Dove Attia est impatient de présenter son Molière à Lille

Molière, l'opéra urbain investit le Zénith de Lille

« Les Lillois ont toujours adoré mes spectacles, j’espère qu’ils aimeront autant Molière que Mozart ou Louis XIV. Je connais tellement de gens à Lille, ça va être une date importante », insiste Dove Attia. Grand producteur de comédies musicales, l’homme a en effet de solides attaches dans la capitale des Flandres dont sa compagne est originaire et où sa famille s’est même installée un moment durant l’écriture de ce spectacle, initialement intitulé Molière, l’opéra urbain, avant d’être rebaptisé Molière, le spectacle musical.

Les dix commandements ; Le Roi Soleil ; Mozart l’opéra rock ; 1789, les amants de la Bastille ou encore La légende du roi Arthur, le savoir-faire de Dove Attia dans le domaine n’est plus à démontrer mais en un quart de siècle, les codes ont changé. Monter une comédie musicale aujourd’hui n’a plus rien à voir avec ce qui faisait à l’époque des dix commandements. « Tout a évolué, affirme-t-il. J’ai écrit ce Molière comme je ne l’aurais jamais écrit, il y a encore dix ou quinze ans. Les séries, les clips, la publicité, tout a changé, il y a plus de rythme, un besoin de changer rapidement d’atmosphère. Avant on pouvait prendre trente minutes pour planter le décor, installer l’histoire. C’est fini, ça doit aller bien plus vite. »

Une comédie musicale ne se résume plus à une alternance de chansons et de dialogues prononcés à la manière d’un opéra. « Il y a toujours de grandes chansons avec de belles mélodies mais l’histoire est raconté avec du slam, du rap. Il y a une vraie modernité », précise Dove Attia.

Pourquoi avoir choisi Molière pour cette nouvelle aventure ? « J’aime le XVIIe siècle et Molière a été la première rockstar de l’histoire, estime-t-il. Je connaissais ses œuvres mais pas son histoire et je me suis aperçu que très peu de monde connaît sa vie. J’ai voulu raconter tout ça dans un langage nouveau, avec une narration différente. »

Tartuffe, L’école des femmes, Le malade imaginaire, Les précieuses ridicules, Dove Attia s’est replongé dans les pièces de Jean-Baptiste Poquelin pour créer ce spectacle qu’il a ensuite mis dans les mains du metteur en scène Ladislas Chollat : « Un magicien, il a transfiguré le livret, j’ai pris une claque , s’enthousiasme-t-il. Je pense que ce sera mon plus beau spectacle. »

Lancé par un premier tube, Rêver j’en ai l’habitude, le show est porté par une nouvelle génération d’artistes talentueux dont PETiTOM, qui incarne Molière ou encore Abi Bernadoth, vainqueur de The Voice en 2020, qui s’est glissé dans la peau du prince de Conti

Du côté des principaux rôles féminins, Armande Béjart, l’épouse de Molière, est interprétée par Lou Jean, que le grand public a découvert il y a quelques années dans la série quotidienne de TF1 Demain nous appartient et qui prête sa voix à Ladybug dans le dessin animé Miraculous. « Dans la famille, tout le monde regardait Les 10 commandements ou Mozart l’Opéra rock, indique-t-elle. Je voulais faire une comédie musicale, je suis allée passer le casting, sans savoir vraiment pour quel rôle. J’ai été hyper heureuse d’être prise, de faire partie de cette aventure. Il y a cet esprit de troupe qui donne de bonnes énergies. Et puis mon personnage est une femme jeune fougueuse passionnée, pas si loin de ce que je suis, même si c’était une autre époque. »

Le rôle de sa mère, Madeleine Béjart a, lui, été confié à Morgan, une rappeuse, repérée par Dove Attia sur les réseaux sociaux. « C’est un personnage qui me correspond, apprécie-t-elle. Une femme de caractère, autonome, une des premières féministes, qui a été la muse de Molière »

« Molière, le spectacle musical », du jeudi 6 au dimanche 9 juin au Zénith de Lille.

Ilyes Djadel, l’incroyable ascension d’un gamin du Nord qui a toujours cru en ses rêves

Ilyes Djadel est entouré d'une équipe de choc. Photo Fifou

L’histoire ne dit pas si les fées se sont penchées sur son berceau à sa naissance mais le jeune humoriste nordiste Ilyes Djadel peut se réjouir d’avoir quelques magiciens du rire qui veillent au grain sur son début de carrière. Jamel Debbouze et Kev Adams ont ainsi décidé de le co-produire  tandis que Mohamed Hamidi, directeur artistique du Marrakech du rire et metteur en scène de Jamel et Malik Bentalha, a également décidé de l’accompagner. « Kev et Jamel interviennent un peu à tous les niveaux, ce sont des gens que j’admirais quand j’étais jeune et qui se comportent aujourd’hui comme des grands frères, c’est un peu fou. »

Adolescent, le jeune homme qui a grandi à Roubaix puis à Hazebrouck avait déjà la conviction qu’un avenir lui était promis sur les planches. Aujourd’hui, il savoure son ascension, sans être sûr de bien réaliser tout ce qui lui arrive. Désigné pour animer les soirées de gala de l’édition 2024 de Lillarious, en ce début d’année, Ilyes Djadel avait d’ailleurs eu un petit choc en arrivant dans la métropole lilloise et en voyant sa tête affichée sur les tramways qu’il prenait lorsqu’il était petit.

« J’ai toujours eu confiance en moi, j’y ai toujours cru, je crois que c’est indispensable dans n’importe quel domaine pour que ça fonctionne, poursuit-il. Je savoure, je profite mais je continue à travailler comme si rien n’était encore arrivé. Si j’avais un message à passer au jeune homme de seize ans que j’étais à l’époque, je lui dirais de ne pas lâcher ses rêves, de s’armer de patience et de travailler beaucoup, car il va lui arriver plein de belles choses mais il faut y mettre tous ces ingrédients ».

Son spectacle est désormais un tel succès que de grandes salles l’attendent comme la Cigale ces prochains jours (4 au 6 juin), le théâtre Sébastopol (le 9 décembre) et même l’Olympia en guise de cadeau de Noël avec quelques jours d’avance (21 décembre). « Quand j’étais jeune avec mon ami Mahé, je suis allé voir des spectacles au Sébastopol comme le Jamel Comédy club ou encore Nawell Madani. Désormais, c’est mon tour d’y être. Pour un Nordiste, c’est énorme, avoue-t-il. Et l’Olympia, là c’est la salle mythique que tous les artistes veulent faire. »

Son seul en scène, intitulé « Vrai », est encore peaufiné chaque jour : « Je bosse avec des auteurs, on a des feuilles qui traînent partout, c’est du travail chirurgical. Jusqu’à la captation du spectacle, on continue chaque soir de voir ce qui marche ou ce qui fonctionne moins bien, on retire des choses, on en ajoute d’autres. »

Ilyes Djadel promet un rendez-vous familial : « J’ai grandi avec les spectacles de Gad Elmaleh, je ne fais pas dans l’humour noir, la vulgarité, la politique. J’essaie d’être dans la vie de tous les jours, de raconter des anecdotes. je cherche surtout à m’adresser à tout le monde, à faire quelque chose qui rassemble. En ce moment, on en a vraiment besoin. »

Ilès Djadel sera en spectacle au théâtre Sébastopol le lundi 9 décembre (20 h). On le verra également avec d’autres humoristes régionaux dans un club Comedy XXL le vendredi 20 juin à La Condition Publique à Roubaix dans le cadre du festival URBX.

Photo Fifou.

Les Frangines veulent remettre la poésie au goût du jour

Les Frangines, Anne Coste et Jacinthe Madelin, ont mis en musique quelques-uns des plus beaux textes de la poésie française.

Imaginez-vous une salle de concert avec des centaines de spectateurs reprenant à tue-tête des textes de Rimbaud, Voltaire, Hugo ou encore Apollinaire. Sur le papier, le concept paraît un peu fou mais Les Frangines (Anne Coste et Jacinthe Madelin) ont pourtant cet espoir que lors de leur prochaine tournée, qui passera notamment par le Splendid de Lille le 11 octobre, la foule soit enthousiaste pour partager avec elles les titres de leur album Poèmes, sorti il y a huit jours.

« On a hâte et on appréhende en même temps, on a adoré composer sur des si beaux textes, on espère que les gens les connaîtront, ça serait kiffant de les voir chanter sur du Aragon », s’emballe Anne. Il faut dire que le projet tient particulièrement à cœur aux deux jeunes femmes, amies depuis leur plus jeune âge et révélées au grand public il y a cinq ans avec leur tube Donnez-moi.

« C’est un album qui a beaucoup de sens pour nous avec notre rencontre sur le chemin de l’école et le début de notre aventure et avec le poème Demain dès l’aube, que l’on avait écrit dès que l’on a commencé à jouer de la guitare. C’est un clin d’œil à notre amitié, notre amour pour les lettres, et l’histoire des Frangines » avouent-elles.

À l’époque, les retombées avaient été plus qu’encourageantes : « Des professeurs nous disaient l’utiliser avec leurs élèves, des parents affirmaient que c’était bien pour apprendre le texte à leurs enfants, se souviennent-elles. Notre album s’adresse à tous et on a envie de fédérer plusieurs générations mais c’est vrai que l’on vise particulièrement la jeunesse. On souhaite à travers notre musique lui redonner l’envie de lire. La littérature, l’écriture, la poésie ont eu une place importante durant notre adolescence pour mettre des mots sur nos émotions et on se dit que ça peut être aujourd’hui un antidote, une porte de sortie face à l’anxiété mentale créée par l’utilisation excessive d’internet et des réseaux sociaux. On se laisse happer alors que l’on apprend tellement plus sur soi et sur la vie dans les livres. »

En mettant en musique quelques-uns des plus beaux textes de la poésie française, Les Frangines espèrent amener une touche de modernité pour casser l’image peut-être un peu désuète, vieillotte de cet art. « On essaye de le démocratiser, le vulgariser, le sortir de son étiquetage « scolaire » ou « érudits » pour montrer qu’il peut rejoindre chacun, où qu’il en soit dans sa vie. »

Les différentes rencontres organisées dans des écoles ces dernières semaines servent à véhiculer le message. Ce fut le cas, mercredi, au collège Makéba de Lille, qui possède des classes à horaires aménagés pour la musique. « Les réactions sont différentes selon les écoles mais on sent à chaque fois de la curiosité et les élèvent comprennent assez vite que même un poème du XVIe siècle est accessible à tout le monde, précisent-elles. Ils sont fiers de les retenir et nous de leur inculquer que la musique est un moyen de partager, de se rejoindre et d’apprendre plus facilement. »

Le plus complexe dans cette aventure a sans doute été de devoir renoncer à des textes qui leur plaisaient : « J’adore L’invitation au voyage de Baudelaire mais je n’ai pas trouvé le truc musicalement », regrette Anne. « Certains textes sont construits de telle manière que c’est déjà musical. Après quand ça ne fonctionne pas, il ne faut pas s’acharner », philosophe Jacinthe.

En près de dix ans, Les Frangines ont déjà mis pas mal de poèmes en musique : « Tout s’est fait de façon naturelle, fluide. On a balayé différents thèmes comme l’amour, le deuil, la maternité, le temps qui passe. On a essayé d’être à l’écoute des textes, de suivre l’émotion que l’on ressentait et le travail avec les musiciens a donné une autre dimension à la création. »

L’idée d’un deuxième opus n’est pas encore dans les esprits, celui d’une réédition avec de nouveaux poèmes l’est davantage, même si rien n’est acté. Tout dépendra forcément du succès de cet album. « On espère que ça touchera les gens mais on croit vraiment au bien que ça peut faire », assure Jacinthe en citant une phrase de l’œuvre de Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde ».

L’album « Poèmes » des Frangines est disponible dans les bacs et sur les plateformes d’écoute. Elles seront en concert au Splendid de Lille le vendredi 11 octobre.

« Qui restera dans la lumière ? », un nouveau jeu de culture générale en prime time avec Bruno Guillon

Bruno Guillon est aux commandes du nouveau jeu de France 2, "Qui restera dans la lumière ?". Photo Gilles Gustine/FTV

Fort du succès d’audience du jeu Chacun son tour, qui réunit régulièrement plus d’un million de fidèles, chaque matin à 11 h 20 sur France 2, Bruno Guillon a été convié aux manettes du nouveau jeu de culture générale de la chaîne publique, intitulé Qui restera dans la lumière ?, programmé en prime time ce samedi 1er juin (21 h 10).

Le principe de cette création française : un mur de 100 candidats, trois manches et au bout la perspective pour le vainqueur de repartir avec une cagnotte qui pourra monter jusque 100 000 euros. Pour cela, il faudra à la fois posséder une bonne culture générale mais aussi, et c’est là toute l’originalité, faire preuve de stratégie pour éliminer un maximum d’adversaires.

Lors de la première manche, appelée « La course poursuite », les dix candidats qui répondent le mieux (le classement est réactualisé régulièrement) viendront tour à tour défier le mur en répondant à chaque fois à trois questions. En fonction du début de l’intitulé de la question, ils devront définir son niveau de difficultés. à titre d’exemple, ça pourrait ressembler à « Lors de la Coupe du monde 1998… », « Dans la ville de New York, il y a… », « Durant le dernier Festival de Cannes.. »

Selon sa connaissance du sujet, il faudra ou non prendre des risques, sachant que chaque personne dans le mur qui répondra mal verra sa lumière éteinte, ajoutant ainsi 200 euros dans la cagnotte, ce qui peut pousser à ne choisir que des questions difficiles mais attention à ne pas se piéger soi-même car en cas de mauvaise réponse du candidat face au mur, aucune lumière ne s’éteindra que les autres joueurs aient bon ou faux.

Une demi-finale opposera ensuite les deux meilleurs joueurs puis ce sera la grande finale où l’heureux élu cherchera à éliminer un maximum de membres du mur puis disposera sur l’ultime question d’une opportunité de multiplier la cagnotte (qui sera à ce stade du jeu de 20 000 € maximum) par 2, 3 ou 5, comme il le souhaite. Là encore, il y a bien sûr un bémol : une mauvaise réponse divisera sa cagnotte d’autant.

« Je n’ai pas testé les questions avant car j’aime les découvrir en même temps que les candidats et en plus ça m’empêchera de les inciter à aller vers telle ou telle catégorie de réponses, confie l’animateur Bruno Guillon. J’aime beaucoup ce principe de pouvoir choisir le niveau de difficulté des questions. »

Adepte des jeux télévisés, l’animateur confie avoir été fan de Que le meilleur gagne , présenté dans les années 1990 par Nagui : « J’avais envie depuis longtemps de faire un jeu de ce type-là, de me retrouver face à ce gradin de 100 personnes sans savoir qui va me rejoindre sur le plateau au fil du jeu. Je pense que l’on peut toucher un public familial, ça peut plaire autant aux ados qu’aux adultes. »

Une deuxième émission est déjà prévue, les audiences détermineront ensuite si le programme peut s’installer durablement et à quelle fréquence.

« Qui restera dans la lumière ? », ce samedi 1 juin (21 h 10) sur France 2.

Yacine Kaci ou l’humour comme rempart à la connerie humaine

Yacine Kaci n'hésite pas à égratigner les différents travers de notre société.

Peut-on encore rire de tout ? La question revient régulièrement dans une société qui a fait de l’indignation frénétique son nouveau mode de fonctionnement mais, bonne nouvelle, Yacine Kaci balaye le politiquement correct et a décidé d’aller au combat avec son humour comme rempart à la connerie humaine. Personne n’est épargné dans ce spectacle qui passe en revue les différents travers de notre société, de l’homophobie au racisme, et qui n’hésite pas à évoquer des sujets sensibles comme le handicap ou la religion. Le tout avec beaucoup d’auto-dérision, un humour corrosif, grinçant, servi par un vrai sens du rythme et de la répartie, des vannes qui tombent juste et même… quelques moments d’émotions.

Avec déjà une dizaine d’années d’expérience dans le paysage humoristique régional puis national, Yacine Kaci a peu à peu imposé sa patte. Longtemps pensionnaire de La boîte à rire à Lille, où il a rôdé ses sketchs, il a passé ces derniers temps un nouveau cap en séduisant le public parisien au théâtre du Marais.

C’est, néanmoins, chez lui, à Lille, que vous aurez le plus souvent l’occasion de venir le découvrir, au sein de l’Espace comédie, rue Solférino, où il joue régulièrement son seul en scène, le samedi à 17 h 30, mais également deux pièces qu’il a écrites et dans lesquelles il se produit, en alternance avec d’autres comédiens, notamment Marie Déboul.

« Je faisais uniquement du stand up au départ mais à partir de 2020, j’ai eu l’idée d’écrire des pièces afin de pouvoir traiter certains sujets de manière plus approfondie, que ce ne soit pas juste quelques blagues, précise-t-il. Lorsque l’on incarne un personnage, on peut se permettre de dire plus de choses. »

La première, rebaptisée récemment Les féministes sont des chieuses, les machos des connards ?, décrit le quotidien de Simone, féministe issue d’une famille un peu bobo, et Silvio, membre d’une famille italienne conservatrice. Un couple explosif qui passe son temps à s’envoyer des piques en dénonçant les travers de l’autre.

La seconde, intitulée Chéri, je t’ai trompé (et c’est pas ça le pire), évoque les mésaventures d’un haut-fonctionnaire raciste que sa femme va tromper avec un maghrébin sans papier.

Deux pièces dans lesquelles le public participe énormément. « Mon truc, c’est l’interaction, précise-t-il. Je reste assez stand up dans l’écriture et on casse énormément le quatrième mur pour faire réagir les spectateurs. C’est là que le spectacle vivant prend tout son sens. »

Yacine Kaci jongle aisément entre les trois spectacles et poursuit ainsi sûrement son ascension. « On se demande toujours si on a réussi à percer mais tout est relatif. Qu’est-ce que ça veut dire percer ?, interroge-t-il. Est-ce que c’est en vivre ? Est-ce que c’est dépasser un certain plafond de verre, être programmé dans les plus gros théâtres ? Remplir des salles d’au-moins 500 places ? »

Chacun place le curseur là où il le souhaite. Seules certitudes : l’une de ses pièces a été retenue cet été pour le festival off  d’Avignon, le retour du public est positif er le bouche à oreille fonctionne… Yacine Kaci a donc des arguments pour poursuivre encore longtemps sa lutte contre la connerie humaine.

Yacine Kaci est en spectacle dans son seul en scène, « La connerie humaine », tous les samedi de juin à 17 h 30 à l’Espace Comédie à Lille.