Michel Boujenah lutte contre l’angoisse du temps qui passe

Michel Boujenah sera dimanche sur la scène du Casino Barrière de Lille.

César du meilleur acteur dans un second rôle en 1986 pour son interprétation dans le film Trois hommes et un couffin , Michel Boujenah est entré dans le cœur des Français depuis environ quatre décennies. Cinéma, télévision, théâtre, on l’a vu briller partout. Dimanche, il sera au Casino Barrière de Lille pour son nouveau spectacle Adieu les magnifiques.

Quand on lui demande combien il a de « one man show » au compteur, il balaie la question : « On s’en fout du nombre de spectacles, c’est le prochain qui compte », sourit-il. Et celui-ci a d’autant plus d’importance que le comédien reconnaît être touché, à 71 ans, par une certaine inquiétude du temps qui passe. « être sur scène, c’est ma vie et maintenant que j’ai moins de temps devant moi que derrière, je ressens de l’angoisse car je suis en retard dans mes projets. J’écris un nouveau film, j’ai mon spectacle, deux pièces que je veux jouer », confie-t-il.

Sa performance dans L’avare a modifié sa vision de l’avenir : « ça m’a réconcilié avec les autres car jusque-là, j’aimais bien être seul sur scène, poursuit-il. J’ai la chance d’avoir des gens plus jeunes que moi, qui m’aiment depuis longtemps, qui ont écrit des choses pour moi. »

Si professionnellement, son expérience est un atout, « j’ai vieilli, j’ai appris, mon écriture a évolué et je m’amuse autrement à chaque fois », l’homme reconnaît se poser des questions existentielles : « Je me demande combien de temps il me reste car j’ai toujours envie de manger, m’occuper de mes enfants, jouer au tennis, m’envoyer en l’air, pêcher et tout ça m’angoisse beaucoup, confesse-t-il. Il faut que j’accepte le temps qui passe car même si je ne fais pas mes 71 ans, je les ai quand même. »

Dans son spectacle, Michel Boujenah parle de transmission : « Avant le père était au bout de la table et on discutait. Aujourd’hui au bout de la table, il y a… la télévision. Et le pire, c’est le téléphone. Moi-même, je me suis surpris à constater lors d’un repas en famille que nous étions tous sur notre téléphone alors que l’on mangeait ensemble », déplore-t-il. « Ce qui me fait de la peine, c’est de voir que les vieux n’ont plus de place et ça me rend triste pour la jeunesse car on ne se construit pas sans ses racines, son histoire. » Plutôt déprimant ? On vous rassure, l’humoriste sait tourner tout ça en dérision : « On ne fait pas rire avec le bonheur mais avec les blessures, estime-t-il. Je n’ai jamais fait rire avec des choses légères, notre métier d’artiste c’est justement de faire rire sur des sujets lourds. »

Comme tout au long de sa carrière, l’artiste attendra le premier rire pour se libérer pleinement. Et comme toujours, il s’efforcera de prendre un maximum de plaisir sur scène. « La seule règle, c’est d’être heureux de faire ce que l’on fait, assure-t-il. Jacques Brel disait « Le talent, c’est l’envie ». Dans notre métier, il ne faut pas confondre le but et la conséquence. Le but c’est de faire ce qu’on aime ; la conséquence, c’est que parfois le public nous apprécie et qu’on a du succès. »

Michel Boujenah, « Adieu les magnifiques », ce dimanche 18 février à 18 h au Casino Barrière de Lille.

Zaho de Sagazan a foudroyé la concurrence

Zaho de SAGAZAN, victoire de "la meilleure chanson originale", du "meilleur album", "révélation scène" et celui de la "révélation féminine. Photo Nathalie Guyon FTV

La symphonie des éclairs a tout emporté sur son passage. Album de l’année, chanson de l’année, révélation féminine et révélation scène, Zaho de Sagazan a été la grande gagnante de la 39e cérémonie des Victoires de la musique, samedi soir à la Seine musicale.

Fière, émue mais aussi presque gênée au fil de la soirée pour les autres artistes dont elle a loué les qualités, la Bretonne est revenue sur son incroyable ascension : « Je suis quelqu’un de très sensible et un jour je me suis rendue compte qu’en pleurant sur mon piano, ça me faisait un bien fou, que ça ne faisait de mal à personne et surtout que ça faisait de jolies chansons. Ce que je pensais être mon plus grand défaut était en fait ma plus grande qualité, affirme-t-elle. être sensible, c’est une force et une faiblesse en même temps, il y a à la fois des choses magnifiques et des choses plus dures à gérer. »

La soirée de samedi entre bien sûr dans la première catégorie : « C’est génial, ce sont tellement des émotions joyeuses que c’est plus facile à gérer que des choses négatives, avoue-t-elle. J’avais envie qu’on voie ma chanson, j’ai passé trop de temps à l’écrire, je sais les mots que j’ai choisis. Je voulais les mettre en valeur. »

Présentée sur France Télévisions par un nouveau duo, composé de Léa Salamé et Cyril Ferraud, qui ont ouvert la cérémonie en dansant une valse, la soirée a été marquée par la reconnaissance de la diversité du paysage musical comme jamais par le passé. Le RnB et surtout le rap ont ainsi été particulièrement mis en avant.

La Belge Shay  a été récompensée pour la meilleure création audiovisuelle avec le clip de Commando, Damso a été primé pour le concert de l’année avec son QALF tour, Yamê et sa bécane ont été désignés révélation masculine et Gazo a partagé la Victoire de l’artiste masculin de l’année avec Vianney. « Je trouve ça génial que deux univers si différents soient récompensés, que l’on soit tous les deux vainqueurs démontre qu’il y a de la place pour tout le monde », s’est enthousiasmé ce dernier.

Une diversité musicale que n’avait pas hésité à plébisciter Zazie, présidente d’honneur de cette édition, dans son discours d’ouverture. Une diversité qui a permis, même si elle n’était pas présente pour récupérer son trophée, à Aya Nakamura d’être enfin récompensée en qualité d’artiste féminine de l’année.

Au fil de la soirée, Adèle Castillon (16 février au Splendid de Lille) , Aimé Simone, Meryl (9 mars à la Condition publique à Roubaix), Nuit incolore (12 avril au Splendid) ou encore le fantasque Julien Granel ont témoigné de la richesse de la nouvelle vague de la chanson française.

Plusieurs générations ont, enfin, offert un vrai moment d’émotion en rendant hommage dans un medley à Bernard Lavilliers, récompensé d’une Victoire d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. Celui-ci a d’ailleurs été ému aux larmes par les interprétations de Jeanne Cherhal, Olivia Ruiz, Terrenoire, Catherine Ringer, Faada Freddy et les mots de son amie, la comédienne Sandrine Bonnaire. « Je n’ai jamais tellement écrit pour les autres donc ça fait un drôle d’effet d’entendre ses chansons reprises par ces artistes pour lesquels j’ai beaucoup de respect, a-t-il indiqué. Un auteur-compositeur a sans doute l’habitude mais moi je suis un oiseau rare. C’est beaucoup de fierté et je partage ce prix avec tous ceux qui m’ont appris les différentes musiques, je suis le représentant de tous ces gens. »

Ses fans pourront venir l’écouter le 5 juin dans Métamorphose, un concert symphonique, au Nouveau Siècle.

Photo Nathalie Guyon. FTV

Suzanne de Baecque, elle a déjà tout d’une grande

Suzanne de Baecque. Photo Simon Gosselin

Depuis sa sortie de l’école du Nord en 2021, Suzanne de Baecque est partout. Théâtre, cinéma, télévision, la jeune femme est sur tous les fronts. Dans les salles obscures, elle a été Victoire l’une des filles de Louis XV (Johnny Depp) dans le film Jeanne du Barry de Maiwen ou encore Nuria, une assistante dentaire dans Iris et les hommes de Caroline Vignal. Elle vient aussi de touner un petit rôle dans le prochain film des frères Larrieu, une adaptation du livre de Pierric Bailly, Le roman de Jim , avec Sara Giraudeau et Sara Forestier.

Au théâtre, elle est ce vendredi 9 et samedi 10 février à Arras pour Vertige de Guillaume Vincent, elle a joué dans Un chapeau de paille d’Italie d’Alain Françon et elle tourne actuellement avec Tenir debout, un spectacle qu’elle a conçu, mis en scène et dans lequel elle joue sur l’univers des Miss.

« Je suis très fatiguée mais je vis mon rêve depuis que je suis sortie de l’école du Nord, sourit l’intéressée. Tout ce que je fais aujourd’hui, au moins en théâtre, découle de ce que j’ai appris et des rencontres que j’ai pu faire durant ces trois ans à Lille. »

Après un passage par la classe libre du Cours Florent, Suzanne de Baecque avait passé les concours d’entrée de plusieurs écoles dont l’école du Nord. «J’ai tout de suite trouvé celui de Lille différent, se souvient elle. Dès le premier tour, le jury nous faisait retravailler tout de suite. J’ai vraiment eu envie d’intégrer cette école. »

Toutes les rencontres avec des comédiens et metteurs en scène comme Alain Françon, Guillaume Vincent, Cécile Garcia-Fogel ou encore John Arnold l’ont marquée, ont conforté son envie de faire ce métier et ont ouvert des portes qui lui permettent de vivre un début de carrière aussi riche.

Membre de la sixième promotion, la dernière de l’ancien directeur Christophe Rauck, avant qu’il ne soit remplacé par David Bobée, Suzanne de Baecque avait particulièrement apprécié l’atelier « Croquis de voyage » : « J’y avais fait une immersion dans le monde des miss et ça a donné le spectacle Tenir debout avec lequel je tourne encore aujourd’hui  », précise-t-elle.

« L’école nous a transmis ce que c’est d’être dans un théâtre à mission publique, ça change tout de voir le fonctionnement au jour le jour, d’être en lien avec les équipes administratives et techniques, de voir travailler certains acteurs, confie-t-elle. On a reçu de nombreux outils durant notre formation afin de devenir autonome à la sortie. »

Heureuse de côtoyer de grand(e)s comédien(ne)s, Suzanne de Baecque se nourrit de chacune de ses rencontres : « Quand je sens que les gens sont disponibles, j’ai quelques échanges avec eux mais j’observe surtout comment les autres jouent, je prends tout ce qu’il y a à prendre en les regardant.»

Déjà reconnue par ses pairs, saluée par la critique, Suzanne de Baecque est annoncée par beaucoup comme l’une des futures grandes du cinéma et du théâtre français. Une fierté pour l’école du Nord.

Photo Simon Gosselin.

Ce que l’on sait déjà de l’édition 2024 de Séries Mania

L'affiche de cette édition 2024 de Séries mania

Les principaux temps forts de la septième édition du Festival Series Mania, programmée du 15 au 22 mars à Lille et dans une dizaine d’autres communes de la Métropole européenne de Lille, ont été présentés, mercredi matin, au Nouveau Siècle.

Si la directrice générale Laurence Herzberg a souligné les difficultés liées aux différents événements géo-politiques, comme le conflit isaëlo-palestinien, la grève aux états-Unis et les crises démocratiques en Amérique latine qui ont réduit le nombre de créations cette année, l’équipe d’organisation a tout de même visionné 368 séries pour établir sa sélection et en retenir 52, dont certaines issues de nouveaux pays comme l’Afrique du Sud, la Lettonie, Taiwan ou encore la Nouvelle-Zélande.

Parmi les heureuses élues, la série Netflix Le problème à 3 corps, adaptation du roman éponyme chinois de science-fiction qui évoque le contact entre l’humanité et une civilisation extra-terrestre qui prévoit d’envahir la terre, a été choisie pour la soirée d’ouverture.

Dans la compétition internationale, on retrouvera huit séries dont Rematch, inspirée de la partie d’échec entre Kasparov et un ordinateur, et Dans l’ombre, une plongée dans les coulisses d’une élection politique avec Melvil Poupaud et Karin Viard, qui sont attendus parmi les nombreux invités de cette édition 2024.

Dans la compétition française, on retrouvera la série Le monde n’existe pas, avec Niels Schneider, tournée dans les Hauts de France. Egalement tournée dans notre région, la saison 4 de HPI sera présentée par Audrey Fleurot, Mehdi Nebbou, Bruno Sanches et leurs camarades.

Du côté du jury, le réalisteur franco-américain Zal Batmanglij a été désigné président du jury compétition internationale, où l’on retrouvera notamment la comédienne française Bérénice Béjo.

Les rencontres fans très prisées du grand public permettront cette année de cotoyer une partie du casting de Plus belle la vie, encore plus belle, L’art du crime et Escort boys.

Des masterclasses et des conférences seront une fois encore au programme avec notamment Kelly Rutherford (Melrose place, Gossip girl), Laurent Lafitte (Tapie) ou encore Jean-Xavier de Lestrade, réalisateur de Sambre.

Une grande exposition sur les métiers cachés des séries (créateurs de langue, costumières, styliste culinaire…) sera aussi présentée au Village festival.

Enfin, une invitée un peu spéciale sera de la partie : la voiture de Starsky et Hutch. Des épisodes de la série seront d’ailleurs diffusés en hommage à David Soul (Hutch), décédé en début d’année.

La programmation détaillée sera disponible en fin de mois et comme d’habitude de nombreuses annonces (animations, nouveaux invités) sont à prévoir d’ici le début du festival.

Tom Boudet n’a pas tardé à tracer sa voie

Tom Boudet est régulièrement sur la scène du Spotlight à Lille. Photo Ilann-tfr

Tom Boudet n’a que 21 ans mais déjà presque cinq ans d’expérience de la scène. Son goût du spectacle est même beaucoup plus ancien. « J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont emmené très tôt voir des concerts, des spectacles, confie l’humoriste lillois. Quand j’avais 9-10 ans, j’ai découvert Michael Jackson, il m’a retourné la tête. Je chantais, je dansais dans les repas de famille et très vite j’ai été attiré par le monde des humoristes »

Séduit par un sketch de Gad Elmaleh, le jeune homme a le déclic alors qu’il fait son entrée au collège. « Dès la sixième, j’ai voulu être sur scène, j’ai regardé beaucoup de spectacles, de documentaires et paradoxalement, j’étais très timide à cette époque. J’ai vu une psychologue qui m’a aidé à me lancer. »

Baptiste Lecaplain, Yacine Belhousse, Roman Frayssinet mais aussi des Américains comme Jerry Seinfeld, John Mulaney ou Aziz Asari ont contribué à développer son appétence pour ce métier. Et après avoir fait ses armes avec quelques vidéos sur Youtube, puis un peu de théâtre, Tom Boudet a osé se lancer dans une scène ouverte au Spotlight de Lille à l’âge de 17 ans, sans jamais avoir peur du bide. Deux ans plus tard, il tenait son premier spectacle « Tom Boudet vous dit quoi » qu’il n’a eu de cesse de faire évoluer depuis. « Je grandis mentalement, moralement, il y a des choses dont je ne veux plus parler ou plus de la même façon et puis il a fallu que je trouve mon style, que je le façonne, et le travail n’est pas encore terminé », précise-t-il.

Un spectacle, écrit avec la complicité de son ami Mayeul Vannier, qui parle à toutes les générations, qui ne cède pas à la facilité de l’humour potache ou de la vulgarité : « Je ne suis pas vulgaire sur scène car je ne le suis pas dans la vie et je pense qu’on peut parler sexualité sans être dans le trash, le graveleux », sourit-il. Le jeune homme assure, en revanche, ne rien s’interdire et ne considère pas qu’il est plus difficile de faire de l’humour aujourd’hui. « Oui, il y a des choses qu’on ne peut plus dire, des sketchs qui passaient il y a 40 ans et qui ne passent plus maintenant mais je trouve ça bien car la société évolue et il faut s’adapter. En revanche, je ne juge pas le passé avec les yeux du présent et je suis contre le fait de censurer ce qui se faisait à l’époque. »

Ravi de la tournure que prend sa jeune carrière, Tom Boudet n’est qu’au début du chemin mais celui-ci est déjà plein de promesses.

« Tom Boudet vous dit quoi », au Spotlight de Lille, ce mercredi 7 février (19 h). Tom Boudet sera de retour dans cette même salle le 28 février, le 27 mars, le 24 avril, le 29 mai et le 26 juin à chaque fois à 19 h.

Photo Ilann_tfr