Après l’immobilier, Delphine Van a fait de la scène sa maison

Thaïs Vauquières sera au Spotlight avec son nouveau spectacle Fille de joie.

Il n’y a pas d’âge pour réaliser ses rêves. Delphine Van en est le parfait exemple. L’humoriste nordiste a d’abord construit sa vie dans l’immobilier pendant dix-huit ans avant de changer de cap. « J’étais à fond dans le travail, du matin au soir, avoue-t-elle. Puis, il y a eu plusieurs événements qui m’ont fait porter un autre regard sur la vie, notamment un accident de voiture en 2020. Deux mois après, c’était le premier confinement, j’ai médité et travaillé sur mes sketchs. »

En parallèle de son métier, elle avait en effet déjà commencé à écrire depuis quelques années, elle avait pris des cours de théâtre et était même montée une première fois sur scène en 2019. « ça a été un shoot d’adrénaline incroyable, j’ai tout de suite été accro, confie-t-elle. Mon côté extravertie ne passe pas trop, on me prend souvent pour une folle, alors je me suis dit que sur scène, j’allais pouvoir être moi-même. Cela dit, je pense que je ne me lâche pas encore suffisamment. »

Bercée par les spectacles de Muriel Robin, Coluche ou encore Florence Foresti, Delphine Van a revu ses priorités suite à son accident. Elle s’est lancée pleinement dans l’aventure de l’humour et même si les portes ne s’ouvrent pas toujours facilement, elle ne recule devant aucun obstacle. Elle les utilise même pour construire un spectacle basé sur les préjugés. Que vous soyez trop jeunes, trop vieux, trop coincés, trop délurés, trop sensibles, trop parfaits, vous serez tous « trop concernés » par ce spectacle intitulé « Delphine exagère ! » , dans lequel on rit beaucoup, on se laisse gagner par l’énergie communicative de l’artiste, on apprend certaines choses et on se laisse même cueillir par l’émotion dans un final aussi touchant qu’inattendu qu’on ne spoilera pas dans cet article.

« Même si c’est encore perfectible, je sais que je suis à ma place, apprécie-t-elle. Quand tu vois le bonheur que tu donnes aux gens, quand il y a une communion, un partage, tu te sens vraiment utile. »

Delphine Van sera en spectacle au Spotlight le mercredi 3 septembre (21 h). Places en vente sur https://billetterie-spotlight.mapado.com/event/296474-delphine-van-exagere

Anaysa est passée de l’autre côté de la barrière au Main Square Festival

Anaysa est passée en quelques années de festivalière à artiste au Main Square.

L’édition 2025 du Main Square Festival s’est achevée dans la nuit de dimanche à lundi sur les sons de DJ Snake, après une journée marquée par la folie sur scène de Marcel et son orchestre ou encore Mika. Le rendez-vous arrageois a quasiment fait le plein avec 112 000 spectateurs en trois jours dont 42 000 le samedi pour acclamer notamment Julien Doré, Gracie Abrams, Pierre Garnier… N’en déplaise aux nostalgiques d’un passé plus rock’n roll et international, le Main Square a séduit avec une nouvelle identité plus familiale avec une programmation qui faisait davantage la place belle aux artistes francophones : Clara Luciani, Big Flo et Oli… ont aussi attiré les foules.

Dans ce nouveau monde, le Bastion a fait sensation avec ses belles découvertes régionales d’Adahy à Sam Sauvage, en passant par Jungle Sauce, Nord/Noir ou Omar EK, des artistes qui pour certains faisaient partie des spectateurs quelques années plus tôt. C’est notamment le cas d’Anaysa, qui ouvrait la journée de dimanche.

Originaire du Sud, la jeune femme avait débarqué presque par hasard à Arras : « Je venais de m’installer sur Lille, je suis venue sans savoir qui était à l’affiche et je me souviens avoir pris une claque en regardant M. Il y avait aussi Sting et Feu ! Chatterton que j’adore. Cette année-là, je venais de vivre une rupture, je pleurais et c’est à cette période que j’ai écrit des textes que j’ai pu chanter la même année dont un où je dis justement que tout finit mais tout commence aussi par une rupture. »

Sa présence de l’autre côté de la barrière, en tant qu’artiste, cette année au Main Square a donc une saveur particulière. Révélée l’an passé grâce aux Inouïs du printemps de Bourges, Anaysa a depuis professionnalisé son projet avec le soutien de sa manageuse Camille Bailleux, directrice de l’association Dynamo qui accompagne le développement d’artistes dans la région.

Formée au classique, par la volonté de ses parents qui l’avaient inscrite au conservatoire, elle a grandi avec le groupe Fauve avant de se tourner vers Damien Saez ou MPL qui ont influencé sa manière d’écrire.

Après deux EP sortis très rapidement en 2023, Anaysa a tout repris ou presque à zéro : « Ce n’était pas mixé, il n’y avait pas la matière, sourit-elle. L’ennemi des artistes c’est l’impatience et là j’ai commencé à construire une vraie équipe autour de moi, j’ai une direction artistique plus pop-électro que par le passé, des sonorités plus rap mais je continue à écrire et à composer seule, c’est comme mon journal intime. Dans mon prochain EP, qui devrait sortir début 2026, il y aura toutefois un peu moins de chansons d’amour », précise-t-elle.

Le single « Tu t’en tapes », sorti récemment, annonce la couleur et à défaut d’attirer l’œil des professionnels, Anaysa espère que son passage au Main Square aura séduit un nouveau public. Elle pourra en juger à son retour sur scène, sans doute au mois de novembre.

Tellement de « love » sur le Main Square Festival

Julien Doré a amené son grain de folie à Arras. @ Mainsquare Festival 2025- Jerome Pouille
Pierre Garnier a fait un carton plein au Main Square. (c)Photo Main Square Festival 2025

Pendant près d’une heure et demie, Julien Doré a embarqué, samedi soir, les près de quarante mille spectateurs, qui avaient investi la citadelle d’Arras, dans son univers hypnotique, sensuel et un peu barré. « Dans ce monde de zinzin, c’est incroyable de pouvoir encore vivre des moments comme ça, merci pour tout cet amour », s’est-il exclamé en contemplant l’immense foule venue l’écouter. Charmeur, séducteur, il a enjoint le public tantôt à se détendre, tantôt à faire la fête, l’invitant même à se lancer dans une grande chenille sur sa version revisitée de la contine enfantine « Les crocodiles ».

Un peu plus tôt dans l’après-midi, c’est une « Green Room » plus que pleine à craquer qui a accueilli un autre ancien lauréat d’une émission télévisée musicale, en l’occurrence Pierre Garnier. Dans la foulée de la révélation britannique Alessi Rose, le lauréat de la Star Academy 2024, véritable phénomène en salle depuis sa sortie du château de Dammarie-les-Lys, a pu mesurer son incroyable cote de popularité.

« C’est incroyable ce que je vis depuis bientôt deux ans grâce à vous, je prends un kiff monstreux grâce à vous », a-t-il indiqué à un public qui connaissait chacun de ses titres sur le bout des doigts avec bien sûr un final étourdissant avec le tube qui l’a fait éclore « Ceux qu’on était », hurlé à pleins poumons par les chœurs d’Arras.

Une bonne bouffée d’émotions avant de se laisser toucher par les bonnes vibrations, la grâce et la voix sublime de Gracie Abrams. La Californienne, nouvelle star de la pop, figurait parmi les artistes les plus attendus de cette édition. Elle n’a pas déçu, créant une vraie interaction avec le public nordiste.

Après un tel déferlement de bons sentiments, la soirée s’est achevée sur des rythmes plus endiablés avec les sonorités house et électro de Folamour et Martin Garrix en espérant que l’ultime journée marquée par les concerts de Mika, Marcel et son orchestre, Franglish, Lanomali, L’impératrice ou encore DJ Snake ne soit pas trop perturbée par la pluie.

« J’ai l’impression d’être faite pour la foule », assure Alessi Rose

Alessi Rose, une belle découverte pour le public arrageois. @ Mainsquare Festival 2025-Jerome Pouille

Un week-end au Main Square Festival, c’est toujours l’occasion de venir voir quelques-uns de ses artistes préférés mais c’est aussi une opportunité de faire de belles découvertes musicales. Jusqu’à ce que l’on consulte la programmation de cette édition 2025, on vous avoue qu’on ne connaissait pas la Britannique Alessi Rose. A en juger par le nombre de fans qui connaissaient par cœur les paroles de ses principaux titres, nous étions passés à côté de quelque chose. On a donc voulu creuser un peu le sujet. Entretien avec une jeune femme à laquelle plusieurs spécialistes prédisent un grand avenir…

Alessi, était-ce votre premier concert en France ?

« Non, j’étais récemment à Paris, aux Étoiles, pour la dernière date de mon « For your validation Tour. Je devais venir une première fois mais j’étais malade et on a donc dû reprogrammer la date du concert. Ça a créé une forme d’impatience et le public était du coup incroyablement enthousiaste. C’était magnifique. »

Aviez-vous déjà entendu parler du Main Square Festival ?

« Pas vraiment mais quand on m’a annoncé que j’y venais et la liste des autres artistes qui seraient présents, j’étais très honorée d’être parmi eux. Et je dois dire que j’adore cet endroit, c’est vraiment cool. »

Est-ce un sentiment différent de se retrouver dans un Festival par rapport à un simple concert ?

« Totalement. Faire un concert en étant la seule tête d’affiche c’est toujours une sensation indescriptible car tout le public est là pour toi et chante chaque mot de tes chansons mais j’adore aussi les festivals. C’est spécial de voir des gens qui ne te connaissent pas forcément, qui assistent au concert et qui repartent en étant fan de votre musique. C’est vraiment un défi de conquérir un nouveau public et j’aime aussi beaucoup jouer en plein jour sur une grande scène, je m’y sens à l’aise. »

Comment avez-vous vécu cette transition entre le moment où vous étiez dans votre chambre à poster vos chansons sur les réseaux sociaux et les concerts sur des grandes scènes devant énormément de public ?

« Quand j’étais enfant, j’avais un trac terrible mais aujourd’hui, je me sens plus forte grâce au regard des gens, je suis très motivée de me produire devant un public ; c’est excitant, j’ai l’impression d’être faite pour la foule. »

Pouvez-vous nous parler de votre dernier EP, « Voyeur », des thèmes que vous souhaitiez y aborder ?

« Oui, il sort dans quelques semaines. C’est mon troisième EP, j’ai acquis une certaine confiance au fil de la création des deux premiers et j’ai l’impression d’arriver au moment où j’ai pleinement embrassé l’idée d’être une artiste et plus simplement une jeune fille qui écrit des chansons dans sa chambre. Le titre « Voyeur », évoque le fait d’être observé, la façon dont j’accepte que les gens me regardent. Je sais que certains m’aiment, d’autres me détestent mais je vais continuer à diffuser ma musique et voir comment les gens la perçoivent. Je suis fière de mes chansons, je n’avais pas travaillé en studio avant mes 19 ans mais je suis désormais capable de dire ce dont j’ai envie à un producteur. »

Pouvez-vous expliquer votre processus créatif, avez-vous besoin de peu ou beaucoup de temps pour écrire et composer ?

« C’est assez partagé. Je me souviens avoir écrit « Take it or leave it » chez moi, au piano, pendant les vacances de Noël et puis je suis allée présenter la chanson à mon équipe à Los Angeles en janvier et on l’a terminée en une heure mais pour d’autres chansons comme « That Could Be Me », pendant un an et demi, elle ne me semblait jamais vraiment parfaite. Il y a eu un long processus de retouches pour la finaliser. Quand on me demande comment tu écris tes chansons, je réponds : « J’ai vraiment l’impression que tout arrive en même temps, sans vraiment être là quand ça arrive. » Et je me réveille et je me dis : « Il y a une chanson là. » En général, j’écris tout mais depuis que j’ai déménagé à Londres et que j’ai commencé à monter une équipe autour de moi, j’ai commencé à travailler avec quelques personnes qui comprennent mon fonctionnement. Je suis très exigeante, j’ai besoin d’avoir toujours l’impression que c’est moi qui ai écrit car j’ai une façon très particulière de dire les choses. »

On parle de vous comme étant la nouvelle Taylor Swift. Est-elle une source d’inspiration et quels sont les artistes avec lesquels vous avez grandi ?

« Je ne pense pas qu’il puisse y avoir une nouvelle Taylor Swift, elle est unique mais je l’adore, mon père aussi, elle fait donc sans aucun doute partie de mes inspirations. J’ai grandi avec Kate Bush et sa voix incroyable. Je suis également une grande fan de Madonna, tellement créative et toujours capable d’imaginer de la bonne pop, de se réinventer constamment. J’adore aussi Lorde dont le dernier album vient de sortir. J’adore les femmes un peu excentriques. »

Et du côté des artistes francophones ?

« J’aime beaucoup Angèle et Vanessa Paradis. »

Vous avez fait la première partie de Dua Lipa à Wembley, quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?

« J’étais étrangement calme, tout le monde se demandait pourquoi je ne paniquais pas. En fait j’étais tellement honorée de vivre cette expérience, tellement excitée de faire ça, ça me semblait tellement enrichissant de jouer dans ce stade immense en attendant un jour d’être, à mon tour, la tête d’affiche d’un concert aussi grandiose. »

Big Flo et Oli ont fait trembler le Main Square

Big flo et Oli ont mis le feu au Main Square. @ Mainsquare Festival 2025 - Jerome Pouille
Dasha   fut la première à enflammer la scène principame vendredi. @ Mainsquare Festival 2025

« Ici, ici, c’est le Main Square », « Ici, ici, c’est le Main Square ». Il n’a pas fallu pousser bien longtemps les spectateurs de cette journée d’ouverture du Main Square Festival pour se laisser embarquer par l’énergie communicative de Big Flo et Oli. Les frangins toulousains, déjà passés il y a quelques années, par Arras, ont véritablement mis le feu sur la scène du Main stage avec une set list mixant des titres de différentes époques de leur carrière.

Avec une scénographie soignée et l’apparition d’un grand monstre violet gonflable en plein milieu du concert, ils ont su fédérer les différentes générations, notamment avec « Coup de vieux ». Malicieux, ils ont multiplié les appels du pied pour rallier à leur cause les fans du groupe de métal américain Deftones qui attendaient leurs chouchous programmés un peu plus tard dans la soirée sur la scène principale. « Même vous les fans de Deftones vous connaissez les paroles », lança ainsi Big Flo avant d’attaquer leur premier tube « Dommage », auquel ils ont ajouté quelques couplets pour évoquer la Palestine et lancer un message de paix.

Les deux frangins, habitués aux grosses ambiances, ont visiblement été eux-mêmes bluffés par celle du public nordiste dont ils n’ont cessé de challenger la réputation : « La légende dit que le meilleur public de France est dans le Nord », avait d’entrée clamé Big Flo pour chauffer l’assistance. « On aurait aimé rester plus longtemps mais on doit respecter les horaires », regrette Oli, qui s’offrit tout de même quelques passages au sein de la foule dont un ultime pour aller escalader l’échaffaudage faisant face à la scène principale, à la grande inquiétude de son grand frère mais pour le plus grand bonheur des fans, nullement éreintés par cette heure passée à jumper, chanter et taper des mains.

Dès le début de la journée, une foule moins nombreuse n’avait pas eu besoin du soleil pour se chauffer et se trémousser en assistant au show de Dasha, une chanteuse américaine, alternant musique pop et country, très généreuse dans l’interaction avec un public qu’elle n’attendait pas forcément si réceptif. « Je ne m’attendais pas à ce que vous soyez aussi chaud, je réalise mes rêves de petite fille », indiqua-t-elle, amusée également par les regards énamourés de certains festivaliers qui découvraient la jeune artiste de Nashville dans le Tenessse « Tu as le cœur qui va exploser pour moi ? », « j’adore voir les regards plein d’amour des Daddy’s »

De l’amour, il y en eut aussi énormément lors de la prestation en fin d’après-midi de Clara Luciani, « tellement heureuse d’être enfin programmée dans ce grand festival ». Dès les premières notes de ses plus grands titres, le public se mit au diapason. L’artiste glissa un bel hommage à Françoise Hardy mais sans surprise c’est en dégoupillant sa « Grenade » qu’elle fit littéralement exploser le Main Square.

Des moments de liesse dont rêvent les jeunes talents régionaux programmés, quelques mètres plus loin, au Bastion. Hamada, Adhay, Jungle sauce ont eux aussi déjà une communauté d’aficionados qui ne demandent qu’à grandir et nul doute que leurs passages, vendredi, dans ce Festival favorisera cette croissance.

Julien Doré, Folamour, Gracie Abrams, Martin Garix ou encore Pierre Garnier prennent le relais ce samedi pour une deuxième journée que l’on espère tout aussi enthousiasmante.