Christelle Reboul ne veut pas s’installer dans un registre

Ce samedi 11 mai, le public du Colisée de Lens va avoir le plaisir de découvrir Christelle Reboul dans la peau de Corinne, une femme qui va tout tenter pour raviver la flamme avec son mari Didier, leur couple étant usé par 25 années de vie commune. Ave César est une pièce de Michele Riml, mise en scène par Eric Laugerias, que le duo de comédiens aura joué pendant près d’un an et demi. « Une pièce qui a très bien fonctionné malgré les émeutes et les grèves, sourit Christelle Reboul. Une pièce super agréable à jouer avec des montagnes russes, on passe vite du drame à la comédie, du burlesque au pathétique. Il y a cette tonalité anglo-saxonne qui fait toute l’originalité. »

Passer d’une émotion à l’autre n’est pas un exercice forcément facile mais comme le souligne la comédienne, « C’est plus excitant, moins monotone, ça donne plus de marge pour créer, se renouveler d’autant qu’Eric Laugerias nous a donné une grande liberté. »

« En confiance », avec Frédéric Bouraly, avec lequel elle avait déjà travaillé, Christelle Reboul n’a pas hésité à pousser loin son personnage : « Corinne n’a pas froid aux yeux, on le voit quand elle met sa tenue de Catwoman mais elle se rend aussi compte à un moment donné qu’elle est un peu ridicule. C’est une pièce miroir où les gens se reconnaissent à différents niveaux, c’est une heure et demie d’introspection sur les fonctionnements hommes-femmes, d’ailleurs le décor miroir au dessus du plafond me faisait un peu penser à un microscope à travers lequel on observe tout ce qui impacte une vie de couple : les enfants, le travail, les déménagements… »

Très à l’aise au théâtre, où elle aime explorer différents registres, comme elle l’a fait en jouant du classique avec le Bérénice de Racine, Christelle Reboul a pourtant acquis, essentiellement, sa notorité grâce à la télévision et, notamment, ce personnage d’Amélie Dubernet-Carton, une mère de famille catho un peu coincée, dans la série de TF1 Nos chers voisins.

« On a fait jusqu’à douze millions de téléspectateurs, ça m’a amené une très jolie notoriété, confesse-t-elle. On a été diffusés pendant cinq ans (2012-2017) juste après le journal télévisé. C’est fou de voir à quel point la télévision peut rentrer dans l’intimité des gens, on a fait un peu partie de leur famille pendant des années. »

Ce programme court a aussi créé de formidables liens entre des comédiens très populaires (Gil Alma, Issa Doumbia, Martin Lamotte, Almaury de Crayencour…). « Il y a eu un avant et un après Nos chers voisins, on se revoit tous. Ce programme court nous a beacoup apporté. »

Les téléspectateurs de TF1 ont retrouvé Christelle Reboul dans une autre série phare de la chaîne mais cette fois dans un rôle secondaire, celui de Delphine Delobel, la maman maltraitante de Greg, un élève de l’institut de cuisine Auguste Armand dans Ici tout commence. « C’est la puissance de notre métier, aller tellement profondément dans l’humain, être ce passeur, ce révélateur d’émotions, apprécie-t-elle. J’aime faire des choses très différentes, ne pas m’installer dans un registre. »

Christelle Reboul est à l’affiche de la pièce de théâtre « Ave César » avec Frédéric Bouraly, ce samedi 11 mai au Colisée de Lens et le mercredi 29 mai à l’espace Casadesus de Louvroil.

Christelle Reboul a acquis sa notoriété avec la série Nos chers voisins. Photo Laurent VU/TF1
Christelle Reboul avec Frédéric Bouraly dans la pièce Ave César. Photo Fabienne Rappeneau

Neuilly-Poissy distille son message de paix, de fraternité et d’humour

Max Boublil voit sa vie de rêve virer au cauchemar. Photo Latika 2024

Passionné de films de prisons comme Les évadés, Au nom du père ou encore Le prophète, Grégory Boutboul rêvait depuis un moment de réaliser une comédie dramatique en milieu carcéral : « Je voulais mêler émotion et comédie dans un milieu qui ne s’y prête pas au premier abord, confie-t-il. Ce film a été inspiré par plusieurs histoires vraies et notamment les témoignages d’un aumônier juif qui avait célébré des fêtes de Pâques avec des détenus juifs et musulmans. J’ai adoré ce message de fraternité. »

Neuilly-Poissy, c’est l’histoire de la chute aux enfers de Daniel (Max Boublil), propriétaire d’une chaîne de restaurants qui mène la grande vie et qui suite à des malversations financières se retrouve en prison, dans un monde opposé au sien, dont il ne connaît pas les codes et où, en tant que juif, il va devoir apprendre à se faire une place au milieu des autres détenus (Malik Amraoui, Steve Tientcheu…) de différentes communautés et religions avec le soutien d’un aumônier (Gérard Jugnot) et d’une surveillante (Claudia Tagbo).

« Mon personnage est un gars qui se lève le matin dans un 300 m² aux côtés de sa femme (Mélanie Bernier, que Max Boublil retrouve ainsi dix ans après Les gamins) et qui se couche, le soir dans une cellule de 9m2 avec des gars moches ». Un passage du rêve au cauchemar qui paradoxalement va le sortir changé et grandi de cette expérience. Cette évolution était intéressante à jouer. »

Afin d’être le plus juste possible, le réalisateur Grégory Boutboul s’est beaucoup renseigné sur l’univers carcéral et a même pu bénéficier de conseils de certains comédiens, eux-mêmes ancien détenus, qui ont validé la crédibilité de différentes scènes. Plusieurs ont d’ailleurs été tournées dans une prison désaffectée. « Le décor fait 80 % du travail, assure Malik Amraoui. Quand tu rentres dans cette prison, tu ressens toute l’histoire qu’il y a derrière. Le bruit des serrures, les portes qui claquent, ça te met dans le bain. »

« Quand on a tourné la scène d’arrivée de Daniel (Max Boublil) dans la cellule, les trois autres comédiens qui jouaient ses co-détenus avaient eu le temps de se connaître et de créer une complicité entre eux, ce qui laissait forcément Max un peu de côté, indique Grégory Boutboul. J’ai laissé la caméra tourner et j’ai vu Max se laisser gagner par une vraie émotion, une larme est arrivée, c’était plus vrai que nature. »

Le fait de se pencher sur la question des tensions communautaires en prison n’était pas le sujet le plus simple à traiter mais avec les événements du 7 octobre et avec le décès du jeune Nahel, la mission était encore plus sensible. Un contexte qui n’est pas sans rappeler la sortie de Rabbi Jacob avec Louis de Funès en 1973 en pleine guerre du Kippour.

« On savait que ce serait un sujet difficile mais suite aux événements, j’ai eu la sensation que le message ressortait d’autant plus et lors des avant-premières, on a pu constater qu’il y avait beaucoup plus d’émotion dans les réactions du public », indique Max Boublil.

« Quand on reçoit un tel scénario on se pose bien sûr des questions, admet Steve Tientcheu. Mais c’est une comédie avec laquelle on essaie justement de casser les clichés et de véhiculer un message de paix  »

« L’avantage c’est que c’est très bien écrit. On a aussi eu la chance d’avoir beaucoup de liberté sur le tournage. On savait qu’on était sur une pente glissante mais on n’a jamais glissé, se réjouit Malik Amraoui. Il y avait peu d’egos, beaucoup de générosité, une très bonne ambiance sur le tournage, c’est rare et ça a été payant pour le film car ça se ressent à l’image. »

La présence de seconds rôles ou de guests comme Clotilde Courau, Gérard Darmon (déjà présent, pour l’anecdote, dans Rabbi Jacob), Claudia Tagbo et surtout Gérard Jugnot a évidemment ravi les comédiens. « C’est toujours bon de tourner avec ces personnes-là », apprécie Steve Tientcheu. Si par bonheur le message de fraternité peut être entendu, entre deux éclats de rire, l’objectif sera totalement atteint.

« Neuilly-Poissy », une comédie Grégory Boutboul, en salle ce mercredi 8 mai. Avec Max Boublil, Mélanie Bernier, Malik Amraoui, Steve Tientcheu, Gérard Jugnot…

Photo Latika 2024.

L’esprit Coubertin, dans les coulisses du village olympique

Paul (à gauche) incarne l'une des dernières vraies chances de titre olympique pour la France. Photo Bac Films.

Un film sur l’univers olympique à quelques mois des Jeux de Paris, ça ne ressemble pas à un hasard et pourtant Jérémie Sein ne savait pas, au moment où il a commencé à écrire son scénario, que la France accueillerait l’événement. Passionné de sport depuis son plus jeune âge, fils d’un journaliste sportif, le réalisateur a toujours été fasciné par les Jeux et en faire le sujet de son premier long métrage lui est rapidement apparu comme une évidence. Restait à trouver un angle d’attaque et les anecdotes de camarades journalistes sur la vie particulièrement animée des athlètes au sein du village olympique lui ont donné la matière première pour L’esprit Coubertin, en salle depuis ce mercredi 8 mai.

Jérémie Sein a ensuite tout mis en œuvre pour parfaire ses connaissances sur le sujet « J’ai échangé avec des journalistes qui connaissent bien les JO car je pense que l’on ne peut faire de la satire que si l’on maîtrise bien son sujet, précise-t-il. C’est la méthode South Park, on peut être outrancier, puéril, un peu débile mais il faut être carré sur ce que l’on raconte. »

Son travail fut tout aussi pointu pour découvrir le tir, la discipline qu’il a choisie de mettre en avant à travers son personnage principal, Paul, petit génie de son sport (incarné par Benjamin Voisin), beaucoup moins à l’aise dans ses relations sociales et embarqué dans un fonctionnement compliqué avec sa coach Sonia (Emmanuelle Bercot). « Trouver une discipline assez confidentielle était capital et dans le tir il y a quelque chose de la solitude qui était intéressant à traiter, poursuit Jérémie Sein. La vitesse olympique, c’est hyper beau à voir, c’est entre le musicien virtuose et quelque chose de très cinématographique dans la posture, un peu comme dans un western. »

Jérémie Sein avait la volonté de ne pas s’inscrire dans la lignée de la plupart des films de sport « où l’outsider se sublime, se transcende au fil de la compétition et finit par gagner ». Paul est à l’inverse un champion programmé pour gagner et sur lequel vont, en grande partie, reposer les derniers espoirs de médaille d’or de la nation au terme de deux semaines de résultats calamiteux.

Le réalisateur a aussi voulu surprendre par son casting : « Je ne voulais pas aller vers des acteurs qui feraient tout de suite penser à une comédie. J’ai choisi Benjamin Voisin qui a beaucoup l’esprit de compétition et qui, je pense, était finalement de tous les acteurs français le plus éloigné du personnage. En ce qui concerne Emmanuelle Bercot, même dans des films tragiques, j’ai toujours vu en elle un potentiel comique. »

L’esprit Coubertin de Jérémie Sein avec Benjamin Voisin, Emmanuelle Bercot, Laura Felpin, Grégoire Ludig… En salle ce mercredi 8 mai.

 Photo Bac films.

Le Lillois Antoine Leroux ne se contente pas de faire illusion

Destination succès pour le magicien lillois Antoine Leroux;

Si le nom de David Copperfield n’évoque peut-être pas grand-chose aux jeunes générations, les quadragénaires et plus auront forcément le sourire aux lèvres en repensant à ces soirées de jeunesse où, ébahis, ils le regardaient devant le petit écran faire disparaître un avion, la Tour Eiffel ou même la Statue de Liberté.

Originaire de la métropole lilloise, Antoine Leroux faisait partie de ces enfants qui ont rêvé avec le magicien américain dont les shows étaient régulièrement diffusés à la télévision française. Le gamin qu’il était ne se doutait sûrement pas que des décennies plus tard, il aurait encore l’occasion d’aller l’admirer : « Quand j’ai l’occasion d’aller aux états-Unis, je vais voir David Copperfield en spectacle, ça reste l’une des dernières pop stars. Je l’adorais quand j’étais petit et et à l’époque il était vraiment très novateur. »

Antoine Leroux n’imaginait sûrement pas davantage qu’il susciterait, lui aussi, la fascination de millions de téléspectateurs avec ses tours de close up et de mentalisme dans l’émission d’Arthur sur TF1 Vendredi tout est permis.

Magicien professionnel depuis 2008, il a fait l’essentiel de sa carrière dans des spectacles privés pour des entreprises mais depuis bientôt deux ans, il s’est également lancé face au grand public sur scène. « C’est grâce à Isabelle, la sœur d’Erick Baert, qui gérait la programmation du Spotlight. Elle avait incité son frère à franchir le cap, ce qu’il a fait avec un énorme succès, et elle m’a conseillé d’en faire autant en me proposant un créneau en août 2022. »

Accompagné par Surmesuresproductions qui s’occupe aussi d’artistes comme Gérémy Crédeville, Thomas Deseur ou Léo Hardt, il a, depuis, réécrit et peaufiné un peu son spectacle « Destinations » où il mêle magie traditionnelle, du close-up, où il fait apprécier son habileté, et une partie plus futuriste en évoquant l’intelligence artificielle, le tout saupoudré de mentalisme et d’une dose d’humour. « Je joue environ une fois par mois au Spotlight et je tourne un peu partout en France, le bouche à oreille fonctionne plutôt bien », se réjouit-il.

Le succès est au rendez-vous mais l’artiste continue, tout de même, en parallèle, son activité en entreprise, qui lui a déjà permis de voyager partout dans le monde (Dubaï, Japon, Etats-Unis…) grâce à ses contrats avec quelques grandes marques internationales.

« Les deux mondes sont complémentaires, précise-t-il. Sur scène, il faut être bon mais les gens ont choisi de venir vous voir alors qu’en entreprise, ils ne sont pas là pour vous, il faut aller les chercher, les capter. Souvent, quand je suis en entreprise, on me demande si j’ai des spectacles que les gens peuvent venir voir en famille et, inversement, il arrive lors de spectacles que certaines personnes me sollicitent pour leurs entreprises. »

Ses passages en télévision, que les gens peuvent revoir sur internet, ont évidemment contribué à développer sa notoriété. Ils lui ont aussi permis de côtoyer des collègues qu’il admire comme le Valenciennois Viktor Vincent, « un spectacle de mentalisme où l’on est comme dans un film avec un gros travail de mise en scène » ou encore Gus, « un illusionniste qui a su se créer un vrai personnage et qui possède une énergie incroyable ». Sur scène Antoine Leroux est, lui, en train de tracer son chemin, embarquant son public dans un voyage enchanté.

Antoine Leroux est en spectacle au Spotlight de Lille ce samedi 4 mai (19 h) et le 29 juin (19 h). Il sera aussi au pont de singes à Arras le dimanche 12 mai (17 h).

La Béthunoise Alfreda Enwy trace sa route dans la new romance

En dix ans, la Béthunoise Alfreda Enwy est devenue l’une des figures de proue d’un style littéraire en vogue, la new romance, avec déjà une trentaine d’ouvrages à son compteur. Le dernier en date Soul breaker, spin-off de Troublemaker, est sorti le 24 avril aux éditions Hugo Roman, avec l’espoir de connaître le même succès.

Troublemaker qui évoquait la relation dangereuse nouée par Hazel, une jeune infirmière sociable et pleine de vie, avec son voisin de palier, Jun, un mercenaire sombre, solitaire, a, en effet, dépassé les 70 000 exemplaires vendus et a fait basculer l’écrivaine nordiste dans une nouvelle dimension comme on a pu le constater lors du salon du livre de Bondues, il y a quelques semaines, où la file d’attente pour une dédicace de sa part était impressionnante.

Dans Soul breaker, on retrouve le personnage de Jun mais aussi et surtout plein de nouveaux visages dont ceux de Maxine et Kane, deux êtres fragiles qui ressentent l’un pour l’autre autant d’attraction que de répulsion.

Un ouvrage qui confirme l’évolution de la jeune femme, elle qui avait lancé sa carrière en 2014 avec L’empreinte, un livre d’urban fantasy. « J’ai toujours été attirée par la lecture et l’écriture. Ma grand-mère qui était institutrice m’emmenait tous les mercredis à la bibliothèque et je lisais énormément, j’avais des idées plein la tête mais c’est la série Twilight qui m’a donné envie de dessiner et d’écrire, explique-t-elle. Je travaillais à l’époque dans une boulangerie mais je ne me plaisais pas dans un travail classique. Au départ je ne voulais pas envoyer mon premier livre avec un loup garou comme héros principal, aux maisons d’éditions mais mon conjoint m’a convaincue que ça ne servait à rien d’écrire si c’était pour le garder pour soi, alors je me suis lancée, j’ai eu des réponses positives et depuis je n’ai jamais arrêté. »

Depuis cinq ans, Alfreda Enwy (son deuxième prénom et un anagramme de son nom) vit pleinement de sa passion et si elle ne se verrait pas écrire un livre sans un fond de romance, elle a exploré différents registres au fil des années. « Au début, je faisais surtout ce que j’appelais des romances doudous, c’est à dire des ouvrages qui font du bien quand on les lit mais, dernièrement, j’ai mis plus de suspense, un peu de thriller.

Elle a aussi expérimenté, en fin d’année 2022, l’écriture à quatre mains avec Alicia Garnier pour les quatre tomes de la saga Rebel university, une histoire d’amour complexe entre le hockeyeur vedette de l’université et une jeune femme adepte du « body positive », ce qui a permis d’aborder la question de l’acceptation de soi. « C’était un nouveau challenge avec un changement radical de la manière de travailler, d’autant qu’Alicia est originaire du Sud avec des expressions de chez elle et moi celles propres au Pas-de-Calais, ce qui a donné quelques moments drôles, mais c’était très enrichissant et ça a bien fonctionné. » Une corde de plus à l’arc de la Nordiste qui travaille déjà sur son prochain livre de dark romance.

« Soul breaker » d’Alfreda Enwy, aux éditions Hugo Roman, est disponible depuis le 24 avril. Prix : 17 €.

Alfreda Henwy vient de sortir son nouveau livre Soulbreaker.
Soulbreaker, le nouvel ouvrage d'Alfreda Enwy.