Transgression ne s’interdit aucun rêve

Sortie d'un premier EP, concerts dans des gros lieux : Transgression est en train de vivre des moments incroyables. Photo Bryan Deplanque

La clôture du concert d‘Ascendant Vierge fin mai au Métaphone, une soirée au Nexus en première partie de Hippo and the Jacket début juin, une autre prévue sur une scène alternative du Main Square d’Arras le 2 juillet, Matthias Bailleux, alias Transgression, vit une période incroyable, dans la foulée de la sortie de son premier EP, Phobophobia, de l’electro body music (EBM), sous le label Enlace Record. « J’avais déjà sorti des sons séparément sous différents labels mais là c’est mon premier projet avec un fil conducteur, un début, un milieu et une fin », se réjouit-il.

Le fruit de plus d’un an de travail mais surtout d’une grosse décennie à baigner dans la musique pour ce DJ compositeur de 29 ans, bercé par diverses influences depuis son plus jeune âge : « Ma mère écoutait beaucoup de musique noire américaine, de la funk, de la soul puis j’ai basculé dans le rock et le métal, j’écoutais à fond de balle du Linkin Park, du Rammstein », explique-t-il.

Mais c’est finalement suite à un accident sportif qui l’a cloué chez lui, sans pouvoir marcher, que tout a basculé : « J’étais tout le temps sur l’ordinateur et je suis tombé dans la musique électronique, confie-t-il. Je me suis intéressé à ce que jouaient les DJ. J’ai découvert Gesaffelstein, j’ai beaucoup aimé les atmosphères, les sonorités tranchantes, la noirceur qu’il dégageait, j’ai été happé. »

Les premières platines, les premières soirées, Mathias a commencé à jouer des DJ sets le week-end et s’est laissé séduire par une techno plus industrielle. « Je me suis lancé dans des soirées privées, j’ai commencé la composition avec de la techno industrielle, qui était plus facile d’accès en termes de production alors que l’EBM est beaucoup plus instrumentale ».

à ses côtés, un ami doté d’une très bonne oreille et capable de lui dire si ses sons peuvent être intéressants et sa petite amie qui lui apporte le regard davantage public. « Si j’ai les deux validations, ça veut dire que ça vaut le coup de continuer à travailler sur certains sons », avoue-t-il.

Depuis la sortie de Phobophobia, Mathias a un rythme de vie de plus en plus intense, d’autant qu’il travaille, en parallèle, en tant qu’organisateur de concerts pour la start-up « Click and live », une société qui trouve des artistes pour différents lieux où sont organisés des concerts. Son rêve : vivre un jour de sa musique.

« Phobophobia », disponible,  label Enlace Record. lien d’écoute sur Soundcloud : https://on.soundcloud.com/p83XoZ1jNoe95fCCA 

 

Une programmation alléchante pour le Théâtre du Nord

Après une année exceptionnelle avec 103% de taux de remplissage dont un tiers de moins de trente ans, le théâtre du Nord à Lille se prépare à vivre une saison 2023-2024 tout aussi haletante avec 26 spectacles au programme pour un total de 160 représentations, auxquelles il convient d’ajouter les 130 dates  des six productions maison  (Fées, Dom Juan, Ma couleur préférée, Djamil Mohamed, My Brazza et Le Iench) actuellement en tournée partout en France. Ce qui fait dire à David Bobée, le directeur du Théâtre du Nord, qu’il y aura des spectacles presque tous les jours de l’année.

En cette année marquée par les 20 ans de l’école du Nord, la part belle a été faite aux élèves. On les retrouvera, en alternance, comme cette saison, dans « Fées » du 7 au 10 novembre, mais Pascal Rambert a aussi décidé de leur dédier une création « Seize au centre », du 23 au 27 janvier.

Des créations  de deux anciens élèves seront aussi à l’affiche avec « Extinction » de Julien Gosselin, qui se jouera au Phénix de Valenciennes (un bus partira de Lille) le 18 novembre, mais aussi Némésis de Typhaine Raffier du 21 au 24 mai.

Quelques grands classiques comme Oeudipe roi (11 au 15 octobre) de l’ancien patron des lieux, Eric Lacascade ; Dom Juan de David Bobée (13-19 novembre)  ou encore Caligula de Jonathan Capdeville (14 au 16 mai) figurent dans l’offre 2O23-2024. Tout comme ces moments d’histoire parfois oubliés au cœur de l’Angleterre du XVIIe siècle pour la pièce féministe « Le Firmament » (4 au 6 avril) du Vietnam des années 1950 dans « Saigon » (6 au 10 décembre) ou encore à travers les grandes poésies antiracistes d’hier et d’aujourd’hui dans « Black label » conçu par David Bobée avec Joey Starr (13 au 17 février).

Beaucoup d’autres spectacles mériteraient la citation mais on terminera par deux oeuvres, : « Le jardin des délices » (29 novembre au 1er décembre), en création cet été au festival d’Avignon, et Quatuor Odditty mis en scène par  Virginie Despentes (12 au 16 mars). « Je suis fier de voir tous ces beaux noms réunis dans une même saison, avoue David Bobée. Ils représentent bien le théâtre que j’aime : vivant, populaire, engagé… »

Plus d’informations sur www.theatredunord.fr

Les auteurs de Quatuor Oddity. Photo Arnaud Bertereau
Seize au centre, une création pour les élèves de l'école du Nord. Photo Claire Fasulo

Lynda Lemay en passe de réussir son incroyable défi

Lynda Lemay sort deux nouveaux albums. Photo Sébastien Saint Jean
Lynda Lemay est proche de boucler son défi. Photo Sébastien Saint-Jean

Les projets les plus fous naissent souvent de façon totalement inattendue. En voyant apparaitre, il y a quelques années, sur le téléphone de sa fille le message « C’est le 11/11 make a wish », la chanteuse Lynda Lemay a ainsi eu cette idée incroyable de réaliser onze albums de onze titres en 1 111 jours, c’est-à-dire un peu plus de trois ans, le temps pris par de nombreux artistes pour sortir un seul nouvel album.

« J’ai fait ce que je fais depuis toujours mais en concentré, j’ai fait trente ans de carrière en un peu plus de trois ans, explique l’artiste québecoise. Ce projet est une quête de compréhension de la vie, j’ai conscience qu’elle peut basculer à tout moment, alors je me suis dit pourquoi ne pas raconter tout de suite les histoires dont j’ai envie, puisque c’est ce qui me rend rayonnante. »

Une aventure qui a pris tout son sens suite au décès de son papa, emporté par la maladie : « C’était particulier de pouvoir être dans la création avec lui, sur son lit d’hôpital, alors que son corps s’éteignait doucement, confie-t-elle avec émotion. Il m’a guidé vers ce qu’il faut comprendre de la vie, il m’a enseigné jusqu’à la mort. »

Si elle a globalement gardé les thématiques envisagées dès le départ, Lynda Lemay s’est autorisée à changer parfois d’idées. Des chansons sont parties, notamment celles qu’avec le temps elle ne sentait plus de défendre, d’autres sont arrivées. « Je me suis adaptée, je vogue avec le changement, je ne me bats pas contre », poursuit-elle.

Neuf albums sur les onze prévus sont déjà sortis, dont les deux derniers ce vendredi 16 juin, « Des bordées de mots » et « Critiquement incorrecte, mauvais goût et maux vécus », où l’artiste n’a pas hésité à se dévoiler sous un autre jour. « Je n’aime pas me prendre au sérieux, je pratique l’auto-dérision, je peux même être un peu grossière, m’amuser à trouver drôle quelque chose qui ne l’est pas nécessairement. Si vous voulez connaître cette partie de moi, je vous invite à écouter l’album numéro 9. »

Pour mener à bien ce défi, Lynda Lemay n’a pas ménagé ses efforts, disputant un marathon au rythme d’une sprinteuse : « C’est épuisant. En plus, dès le départ on a perdu quelqu’un d’important dans notre équipe qui est parti ailleurs pour diverses raisons. Puis ma sœur, ma complice, a fait un burn-out et au moment où elle est revenue, récemment, le pilier de notre équipe est aussi parti, indique-t-elle.  Ce ne fut pas simple, d’autant qu’on a dû apprendre sur le tas à faire de la production d’albums. Je pense que c’est l’amour du public, cette dose d’adrénaline, qui m’a permis de tenir malgré toutes ces nuits très courtes. Je crois que les gens n’imaginent pas le temps que ça prend, d’autant que j’ai fait les textes et les musiques de toutes les chansons des onze albums. Les quelques collaborations ont toutes été mises en bonus. »

Une chanson fil rouge « Mon drame » revient, certes, à chaque fois mais nécessite presque autant de travail puisque le texte est repris avec onze mélodies différentes en duo avec onze artistes différents. « Un même texte peut résonner différemment, l’émotion n’est pas livrée de la même façon, ce n’est pas la même énergie. Et quitte à choisir un seul texte, j’en ai pris un bien écrit,  facile à mettre sur d’autres mélodies et avec un thème, la transidentité, qui est resté longtemps sous silence, qui est encore tabou. »

La ligne d’arrivée est désormais toute proche, les deux derniers albums sont déjà bien avancés et devraient sortir avant la fin du mois de novembre, juste avant la tournée « La vie est un conte de fous », un nom parfaitement approprié à l’incroyable challenge que  Lynda Lemay est en passe de réussir.

Lynda Lemay sera en concert au théâtre Sébastopol de Lille le 7 décembre 2023.

« La fine équipe » s’offre un direct sur Paris Première

Alors qu’il vient de boucler avec son camarade Vincent Dubois la huitième année d’une tournée, qui ne devait initialement durer qu’un an, avec « Les Bodin’s grandeur nature », Jean-Christian Fraiscinet joue également, en parallèle, dans « La fine équipe », dont la représentation sera retransmise en direct ce samedi 17 juin à 21 h 10 sur Paris Première.

Un nouveau spectacle en plein air dont raffole Jean-Christian Fraiscinet. Une passion qui remonte à son enfance : « Dans mon petit village, il y a un château où étaient organisés des sons et lumières auxquels on participait en famille et qui occupaient tous nos étés d’enfance, confie-t-il. Quand je suis devenu comédien, j’ai eu envie de revenir à ces spectacles de plein air, ce côté très festival. La ferme de Bellevue était un lieu abandonné que l’on a restauré de notre propre main, on a construit un petit théâtre d’une centaine de places, j’y dirige une compagnie théâtrale et, en  juin, on peut faire des spectacles en plein air devant plus de 600 personnes. En plus, on peut se permettre des choses impossibles ou compliquées dans les salles comme faire venir des voitures, des animaux… »

En 2021, Jean-Christian Fraiscinet a donc créé « La fine équipe », un spectacle avec une dizaine de comédiens, 70 figurants, des animaux : « La région où l’on joue a énormément compté dans la résistance et c’est pour ça que j’ai voulu créer cette histoire d’un petit hameau, où vivent une bande de bras cassés qui font tout pour résister aux Allemands et qui voient soudain débarquer des aristocrates parisiens. On joue ce spectacle une dizaine de fois par an mais il plaît beaucoup donc on envisage de partir un peu partout en France avec », indique Jean-Christian Fraiscinet, qui a bâti un casting très familial puisque ses deux frères, son neveu et sa nièce font partie de la distribution.

Une adaptation théâtrale, une série télévisée et une bande dessinée sont même envisagées pour ce spectacle dépeint comme à mi-chemin entre « La Grande Vadrouille » et « La septième compagnie ». Jean-Christian Fraiscinet prévient tout de même qu’il s’agit « d’un spectacle très différent des Bodin’s même si on reste dans la même veine d’humour, dans la comédie très populaire ».

Une petite récréation que s’offre Jean-Christian Fraiscinet pendant que Vincent Dubois goûte à la chanson mais les Bodin’s n’attendront pas bien longtemps avant de se retrouver pour de nouveaux projets, au cinéma comme à la télévision.

« La fine équipe » de et avec Jean-Christian Fraiscinet, ce samedi 17 juin à 21 h 10 sur Paris Première.

"La fine équipe" est joué dans la ferme de Bellevue. Photo Bonne pioche
Les Fatals Picards, déjà plus de 20 ans de carrière. Photo Nathanael Masson

« Back to fever night » primé aux trophées de la comédie musicale

Régulièrement éligible dans de nombreuses catégories, le spectacle annuel produit par le Casino  Barrière de Lille était, cette fois, parmi les finalistes pour le prix du meilleur spectacle, celui de la meilleure chorégraphie et celui du public.

 Et comme en 2019 avec « Memphis show », c’est la production nordiste « Back to fever night » qui a décroché, en début de semaine, au Casino de Paris, le prix du public. Une belle récompense obtenue, par exemple, devant un mastodonte comme Starmania.

Une belle récompense pour le metteur en scène Alexis Meriaux qui s’attache toujours à ce qu’au-delà de l’aspect festif, le spectacle ait chaque saison une thématique forte, des messages à véhiculer.

« Cette année, je voulais traiter de la différence, de l’acceptation de soi, explique-t-il. On l’a fait à travers le personnage de Marlon Cooper, un jeune homosexuel qui doit apprendre à vivre avec sa différence, à s’assumer à une époque, les années 1970, où ce n’est pas forcément le plus simple, même si je trouve que sur ce thème la façon de penser n’a pas tellement évolué. »

Seize artistes dont sept musciens qui jouent en live ont été choisis pour ce spectacle : « J’ai une forte appétence pour la comédie musicale, je suis fan de ce qui se fait à Broadway et je trouve que des musiciens en live ça change tout, une bande sonore c’est beaucoup plus plat », poursuit le metteur en scène.

Ce dernier est allé puiser dans l’immense répertoire de la musique française et américaine des années 1970 avec beaucoup de funk, de disco mais aussi dans des chansons plus modernes : « En majorité ce sont des chansons de l’époque mais on a retenu aussi des chansons modernes que je réorchestre, il y a par exemple du Juliette Armanet remis à la sauce des années 1970, confie-t-il. En fonction de mon propos, je réfléchis à ce qui existe pour trouver des musiques qui véhiculent l’action, qui accompagnent les moments de doutes et de faiblesses ».

Déjà joué près de 25 fois, le spectacle sera donc encore proposé deux fois au public du Casino Barrière de Lille, ce vendredi 16 juin et le vendredi suivant.  Le show pour la saison prochaine est lui déjà sur les rails et sera plus axée sur les femmes dans les années 80  « Je veux traiter la féminité, l’épanouissement d’une génération de femmes qui ont pu commencer à s’accomplir dans leur carrière professionnelle. Le casting est déjà fait, on travaille actuellement les musiques, le livret, les costumes et le décor », précise Alexis Meriaux. Les répétitions commenceront, elles, fin octobre-début novembre pour une première programmée fin novembre 2023.

Deux dernières représentations de « Back to fever night », ce vendredi 16 juin (19 h 30) et vendredi 23 juin (19 h 30) au Casino Barrière de Lille.

Les Fatals Picards, des têtes d'affiche qui collent parfaitement à l'esprit des Bricos du coeur. Photo Nathanael Masson.
Alexis Meriaux a reçu le prix du public au Casino de Paris. Photo Casino Barrière Lille.