Barbara Pravi envoûtante et entraînante dans un Sébastopol en feu

Barbara Pravi était en concert ce mercredi soir au théâtre Sébastopol de Lille. ©Lisa Boostani

Un public debout qui clame son amour pour un artiste en l’applaudissant à tout rompre, c’est somme toute monnaie courante, surtout dans le Nord mais quand la scène se produit à peine la première chanson achevée, on bascule dans un moment d’exception.

Les spectateurs présents ce mercredi soir au théâtre Sébastopol de Lille pour le concert de Barbara Pravi ne sont pas près d’oublier cet instant de partage inattendu alors que l’artiste avait signé son entrée en scène avec Voilà, le titre qui l’a portée sur la deuxième marche du podium du concours de l’Eurovision et lui a permis d’obtenir la reconnaissance du grand public.

« J’ai l’impression d’être déjà à la fin du concert alors que ça vient à peine de commencer », s’en amusa un peu interloquée la jeune femme qui avait déjà conservé de merveilleux souvenirs de son premier passage dans la salle lilloise, il y a trois ans : « C’était ma première fois dans une grande salle et il y avait déjà un public complètement dingue », confia-t-elle.

Le ton de la soirée était donné. Barbara Pravi n’eut aucune peine à surfer sur la vague, douce (Maman, l’homme et l’oiseau) et envoûtante (Antoine, Fantasme moi), clamant son engagement pour le droit des femmes (Marianne, La femme), poussant le public à l’auto-congratulation (Bravo) ou faisant grimper la température en transformant carrément le Sébastopol en salle de danse (Exister, Si ce monde est fou).

Avant que la soirée ne se termine, elle a convié ses fans à un ultime voyage, dans les montagnes de Serbie, sur les traces de l’une de ses ancêtres du milieu du XVIIIe siècle, la veuve Milovanovic, une gitane rebaptisée par les habitants des villages qu’elle traversait « La pieva », ce qui signifie, la chanteuse en Serbe.

« La Pieva », c’est aussi le titre de son nouvel album, sorti début septembre. Comme son aïeule, l’artiste enchante son auditoire partout où elle passe. « Ne partez pas, j’vous en supplie, restez longtemps », implorait-elle dans sa chanson Voilà. Qu’elle se rassure, le public lillois n’était nullement pressé de la quitter mercredi soir et attend déjà avec impatience sa prochaine visite.

Bonne nouvelle, dès la mi-novembre, il sera de nouveau possible d’admirer son grain de voix tout en découvrant, si ce n’est déjà fait, ses talents de comédienne dans Finalement, le dernier film de Claude Lelouch, où elle partage l’affiche avec Kad Merad et Elsa Zylberstein.

Un biopic pour retracer l’immense carrière de Monsieur Aznavour

Tahar Rahim est éblouissant dans le rôle de Charles Aznavour. (c) Antoine Agoudjian

« Monsieur Aznavour ! Tout est dit dans le titre. L’immense carrière de Charles Aznavour impose le respect. Celui de Mehdi Idir et Fabien Marsaud, alias Grand corps malade, pour cette immense star de la chanson française, est palpable dans le biopic qu’ils on réalisé et qui est sorti dans les salles ce mercredi 23 octobre.

Le projet avait d’ailleurs été initié du vivant de l’artiste mais il ne s’est concrétisé qu’après son décès. « Son souhait était que l’on parle de la première partie de sa carrière, celle avant qu’il ne connaisse le succès et il aurait aimé que l’on s’arrête là , avoue Mehdi Idir. On a finalement décidé d’évoquer aussi cette décennie magique où il a enchaîné les tubes. Ça aurait été dommage de ne pas en parler car on le voit très pauvre au début et il était intéressant d’observer comment sa vie a changé quand il a commencé à gagner de l’argent. »

Découpé en cinq chapitres chronologiques, le film évoque sa jeunesse dans une famille modeste mais passionnée de musique, la difficulté de se faire une place dans ce milieu artistique mais aussi le soutien d’Édith Piaf qui l’a pris un temps sous son aile. « Son parcours, sa longévité, sa curiosité pour toujours rester au fait des nouvelles tendances, sa réussite grâce à son talent et à sa volonté, c’est forcément inspirant pour tout le monde et plus encore pour un auteur et interprète comme moi, concède Fabien Marsaud. Et pourtant, au départ, il n’avait rien pour réussir, sa voix voilée, ses parents qui ne parlaient pas le Français. C’est d’ailleurs un beau message quand on sait qu’il est devenu ensuite le symbole de la culture française dans le monde entier. »

Le film est parsemé des chansons cultes de l’artiste mais aussi de morceaux moins connus du grand public : « L’avantage, c’est que nous sommes sur ce projet depuis très longtemps, ce qui nous a donné le temps de lire des livres, des interviews, de voir des documentaires et d’écouter énormément ses chansons, même si je ne suis pas sûr qu’on ait écouté les 1200 titres en entier », sourit Mehdi Idir.

Pour incarner Charles Aznavour, le choix du comédien Tahar Rahim ne fit pas débat : « C’est notre directeur de casting qui a tout de suite soufflé l’idée et à partir de ce moment-là, il n’ a pas eu de concurrence d’autant qu’il s’est très vite approprié le rôle. Dès les premières lectures, il avait trouvé l’élocution. »

Pour se glisser dans la peau d’Édith Piaf, le casting fut plus rude. « J’ai passé deux premières étapes det quand on ma convoqué une troisième fois pour une rencontre avec l’acteur choisi pour le rôle de Charles Aznavour, j’ai vu une amie maquilleuse de cinéma et on a fait des efforts vestimentaires et de coiffures pour ressembler à Piaf. Je ne savais pas qui serait le comédien, je suis arrivé et là j’ai vu Tahar Rahim, ça m’a donné encore plus envie de faire ce film », confesse Marie-Julie Baup. « Quand j’ai été prise, je n’ai pas voulu revoir La mômeMarion Cotillard avait été remarquable, j’ai travaillé le corps, la voix mais j’ai surtout cherché dans la personnalité de Piaf un endroit où l’on pouvait se retrouver », précise-t-elle.

« Quand on a vu Marie-Julie, elle est vite apparue comme une évidence mais il fallait tout de même voir si le duo avec Tahar fonctionnait », précise Fabien Marsaud. Le verdict est, de fait, plus que concluant.

« Monsieur Aznavour », un film de Mehdi Idir et Fabien Marsaud. Avec Tahar Rahim, Marie-Julie Baup, Bastien Bouillon, Camille Moutawakil. En salle depuis ce mercredi 23 octobre.

Photo Antoine Agoudjian.

Audrey Pirault, incontournable cette semaine sur les écrans

Audrey Pirault, ici avec Didier Bourdon dans Le Daron, la nouvelle série de TF1, est aussi au cinéma dans Challenger aux côtés d'Alban Ivanov. (c)Nicolas Roucou/TF1

Que vous restiez bien au chaud dans votre fauteuil à regarder la télévision ou que vous décidiez de vous rendre dans les salles de cinéma, vous n’aurez que l’embarras du choix pour retrouver la comédienne Audrey Pirault à l’écran, cette semaine, avec comme point commun de jouer la fille de véritables légendes de la comédie, celle de Gérard Darmon, qui incarne un ancien animateur vedette de jeu télévisé, dans le film de Lucien Jean-Baptiste On fait quoi maintenant ? Et celle de Didier Bourdon dans Le Daron, une nouvelle série à suivre dès ce lundi 21 octobre (21 h 10) sur TF1. Elle y joue une jeune femme ambitieuse, qui découvre avec stupéfaction que l’héritage du cabinet familial ne va pas à l’endroit où il devrait aller. « ça a été une aventure de travail et de rigolades, précise-t-elle. Didier Bourdon a été un partenaire de jeu d’une générosité incroyable ».

Dans un autre registre, Audrey Pirault jouera aussi le rôle de Stéphanie, l’amie-manageuse de Luka Hernandez (alias Alban Ivanov), un boxeur amateur qui rêve de gloire, dans le film Challenger, en salle dès ce mercredi 23 octobre.

Un univers loin d’être étranger à la jeune femme : « Les réalisateurs ne le savaient pas quand j’ai été choisie mais la boxe est un sport qui m’est familier, mon papa nous réveillait tout le temps pour suivre en direct les combats de mike Tyson, explique-t-elle. De mon côté, j’étais fan d’Oscar de la Hoya. »

Au-delà de son attrait pour la boxe, la comédienne a surtout été séduite par le scénario : « Ce qui m’a convaincu c’est le perroquet, sourit-elle (vous comprendrez en voyant le film). Plus sérieusement, c’est drôle sans être gaguesque et j’aime cette idée que l’histoire de Luka pourrait être celle de n’importe quelle personne qui se lance avec un rêve et qui doit savoir s’entourer pour essayer d’y parvenir. »

Très complice avec Alban Ivanov, avec lequel elle avait déjà partagé l’affiche sur le film précédent de Varante Soudjian, La traversée, Audrey Pirault apprécie le côté fonceuse de son personnage : « Dans la vie faut y aller, quand on a un rêve, il faut se lancer. Steph essaie de faire au mieux mais là ou elle est un peu plus fourbe c’est qu’elle envoie Luka en première ligne. » Bonne nouvelle pour la jeune femme, les réalisateurs n »hésitent plus non plus à la placer dans des premiers rôles.

Photo Nicolas Roucou/JLA Exilene/TF1.

Tété vous invite à un moment privilégié dans son salon

Tété vit une aventure au-delà de ses attentes avec sa tournée. ©Yann ORHAN

Le nouvel album live de Tété Bienvenue chez vous, enregistré lors des différentes dates de « L’antichambre tour » est disponible en digital depuis ce vendredi 18 octobre et le public nordiste aura sans doute l’occasion d’en découvrir les principaux titres lors de son concert du 8 novembre à l’Étoile à Mouvaux.

On parle ici au conditionnel car depuis le début de sa tournée, l’artiste met un point d’honneur à offrir une expérience différente lors de chacun de ses spectacles. « Le confinement a bouleversé nos habitudes et donner aux gens sur scène la même chose que ce qu’ils ont sur un album ça ne suffit plus, assure-t-il. On a donc réfléchi à la façon de les faire venir et on a décidé de constituer un décor avec un salon, qui n’est pas le même à chaque concert. »

En ce qui concerne les chansons, la première partie est constituée de titres plébiscités au préalable par le public sur internet alors que pour la deuxième partie, on a un cahier avec de nouvelles chansons : « On fait monter des gens sur scène pour qu’ils choisissent celles qu’ils veulent entendre, je ne sais donc jamais ce que je vais jouer, c’est un nouvel exercice, c’est génial, ça m’oblige à me tenir prêt. »

Un concept qui a séduit un public tellement en attente de retrouvailles avec son chanteur préféré qu’il a fallu multiplier les dates avant l’été et même lancer une nouvelle session de concerts cet automne : « Initialement, il ne devait y avoir que six dates, j’avoue que ça a été une belle surprise, admet Tété. Je n’avais pas fait de tournée depuis quatre ans, on avait décidé de revenir prudemment, ne sachant pas si le public serait au rendez-vous car les choses ne sont jamais acquises. Finalement, on a dû ajouter une vingtaine dates où on a fait complet à chaque fois. »

Chaque concert fut l’occasion de beaux échanges avec le public qui ont abouti à un album live, Bienvenue chez vous, composé de treize titres. « On a tout enregistré, on a tout réécouté et on a retenu les versions avec le plus d’émotions, de connexions avec les gens, précise l’artiste. Mon dernier live datait de 2002 alors que c’est ma marque de fabrique, c’est de là où je viens, c’est ce qui m’a amené à faire des disques. »

Des moments mémorables, Tété en a également vécu cet été en chantant au Club France lors de la dernière soirée des Jeux olympiques : « C’était incroyable, j’ai tout découvert au dernier moment. J’avais écouté tous ceux qui disaient à tort qu’il fallait fuir Paris, j’étais donc en vacances à l’étranger au début des Jeux et je ne me représentais pas qu’il pourrait y avoir 35 000 personnes dans une fan zone mais ce n’est pas plus mal car si je l’avais su avant, j’aurais gambergé, je me serais posé plein de questions et je l’aurais beaucoup moins bien vécu. »

Comme lors de ses concerts, le tube À la faveur de l’automne  a bien sûr fait le bonheur de tous. Une chanson qui fait désormais partie de notre patrimoine musical alors qu’elle n’avait pourtant rencontré qu’un succès mesuré à sa sortie, il y a un peu plus de vingt ans : « C’est une chance dans une vie d’artiste d’avoir une chanson qui vous met sur la carte. À la faveur de l’automne a été reprise dans plusieurs télécrochets par différentes générations d’artistes, ça a contribué à montrer mon travail à plein de gens qui ne me connaissaient pas, qui derrière ont vu qu’il y avait 200 autres chansons, qui ont écouté mes albums et qui viennent désormais dans mes concerts. »

Tété se réjouit d’ailleurs de retrouver le public du Nord, le 8 novembre à Mouvaux : « Je suis ravi, d’autant que ce spectacle a été mis au point à Béthune. On s’est enfermés dans une salle là-bas pendant trois jours et ça nous a visiblement porté chance. »

Tété sera en concert à l’étoile à Mouvaux le 8 novembre.

Le monde n’existe pas, un thriller déroutant

Niels Schneider excelle encore dans cette série. Photo Arte

Tournée dans le bassin minier et présentée au printemps lors du festival Series Mania à Lille, la série Le monde n’existe pas, actuellement disponible sur Arte.tv, est une adaptation du roman éponyme de Fabrice Humbert. « On a reçu le soutien de la Région et comme le récit d’origine se passe dans une petite ville aux états-Unis, je trouvais intéressant de faire comme pour mon personnage un trajet vers ce décor que je n’avais pas revu depuis mon adolescence, sachant que j’ai passé une partie de ma jeunesse à Brebières près de Douai », confie le réalisateur Erwan Le Duc.

Dans la série d’Arte, Niels Schneider se glisse dans la peau d’Adam Vollmann, un journaliste ayant pris une nouvelle identité pour fuir un passé douloureux, qui découvre à la télévision qu’un meurtre a été commis dans sa ville d’origine et que le principal suspect est une personne qu’il a très bien connu durant sa jeunesse.

Bien décidé à mener l’enquête, Adam Vollmann se rend sur place et effectue un retour aux sources qui va réveiller chez lui quelques vieux démons, croisant le chemin de personnages tous plus étranges les uns que les autres, certains fantômes du passé, qui vont instiller de plus en plus doutes dans son esprit et dans celui des téléspectateurs. Pas facile dans ces conditions de démêler le vrai du faux. Le tout dans une atmosphère à la David Lynch avec juste ce qu’il faut de saupoudrage d’humour décalé.

Le défi était donc de traduire au cinéma le trouble qui se crée dans le livre au fur et à mesure que l’enquête avance : « On a essayé avec le chef opérateur de jouer beaucoup sur les reflets pour accentuer cette sensation de flou à l’image », confie Erwan Le Duc.

Niels Schneider, brillant dans D’argent et de sang, confirme ici tout son talent dans un rôle exigeant physiquement et psychologiquement : « Erwan m’avait dit très tôt qu’il fallait que je me prépare physiquement. Il a fallu cinq mois pour que j’arrive sur le tournage avec un corps qui n’est pas le mien, explique-t-il. L’incarnation par le corps était une bonne porte d’entrée, ça raconte la construction d’un gamin victime d’abus, la violence qu’il a en lui et qu’il canalise par le sport, ce corps constitue une sorte de carapace et un contraste entre l’adolescent chétif qu’il était et l’adulte qu’il est devenu. J’ai aussi pris beaucoup de plaisir à jouer quelqu’un d’introverti, il y a beaucoup de scènes d’écoute où ma présence ne passe par les mots, j’ai essayé de me faire mon film intérieur. »

« Le monde n’existe pas »,une mini-série en 4 épisodes d’Erwan Le Duc, avec Niels Schneider et Maud Wyler. Disponible sur Arte.tv