L’esprit Coubertin, dans les coulisses du village olympique

Paul (à gauche) incarne l'une des dernières vraies chances de titre olympique pour la France. Photo Bac Films.

Un film sur l’univers olympique à quelques mois des Jeux de Paris, ça ne ressemble pas à un hasard et pourtant Jérémie Sein ne savait pas, au moment où il a commencé à écrire son scénario, que la France accueillerait l’événement. Passionné de sport depuis son plus jeune âge, fils d’un journaliste sportif, le réalisateur a toujours été fasciné par les Jeux et en faire le sujet de son premier long métrage lui est rapidement apparu comme une évidence. Restait à trouver un angle d’attaque et les anecdotes de camarades journalistes sur la vie particulièrement animée des athlètes au sein du village olympique lui ont donné la matière première pour L’esprit Coubertin, en salle depuis ce mercredi 8 mai.

Jérémie Sein a ensuite tout mis en œuvre pour parfaire ses connaissances sur le sujet « J’ai échangé avec des journalistes qui connaissent bien les JO car je pense que l’on ne peut faire de la satire que si l’on maîtrise bien son sujet, précise-t-il. C’est la méthode South Park, on peut être outrancier, puéril, un peu débile mais il faut être carré sur ce que l’on raconte. »

Son travail fut tout aussi pointu pour découvrir le tir, la discipline qu’il a choisie de mettre en avant à travers son personnage principal, Paul, petit génie de son sport (incarné par Benjamin Voisin), beaucoup moins à l’aise dans ses relations sociales et embarqué dans un fonctionnement compliqué avec sa coach Sonia (Emmanuelle Bercot). « Trouver une discipline assez confidentielle était capital et dans le tir il y a quelque chose de la solitude qui était intéressant à traiter, poursuit Jérémie Sein. La vitesse olympique, c’est hyper beau à voir, c’est entre le musicien virtuose et quelque chose de très cinématographique dans la posture, un peu comme dans un western. »

Jérémie Sein avait la volonté de ne pas s’inscrire dans la lignée de la plupart des films de sport « où l’outsider se sublime, se transcende au fil de la compétition et finit par gagner ». Paul est à l’inverse un champion programmé pour gagner et sur lequel vont, en grande partie, reposer les derniers espoirs de médaille d’or de la nation au terme de deux semaines de résultats calamiteux.

Le réalisateur a aussi voulu surprendre par son casting : « Je ne voulais pas aller vers des acteurs qui feraient tout de suite penser à une comédie. J’ai choisi Benjamin Voisin qui a beaucoup l’esprit de compétition et qui, je pense, était finalement de tous les acteurs français le plus éloigné du personnage. En ce qui concerne Emmanuelle Bercot, même dans des films tragiques, j’ai toujours vu en elle un potentiel comique. »

L’esprit Coubertin de Jérémie Sein avec Benjamin Voisin, Emmanuelle Bercot, Laura Felpin, Grégoire Ludig… En salle ce mercredi 8 mai.

 Photo Bac films.

Le Lillois Antoine Leroux ne se contente pas de faire illusion

Destination succès pour le magicien lillois Antoine Leroux;

Si le nom de David Copperfield n’évoque peut-être pas grand-chose aux jeunes générations, les quadragénaires et plus auront forcément le sourire aux lèvres en repensant à ces soirées de jeunesse où, ébahis, ils le regardaient devant le petit écran faire disparaître un avion, la Tour Eiffel ou même la Statue de Liberté.

Originaire de la métropole lilloise, Antoine Leroux faisait partie de ces enfants qui ont rêvé avec le magicien américain dont les shows étaient régulièrement diffusés à la télévision française. Le gamin qu’il était ne se doutait sûrement pas que des décennies plus tard, il aurait encore l’occasion d’aller l’admirer : « Quand j’ai l’occasion d’aller aux états-Unis, je vais voir David Copperfield en spectacle, ça reste l’une des dernières pop stars. Je l’adorais quand j’étais petit et et à l’époque il était vraiment très novateur. »

Antoine Leroux n’imaginait sûrement pas davantage qu’il susciterait, lui aussi, la fascination de millions de téléspectateurs avec ses tours de close up et de mentalisme dans l’émission d’Arthur sur TF1 Vendredi tout est permis.

Magicien professionnel depuis 2008, il a fait l’essentiel de sa carrière dans des spectacles privés pour des entreprises mais depuis bientôt deux ans, il s’est également lancé face au grand public sur scène. « C’est grâce à Isabelle, la sœur d’Erick Baert, qui gérait la programmation du Spotlight. Elle avait incité son frère à franchir le cap, ce qu’il a fait avec un énorme succès, et elle m’a conseillé d’en faire autant en me proposant un créneau en août 2022. »

Accompagné par Surmesuresproductions qui s’occupe aussi d’artistes comme Gérémy Crédeville, Thomas Deseur ou Léo Hardt, il a, depuis, réécrit et peaufiné un peu son spectacle « Destinations » où il mêle magie traditionnelle, du close-up, où il fait apprécier son habileté, et une partie plus futuriste en évoquant l’intelligence artificielle, le tout saupoudré de mentalisme et d’une dose d’humour. « Je joue environ une fois par mois au Spotlight et je tourne un peu partout en France, le bouche à oreille fonctionne plutôt bien », se réjouit-il.

Le succès est au rendez-vous mais l’artiste continue, tout de même, en parallèle, son activité en entreprise, qui lui a déjà permis de voyager partout dans le monde (Dubaï, Japon, Etats-Unis…) grâce à ses contrats avec quelques grandes marques internationales.

« Les deux mondes sont complémentaires, précise-t-il. Sur scène, il faut être bon mais les gens ont choisi de venir vous voir alors qu’en entreprise, ils ne sont pas là pour vous, il faut aller les chercher, les capter. Souvent, quand je suis en entreprise, on me demande si j’ai des spectacles que les gens peuvent venir voir en famille et, inversement, il arrive lors de spectacles que certaines personnes me sollicitent pour leurs entreprises. »

Ses passages en télévision, que les gens peuvent revoir sur internet, ont évidemment contribué à développer sa notoriété. Ils lui ont aussi permis de côtoyer des collègues qu’il admire comme le Valenciennois Viktor Vincent, « un spectacle de mentalisme où l’on est comme dans un film avec un gros travail de mise en scène » ou encore Gus, « un illusionniste qui a su se créer un vrai personnage et qui possède une énergie incroyable ». Sur scène Antoine Leroux est, lui, en train de tracer son chemin, embarquant son public dans un voyage enchanté.

Antoine Leroux est en spectacle au Spotlight de Lille ce samedi 4 mai (19 h) et le 29 juin (19 h). Il sera aussi au pont de singes à Arras le dimanche 12 mai (17 h).

La Béthunoise Alfreda Enwy trace sa route dans la new romance

En dix ans, la Béthunoise Alfreda Enwy est devenue l’une des figures de proue d’un style littéraire en vogue, la new romance, avec déjà une trentaine d’ouvrages à son compteur. Le dernier en date Soul breaker, spin-off de Troublemaker, est sorti le 24 avril aux éditions Hugo Roman, avec l’espoir de connaître le même succès.

Troublemaker qui évoquait la relation dangereuse nouée par Hazel, une jeune infirmière sociable et pleine de vie, avec son voisin de palier, Jun, un mercenaire sombre, solitaire, a, en effet, dépassé les 70 000 exemplaires vendus et a fait basculer l’écrivaine nordiste dans une nouvelle dimension comme on a pu le constater lors du salon du livre de Bondues, il y a quelques semaines, où la file d’attente pour une dédicace de sa part était impressionnante.

Dans Soul breaker, on retrouve le personnage de Jun mais aussi et surtout plein de nouveaux visages dont ceux de Maxine et Kane, deux êtres fragiles qui ressentent l’un pour l’autre autant d’attraction que de répulsion.

Un ouvrage qui confirme l’évolution de la jeune femme, elle qui avait lancé sa carrière en 2014 avec L’empreinte, un livre d’urban fantasy. « J’ai toujours été attirée par la lecture et l’écriture. Ma grand-mère qui était institutrice m’emmenait tous les mercredis à la bibliothèque et je lisais énormément, j’avais des idées plein la tête mais c’est la série Twilight qui m’a donné envie de dessiner et d’écrire, explique-t-elle. Je travaillais à l’époque dans une boulangerie mais je ne me plaisais pas dans un travail classique. Au départ je ne voulais pas envoyer mon premier livre avec un loup garou comme héros principal, aux maisons d’éditions mais mon conjoint m’a convaincue que ça ne servait à rien d’écrire si c’était pour le garder pour soi, alors je me suis lancée, j’ai eu des réponses positives et depuis je n’ai jamais arrêté. »

Depuis cinq ans, Alfreda Enwy (son deuxième prénom et un anagramme de son nom) vit pleinement de sa passion et si elle ne se verrait pas écrire un livre sans un fond de romance, elle a exploré différents registres au fil des années. « Au début, je faisais surtout ce que j’appelais des romances doudous, c’est à dire des ouvrages qui font du bien quand on les lit mais, dernièrement, j’ai mis plus de suspense, un peu de thriller.

Elle a aussi expérimenté, en fin d’année 2022, l’écriture à quatre mains avec Alicia Garnier pour les quatre tomes de la saga Rebel university, une histoire d’amour complexe entre le hockeyeur vedette de l’université et une jeune femme adepte du « body positive », ce qui a permis d’aborder la question de l’acceptation de soi. « C’était un nouveau challenge avec un changement radical de la manière de travailler, d’autant qu’Alicia est originaire du Sud avec des expressions de chez elle et moi celles propres au Pas-de-Calais, ce qui a donné quelques moments drôles, mais c’était très enrichissant et ça a bien fonctionné. » Une corde de plus à l’arc de la Nordiste qui travaille déjà sur son prochain livre de dark romance.

« Soul breaker » d’Alfreda Enwy, aux éditions Hugo Roman, est disponible depuis le 24 avril. Prix : 17 €.

Alfreda Henwy vient de sortir son nouveau livre Soulbreaker.
Soulbreaker, le nouvel ouvrage d'Alfreda Enwy.

« Une affaire de principe », un combat de José Bové porté à l’écran

Bouli Lanners (au centre) s'est facilement glissé dans la peau de José Bové. Photo Pascal Chantier

Il suffit de passer quelques minutes en leur compagnie pour se rendre compte de la complicité qui unit José Bové et le comédien Bouli Lanners, qui l’incarne à l’écran dans le film Une affaire de principe, en salle dès ce mercredi 1er mai. Une connexion qui s’est effectuée dès la première rencontre entre les deux hommes. « La présentation de l’un à l’autre a été un moment-clef, mon travail de direction d’acteurs s’est fait au moment de cette rencontre », sourit Antoine Rimbault, le réalisateur.

Ce dernier avait déjà fait le premier pas en allant présenter son projet à José Bové. « Il avait été introduit par Robert Guédiguian et j’avais vu et apprécié son premier film, Une intime conviction, sur l’affaire Viguier. J’ai donc été rapidement en confiance, précise-t-il. Je n’ai même pas demandé qui allait jouer mon rôle et quand Bouli Lanners est arrivé chez moi, ça a été d’abord une relation humaine. On partage des idées, des combats. On évolue dans le même bain culturel, on parle le même langage. »

Une aubaine pour Antoine Rimbault qui a découvert cette histoire en faisant initialement des recherches pour un autre projet : « Je cherchais des informations sur les lobbys de manière large et je suis tombé sur l’affaire Dalli qui condensait tous les thèmes qui m’intéressaient pour réaliser un thriller de bureau.  J’ai appris que José Bové avait mené l’enquête et qu’il racontait ça dans un chapitre de l’un de ses livres. »

Rappel des faits : le commissaire européen à la santé John Dalli avait été accusé de corruption en 2012 mais très vite José Bové avait senti que quelque chose clochait. Avec l’aide de ses attachés parlementaires, incarnés par Thomas VDB et le personnage fictif de Céleste Brunnquell (Les éblouis, En thérapie), il a mené, juste par principe, une contre-enquête, apportant la preuve de l’innocence de Dalli, piégé par les lobbys du tabac, contre lesquels il était en lutte ces dernières années.

Se glisser dans la peau de José Bové n’a pas été un souci pour Bouli Lanners : « Je savais tout de José, du moins tout ce qui était dans le domaine public mais je ne connaissais rien de l’intime. Arriver chez lui, dans le Larzac ce n’est pas anodin, c’est un décor puissant, et toute la pression que tu te mets avant la rencontre se fissure vite car tu tombes sur un être extrêmement humain avec lequel tu as plein de concordances idéologiquement. »

Tourner au sein du parlement n’a pas non plus engendré de complications : « Nous avons été bien, accueillis à Bruxelles, on leur a fait lire le scénario et ils ont dit OK en nous offrant du temps. Il faut les remercier pour leur transparence », poursuit Antoine Rimbault, ravi d’être, à sa connaissance, le premier a réaliser un long métrage « dans les coulisses des institutions européennes avec des parlementaires comme principaux protagonistes. »

Restait à trouver les bons ingrédients cinématographiques pour donner du corps au récit : « Je voulais faire ce que j’appelle un thriller de bureau, en ne sacrifiant rien au rythme, en trouvant les astuces pour rendre spectaculaire un scène de dialogue à cinq dans un bureau. Je me suis surtout aperçu au montage que lorsque l’on sortait de l’os de l’intrigue, ça ne fonctionnait plus aussi bien. »

Dans le sillage de Bouli Lanners, qui incarne donc un José Bové plus vrai que nature, et un Thomas VDS dans un registre où on ne l’attend pas forcément ; Céleste Brunnquell apporte, de son côté, une vraie fraîcheur avec le personnage de Clémence, une stagiaire obsessionnelle qui va remobiliser les troupes quand tout le monde semble se résigner. « Tout simplement parce qu’elle a encore la foi, qu’elle n’a pas eu le temps d’être désabusée et qu’elle pense que tout est possible », explique la jeune comédienne.

« Une affaire de principe » d’Antoine Rimbault, en salle dès ce mercredi 1er mai. Avec Bouli Lanners, Céleste Brunnquell et Thomas VDB.

Photo Pascal Chantier.

Bouchon, un format court qui en dit long sur les dysfonctionnements familiaux

Lolo (Eleonore Costes) et Romain (Sébastien Chassagne) dans Bouchon. Photo Eliot Mathieu

Présentée à Lille au mois de mars lors du festival Séries Mania dans la catégorie format court, la mini-série (8 épisodes de 14 minutes) Bouchon est disponible sur la plateforme Arte.tv depuis ce lundi 29 avril.

Une série imaginée, créée et co-réalisée par Éléonore Costes et qui décrypte avec humour les dysfonctionnements d’une famille après l’annonce d’un événement douloureux : le cancer du papa, qui refuse de se faire soigner et évoque même l’euthanasie.

Un nouvelle qui va forcément provoquer un choc et mettre le cerveau de Lolo (Éléonore Costes) en véritable ébullition tout comme celui de sa frangine Raphou (jouée par sa véritable sœur Raphaëlle Costes). La vie des deux jeunes femmes et de leur famille s’en trouve d’autant plus bouleversée qu’elles sont, en parallèle, à des moments cruciaux de leur existence. Professionnellement pour la première, qui vient enfin d’hériter d’un premier rôle au cinéma dans un film qu’elle est censée aller tourner à Tokyo ; personnellement pour la seconde, qui est enceinte et a déjà bien du mal à gérer les injonctions de la société vis-à-vis de l’alcool et du tabac.

Au casting, on retrouve également un comédien très demandé en ce moment, Sébastien Chassagne, que l’on a vu ces dernières semaines à l’affiche de Tombés du camion, Karaoké, Nous les Leroy ou encore N’avoue jamais. Il y incarne Romain dont la nature de la relation avec Lolo n’est pas très claire : « Il y a une évidente ambiguïté sexuelle entre eux mais ils communiquent très mal, ils n’arrivent pas à se dire l’un l’autre ce dont ils ont envie, probablement parce qu’ils ne le savent pas vraiment eux-mêmes », confie ce dernier pour qui intégrer le casting de Bouchon était comme une évidence. « J’adore tout ce que fait Eléonore, elle me touche dans ce qu’elle écrit, elle s’appuie sur sa propre vie, elle est concernée par ce qu’elle évoque et donc forcément elle sait de quoi elle parle. »

Bouchon, série de 8 épisodes de 14 minutes, disponible sur Arte.tv avec Eléonore Costes, Raphaëlle Costes et Sébastien Chassagne…