Quand les artistes prennent soin de ne pas casser les oreilles de leur jeune public
Installée dans la région, et notamment sur Roubaix, depuis plus de trente ans, l’association ARA (Autour des Rythmes actuels) accompagne de jeunes artistes dans l’apprentissage d’instruments ou dans des projets de création musicale en s’attachant à des principes d’égalité des chances, de respect des cultures et d’esprit collectif mais elle a aussi dédié un pan de son activité à la sensibilisation du jeune public sur les risques pour la santé auditive.
Une action qui passe par des interventions dans des collèges et lycées de la région mais aussi par un concert, baptisé Peace and Lobe, conçu spécialement pour les scolaires avec un mixte entre le spectacle en lui-même et des moments d’échanges et d’informations. « C’est un concert financé par l’Agence régional de santé (ARS) qui tourne entre novembre et mai en fonction des emplois du temps des artistes et des disponibilités des salles. On réfléchit à une façon de l’amener aussi à terme auprès d’un plus large public », confie la productrice Louise Delforce.
Conçu depuis de nombreuses années, le concert a été totalement repensé ces dernières années avec de nouveaux artistes issus de de la région. « Il y a eu un appel à projet auquel nous avons répondu. On a bâti le collectif avec des musiciens que l’on connaissait via différents projets dans le petit milieu de la musique à Lille, précise Clément Petit, du groupe Quantum Quantum. On a travaillé avec un acousticien qui nous a donné plein de chiffres, qui nous a expliqué comment fonctionne l’oreille et on a également appris plein de choses que l’on ne connaissait pas et on fait plus attention, on met des bouchons, on fait des tests auditifs. »
Trois membres du groupe Queen (Ares) Maxime Mouquet, Charly Millioz et Nicolas Tarridec ainsi que Séverine Cagnac, chanteuse des groupes ACCIDENTE, Joni Isle et Antonio, font partie de l’aventure à ses côtés. « On voulait faire quelque chose qui parle aux jeunes, alors pour établir la liste des chansons, on a misé essentiellement sur des musiques actuelles, afin qu’ils se sentent concernés mais on a vite pu constaté qu’ils connaissaient beaucoup de choses, expliquent-ils. On leur parle de l’utilisation des casques, des jeux vidéo, de l’histoire de la musique amplifiée. On leur montre comment on branche tout le matériel une fois sur scène. »
Le jeune public se montre généralement très réceptif mais pas toujours communicatif : « Ils n’ont pas encore les codes d’un concert donc ils n’applaudissent pas toujours. Pas parce qu’ils n’aiment pas mais parce qu’ils n’osent pas, ils pensent qu’il ne faut pas faire de bruit comme en classe », sourient-ils. L’essentiel est néanmoins que le message passe et que les jeunes générations comprennent que la musique est là pour s’exprimer, émouvoir, fédérer, distraire mais pas pour leur casser les oreilles.
Photo Lise Sauvage.