Nine d’Urso flattée d’incarner une figure engagée comme George Sand

Nine d'Urso est une remarquable George Sand dans la fiction de France 2. (c) Jean-Philippe Bultel - France TV

Bien connue dans la région pour avoir fréquenté l’école du Nord et pris part à plusieurs pièces jouées notamment au Théâtre du Nord, dont le Dom Juan de David Bobée, la comédienne Nine d’Urso a décroché le rôle principal de la nouvelle série en quatre épisodes de France Télévisions « La rebelle : les aventures de la jeune George Sand », diffusée à partir du lundi 14 avril sur France 2 et déjà disponible depuis ce jeudi 27 mars sur la plateforme France TV.

C’est presque avec de la colère que la jeune femme s’est présentée aux auditions pour le rôle de George Sand : « Je trouvais ça fou que l’on ait encore besoin de la voix de George Sand 150 ans après sa mort et je me demandais ce qu’elle pouvait avoir encore à dire, ce qui avait besoin d’être encore répété de nos jours et j’ai trouvé fascinant à quel point elle était encore d’actualité. »

De son vrai nom, Aurore Lucile Dupin de Francueil, George Sand fut la première femme écrivaine à vivre de sa plume. Ses premiers ouvrages, très féministes, firent couler beaucoup d’encre dans ce Paris du XIXe siècle, tout autant que ses nombreuses aventures amoureuses avec des personnalités de l’époque comme Alfred de Musset (joué par Oscar Lesage) et Marie Dorval (Barbara Pravi).

« Je suis très flattée d’incarner ce personnage historique et engagé et surtout ravie que ça se fasse sur une chaîne du service public, dont la mission est certes de divertir mais aussi de cultiver et d’éduquer, insiste Nine d’Urso. C’est un honneur de pouvoir apporter cette figure au plus grand nombre et mon rêve serait que des adolescents qui voient la série se disent « elle est chanmé cette fille, si j’allais lire un de ses romans. » J’adorerai que la série soit étudiée dans les écoles. »

Afin de préparer ce rôle, la comédienne s’est évidemment plongée dans l’immense œuvre de l’artiste : « Je me suis rendue compte que je la connaissais mal, j’étais pleine d’a priori. Je connaissais son travestissement mais pas ce que ça revêtait comme réalité, confie-t-elle. Il était évidemment impossible de tout voir en quatre mois mais j’ai lu son autobiographie, une dizaine de ses romans, quelques unes des 18 000 lettres qu’elle a écrites et aussi comment la décrivaient ses proches. Ce qui m’a frappé c’est la diversité de ses combats, des points de vue qu’elle dresse. Elle a un éventail immense de sujets traités, elle est passée des œuvres romantiques et féministes du début à des œuvre sociales sur la condition des ouvriers, sur l’aristocratie… »

Nine d’Urso a adoré retrouver des partenaires de jeu qu’elle connaissait bien, comme ses anciens camarades de l’école du Nord, Joaquim Fossi et Oscar Lesage mais aussi Igor Mendjisky qui fut son premier professeur de théâtre à Lille en 2018. « J’ai aussi adoré cette rencontre incroyable avec Barbara Pravi et tourner avec des gens comme Jean-Luc Bideau et Philippe Torreton, c’était trop classe », sourit-elle. La comédienne a aussi noué des liens forts avec les équipes techniques : « Je me suis fait des amis pour la vie sur ce tournage, assure-t-elle. Tout le monde a fait un travail formidable. L’équipe costume a dû me préparer des tenues sur mesure car je suis beaucoup plus grande que beaucoup de gens. Le temps de préparation était chaque jour assez long avec les grandes culottes en coton, les jupon, les bas mais ça aide à se mettre dans le rôle, on ne se tient pas de la même façon avec un corset qu’avec un soutien-gorge. Je pense aussi à la coordinatrice d’intimité qui était présente pour les scènes d’amour et qui a vraiment été fabuleuse. »

« La rebelle – Les aventures de la jeune George Sand », série en 4 épisodes de 52 minutes, dès le lundi 14 avril sur France Télévisions. Disponible dès ce jeudi 27 mars sur la plateforme France TV.

L’interview Séries Mania de Jeanne Goursaud

La comédienne franco-allemande Jeanne Goursaud était à Lille pour défendre la série Kaboul.

Présente en début de semaine à Lille pour présenter la série Kaboul, qui sera diffusée ce lundi 31 mars (21 h 10) sur France 2, dont nous parlerons prochainement sur ce site, l’actrice franco-allemande, Jeanne Goursaud, a bien voulu se prêter au jeu de notre interview spéciale « Séries Mania ».

 Quelle est la série que vous conseilleriez à nos lecteurs ?

« Celle que je viens de finir sur Netflix, Adolescence, c’est vraiment, super, j’ai tellement pleuré, ça m’a tellement touchée. Ça parle d’un garçon de 13 ans qui a tué une camarade d’école, de sa famille, ses parents qui se demandent si c’est de leur faute mais ça traite aussi de l’école, des réseaux sociaux. J’ai trouvé ça tellement bien socialement, psychologiquement. Techniquement c’est très bien fait aussi avec chaque épisode tournée en une séquence. »

Quelle est votre série « doudou », celle de votre enfance ou de votre jeunesse ?

« Plutôt des séries de fille, je vais dire Gossip girl que j’ai adorée et un petit peu plus âgée, c’était plutôt Sex and the City. »

Dans quelle série auriez-vous aimé jouer ?

« J’aime bien rentrer dans un autre siècle, porter d’autres costumes. J’avais d’ailleurs fait Barbares sur Netflix, une série qui se passe en l’an 9 après Jésus-Chist. Je pense donc que Game of thrones ça aurait pu me plaire. Peut-être Daenerys, la fille avec les dragons. »

Si tout était possible, quelle serait votre série idéale ?

« Sans doute une série qui se passe dans les années 1920 pour les tenues car j’aime beaucoup la mode, mais aussi pour la musique de ces années-là. Peut-être incarner justement une actrice de cette époque qui veut réaliser ses rêves. »

Quelle est la série culte que vous n’avez pas vue ou pas aimée ?

« Breaking bad. Tout le monde adore, tout le monde en parle. Je ne l’ai pas encore vue mais je compte bien la regarder. »

Quelles sont les prochaines séries, hormis bien sûr Kaboul, où l’on vous verra ?

« Je suis en train de tourner la deuxième saison de Pax Massilia à Marseille, pour Netflix. Il y a aussi un court métrage sur la première guerre mondiale, réalisé par Hugo Becker, où je joue avec Alexis Manenti. Sinon, ce n’est pas une série mais j’ai un film d’action sur Netflix, Exterritorial, qui doit sortir fin avril. J’y joue une mère dont l’enfant disparaît lors d’un passage à l’ambassade américaine de Francfort mais alors qu’elle le recherche, le personnnel affirme ne l’avoir jamais vue avec un enfant… »

Avec son spectacle Artichaut, Thomas GT espère toucher les Lillois en plein cœur

L'humoriste Thomas GT revient pour la deuxième fois au Spotlight de Lille. (c) Antoine Magnien

De son premier passage au Spotlight de Lille, l’an passé, Thomas GT a conservé en mémoire « le sourire, la gentillesse des gens mais aussi la beauté du centre-ville et la saveur du welsh ». Moins de deux ans après sa première scène chez lui, à Toulouse, l’humoriste ne cesse de faire évoluer son premier spectacle Artichaud, un show poétique, sensible et drôle, à l’image du jeune homme, qui a souhaité mettre en avant cette dyslexie qui lui a pollué la vie pendant pas mal d’années. «J e parle aussi d’amour, de famille, du regard des autres, de rugby et je relie tout ça à la sensibilité de l’artichaut, j’aime faire rire les gens mais dans un espace d’humour, j’essaie aussi d’amener des moments de sincérité. »

Bonne nouvelle, le public lillois aura le droit à un petit privilège : « Je vais jouer, seulement pour la deuxième fois, la nouvelle version de mon spectacle dont on a retravaillé l’écriture avec Marion Mezadorian, précise-t-il. Ceux qui sont venus l’an passé découvriront pas mal de changements ». Les détenteurs d’un billet pour le spectacle d’Alex le Rossignol, ce mercredi au théâtre Sébastopol, auront aussi droit à un avant-goût puisque Thomas GT sera dès ce soir dans le Nord pour assurer la première partie. Un exercice toujours enrichissant, auquel il a déjà eu plusieurs fois l’occasion de se frotter avec des artistes comme Gad Elmaleh, Verino, Thomas Marty et, surtout, Manu Payet à plusieurs reprises. « Il est drôle, sensible, c’est une vraie inspiration et en plus il est super humainement, il a pris le temps de discuter, d’échanger avec moi. Il m’a donné de précieux conseils. »

Tout comme ceux d’Eric et Ramzy qu’il a pu côtoyer en participant à l’émission Comedy Class sur Amazon Prime Video. « C’était stressant car c’était la première fois que je passais à la télévision, souligne-t-il. Il y avait des caméras partout, on tournait dans un grand hangar avec peu de public et j’avais un peu la pression de jouer devant Eric et Ramzy, mais aussi Florence Foresti qui est passée dans l’émission. Ce sont des gens que j’adore comme Alex Lutz, Kyan Khojandi, Bérengère Krief… »

Une belle expérience mais aussi une confirmation du bienfondé d’avoir choisi, même tardivement, le chemin de l’humour : « ça a toujours fait partie de ma vie car quand j’étais petit, faire une blague c’était ma façon de dire bonjour, se souvient-il. J’ai toujours voulu aller vers ça au fond de moi mais j’avais du mal à l’assumer, confie-t-il. J’avais fait une année de théâtre au collège en cinquième mais on me l’avait mal vendue, une professeur avait dit « Il fait l’idiot en classe, on va voir s’il fait l’idiot sur scène ». Je l’avais donc plutôt pris pour une punition. »

Après de longues études, un masters en management et marketing, le jeune homme a fait la bascule après un stage dans un cabinet de conseils à Paris : « ça a achevé de me convaincre que ce n’était pas ce que je voulais faire. J’ai donc convoqué mes parents pour leur dire que je n’étais pas heureux dans ma voie et que je voulais faire le stage d’été du Cours Florent. J’y suis allé, j’ai été pris, j’y ai appris les fondamentaux du théâtre pendant deux ans, puis j’ai intégré la première promotion de l’Académie d’humour où l’on m’a appris à bien écrire mes textes, à les mettre en scène. »

C’est ainsi que Thomas Gregot-Tricoire s’est transformé en Thomas GT pour arriver à sa première scène à Toulouse en juin 2O23 puis un passage, quelques semaines plus tard, en mode kamikaze avec un spectacle en rodage au festival d’Avignon qui s’est avéré positif et riche en rencontres avec des professionnels de ce milieu artistique dont il est aujourd’hui une valeur montante.

Thomas GT dans « Artichaut », ce vendredi 28 mars (21 h) au Spotlight à Lille.

L’interview  Séries Mania de Jeanne Gournaud et François-Xavier Demaison

Jeanne Bournaud et François-Xavier Demaison vont désormais travailler ensemble dans la deuxième saison du Négociateur sur TF1. @Julien Cauvn - Camera subjecive - TF1

Duo de choc dans la série « Le négociateur » dont la saison 2 devrait arriver avant l’été sur TF1, Jeanne Bournaud et François-Xavier Demaison sont venus à la rencontre de leurs fans sur ce festival Séries Mania. L’occasion d’en savoir davantage sur leurs préférences dans cet univers des séries.

Quelle est la dernière série que vous avez regardez ?

Jeanne Bournaud : « Adolescence sur Netflix, j’ai pris une vraie claque, je ne m’en suis toujours par remise. En plus j’ai vu comment ils avaient préparé tout ça, les mois de répétition qui ont été nécessaires pour faire chaque épisode en plan séquence. C’est hallucinant, et le jeu des acteurs, c’est fou. Je pense que tous les garçons, adolescents, jeunes ados, devraient regarder cette série. Là, je regarde la saison 3 de The white lotus, un épisode par semaine, ça me tue, je n’en peux plus d’attendre. »

François-Xavier Demaison : « Ces derniers temps, j’ai eu du mal à aller au bout d’une série. J’ai vu Black Doves avec Keira Knightley, qui incarne un agent secret c’est très bien. J’ai aussi pris beaucoup de plaisir à regarder mon copain Samuel Le Bihan dans Carpe Diem. »

Votre série référence ?

Jeanne et François-Xavier : « Là-dessus, on est d’accord c’est Peaky Blinders ; Ils ont réussi à faire de ce gang, des dieux-vivants. Ils ont la classe ces gars-là. »

Votre série de jeunesse ?

Jeanne : « Beverly Hills quand même et puis 21 jump street notamment pour Johnny Deep. »

François-Xavier : « Moi ado, j’étais plutôt Madame est servie avec Alyssa Milano. »

La série dont tout le monde parle mais que vous n’avez pas vue ou à laquelle vous n’avez pas accroché ?

Jeanne : « Game of Thrones. J’ai vu deux épisodes, je ne peux pas, les corps transpercées par les épées, le frère et la sœur qui… ça me dégoûte. »

François-Xavier : « ça ne me vient pas comme ça, je pense avoir vu les séries dont tout le monde parle le plus. »

Votre série de rêve ?

Jeanne : « Si on me propose un White Lotus, je suis très heureuse. J’aimerais beaucoup faire une série dans ce genre, tout est dans le malaise, tout est dans un jeu très fin. Ou non plutôt une série avec beaucoup d’actions style Jason Bourne ou Jack Bauer en femme. »

François-Xavier : « De mon côté, ce serait un thriller très dark. J’avais déjà adoré faire La traque et Disparue. » 

Karin Viard : « Je crois que ma carrière me ressemble mais je ne sais pas ce qu’elle dit de moi »

Membre du jury panorama international, Karin Viard a aussi proposé une masterclass passionnante. Photo Arnaud Loots/Séries Mania

Déjà présente lors de l’édition précédente en tant que comédienne pour défendre la série Dans l’ombre, diffusée il y a quelques mois sur France Télévisions, Karin Viard, l’une des actrices françaises les plus populaires, est revenue cette année à Séries Mania en qualité de membre du jury panorama international. Elle a aussi effectué une masterclass ce lundi après-midi dans un théâtre du Nord, plein à craquer.

La comédienne vue, entre autres, dans Tatie Danielle, Les randonneurs, La Nouvelle Eve, France boutique, Paris, Polisse, La famille Bélier ou encore Les Chatouilles, s’y est confiée sur ses origines, ses débuts, ses rôles marquants, son regard sur l’évolution du cinéma, sa vision de la place des femmes dans ce métier, ses goûts, ses envies

Membre du jury au Festival Series Mania

«  Ça me permet de découvrir des choses auxquelles je n’aurais pas eu accès en dehors de ce festival, ça alimente ma curiosité, ça élargit le champs de mes connaissances. Et puis, c’est toujours l’occasion de faire des rencontres, même si j’ai mis du temps à venir aux séries car je fuis ce côté addictif. Dernièrement, j’ai vu Adolescence sur Netflix. Il y a des plans-séquences d’une heure, des acteurs incroyables, un climat de tension… J‘adore aussi The White Lotus, c’est narquois, c’est méchant, c‘est vraiment une critique du couple, de la famille, des rapports sociaux.

Ce que j’aime ce sont les histoires, les enjeux entre les personnages, le côté original, car on a déjà traité tous les sujets donc ce qui change c’est le point de vue, la façon de filmer. Je n’aime pas quand c’est trop gentil, un peu cul-cul. Pour avoir de l’impact, il faut parfois oser dire des choses qui ne se disent pas, oser être un peu impolie, un peu pas gentille, un peu pas correcte. » 

La série, un terrain de jeu incontournable ?

« Bien sûr, les acteurs de cinéma se prostituent pour tourner à la télé désormais (rires). Avant, nous, les acteurs de cinéma, on regardait la télévision de façon un petit peu condescendante. Maintenant, c’est l’inverse. Ils nous font mordre la poussière donc c’est, en effet, devenu incontournable . Les films existent grâce à la télé. En plus, les scénarios sont de plus en plus fouillés. Ce qui est étonnant c’est que la série permet aujourd’hui ce que le cinéma ne permet plus. »

L’envie d’être comédienne

« Toute mon enfance, je me suis sentie différente, je voulais échapper à mon milieu, à ma famille, et je me suis toujours dit que j’avais un destin. Ma grand-mère me disait toujours « Pourquoi tu ne deviens pas institutrice, tu feras du théâtre pendant les vacances ». Je me disais non, je ne voulais pas que ce soit ça le meilleur scénario du monde pour moi. J’ai eu le déclic en regardant Notre Dame de Paris avec Anthony Quinn et Gina Lollobrigida. J’ai l’impression que ce film a déterminé toute mon existence. La logique aurait voulu que je fantasme sur Gina Lollobrigida en rêvant d’être comme elle mais je me suis totalement identifiée à Quasimodo. Je pense qu’ayant été abandonnée par mes parents, j’ai dû me sentir monstrueuse. A partir du moment où j’ai vu ce film, je me suis dit que je voulais faire un métier qui provoque aux gens des émotions aussi fortes que celles que j’ai ressenti en le regardant. »

Le premier film, « Tatie Danielle »

J’ai vécu quelques années de galère, je rencontrais de mauvais réalisateurs qui me demandaient mon signe astrologique, de leur montrer les lignes de ma main, bref des réalisateurs nazes pour des trucs de télé pourris et je me disais, même ces gens-là ne me prennent pas. Un jour, j’ai fait un casting avec Étienne Chatiliez pour Tatie Danielle. Il me dit assez vite que je ne corresponds pas du tout au rôle mais que comme j’ai l’air sympathique et qu’il tourne beaucoup de publicités, il va quand même me faire passer des essais. Il me demande de préparer une caricature d’esthéticienne. Je me suis un peu déguisée, j’arrive au casting, j’attends, il passe devant moi plusieurs fois et en fait il ne m’avait pas reconnue. Pendant les essais, il était tout le temps de dos, je pensais que j’étais trop nulle mais en fait il pleurait de rire. Et finalement, j’ai eu le rôle. Et là, je me suis dit après toutes ces années de galère, où j’étais avec ces réalisateurs qui avaient des chaussettes de tennis dans leurs mocassins à glands, il fallait, en fait, que je rencontre des gens qui soient à mon niveau et je trouve que c’est toujours vrai dans la vie. »

Le César de la meilleure actrice

« C‘est vraiment quelque chose dans le sens où j’ai eu le sentiment d’être validée, reconnue par mes pairs, et ça, ça a vraiment beaucoup d’importance à ce moment-là. Je me revois chez mes grands-parents, allongée sur le canapé, en train de regarder la soirée des Césars. Il y a quelque chose qui me bouleverse, qui me rend très très fière, qui me fait très peur que ça me soit retiré. »

L’évolution de la place des femmes au cinéma

« Je suis à la fois bien et mal placée pour en parler. Comme toutes les femmes de ma génération, j’ai avalé un nombre de couleuvres hallucinant en trouvant ça normal et du coup il y a plein de comportements devant lesquels mes filles sont outrées qui ne me choquent pas et je peux parfois trouver le regard de ces jeunes femmes un peu excessif, avec un discours un peu radical. Je me dis que ce combat mériterait un petit peu de nuance, mais en même temps, je comprends que les femmes soient énervées par tant d’oppression. Je pense qu’à ma façon j’ai apporté ma pierre à l’édifice du féminisme en étant qui je suis. Ce n’est sans doute pas suffisant mais les choses changent. J’ai fait un film dernièrement qui s’appelle « La maison des femmes », un film féministe mais qui porte un regard vraiment très complice sur les hommes et les femmes, comment on doit construire ensemble la société de demain ».

Boulimique de tournages ?

« Je fais pas mal de films c’est vrai, déjà parce que je dois gagner ma vie. J’ai la charge de mes deux filles de jeunes adultes. Je leur paye des appartements, des études. Je n’ai pas des goûts de luxe mais au fur et à mesure, je me suis installée dans une vie assez confortable. J’ai des emprunts sur une maison que j’ai achetée en Espagne. J’adore ma vie, mais il faut quand même que je travaille. Je pourrais éventuellement considérer que je dois réduire mon niveau de vie et si je suis obligée de le faire, je le ferai. Et si je n’étais pas obligée de gagner ma vie, je pourrais très bien rester quelques années sans tourner pour lire des livres, être en vacances, prendre des cours de danse, faire un travail psychologique.

En fait, je n’ai pas besoin de faire ce métier comme une cinglée, contrairement à ce que les gens pensent mais c’est vrai que j’ai besoin de le faire parce que lorsque je ne travaille pas, je prends la tête de mes proches. Je suis trop intense, trop passionnée, j’ai trop d’énergie. Mon travail me permet d’évacuer des émotions. Je suis plus équilibrée quand je travaille. »

Le bilan de 30 ans de carrière

« Je ne porte aucun regard sur mon parcours, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est le présent et éventuellement l’avenir. Ce que je crois, c’est que ma filmographie me ressemble, je suis quelqu’un de très sincère, de très authentique et je n‘ai jamais eu aucun cynisme par rapport à ce métier. Je ne me suis jamais dit, choisis ce film pour aider ta carrière ou pour l’argent. Je crois que ma carrière me ressemble, mais je ne sais pas ce qu’elle dit de moi. Quand on me disait que des projets n’étaient pas pour moi, je n’écoutais personne, j’avais encore plus envie de les faire et je les ai faits. Je suis une femme assez libre, ma carrière raconte sans doute ça et d’autres choses. »

Les projets pour l’avenir ?

«  je ne pense jamais en termes d’images, mais toujours en termes d’enjeux des personnages. Je pense tout le temps les œuvres, du point de vue de l’acteur donc je ne me sens vraiment pas capable de réaliser. En revanche, j’ai plutôt envie de faire un seule en scène : évoquer ma famille que j’adore mais qui était un peu dérangée. Ça pourrait réunir toutes mes envies d’actrice, mais je dois me battre contre beaucoup de pensées limitantes. J’aimerais bien y arriver parce que je pense que ça pourrait être personnellement assez chouette de poser un regard sur ce qui m’a quand même fait souffrir. »