grande tête d'affiche de cette édition 2026 © Elena Ramos

Lille capitale du rire, c’est un peu le cas toute l’année avec les nombreux spectacles d’humour proposés dans des espaces spécifiques comme Le Spotlight mais aussi grâce à la programmation des salles plus généralistes comme le théâtre Sébastopol, le Zénith ou encore le Splendid, sans parler des multiples autres lieux dédiés à la culture dans la métropole.

Du 30 janvier au 8 février 2026, ce le sera encore un peu plus avec la cinquième édition de Lillarious, un festival encore jeune mais déjà bien installé sur le territoire et qui annonce 70 humoristes répartis sur 21 événements. « S’implanter à Lille était un choix simple car tous les artistes aiment venir y jouer mais le défi c’était de ne pas faire ce que les gens voient déjà tout au long de l’année », confie Grégoire Fuller, organisateur depuis plus de trente ans du festival de Montreux et dont le savoir-faire dans le domaine n’est donc plus à démontrer.

Son mot d’ordre : la création ! « Ce festival, ça doit être des rencontres d’artistes qui acceptent de se mettre en danger en présentant des choses qu’ils ne font pas le reste de l’année, poursuit-il. Un sketch aussi bon soit-il, n’aura pas la même valeur pour le public s’il a déjà été vu mille fois sur les réseaux sociaux. L’autre volonté que nous avions, c’était de ne pas faire un enchaînement d’artistes qui se passent sur le micro. On a voulu y mettre une trame narrative et mettre en place des soirées thématiques. »

Du théâtre Sébastopol au Nouveau siècle en passant par le Spotlight, le Colisée de Roubaix ou encore Aux enfants terribles à Marquette, il y en aura pour tous les goûts. Si l’ensemble de la programmation doit encore être finalisée (des noms seront dévoilés progressivement au fil des semaines), on sait déjà que les trois dernière soirées, du 5 au 7 février, seront menées par Élodie Poux qui rendra hommage au cinéma avec la complicité de plusieurs camarades de jeu.

La valeur montante de l’humour, PV s’est vu confier les rênes du gala d’ouverture et travaille déjà avec plusieurs complices sur la thématique de l’intelligence artificielle. « Une formidable soirée » réservera bien des surprises au public avec Merwane Benlazar en chef d’orchestre, accompagné de Morgane Cadignan, Doully, Vérino et Jason Brokerss. Le stand-up sera aussi mis à l’honneur lors de trois soirées au théâtre Sébastopol (2 au 4 février) avec Samuel Bambi en maître de cérémonie.

Un casting sera organisé au Spotlight pour dénicher de nouvelles pépites et les deux meilleurs seront retenus pour une finale internationale francophone, un show réunira les lauréats de l’édition 2025 de ce même concours. Enfin, un comedy lab sera mis sur pied avec la participation d’humoristes expérimentés qui viendront conseiller les talents de demain.

Ouverte en septembre, la billetterie fonctionne déjà très bien et le festival entend bien afficher complet dès que l’ensemble de la programmation sera dévoilée.

Festival Lillarious, du 30 janvier au 8 février 2026. Plus d’informations sur le site www.lillarious.com 

Le studio 8 livre une satire féroce de l’Amérique de Trump

Les élèves du studio 8 de l'école du Nord présentent dès ce mardi 4, au théâtre du Nord, leur création 15 Trump en colère se noyant dans leur propre merde

C’est un rendez-vous désormais très attendu. Chaque nouvelle création des différentes promotions des élèves de l’école du Nord est scrutée avec beaucoup d’intérêt. Ce mardi (18 h), les pensionnaires du Studio 8 joueront, pour la première fois, la pièce « 15 Trump en colère se noyant dans leur propre merde », une libre adaptation de « Douze hommes en colère », avec une mise en scène signée Jonathan Drillet et Marlène Saldana. La petite salle du théâtre du Nord, propice au huis-clos proposé pour ce spectacle, devrait faire le plein toute la semaine.

Une pièce qui se veut une satire de l’Amérique de Trump, une sorte de farce même si la réalité est parfois bien plus troublante que la fiction. La fausse vidéo, générée par l’intelligence artificielle, présentant le président américain dans la peau d’un pilote d’avion déversant des tonnes d’excréments sur des manifestants constitue une promotion inespérée pour la pièce montée au théâtre du Nord. « Le timing est parfait, ça tombe à pic, sourit Takumi de Valette, l’un des comédiens. C’est tellement énorme et ridicule. On se dit que finalement on ne va pas si loin. »

Si les metteurs en scène leur ont transmis de nombreux extraits des déclarations de Trump, l’actualité sert également pas mal de thèmes à exploiter sur un plateau d’argent. « Mon fil instagram est rempli de citations de Trump poursuit Djénaé Segonds, également comédienne. Au début du travail, je me souviens qu’on échangeait entre nous le matin sur ce qu’il avait fait ou dit et ça donnait régulièrement de la matière, des choses à creuser »

Au-delà de la satire, cette pièce est aussi en quelque sorte un acte politique qui dénonce les préjugés de race et de classe. « On essaie bien sûr de faire rire les gens mais ça peut être des rires nerveux, poursuit Djénaé. C’est intéressant de voir comment résonnent les mots de Trump, presque sans que l’on modifie ses phrases, lorsqu’ils sortent de la bouche d’autres personnes ».

Face à une telle hérésie, on peut soit rire, soit pleurer, abonde leur camarade Soren Hamzaoui Lapeyre. Là, on a monté une forme qui permet plus d’en rire que d’en pleurer. Marlène nous dit souvent, que peu importe ce qu’on fait, il y aura toujours pire dans le monde que ce qu’on présente sur scène. On a sorti des abominations pendant ces répétitions mais si on s’attarde un peu sur les informations reliées à Trump ou sur les réseaux sociaux, en fait, on n’est pas tellement au-dessus. »

« Le titre peut interpeller mais si on y regarde bien, tout ce qui se passe, ça ne sent pas très bon », renchérit Djénaé. « Je pense qu’il y aura plusieurs lectures de la pièce, peut-être même que certaines personnes trouveront ça énervant et si c’est le cas, notre pari sera aussi réussi », estime Takumi.

Sur scène, tous les comédiens porteront tous des chemises blanches, des cravates rouges, des mèches blondes et auront la peau du visage orangée pour interpréter ces quinze Trumps en colère. Douze jouent les jurés, tandis que les trois autres, placés sur le côté, sont en quelque sorte les commentateurs radios de ce procès qui doit déterminer si un jeune homme d’origine modeste, accusé du meurtre de son père, doit être envoyer ou non sur la chaise électrique. « Ces trois personnes sont là pour un peu parasiter ce qui se passe sur le plateau, ça raconte aussi quelque chose de ce qui se passe aux États-Unis avec cette volonté de polluer les médias, explique Djénaé. Le spectateur ne sait plus où donner de la tête, qui croire, qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ? »

Afin de construire cette satire, les élèves du studio 8 ont d’abord rejoué la pièce initiale et ont laissé cours à leur imagination. « J’avoue qu’à la première lecture, je ne voyais pas du tout comment les Trumps allaient s’insérer dans cette pièce, concède Soren. On a commencé à jouer, on a tout filmé, on faisait des improvisations. Dès que quelqu’un avait une bêtise en tête, il se laissait porter, on voyait jusqu’où ça allait. Il y a eu plein de choses nulles qu’on ne gardait pas mais il a aussi eu des pépites qui sont dans le spectacle.  »

« La pièce aurait pu durer 3 heures si on s’était laissé aller à toutes nos divagations, conclut Takumi de Valette. À un moment donné, il fallait faire des choix en voyant ce qui fonctionnait ou pas, au plateau et dans la trame narrative de ce que l’on voulait raconter. »

« 15 Trump en colère se noyant dans leur propre merde », au théâtre du Nord, du mardi 4 au vendredi 7 novembre (18 h), le samedi 22 novembre (16 h), le mercredi 21 et jeudi 22 janvier (18 h), jeudi 2 et vendredi 3 avril (18 h). Une pièce mise en scène par Jonathan Drillet et Marlène Saldana, et jouée par les élèves du studio 8 de l’école.

DNA : Catherine Benguigui imagine bien Mona en majorette

Catherine Benguigui s'est beaucoup amusée dans l'arche où Mona repasse son bac. (c)TelSète-TF1

Le grand public a découvert Catherine Benguigui à la fin des années 1990 dans la série H, où elle incarnait une infirmière subissant les railleries de ses petits camarades incarnés par trois nouveaux talents du rire de l’époque : Jamel Debbouze, Eric Judor et Ramzy Bedia.

Depuis maintenant cinq ans, c’est une nouvelle génération d’acteurs qu’elle voit éclore sous ses yeux au sein de « Demain nous appartient », la série quotidienne de TF1, où son sens de la comédie est parfaitement exploitée par les auteurs, qui lui ont concocté un personnage aux petits oignons, avec un caractère affirmé, une langue bien pendue et des punchlines qui régalent les fans de la série.

Arrivée dans un premier temps comme la maman ultra-protectrice et intrusive du policier Georges Caron (Mayel Elhajaoui), elle est surtout mise en avant aujourd’hui pour son rôle de cuisinière du bar-restaurant « Spoon », haut lieu de passage de la plupart des personnages de la série. « Quand j’ai passé le casting, je ne connaissais pas du tout la série, avoue Catherine Benguigui. Quand j’ai été prise, j’ai donc commencé à regarder et là j’ai découvert un monde parallèle totalement fou avec tous ses personnages, ses arches, ses fans. Il a fallu un moment pour que j’assimile tout mais, sans vouloir cirer les pompes, je suis désormais fan moi aussi. Je regarde tous les soirs. »

L’aventure a d’autant mieux commencé que les auteurs ont réalisé sans le savoir l’un de ses souhaits en lui faisant jouer de l’hélicon : « L’un des personnages, Maud intégrait une fanfare et à partir de là, j’ai fait chier tout le monde avec mon hélicon car je voulais moi aussi entrer dans l’orchestre. Je me suis demandé, à l’époque, si les auteurs étaient dans ma tête car j’en rêvais, s’enthousiasme-t-elle. J’ai pris des cours avec une banda de Sète et j’ai adoré ça, on n’avait jamais écrit un truc aussi fantaisiste pour moi. »

L’idée de la ramener sur les bancs du lycée pour repasser son bac l’avait, en revanche, initialement moins séduite mais Catherine Benguigui admet aujourd’hui que c’était un coup de maître : « Je me disais que personne n’allait croire à cette histoire et lors de la diffusion j’ai reçu plein de messages de femmes de plus de cinquante ans qui avaient, elles aussi, repris leurs études et trouvaient formidables qu’on parle de ce sujet dans la série. Je me suis beaucoup amusée à adopter le langage des lycéens et parce que mon fils qui croyait que je sortais avec un jeune. »

Une arche où elle tournait notamment avec Nathan Paoletti (Adher), dont elle regrette le départ de la série : « Dans une grande série collégiale comme celle-là, on a des interactions avec beaucoup de monde mais c’est vrai que j’avais un lien particulier avec Adher. Quand on tournait ensemble, on improvisait beaucoup, c’était toujours la folie sur le plateau. Il me manque beaucoup, j’ai vraiment été attristée par son départ de la série mais en même temps je le comprends, il est jeune, il a plein d’expériences à vivre dans le métier. »

Rassurez-vous Catherine Benguigui ne se sent pas esseulée dans cette grande famille. Elle concède, en revanche, attendre de nouvelles évolutions pour son personnage : « J’adore ce rôle de cuisinière mais je commence à en avoir fait le tour. Je voulais qu’il fasse tomber Mona amoureuse, ça a été le cas mais ça n’a pas duré et maintenant qu’elle n’est plus en couple avec Joël, je me dis que ce serait bien de lui trouver des activités pour lui remonter le moral ». La comédienne n’hésite pas à lancer quelques idées en vrac : « Je suis allée aux joutes de Sète pour la Saint-Louis et j’ai découvert qu’il y avait un groupe de majorettes seniors, ça pourrait être une idée pour Mona ». Pourquoi pas aussi tirer un peu plus sur la corde musicale : « On pourrait monter un groupe de rock. Quand j’avais 18 ans, j’étais bassiste et il y a plein de comédiens qui chantent extrêmement bien ou qui jouent d’un instrument comme Maxime Lélue (Jordan), Juliette Mabillat (Lizzie), Dimitri Fouque (Jack), Lola Dubini (Marguerite) qui vient de gagner Mask Singer et Charlotte Gaccio (Audrey) qui était allée également très loin dans cette émission. Il y a aussi Carla Roturier (Ellie) qui vient d’arriver dans la série, c’est vrai que ça fait beaucoup de gens talentueux. »

Plus globalement, Catherine Benguigui aimerait aussi un retour à plus de fantaisies : « Les arches policières sont exceptionnelles, le casting global est vraiment très bon mais je trouve qu’il manque un petit peu l’humour qu’il y avait davantage dans les débuts de la série. »

Si, aujourd’hui, DNA occupe une grande partie de son emploi du temps, Catherine Benguigui ne s’interdit pas, comme nombre de ses camarades, quelques escapades. Elle a ainsi tourné la première saison d’une nouvelle série Grandiose, au superbe casting avec notamment Catherine Frot, Claudia Tagbo et Gérémy Crédeville, prévue pour 2026 : « J’y incarne la maman d’un adolescent gay en surpoids, j’ai adoré ce personnage moins comique mais très fantaisiste ». On la retrouvera aussi dans la saison 2 d’Erica avec Julie De Bona et Grégory Fitoussi.

« Demain nous appartient », du lundi au vendredi (19 h 10) sur TF1.

« Les oiseaux de pluie », un film pour mieux vivre le deuil

Le film documentaire, Les oiseaux de pluie, sera rediffusé mardi 4 novembre au cinéma UGC Métropole de Lille (c) Morgane Garabedian

En cette période de Toussaint, où l’on célèbre la mémoire de nos défunts, Ariel Neo est repartie en tournée avec son film « Les oiseaux de pluie », sur le thème du deuil, qui sera diffusé ce mardi 4 novembre (20 h) au cinéma UGC Métropole de Lille. Explications avec la réalisatrice… 

Ariel, comment est née ce film documentaire un peu atypique ?

« Au départ, ça devait être un projet plus petit, un court métrage d’environ 10 minutes mais en évoquant la thématique du film avec mon entourage, alors que je traversais un deuil personnel, je me suis aperçue qu’il y avait vraiment un tabou assez fort sur le deuil. Dès que l’on évoque la perte d’un proche, un gros silence s’installe, un mouvement de recul s’opère, presque inconscient. L’universalité du sujet m’a décidé à en faire finalement un long métrage d’environ une heure et demie et le tournage a duré quatre ans avec des intervenants comme le philosophe André Comte et le danseur-chorégraphe nordiste Sofiane Chalal. »

Un film fait souvent une tournée avant sa sortie. Là, vous avez l’originalité d’en faire une autre quelques mois après. Pour quelles raisons ?

« C’est un film auto-produit, auto-financé, porté par des partenaires locaux, des associations qui font de l’accompagnement de personnes frappées par un deuil et le but est donc de lui donner une durée de vie plus longue. »

L’autre particularité, c’est la présence de véritables oiseaux dans la salle de cinéma. Quel est le lien des oiseaux avec le thème du deuil ?

« Ils mettent en lumière l’importance thérapeutique de la présence animale auprès des personnes endeuillées. Les oiseaux ont une symbolique assez forte et positive avec le côté lumineux de l’envol. La rencontre avec Yvan Gilbert, l’un des oiseleurs du film a été déterminante. Il pratique beaucoup de médiation animale dans les centres hospitaliers, dans les EHPAD. Ses oiseaux sont imprégnés de la présence de l’homme très jeunes, ils ont un rapport familier avec nous, presque comme les chiens et les chats, c’est assez exceptionnel à voir. Ils ne sont pas du tout effrayés par la présence humaine, ils recherchent même l’interaction. Pour la tournée, sept oiseaux, des inséparables et des colombes, sont avec nous. Ils ne sont pas là pendant le film mais ils arrivent juste après lors d’une petite animation. »

Il y a aussi un temps d’échange avec le public, comment ça fonctionne ?

« Ça se fait en collaboration avec des associations partenaires comme la coopérative funéraire de lille, « Happy end », « Head toi » et « Holi-Atma » . Dans le film comme dans les échanges, les spectateurs peuvent découvrir le sujet sous un autre langue, moins sombre, moins fermé, presque dans la joie. Beaucoup de gens sortent plus apaisés, plus sereins. »

« Les oiseaux de pluie », un film-documentaire d’Ariel Neo, ce mardi 4 novembre (20 h) au cinéma UGC Métropole de Lille. Billetterie : https://www.ugc.fr/reservationSeances.html?id=330660134834