Abd al Malik rend hommage à Juliette Gréco dans un livre

Abd Al Malik a écrit un livre sur son amie Juliette Greco. Photo Fabien Coste

Auteur, compositeur et interprète, le rappeur Abd al Malik ne s’exprime pas artistiquement que dans la musique. Également réalisateur et écrivain, il a, à son actif, une dizaine de livres. Le dernier en date, « Juliette », consacré à la chanteuse Juliette Gréco, qui faisait partie de son cercle d’amis proches, vient de sortir. Nous l’avons rencontré lors d’une soirée de rentrée littéraire organisée par la Fnac dans le superbe écrin du musée de la Piscine à Roubaix.

Pourquoi avoir eu envie d’écrire ce livre sur Juliette Gréco ?

«  Lorsque Juliette est partie, certains de ses proches m’ont tout de suite dit que ce serait bien que j’écrive sur elle mais j’étais dans la sidération, pas du tout dans l’état d’esprit nécessaire pour écrire un livre. Et puis l’année dernière, pour la première fois, je suis retourné à Ramatuelle où elle vivait, sans qu’elle soit là, et j’ai ressenti beaucoup d’émotions en allant dans les différents lieux que nous fréquentions ensemble. J’ai pris le train pour revenir sur Paris et j’ai été saisi d’une émotion, un truc très fort, presque une visitation. En rentrant chez moi, j’ai commencé le livre mais c’est comme si j’étais avec elle, c’était quelque chose presque de l’ordre de l’écriture automatique. Je l’ai écrit en quelques jours, ça ne m’était jamais arrivé auparavant. »

Quel message aviez-vous envie de transmettre dans cette œuvre ?

« Il y avait cette idée de dire qu’aujourd’hui, plus que jamais, on a besoin d’une figure comme elle, qu’elle me manquait personnellement mais aussi à la culture, son rapport à la liberté… Dans le contexte dans lequel on vit, on a besoin de ça. Et puis rendre hommage à Juliette, c’était d’une certain façon rendre hommage à toutes les femmes. C’était aussi dire que l’amour que je lui porte est et sera toujours là. »

Vous partagiez visiblement un goût pour la poésie mais pas seulement au sens littéraire…

« Oui, Juliette poétisait son existence et on se retrouvait bien là-dedans. Sa façon de dialoguer avec les autres, c’était fondamental. La poésie ce n’est pas juste faire rimer des mots, c’est aussi être en harmonie avec le monde, avec les autres, avec soi-même. »

Ce livre s’inscrit-il dans la lignée de celui que vous aviez écrit sur Camus ?

«  Oui. Je crois qu’il est important de dire à quel point les absents ont toujours de l’influence sur le réel, il ne faut pas avoir peur de convoquer les absents, ces grandes figures comme Juliette, comme Camus. Ça permet de rappeler qu’on a des modèles, des référents qui peuvent nous aider à devenir les hommes et les femmes que nous sommes. Les gens présents sont bien sûr importants mais les absents peuvent aussi nous porter comme lorsqu’ils étaient vivants. »

Vous connaissiez l’œuvre de Juliette Gréco avant de la rencontrer ?

« Bien sûr. Ma mère avait pour tradition d’écouter de la musique africaine mais tous les dimanches, elle passait de la musique française, de Brel à Brassens, en passant par Ferré et Gréco. Quand j’ai pu rencontrer Juliette et devenir intime avec elle, ça a été magnifique. Parfois, on admire des gens et quand on les rencontre, ce n’est pas ce que l’on imaginait. Juliette Gréco, c’était réellement la muse de Saint-Germain des Prés. »

Dans l’autre sens, elle connaissait votre musique ?

« En fait, tout est parti d’un concert de Juliette sur lequel je suis tombé, un soir en zappant à la télévision alors que j’étais en train de travailler sur mon deuxième album, j’ai entendu l’une de ses interviews et je me suis dit que ce serait trop bien de faire quelque chose ensemble. J’en ai parlé à ma maison de disque et il se trouvait justement qu’une personne la connaissait ; elle a proposé de faire le lien en lui envoyant ma musique. Si elle et son mari n’avaient pas aimé mon travail, je ne sais pas s’ils auraient accepté de me voir. Je crois qu’ils aimaient la poésie et que s’il y avait quelque chose de poétiquement sincère, quelle que soit la forme, ça les touchait. »

Ce livre peut-il avoir un prolongement sous une autre forme artistique ?

« Dans l’un de mes albums, produit par Laurent Garnier, j’avais un titre qui s’appelait « Juliette Gréco ». Là, le prolongement, ce sera un film, un long métrage sur sa vie, sa relation à Miles Davis, que je suis en train de préparer. »

Votre retour dans la musique est-il prévu prochainement ?

« Je travaille sur un projet pour le cinéma et la bande originale du film ce sera mon prochain album mais ce ne sera pas avant 2024 ou 2025. En revanche, j’ai réalisé une série, écrite par ma femme, qui s’appelle « 9.3 BB », qui devrait être bientôt diffusée sur France Télévisions . C’est l’histoire d’une jeune fille qui vient de Seine Saint-Denis, qui découvre le théâtre et c’est le coup de foudre absolu. Elle va convaincre sa bande d’amis de la suivre et on va observer leur cheminement, montrer comment la culture permet de transcender sa condition. »

« Juliette » par Abd al Malik. Editions Robert Laffont. 144 pages. Prix : 18 €.

Maëlle a opéré une vraie mise à nu pour son deuxième album

Qu’il semble déjà loin le temps où Maëlle, alors âgée de seize ans, décrochait la victoire dans l’émission « The Voice » sur TF1. C’était en 2018 et dans la foulée, la jeune femme avait vu la fée Zazie et le magicien Calogero se pencher sur son berceau artistique pour lui offrir un sublime premier album porté par les titres « L’effet de masse » et, surtout, « Toutes les machines ont un coeur ».

La pandémie mondiale de Covid avait hélas empêché Maëlle de venir à la rencontre de son public en tournée. Ces dernières années, l’interprète s’est muée en auteure, elle a écrit et composé pour ce deuxième bébé qui a vu le jour ce vendredi 29 septembre, sous les yeux bienveillants de Polydor et grâce à quelques complicités, celle d’Adrien Gallo, de Prudence (connue aussi sous le nom d’Olivia Merilahti avec le groupe The Do) et surtout de Nour pour l’écriture des textes.

Le public de la fête des Nieulles à Armentières a eu l’occasion, début septembre, de découvrir en « live » quelques premiers titres comme « Flash » et « Ouvrir les yeux » lors du grand concert multi-artistes organisé par la radio Mona FM. « ça donne un petit aperçu de l’album, de ce que verront les gens lors de ma tournée. C’est sympa pour ceux qui me connaissent et ce type d’événement permet de présenter ma musique à ceux qui me découvrent », confiait-elle, ce soir-là.

Peut-être a-t-elle convaincu à cette occasion certains spectateurs de réserver leur place pour son concert du 15 février au Splendid de Lille ou d’acheter cet album « Fil rouge » dans lequel elle s’est pleinement investie. « Je l’ai fait en trois ans, c’est quelque chose de très personnel. C’est un exercice très différent du premier album, je me suis mise à nu, j’avais besoin d’être encore plus sincère pour que les gens apprennent à me connaître vraiment avec mes textes, avec mes mots. Je me suis entourée de mon équipe, je parle de mon émancipation, de mes choix, de la façon dont j’ai grandi, de jeunesse et aussi un peu d’amour, »

La jeune femme ne cache pas non plus sa volonté de s’impliquer dans la scénographie  d’une tournée qu’elle attend avec impatience : « Je n’en ai jamais fait puisqu’il y a eu le Covid après mon premier album. La scène c’est la continuité, c’est là que l’on fait vivre nos chansons, il y a la réarrangement d’anciens titres, c’est très stimulant et c’est aussi du stress. » Des émotions intenses et variées qui constitueront le fil rouge de toute sa carrière d’artiste.

L’album « Fil rouge » vient de sortir chez Polydor. Maëlle sera en concert au Splendid de Lille le 15 février 2024.

Maëlle vient de sortir un deuxième album. Photo Tintin reporter
Maëlle s'est mise à écrire et à composer. Photo Tintin reporter

Franjo a fait de la scène son nouveau terrain de jeu préféré

Franjo a pris son temps pour proposer un premier spectacle de qualité. Photo Sébastien Lixandru.
Franjo prend un vrai plaisir à échanger avec son public. Photo Sébastien Lixandru

Retrouver Franjo sur scène n’est pas franchement une surprise tant le jeune homme, attendu ce vendredi 6 octobre au théâtre Sébastopol de Lille, a toujours baigné dans le monde artistique avec des parents chanteurs et une sœur Marie Reno qui a fait de l’humour en chansons sa marque de fabrique.

Ce n’est pourtant pas sur ses proches que le jeune homme de Melun a testé ses premières vannes : « Ma sœur a un humour que je pourrais qualifier de particulier. Après c’est vrai que ma mère peut être très drôle  », sourit-il.

Son pouvoir comique, il l’a plutôt éprouvé auprès des internautes puis sur des plateaux d’humoristes, se présentant au fil des années sur des scènes de plus en plus importantes jusqu’à se sentir prêt à monter son premier spectacle. « Je n’étais pas pressé de me lancer, avoue-t-il. J’ai vu des collègues qui avaient tenté le coup en étant encore un peu fragiles et certains l’ont mal vécu , j’ai donc attendu longtemps, j’ai tourné plusieurs années sur des « comédy clubs » et je trouve que ça fait un an que mon spectacle commence à ressembler à quelque chose. »

Pendant toutes ces années, il a aussi effectué quelques premières parties d’humoristes confirmés et a pris le temps d’observer le travail de ses pairs : « Des gens comme Artus ou Fary travaillent énormément, j’ai beaucoup regardé comment ils procédaient », poursuit-il. Franjo s’est aussi nourri des artistes qu’il a admirés plus jeune comme Gad Elmaleh, Dany Boon, Franck Dubosc, les Inconnus… »

La rencontre avec le public a confirmé son penchant pour la scène même s’il aime aussi créer des contenus vidéo et produit actuellement un premier court métrage. « Je suis moins présent sur les réseaux sociaux depuis quelques mois, j’adore la rencontre avec le public, il se passe quelque chose de magique et le bouche à oreille semble bien fonctionner puisque les gens viennent de plus en plus nombreux à mes spectacles. »

Ses interactions avec la salle lui ont d’ailleurs déjà offert quelques grands moments de rigolade : « ça peut me mettre parfois en difficulté, ça peut arriver que je perde le fil mais c’est aussi ce qui fait que le spectacle est vivant », précise-t-il, ravi à l’idée de retrouver le public lillois.

Franjo sera au théâtre Sébastopol de Lille le vendredi 6 octobre à 20 h. Il sera aussi à Dunkerque le 5 avril2024.

« DogMan », le dernier Besson ne manque pas de chien

Caleb Landry Jones, lumineux dans ce rôle pourtant sombre de Douglas. ¨PHOTO EUROPACORP

Et si Luc Besson renouait avec un gros succès populaire ? « DogMan », qui sort dans les salles ce mercredi, possède tous les ingrédients pour être une réussite avec, en premier lieu, dans la veine de « Nikita » ou « Léon », un personnage central très fort, incarné avec maestria par Caleb Landry Jones.

Découvert pour le plus grand nombre dans « Get out » en 2017, récompensé d’un prix de la révélation masculine au festival de Cannes en 2021 pour son rôle dans « Nitram », l’acteur américain est étincelant dans le rôle de Douglas, un homme traumatisé et marqué, physiquement comme psychologiquement, par une enfance douloureuse avec un père violent qui l’a jeté et contraint à vivre dans une cage avec des chiens. Des animaux qui vont devenir ses amis, sa famille, avec lesquels il va s’évader et tenter de se construire une vie dans une vieille friche désaffectée.

En marge de la société Douglas n’est heureux que lorsqu’il glisse dans la peau d’Edith Piaf dans un cabaret de travestis mais surtout lorsqu’il se trouve au milieu de sa meute de chiens qui vont devenir ses complices dans diverses actions illégales visant à ses yeux à opérer une plus juste répartition des richesses et une certaine forme de justice qui vont le mener à l’irréparable.

Luc Besson offre ici un véritable thriller psychologique, où se confrontent le bien et le mal, où resurgissent les cicatrices du passé et les réponses qu’on y apporte. Une histoire inspirée de faits réels : « Il y a eu plusieurs histoires comme celles-là en France et dans d’autres pays d’enfants qui ont grandi pendant plusieurs années au milieu de chiens ou de cochons », confie-t-il.

Le réalisateur ne cache pas avoir été bluffé par son acteur principal : «  Il travaille en papier tue-mouche, c’est à dire que tout vient se coller à lui. On a travaillé six mois pour préparer son personnage, il posait des questions, absorbait tout. Il a fabriqué sa maison comme une petite fourmi et le jour J il ressort tout. Sur une aventure comme celle-là, on ne cherche pas juste un acteur mais un partenaire. C’est un homme d’une gentillesse absolue, je pense d »ailleurs qu’on ne peut pas être un excellent acteur sans bonté, tellement ça demande de générosité. »

Le reste du casting a aussi été à la hauteur du film, notamment Jojo T. Gibbs, dans le rôle de la psychologue qui essaie de dérouler le fil de la vie de Douglas mais aussi toute une horde de chiens qui ont apporté leur pierre à l’édifice : « Il y avait deux catégories : les stars américaines, trois chiens venus avec leurs dresseurs qui apprennent à faire différentes choses et qui ne se mélangent pas aux autres et, de l’autre côté environ 80 chiens sortis de chenils que l’on a mis ensemble pendant quatre mois pour qu’ils s’entendent bien. »

Des acteurs un peu particuliers pas forcément toujours faciles à suivre : «  Ce n’était pas évident à gérer mais dans ce joyeux chaos on a réussi à trouver une espèce de grâce, confie Luc Besson. Tous les jours avec Caleb, on allait passer une heure avec eux et je peux vous dire qu’on a reçu des montagnes d‘amour. Pendant le tournage, ils nous reconnaissaient et notamment la voix de Caleb. Après, quand vous faîtes la scène où Douglas fait la lecture à ses chiens, il ne faut pas la tourner à 8 h du matin car à cette heure là, ce sont des kangourous, ils sautent partout. En revanche, après trois heures de promenade au parc et un bon repas avec double ration, là ils sont disposés à écouter sagement du Shakespaere. »

On ne sait pas si les chiens de « DogMan » porteront autant bonheur à Luc Besson que ses dauphins du « Grand Bleu » mais on vous garantit que la performance de Caleb Landry Jones n’a rien à voir avec celle d’un cabot.

Le Festival « CineComedies » de Lille rend hommage à Michel Serrault

Une exposition dédiée à Michel Serrault est déjà visible Palais Rihour à Lille.
Une exposition dédiée à Michel Serrault est déjà visible Palais Rihour à Lille.

Pierre Richard, Gérard Oury, Bourvil, Jean-Paul Belmondo, l’équipe du Splendid : depuis sa création le Festival « CineComedies » de Lille a toujours rendu hommage à des monstres sacrés du cinéma. Cette sixième édition ne pouvait échapper à la règle et c’est, cette fois, Michel Serrault, décédé en 2007, qui a été retenu.

Cinq de ses fims seront projetés dans le cadre du festival, avec un incontournable « La cage aux folles » pour lancer l’événement le mercredi 11 octobre au Casino Barrière. « Le viager », samedi 14 à 14 h à l’UGC ou encore « Les rois du gag », samedi 14 à 17 h 30 seront marquées par des rencontres avec Nathalie Serrault, la fille du comédien et Didier Kaminka, scénariste.

Michel Serrault est le fil conducteur de cette édition et c’est pour cela qu’une exposition, déjà accessible depuis dix jours, lui est consacrée au Palais Rihour, du mercredi au dimanche de 10 h à 18 h

Montée par le directeur artistique Jérémie Imbert, avec la complicité de la fille du comédien, elle retrace le parcours de l’artiste avec des costumes et accessoires de ses différents films. « Il y a une partie dans la plus grande salle sur ses débuts, les collaborations avec Pierre Tchernia, Jean-Pierre Mocky, Etienne Chatilliez… Et dans la petite chapelle, c’est une part de sa vie plus intime avec notamment des documents familiaux. « Le bonheur qu’avait mon père, c’était de donner de la joie au gens », confesse Nathalie Serrault, fière de voir cette exposition, la première » qui rend hommage à la carrière de son papa. 

Une exposition qui marque le coup d’envoi d’une édition désormais bien installée du Festival qui fera aussi la part belle à Patrice Leconte, amené à discuter avec le public de l’UGC après la diffusion des « Grands ducs » le vendredi 13, et au comédien Lucien Jean-Baptiste,  parrain d’un atelier d’écriture (dirigé par la scénariste Fadette Drouard) et qui viendra, lui aussi, à la rencontre du public le dimanche 15 octobre, après la diffusion de son film à succès « Première étoile » à 14 h.

D’autres rencontres (Bernard Menez, le dimanche 15 ou encore le jeune réalisateur Martin Jauvat, le jeudi 12), d’autres projections (gratuites pour la plupart) et trois avant-premières « Simple comme Sylvain », « Je ne suis pas un héros » et « Le voyage en pyjama » sont également au menu.

« On essaie de trouver l’équilibre entre le patrimonial et les nouveautés. On rend hommage aux grands acteurs qui nous ont fait rêver et marrer en proposant aux gens de voir sur grand écran des films qu’ils n’ont souvent vus qu’à la télévision et on s’ouvre aux jeunes, aux nouveaux films, précise le directeur du Festival Yann Marchet. La comédie est le reflet de la société et dans quelques années , on reverra ces films en se disant que c’était ça les années 2020. »

Plus d’informations sur www.festival-cinecomedies.com