Musique, comédie, écriture : Zoé Clauzure arpente avec succès tous les terrains d’expression

Zoé Clauzure était en dédicaces à la Fnac de Lille pour ses deux livres (c) Lily Violette.

Du haut de ses quinze ans, Zoé Clauzure a déjà un parcours artistique qui sort du commun. Demi-finaliste de The Voice Kids, la jeune femme fut ensuite la grande gagnante de l’Eurovision juniors en 2023. Un succès qui lui a ouvert de nouvelles portes : celles, par exemple, du Paradis latin, où elle fut choisie comme meneuse de revue du spectacle familial « Mon premier cabaret », monté par Kamel Ouali ou encore celles du métier comédienne avec un petit rôle dans « Cat’s eyes », la série événement de TF1.

Loin de s’arrêter en si bon chemin, elle vient de sortir deux livres « Tout donner » et « Mon journal », aux éditions Michel Lafon, qu’elle est venue dédicacer, il y a quelques jours, à la Fnac de Lille. « Le livre permet de mieux me connaître. Je reste assez secrète sur les réseaux sociaux. Là, j’ai mis énormément de moi, de mon intimité, de ma famille, des coulisses de mes activités, confie-t-elle. Le journal, ce sont davantage des conseils, des tips, des astuces sur différentes choses comme la façon de gérer le stress mais aussi sur le harcèlement scolaire. »

Une thématique que la jeune artiste évoque également dans sa dernière chanson « Invisible », prémisce d’un EP dont elle devrait communiquer prochainement la date de sortie : «Les chansons sont prêtes. Il reste juste à les peaufiner, faire le mix, le mastering, indique-t-elle. J’en suis hyper fière. J’ai mis tout mon cœur dans chacune et elles me ressemblent beaucoup. Je pense même que certains seront surpris en se disant que tout ça ne peut pas sortir d’un si petit bout de femme mais j’ai beaucoup d’émotions en moi. Et c’est important pour moi d’avoir des thèmes forts qui peuvent impacter comme le harcèlement scolaire, je n’écris pas pour ne rien dire ou pour faire des chanson sur la pluie et le beau temps ».

Plutôt à l’aise face à la notoriété, bien entourée par ses proches et notamment sa maman, qui est devenue sa manager, Zoé Clauzure appréhende tour ce qui lui arrive avec beaucoup de sérénité et ce n’est certainement pas un hasard si elle a été retenue comme ambassadrice de l’association « Non violence pour la paix » et si elle a été nommée « Girl of the year » par le prestigieux magazine américain « Time ».

Un sacré honneur pour une jeune femme qui s’interroge sur sa capacité à mener de front dans les années à venir sa carrière artistique et ses études. « J’accorde beaucoup d’importance à l’école. Pour l’instant, tout va bien, je suis en seconde dans un lycée spécialisée avec des horaires aménagés mais j’aimerais suivre des études d’astronomie et partir un peu dans un pays anglophone, à Londres ou à New York », avoue-t-elle.

La tête dans les nuages lorsqu’elle s’amuse avec son téléscope, Zoé Clauzure a, en revanche, les pieds bien sur terre et savoure chaque moment de sa jeune mais déjà riche existence. « J’aime les différentes facettes de ce métier, affirme-t-elle. L’inspiration seule dans sa chambre, ce moment où tout naît dans ma tête ; les moments de création en comité restreint mais aussi les concerts devant des milliers de personnes et le lien avec les gens lors des séances de dédicaces. »

Deborah François : « J’ai un projet d’écriture en solo qui est en train de prendre forme »

Deborah François, ici aux côtés de Niels Schneider, dans Les tourmentés.

Après le biopic sur Frantz Fanon, psychiatre théoricien de l’anticolonialisme pendant la guerre d’Algérie, un film un petit buget ayant réussi à cumuler environ 250 000 entrées en trois mois d’exploitations, la comédienne Deborah François est depuis dix jours toujours à l’affiche au cinéma mais, cette fois, dans l’adaptation du livre « Les tourmentés » de Lucas Belvaux.

Un film dans lequel l’actrice belge incarne Manon, l’ancienne femme de Skender (Niels Schneider), un ancien légionnaire sollicité par Max (Ramzy Bedia) pour servir d’appât dans la partie de chasse organisée par « Madame », une riche veuve, incarnée par Linh-Dan Pham. « Manon est à la fois un personnage central au proopos du film car tout ce que va faire Skender, cette chasse à l’homme qu’il va accepter, c’est justement pour donner de l’argent à sa famille, laisser quelque chose alors qu’il est devenu clochard. En même temps, elle est extérieure car c’est la seule qui ne sait pas ce qui se passe. Comme le dit Lucas Belvaux, au début du film, il y a trois personnages sur les quatre qui sont  un peu « morts ». Elle est la seule encore dans la vie car elle a ses deux enfants. »

Séduite dès la lecture du livre, Deborah François était curieuse de voir l’adaptation : « Le résultat est assez saisissant car Lucas (Delvaux) arrive à nous faire rentrer dans la tête des personnages en comprenant toutes leurs ambiguïtés, la tension émotionnelle qu’i y a entre eux, s’enthousiasme-t-elle. On n’est jamais dans le noir ou le blanc mais toujours dans le gris, ça colle bien au titre « Les tourmentés ».J’ai chopé des petits détails dans le livre pour nourrir les personnages, sur leur passé, sur les raisons pour lesquelles ils ne sont plus ensemble avec Skender et comment elle se bat contre ses sentiments pour protéger ses enfants. C’est une mère louve. »

Le genre de rôle que la comédienne a adoré jouer : « Quand un personnage est trop entier, j’essaie d’y apporter des petites complexités car on a tous des contradictions. Quand un personnage est très lumineux, il faut lui apporter une face sombre et inversement. »

Deborah François a aussi plusieurs projets d’écriture : « J’ai co-écrit un film espagnol avec Mario Casas, qui s’appelle « Ma solitude a des ailes » et qui est sorti sur Netflix et on repart en écriture avec le même réalisateur. J’ai aussi un projet en solo qui a commencé à prendre forme, c’est mon bébé. Jy mets tout ce que j’ai dans les tripes et je me sers beaucoup de ce que je suis en tant qu’actrice dans ma façon de travailler, de construire des personnages. »

« Les tourmentés » de Lucas Belvaux, actuellement au cinéma. Avec Deborah François, Niels Schneider, Ramzy Bedia et Linh-Dan Pham.

Armel Roussel fait rayonner son « Soleil » au théâtre du Nord

Dans Soleil, le public est au plus près des comédiens. (c) Alice Piemme

Artiste associé depuis cinq ans et parrain des promotions 7 et 8 de l’école du Nord, le metteur en scène Armel Roussel est presque comme chez lui au théâtre du Nord à Lille et c’est donc avec un immense plaisir qu’il a investi les lieux pour préparer les six représentations prévues entre le 30 septembre et le 4 octobre.

Pour l’occasion, investir est vraiment le terme juste car Armel Roussel et ses équipes ont installé une dizaine d’espaces dans différents lieux du théâtre. Pour les trente ans de sa compagnie, l’homme a voulu se lancer dans un projet peu classique. « Je cherchais une proposition singulière, un peu hors normes, festive, confie-t-il. Depuis plus de trente-cinq ans, j’ai sur ma table de nuit des nouvelles de Raymond Carver que j’avais découvert avec l’adaptation de son livre « Short cuts » par Robert Altman. Jamais je ne m’étais imaginé faire théâtre de cette matière-là mais cette écriture me touche. »

« Travailler sur des nouvelles induisait de travailler sur des formes courtes, ce que j’avais déjà fait, il y a une dizaine d’années, dans « Après la peur », un spectacle que j’avais créé à Montréal, poursuit le metteur en scène. Ça parle d’amour, de couple, de séparation, d’alcool, de solitude, de thèmes qui peuvent toujours paraître sombres mais toujours avec une forme de malice dans sa manière de les dépeindre. L’écriture est très américaine des années 1970, 1980, il a fallu moderniser un peu le texte mais ce qui m’a intéressé c’est qu’il y a une vraie complexité humaine, Carver arrive à faire cohabiter plusieurs sentiments, c’est très chouette à jouer. »

Pour chaque représentation, le public sera placé en immersion que ce soit par les décors, les lumières et le son, dès son entrée dans le théâtre puis divisé en dix groupes qui assisteront, au cours de la soirée, à un total de cinq spectacles d’une durée de 21 à 24 minutes chacun. Ils seront ainsi installé au plus près des comédiens et mené par des guides d’un espace à l’autre. Dans certains, les écoutes se feront au casque pour ne pas perturber la salle d’à côté et chaque déplacement devra se faire le plus silencieusement possible.

Dix espaces ayant été conçus, il faudra revenir une deuxième fois pour ceux qui souhaitent voir l’ensemble des scènes mais pas d’inquiétudes pour ceux qui ne peuvent réserver qu’une soirée, toutes sont indépendantes les unes des autres

21 comédiens sont mobilisés chaque soir pour ce projet, dont trois passés par la septième promotion de l’école du Nord : Jade Crespy, Chloé Monteiro et Sam Chemoul. Hélas, seule la première nommée sera de la partie à Lille, ses camarades étant, cette fois, retenus sur d’autres projets.

« Soleil », mis en scène par Armel Roussel au théâtre du Nord à Lille, du 30 septembre au 4 octobre à 19 h 30 + une séance le samedi 4 octobre à 14 h 30.

Victor Meutelet dans la lumière de « Montmartre »

Victor Meutelet (à gauche) tient l'un des rôles principaux de la nouvelle série Montmartre. (c) Julien Panié - Authentic Prod/Banjay/TF1

Que ce soit à la télévision (Le bazar de la charité, Emily in Paris, Master Crimes) ou au cinéma (Monsieur Aznavour, Finalement), le visage de Victor Meutelet est de plus en plus présent ces dernières années et, bonne nouvelle, ce n’est pas là de s’arrêter puisque le jeune homme sera prochainement à l’affiche de « Chopin, chopin » dans les salles obscures et, il sera surtout en pleine lumière dès ce lundi 29 septembre (21 h 10) dans « Montmartre », la nouvelle série événement de TF1.

Le comédien y incarne Arsène, jeune homme issu d’une famille très bourgeoise ayant fait fortune dans l’industrie automobile au destin tout tracé puisqu’il est désigné pour reprendre l’entreprise familiale, ce qui lui convient parfaitement, et sur le point d’épouser une jeune fille de bonne famille, à l’occasion d’un mariage arrangé, ce qui lui plaît beaucoup moins. « Et soudain, il y a cette Céleste (Alice Dufour) qui vient un jour toquer à sa porte en lui expliquant qu’elle est sa sœur , qu’ils ont été séparés à la naissance et vendus à des familles différentes », précise-t-il.

« Ce qui m‘a séduit, c’est forcément le scénario, cette promesse, qui est tenue, de grande saga familiale d’époque mais ça va même plus loin, ça navigue entre plein de genres. Je trouve qu’il y a plein d’éléments qui élèvent la série au-delà de ce qu’on pourrait en attendre. »

Le comédien se réjouissait également de travailler avec Louis Choquette, « un réalisateur canadien plein d’inventivité, qui apporter une énergie folle » et de partager l’affiche avec un joli casting, dAlice Dufour à Cristiana Reali, en passant par Claire Romain, Mathilde Seigner, Hugo Becker ou encore Benjamin Baroche.

Pour préparer son rôle, Victor Meutelet s’est forcément imprégné de l’époque : « Il y a beaucoup plus de choses à chercher que pour un rôle contemporain, il y a de la documentation. J’ai lu des livres de cette période pour me familiariser à la langue, au vocabulaire de l’époque, ça infuse progressivement en moi et j’essaie de le restituer le plus naturellement possible, confie-t-il. Après une grande partie du travail se fait naturellement grâce aux costumes, aux décors. Quand nous sommes plongés dedans, la moitié du chemin est fait. » Il ne reste alors qu’à embarquer les téléspectateurs dans cet alléchant voyage dans le temps.

« Montmartre », mini-série en 8 épisodes, dès le lundi 29 septembre (21 h15) sur TF1

« Les mauvaises langues » n’ont jamais été à court de bons mots

Les mauvaises langues ont su fidéliser un public depuis plus d'un quart de siècle.

Formé en 1998, le groupe nordiste « Les mauvaises langues » a résisté à l’usure du temps et à quelques départs. Présent depuis la première heure, le bassiste Hervé Poinas revient sur cette belle aventure à la veille de nouveaux concerts, ce vendredi 26 septembre (20 h) à l’Étoile à Mouvaux puis le samedi 4 octobre (20 h 30) au centre culturel Delafosse à Wattignies.

Hervé, on imagine qu’en vous replongeant en 1998, vous ne pouviez envisager, à l’époque, une telle longévité ?

« Non d’autant qu’on était déjà tous engagés dans une vie professionnelle et que la musique était vraiment un loisir que l’on pratiquait en amateurs, avant tout pour se faire plaisir. Aucun de nous n’était dans une école de musique ou n’avait suivi un parcours de musicien. Hormis Nicolas, le violoniste nous sommes tous des autodidactes mais, en 1998, on a tout de même eu envie de faire quelque chose de plus sérieux. On a commencé à enregistrer des petites maquettes et tout s’est emballé très vite car l’une d’elle est arrivée jusqu’aux bureaux de Vérone Productions. Ils nous avaient déjà vus lors d’un concours au Splendid, ils ont trouvé ça bien et ils nous ont proposé de travailler ensemble. Pendant un peu plus d’un an, on jonglait entre nos boulots et les concerts jusqu’à ce que ce ne soit plus possible de faire les deux. On a basculé vers un groupe professionnel. Rien n’avait été programmé mais les planètes étaient alignées. »

27 ans, 8 albums et des centaines de concerts plus tard, vous êtes toujours là. Quelle est selon vous la clef de cette réussite ?

« Déjà on a réussi à toujours maintenir une bonne communication entre nous. On a toujours su désamorcer les problèmes, les désaccords et humainement, nous étions des amis avant d’être des musiciens. Une fidélité réciproque s’est aussi installée avec l’équipe de Vérone. C’est très rare de travailler aussi longtemps avec le même producteur. Enfin, nous sommes surtout restés fidèles à ce que nous sommes. On n’a pas essayé de faire plaisir ou de faire des chose à la mode. On a continué à composer la musique que l’on aimait faire et écouter. On a appris au fur et à mesure à peaufiner notre manière d’écrire et d’être sur scène.  Chaque année qui passe, on se dit que c’est incroyable d’être encore là. »

Les mouvements au sein du groupe n’ont jamais impacté le collectif ?

« En fait, il y en a eu peu, le groupe est resté relativement stable et quand il a fallu intégrer quelqu’un, on le connaissait généralement déjà bien. Nicolas, le violoniste, a pris une pause d‘une quinzaine d’années pour mener sa carrière de musicien classique (professeur au conservatoire et musicien avec l’orchestre national de Lille) mais le lien n’a jamais été rompu et il est revenu. C’est le poste de batteur qui a le plus changé avec Benjamin (Desmalines) puis Maxence (Doussot) et, enfin, Laurent (Combes). »

Vous avez beaucoup tourné et pas seulement dans la région, vous avez même fait des concerts à l’étranger…

« Oui, en Allemagne, en Belgique, en Pologne et on a même fait une tournée d’environ un mois en Chine dans une douzaine des plus grandes villes du pays avec l’alliance française qui organisait un festival francophone. On représentait la France, il y avait aussi un Belge, une Québécoise et un Suisse. On a eu un très bel accueil, c’était vraiment magique. »

Savez-vous si dans votre public, certains sont là depuis les débuts ?

« Oui, Il y en a pas mal. Certains ont décroché puis reviennent. Certains qui étaient venus adolescents à 15 ans sont aujourd’hui parents. Il y a un noyau dur de fidèles depuis le début, on les connaît personnellement désormais, on se demande des nouvelles de nos vies respectives. On s’est fait connaître par la scène, pas par la télévision ou les réseaux sociaux, ça fidélise peut-être plus l’audience. »

Estimez-vous avoir eu la médiatisation que vous méritiez tout au long de ces années ?

« On a souvent eu cette discussion entre nous et on se dit que finalement les choses se sont bien passées. Au tournant des années 2004-2005, où on a atteint, je pense, notre climax de popularité ; je ne sais pas si le groupe aurait pu survivre à une très forte exposition. C’est plus difficile de se maintenir quand on atteint un certain niveau de succès et que ça redescend. On a pu organiser nos vies personnelles, avoir des enfants, une vie de famille. Je ne suis pas persuadé que l’on aurait pu les mener de manière aussi heureuses si on avait fait 200 dates par an en étant tout le temps sur la route. »

Vous avez toujours accordé beaucoup d’importance aux textes que vous écrivez avec Philippe Moreau ?

«  On écrit en Français parce qu’il ne vaut mieux pas qu’on écrive en Anglais (rires) mais c’est vrai qu’on aime les chansons avec un texte qui raconte vraiment quelque chose. On a toujours essayé de parler de ce qui nous entoure, des choses qu’on connaît, et de trouver un angle particulier pour aborder ces questions-là et c’est vrai qu’on a récolté une forme de reconnaissance, à la fois du public, des médias et des professionnels. Nous sommes plutôt étiquetés groupe de chansons françaises à texte. Philippe et moi, on a plutôt des influences différentes et on ne dit jamais qui a écrit quoi sur les disques. C’est toujours signé de nos deux noms et il y a très peu de gens qui arrivent à discerner qui a écrit quoi. »

Lors de vos prochains concerts, à quoi peut s’attendre le public ?

«Il y a un tiers de nouveaux titres, un tiers de classiques et un tiers d’anciennes chansons réorchestrées, remises au goût du jour et il y aura une partie du répertoire en formule orchestrale avec Laurent Deleplace à la trompette et Pierre-Joseph au violoncelle qui viendront nous accompagner. »

Avez-vous déjà imaginé la fin des « Mauvaises langues » ?

« En fait, à chaque fois qu’on fait un album on se dit que c’est le dernier. Quand a fini d’enregistrer le huitième « Étrange affaire », on s’est dit que ce serait étonnant qu’il y en ait un neuvième. Un jour, on va s’arrêter c’est sûr mais dans quelles circonstances ? Pour l’instant, on ne le sait pas. Ce qui est sûr, c’est que ça devient difficile pour les programmateurs car les budgets sont en berne partout et si à un moment il y a moins de spectacles, ce sera dur pour nous car ce n’est pas sur Tik Tok que l’on va faire notre audience et développer notre activité. »

« Les mauvaises langues » seront en concert ce vendredi 26 septembre (20 h) à l’Etoile à Mouvaux puis le samedi 4 octobre (20 h 30) au centre culturel Delafosse à Wattignies.