« Une affaire d’honneur » dépeint la passion du duel dans une société en pleine mutation
L’aptitude de Vincent Perez pour le maniement des armes et son attrait pour les films d’aventure et de cape et d’épée sont connus de tous, alors voir le comédien s’atteler pour son quatrième film comme réalisateur, à une œuvre sur le duel, pratique qui a perduré du Moyen-âge à 1967 (avec un ultime combat impliquant le maire de Marseille Gaston Deferre) n’est pas une surprise.
«J‘en avais envie depuis longtemps, j’étais prêt et il y a eu une sorte d’alignement des planètes avec la découverte extraordinaire de cette période entre 1881 et 1889 où le duel a vraiment fait rage, explique-t-il. Je me permettais de penser qu’il manquait un film sur ce genre-là. C’est, à l’image de la scène du duel dans la grange avec tous ces costumes, un peu le pendant des westerns aux états-Unis. »
Au-delà des scènes de combat parfaitement chorégraphiées avec des comédiens bien entraînés au maniement des armes, Vincent Perez et Karine Silla proposent surtout un film qui décrit la fin d’une époque : « J’aime l’histoire, le rapport au duel mais j’avais envie qu’il y ait aussi un fond de tissu social dans le scénario », précise la scénariste.
« C’est une période fascinante, une époque qui questionne la nôtre et cet affrontement entre deux mondes, poursuit Vincent Perez. Celui d’hier incarné par mon personnage (le colonel Louis Berchere), qui s’accroche à des idées un peu anciennes, et ce nouveau monde avec le personnage féminin de Marie-Rose Astié, une militante socialiste féminine, qui a vraiment existé, qui écrivait dans le journal « La citoyenne », créatrice de la première ligue féminine d’escrime et qui était très connue à l’époque, notamment pour son combat pour le droit de porter le pantalon pour les femmes. »
Doria Tillier est parfaite dans ce rôle, tout comme le reste de la distribution avec un Roschdy Zem, qui amène beaucoup de classe et de noblesse à Clément Lacaze, sans oublier Guillaume Gallienne dans le rôle d’Eugène Tavernier, personnage ayant lui aussi bien existé et étant l’auteur de « L’art du duel », ouvrage de référence des duellistes de l’époque.
« Et puis il y a cette jeunesse qui vient se confronter à travers le rôle d’Adrien Lacaze à la brutalité de ce milieu d’hommes virils avec fougue et pureté, qui fait écho aux jeunes qui viennent nous questionner aujourd’hui sur ce que nous avons fait de leur monde », ajoute Karine Silla. « C’est un film d’époque qui parle à ma génération, confirme Noham Edje (Adrien). Les duels d’hier, c’est l’UFC (Ultimate Fight Championship) d’aujourd’hui avec tout ce public qui vient pour acclamer les combattants. Les conférences de presse où les champions se défient ont remplacé les lettres que l’on s’envoyait à l’époque. »
Réaliser et jouer en même temps, pour la première fois, n’a toutefois pas été une mince affaire pour Vincent Perez : « Je me suis un peu maltraité, sourit-il, notamment en faisant mes scènes en fin de journée quand tout le monde ou presque avait fini ses plans. Quand je jouais, j’avais parfois l’impression de perdre le contrôle du film mais Karine était là pour veiller à tout et en même temps j’étais plus proche des acteurs. On a fait le film rapidement, en 39 jours, il n’y avait donc pas la place pour l’hésitation, j’y suis allé un peu sans filet. »
« Une affaire d’honneur », dans les salles de cinéma, dès ce mercredi 27 décembre 2023, réalisé par Vincent Perez et Karine Silla, avec Doria Tillier, Roschdy Zem, Guillaume Gallienne, Vincent Perez…