Maoussi rapproche les visions romantiques et pragmatiques de l’amour

Pour son premier long métrage, Maoussi, Charlotte Schioler a déjà obtenu de nombreux prix.

Déjà récompensé d’une douzaine de prix dans différents festivals, « Maoussi », le premier long métrage de Charlotte Schioler pourra convoiter un nouveau trophée, celui du public européen, à partir de ce lundi 1er décembre, puisqu’il figure dans une liste de douze films retenus dans le cadre de l’ArteKino Festival.

« Maoussi » évoque la rencontre entre une danseuse Babette (Charlotte Schioler) et Edo, un musicien percussionniste, réfugié congolais, qu’elle accepte d’héberger chez elle. Babette voit, en revanche, d’un moins bon œil l’arrivée concomitante dans son logement d’une souris de laboratoire en fuite.

« Ce film interroge sur le dilemme entre deux visions différentes de l’amour : l’une romantique, l’autre pratique, confie la réalisatrice. Pour les gens de notre génération, on a plutôt la vision du mariage d’amour mais il n’y a pas si longtemps que ça le mariage de raison était la norme. Ma mère vient du Nord du Danemark, un endroit où il était préférable d’épouser un enfant de fermier pour mettre ses terres en commun . Dans le film, Edo se trouve dans une position de survie que les gens ont souvent du mal à prendre en considération, on parle généralement mal de ceux qui se marient pour des papiers. D’ailleurs Babette a, elle aussi, du mal à concevoir la panique dans laquelle Edo se trouve. »

La présence dans le film de cette petite souris, baptisée Maoussi n’est pas anecdotique : « Elle symbolise la fragilité de ceux dont on ne veut pas, alors que l’immigration enrichit énormément, insiste-t-elle. On le voit en France avec Marc Chagall, Marie Curie ou encore Yves Saint-Laurent. Il y a une diversité que nous n’avons pas au Danemark, son pays natal. »

L’actrice et réalisatrice sait de quoi elle parle, elle qui a grandi jusqu’à l’âge de neuf ans à Copenhague avant de déménager dans le Nord : « un endroit où les gens parlaient avec un autre accent, à l’école je passais pour une extra-terrestre. Je n’ai même pas eu à partir à l’étranger pour ressentir ce que ça fait d’être mal accepté  ». Ce qui ne l’a pas empêché d’énormément voyager durant sa vie, passant par Londres, Bruxelles, New York, l’Afrique du Sud mais ayant fait de Paris son camp de base depuis l’âge de dix-sept ans. « J’avais eu une note de 5 en Français à l’école, c’est ce qui m’a incité à partir en France, où je me suis construite. »

Un pays où elle a bâti sa carrière artistique et où « Maoussi » devrait sortir en 2026, après avoir déjà reçu un formidable accueil dans des festivals partout dans le monde. « C’est une comédie insolite et décalée, l’humour ne s’exporte pas toujours bien mais il a été heureusement très bien compris à Shanghai, Nairobi, Chicago. Il est sorti au Brésil, au Danemark, un distributeur va le prendre aux États-Unis. »

Les spectateurs pourront regarder et voter pour « Maoussi » à partir de ce lundi 1er décembre sur https://artekinofestival.arte.tv/

Anne-Sophie Girard et François Levantal s’amusent comme des gamins sur le tournage de « La petite histoire de France »

Anne-Sophie Girard et François Levantal, un couple de noble en quête de réhabilitation à la cour de Louis XIV. (c) Sven Etcheverry/M6

Vous pensez tout savoir sur l’histoire de France mais connaissez-vous bien « La petite Histoire de France ». Pas celle de Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Louis XIV et Napoléon mais celle de leurs cousins et cousines. Créée il y a dix ans par Jamel Debbouze, Laurent Tiphaine et Franck Cimière, cette série tournée sous forme de saynètes humoristiques nous fait voyager d’une époque à l’autre à travers une formidable galerie de personnages.

Lors de la dernière édition du festival Séries Mania à Lille, plusieurs comédiens avaient fait le déplacement pour rencontrer leurs fans et leur annoncer une excellente nouvelle : le tournage d’une sixième saison, que W9 va diffuser chaque samedi à 17 h 30, à partir de ce 29 novembre.

Le casting est d’excellente facture avec des personnages récurrents interprétés par Ophélia Kolb, Karina Marimon, Maxime Gasteuil, Alban Ivanov, Paul Scarfiglio et bien d’autres encore. Il sera encore renforcé cette saison par les apparitions de guests de premier plan comme Zabou Breitman, Jamel Debbouze, Arnaud Ducret, PEF ou encore Julie Ferrier.

« Cette série devait s’achever après trois saisons et grâce à l’adhésion du public ils l’ont fait renaître de ses cendres et on est repartis pour une quatrième, une cinquième et maintenant une sixième saison. Les gens sont autant attachés à nos personnages que nous », s’enthousiasme Anne-Sophie Girard, qui incarne la comtesse Marie-Louise de Roche Saint-Pierre, épouse de Philippe de Roche Saint-Pierre, le cousin de Louis XIV.

« Le pitch de base, c’est notre obsession de revenir au château de Versailles dont nous avons été évincés par le roi, indique François Levantal, qui interprète ce fameux cousin. Rien qu’aux séances de lecture, on rigole énormément car on a la chance d’avoir de très bons auteurs qui nous font le cadeau de nous écrire à chaque fois de très bons textes. »

« Nos personnages sont attachants parce que ce sont des grands gamins et on prend un malin plaisir à jouer parce que en sommes nous aussi, poursuit Anne-Sophie Girard. Sans trop spoiler, je peux vous dire que Marie-Louise, qui était déjà très branchée science, va aller encore plus loin en explorant l’occulte pour dialoguer avec les morts. Ça va être bien barré. »

L’Histoire n’était initialement pas la matière préférée de son camarde de jeu mais celui-ci avoue s’y être intéressé davantage depuis qu’il a commencé la série : «Je n’étais pas très féru d’Histoire à l’école mais aujourd’hui je regarde beaucoup de documentaires historiques et je dois dire que ça me plaît énormément. »

« On a le luxe d’avoir de très beaux costumes et de très beaux décors, ça nous aide à nous fondre dans le rôle et s’il y a la moindre petite erreur, on est vite au courant car les téléspectateurs sont de vrais gendarmes de l’Histoire, conclut la comédienne. Ils nous le signalent tout de suite si un passage est anachronique, impossible. »

« La petite Histoire de France », saison 6, chaque samedi (17 h 30) à partir du 29 novembre.

Anne Boissard veut faire rire mais aussi réfléchir son public

Anne Boissard sera le 3 décembre sur la scène du Spotlight.

Travailler en boîte de nuit pour payer son loyer mais ne plus avoir assez d’énergie pour se lever le matin et aller passer des auditions alors qu’on a trois années de cour Florent dans ses bagages, c’était un gâchis dont Anne Boissard a pris conscience le 31 décembre 2018. « Au moment, où tout le monde se souhaitait bonne année, je me suis mise à chialer en me demandant ce que je foutais là, derrière un bar, à servir des vodka Red Bull », se souvient-elle.

Le moment étant propice à la prise de résolutions, la jeune femme a donc décidé à l’approche de la trentaine de reprendre sa vie en mains et de se réorienter vers ce qu’elle aimait réellement. À force de traîner au Paname Café, elle s’est aussi mise à faire des blagues qu’elle a décidé de poster sur les réseaux sociaux.

Son petit gimmick de début de vidéo, « Salut les gens » est vite devenu viral. « C’est venu un peu par hasard mais du coup ça m’a donné une identité sans que ce soit voulu », sourit-elle. De fil en aiguille, de plus en plus de gens l’ont remarquée. Camille Combal a même fait appel à ses services comme chroniqueuse dans son émission « Camille et images ». Elle a aussi fait la première partie de Roman Frayssinet, un humoriste qu’elle apprécie beaucoup, au même titre que Certe Mathurin, qui l’a beaucoup aidée personnellement et professionnellement, ou encore Panayotis Pascot.

Aujourd’hui, Anne Boissard a monté son spectacle « Assume », qu’elle jouera le mercredi 3 décembre (21 h) au Spotlight à Lille et dont elle a écrit les textes elle-même. « Au départ, j’avais un peu le syndrome de l’imposteur et j’étais donc allé chercher des hommes du milieu pour m’aider mais je suis rendu compte qu’il fallait en finir avec ces démarches patriarcales et que j’étais tout à fait capable de le faire seule, même s’il est toujours intéressant d’avoir des discussions, des retours de collègues qui peuvent t’éclairer sur certains points », confie-t-elle.

Sur scène, l’artiste propose quelque chose qui ne ressemble pas à ses vidéos : « Ce sont deux univers différents. Les vidéos sur les réseaux, c’est le moyen d’expression le plus rapide mais dans mon spectacle je parle de choses plus profondes, j’avais envie en écrivant de vulgariser les tabous de la société, parler de l’adoption, de la psychanalyse, des liens familiaux et amoureux car c’est ce qui régit toute notre vie, indique-t-elle. Je parle aussi des addictions que ce soit la clope, l’alcool ou la drogue. »

Anne Boissard a donc à cœur de distraire mais aussi de véhiculer des messages. « Je trouve même qu’on ne réfléchit pas encore assez dans mon spectacle, j’aimerais qu’on le fasse davantage dans le prochain, qui devrait être plus intellectuel, annonce-t-elle. J’ai envie de parler d’avortement, de maladies invisibles comme la bipolarité mais c’est compliqué de faire en sorte que le public sorte de la salle avec matière à réflexion, tout en le faisant rire. Il faut que ton écriture soit suffisamment forte pour faire passer quelque chose. »

Anne Boissard joue son spectacle « Assume » ce mercredi 3 décembre (21 h) au Spotlight à Lille.

« Silver star », un road-movie qui explore la dérive de la société américaine

Sillver star, un road trip mené tambour battant par deux actrices remarquables.

Bercé par le cinéma américain des années 1970-1980, le réalisateur Ruben Amar a vécu son  « American dream » et s’est s’installé plusieurs années Outre-Alantique, emmenant dans son sillage sa compagne Lola Bessis, qui coécrit et coréalise avec lui. C’est néanmoins en vivant en Australie qu’ils ont assisté à l’effondrement de la société américaine, ce qui leur a donné l’idée d’écrire le film « Silver star », sorti ce mercredi dans les salles. « On avait une vision de cette Amérique qui se dégradait de plus en plus vite après la première investiture de Trump et on a eu envie d’en faire une histoire », avoue Ruben Amar.

Nourri par de nombreux road movies (« Buffalo 66 », « Paper moon »,  « Paris Texas »), le duo a donc imaginé cette rencontre fortuite et improbable entre Billie, une jeune afro-américaine (jouée par Troy Leigh-Anne Johnson), tout juste sortie de prison, éborgnée après une altercation violente avec un policier, et contrainte de faire un casse dans une banque pour aider sa famille, et Franny (Grace Van Dien), une jeune femme enceinte, également en galère financière après avoir perdu son emploi, qui va dans un premier temps lui servir d’otage, puis devenir sa complice avant que ne se crée un véritable attachement entre les deux femmes.

Ces deux êtres, abîmées par la vie, n’ont pourtant pas grand-chose en commun. L’une, Billie, tente de masquer ses blessures, en se retranchant derrière un quasi mutisme tandis que l’autre les dissimule avec une exubérance qui se traduit aussi bien dans son physique jusqu’au bout des ongles que dans sa façon de parler avec un débit incessant et une tessiture de voix que l’actrice a soigneusement travaillé.

« En raison du covid, on a dû faire une grande partie du casting en visio, poursuit Ruben Amar. On a eu énormément de candidates, presque tout le Hollywood de moins de 25 ans. Sydney Sweeney (« Once uppon a time in Hollywood », « The handmaid’s tale », « Immaculée », « The White lotus.. » devait initialement jouer le rôle de Franny mais ça ne s’est pas fait. On a vu beaucoup de beau monde mais il nous manquait toujours un petit quelque chose jusqu‘au casting de Grace Van Dien qui nous a bluffés, elle a vraiment transcendé le personnage. »

Arrière-petite fille de Robert Mitchum et fille de Casper Van Dien (« Starship troopers » ), Grace Van Dien apporte la touche de comédie dont les réalisateurs avaient envie « pour ne pas faire un film trop plombant » . « On n’aime pas trop se lancer dans des choses vraiment dramatiques, on aime mettre dans nos films un peu de légèreté, on a la volonté de donner de l’espoir », insiste Ruben Amar, qui s’est emparé, par ailleurs, de l’engouement des Américains pour les reconstitutions historiques pour en faire une passion de la famille du personnage de Billie dont le genre n’avait pas été prédéfini.

« On ne savait pas si ça allait être une fille ou un garçon, l’essentiel c’était qu’il y ait une véritable alchimie dans le duo, explique-t-il. On a d’abord vu beaucoup d’hommes mais ça ne fonctionnait pas. On a donc décidé que Billie serait une femme mais ça n’a pas été plus simple, il fallait quelqu’un qui soit garçon manqué mais qui puisse avoir aussi quelque chose de très féminin et en fait, alors que je conduisais, j’ai entendu la voix de Troy dans une audition qu’était en train d’écouter Lola et j’ai arrêté la voiture. J’ai compris tout de suite que ce serait elle. Ce n’est pas un rôle simple car c’est un personnage qui ne parle pas beaucoup mais qui a énormément de choses à jouer dans les silences, dans les regards.  Elle aussi a totalement inventé son personnage à l’opposé de ce qu’elle avait l’habitude de jouer dans des séries adolescentes. La transformation a été saisissante. »

« Silver star », un film de Ruben Amar et Lola Bessis, en salle depuis le 26 novembre. Avec Troy Leigh-Anne Johnson et Grace Van Dien.

Audrey Pirault avait hâte de retrouver son personnage et ses camarades de jeu dans « Le Daron », saison 2

Audrey Pirault était ravie de retrouver son personnage d'Esther pour la saison 2 du Daron. (c) Baptiste Langinie/ JLA Production/TF1

TF1 a commencé il y a deux semaines à diffuser la deuxième saison du Daron avec un casting qui a peu évolué et où l’on retrouve notamment Audrey Pirault, qui incarne Esther, la fille de maître Daron (Didier Bourdon) et exerce la même profession d’avocate.

La première saison s’était achevée sur son mariage. La seconde lui réserve encore bien des émotions. « Elle est perdue Esther, elle était déjà paumée dans la saison 1, où elle avait vu son monde basculer, rappelle Audrey Pirault. La fille à papa dont la place n’avait jamais été remise en question a vu débarquer cette nana, Pauline (Mélanie Bernier), qui s’est avérée être en plus sa sœur. »

Furieuse contre son père et blessée par l’arrivée de cette demi-sœur, Esther a donc décidé de monter son propre cabinet avec son frère et se retrouve à plaider contre les clients de son père. Des conflits familiaux qui viennent s’ajouter à une vie personnelle, elle aussi chamboulée. « Dès qu’il y a des imprévus, dès que ça sort des cases, Esther ne sait pas gérer. C’est l’angoisse pour elle qui aime tout contrôler, poursuit-elle. Globalement on est tous dans une forme d’instabilité émotionnelle, c’est ce qui est drôle à jouer. L’avantage de la série, c’est qu’on a le temps de savourer, de poser notre personnage. »

Même si elles n’ont pas grand-chose en commun dans la vraie vie, la comédienne avait hâte de se replonger dans les chaussures à talon d’Esther. «à partir du moment où j’ai la jupe cintrée et les talons d’aiguille, tout se met en place. Ce type de nanas qui deviennent un peu méchantes, qui n’ont pas les bonnes réactions quand elles n’arrivent pas à gérer ça existe mais la Esther elle en a encore sous le coude ou je devrais plutôt dire dans le ventre. »

Audrey Pirault s’est aussi régalée à retrouver ses camarades de jeu, à commencer par Didier Bourdon : « Durant la première saison, j’étais très impressionnée, il y avait presque un côté fan, sourit-elle. La relation a évolué, il y avait toujours une pression car on ne veut toujours pas décevoir mais la peur de mal faire a disparu. En plus Didier avait à cœur de partager son expérience et il le faisait avec beaucoup de simplicité. »

« Le Daron », saison 2, le jeudi (21 h 10) sur TF1 et en replay. Avec Didier Bourdon, Audrey Pirault, Mélanie Bernier.