Eric Gregor s’est aventuré sur les traces de Roger Salengro

Eric Gregor, vainqueur du premier prix du roman régional décerné par le Lions Club du Nord.

Planète Lille était ce week-end au salon du livre de Bondues. L’occasion d’échanger avec quelques auteurs présents et ainsi de vous suggérer quelques idées de lecture au fil des prochains jours et des prochaines semaines. Aujourd’hui, nous vous parlons de Meurs, vieux lâche !, premier prix du roman régional 2025 de la section Nord du Lions Club.

Le troisième roman d’Eric Gregor, représentant d’imprimerie, nous emmène sur les traces de Roger Salengro. « Il y a des rues dans toutes les villes, des salles de sports, des hôpitaux à son nom mais généralement les gens ne savent pas dire qui c’était, s’amuse l’auteur. On a complètement oublié qu’il était maire de Lille en 1925, qu’il a été le premier ministre de l’intérieur du gouvernement du Front populaire de Léon Blum, et qu’il s’est suicidé en 1936, à la suite d’une grosse campagne de calomnies. »

L’auteur a décidé de découper son ouvrage en deux parties : « La première concerne le reproche qui lui a été fait d’avoir déserté, de s’être laissé capturer durant la première guerre mondiale, précise-t-il. La seconde concerne les heures qui précédent son suicide. La veille, il attendait encore la visite de Léon Blum pour inaugurer la Foire Expo de Lille. » Un bâtiment qui n’existe plus aujourd’hui mais qu’Eric Gregor fait remonter dans nos mémoires, tout comme de nombreux endroits que Roger Salengro a fréquentés. Il nous emmène ainsi du côté du Boulevard Carnot où l’homme résidait, évoque l’église Saint-Maurice, la mairie de Lille que Salengro a faite construire.

« Tous les faits historiques sont vrais mais j’ai créé toute l’histoire qu’il y a autour.  Il y a des personnages qui ont réellement existé et d’autres que j’ai inventés. J’ai aussi choisi de raconter la petite histoire pour éviter de faire une biographie. D’autant qu’il en existe déjà quelques-unes. » Un choix qui lui a donc permis de décrocher le premier prix du roman régional décerné par la section Nord du Lions Club. Une jolie récompense pour ce natif de Roubaix, qui a commencé par écrire « un peu par accident ».

Invité quelques mois avant la pandémie de la Covid comme conférencier sur la franc-maçonnerie, il a fini par en faire un livre. « L’idée de départ c’était de compiler tous les éléments de la conférence et j’ai pris goût à en faire un livre. Dedans, je parlais de Joseph Guillotin, à qui l’on attribue à tort l’invention de la guillotine et du coup j’ai ensuite fait un roman historique sur ce personnage. »

Le virus de l’écriture contracté, Eric Gregor ne s’est, depuis, plus arrêté. Un autre ouvrage est déjà en cours mais pour en connaître le sujet, il faudra encore s’armer de patience. L’homme préfère pour l’instant le garder secret.

« Meurs, vieux lâche ! » par Eric Gregor. The Book Edition. 216 pages. Prix : 15,90 €.

Jeanne Mas : « Il valait mieux être une artiste des années 1980 »

Jeanne Mas est de retour sur les scènes françaises, elle sera ce dimanche 23 mars au théâtre Sébastopol de Lille.

Star du hit-parade dans les années 1980, avec des tubes comme En rouge et noir, Toute première fois ou Johnny Johnny, que l’on continue plus de quarante après à entendre dans nombre de soirées, Jeanne Mas n’a jamais cessé de faire de la musique. Son dernier album « Mon elixir » est dans les bacs et une tournée en province a été mise sur pied pour fêter ses 40 ans de carrière, avec notamment un passage ce dimanche 23 mars (17 h) au théâtre Sébastopol. Planète Lille a pu rencontrer la chanteuse et l’interroger sur ses projets, ses retrouvailles avec le public et son regard sur l’évolution de l’industrie musicale.

Jeanne, vous n’aviez plus fait de tournées en France depuis un moment, comment avez-vous appréhendé ce retour ?

« J’avais fait quelques dates à Paris l’an passé mais c’est vrai que ça faisait tellement longtemps que je n’étais plus allée en province. Cette tournée était importante car je voulais revoir ce public pour fêter mes 40 ans de carrière et, surtout allez voir les gens chez eux. Alors forcément, il y a toujours du stress parce que l’on a envie de bien faire et on se demande si on va être à la hauteur des attentes. »

Cette tournée passe dimanche par le théâtre Sébastopol à Lille. Quels souvenirs gardez-vous de vos concerts dans le Nord ?

« Toujours une immense émotion car c’est un public extrêmement chaleureux. Les gens sont toujours très accueillants. »

A quoi doit s’attendre le public ce dimanche ?

« Il y aura déjà tous les tubes que les gens connaissent et que l’on partage de nouveau. Il n’y a pas grand-chose du nouvel album parce qu’il fallait surtout choisir pour ces quarante ans de chansons des titres qui ont représenté quelque chose dans ma carrière. Il y a Angela (l’art des femmes), S’envoler jusqu’au bout, Shakespeare. C’était compliqué de choisir. »

Est-ce que la préparation de ce spectacle a été l’occasion de poser un regard sur vos 40 ans de carrière ?

« Oui, en réécoutant certaines chansons, je me suis dit qu’il y en a plusieurs que je n’ai jamais faites sur scène et certaines que je n’ai pas faites souvent. Il y avait aussi l’envie de chanter, de nouveau, certaines chansons. Les choix se sont faits aussi en accord avec mes musiciens, c’est un travail d’équipe. »

Est-ce que ça vous épate de constater que certains de vos tubes traversent les décennies, les générations ?

« J’ai été très présente dans les années 1980, moins à partir des années 1990. Je suis partie aux États-Unis mais je crois tout simplement qu’à un moment les chansons ne vous appartiennent plus, elles font partie de la vie du public, de la vie de chacun. C’est ça qui est formidable et je suis fière d’avoir pu composer des chansons qui traversent le temps et qui ne sont pas si démodées que ça. En réécoutant Johnny Johnny l’autre jour à la radio, j’ai réalisé qu’elle avait encore sa forme de modernité. Ses arrangements étaient très recherchés et sont encore très actuels. Aujourd’hui je suis plus dans la musique électronique mais je crois que les fans ont aimé Andalouses sur mon dernier album car il y a un son électronique avec une sensation des années 1980. En plus ma voix est très similaire à celle de l’époque. »

Vous ne faites pas beaucoup de chansons du nouvel album, ça signifie qu’il n’y avait pas de corrélation entre sa sortie et cette tournée ?

« Non, ce sont des projets différents. Il n’était pas question de l’album quand on a décidé la tournée mais en rentrant chez moi aux États-Unis après les concerts de 2024 à Paris, j’étais épuisée et puis peu à peu pour combler le vide vu que j’avais un an devant moi je me suis remise à travailler, j’avais envie de créer des nouveautés et l’album est né spontanément. J’ai hésité à le sortir car je me disais qu’il était trop différent de ce que je faisais avant, que ça pouvait déstabiliser les gens mais c’est dans mon tempérament d’oser. Les fans ont été déconcertés par le premier single, Nous, qui est très électronique mais par la suite avec Les vieux amant, les gens ont adhéré. L’album a fait son chemin, ça me touche de parvenir à conquérir les cœurs en ayant cette indépendance, cette liberté artistique. »

Vous abordez pas mal de thèmes différents sur l’album, vous ne cherchiez pas spécialement un fil directeur ?

« Non, ce qui me tenait à cœur c’était d’amener une nouvelle forme d’arrangements. Je partais d’une séquence, une ritournelle et je construisais autour en y posant mes textes et ma mélodie. Ça a été une nouvelle forme de créativité. »

Vous avez annoncé que ça pourrait être votre dernière tournée mais est-ce que vous continuerez la musique ou est-ce que vous aimeriez expérimenter de nouvelles choses ?

« J’adore faire rire, donc peut-être qu’un jour, je reviendrai avec une comédie. Partager le rire, c’est comme partager la musique, ça fait du bien. J’adore les comédies, on a tellement besoin de rire, ça guérit et on digère mieux, paraît-il. En fait, je ne sais pas ce que je vais faire demain. Pour l’instant, je me consacre à cette tournée, au bien-être que me procure l’échange avec le public. En début de carrière, on vit tellement de choses qu’on ne savoure peut-être pas l’instant qu’on partage et c’est justement un peu l’objectif de cette tournée : savourer, chaque salle, chaque ville. La vie passe très vite, il faut vivre chaque instant. Quand on est jeune, on a envie de tout avoir, de tout vivre, on ne réfléchit pas, on se lance et c’est très bien comme ça mais on réalise à 40 ans à 50 ans puis à 60 ans qu’on n’a pas pris le temps et donc maintenant je savoure. »

Comment avez-vous vécu l’évolution de la musique, de son industrie ?

« Très mal. J’arrive d’une époque, les années 1980, où on avait des tas d’émissions de variété, où on pouvait venir faire notre métier. Aujourd’hui, c’est du marketing et je n’aime pas me vendre, exposer ma vie personnelle. Mon métier c’est écrire, composer et chanter car je suis avant tout une interprète. On avait les radios mais tout est en train de disparaître pour le streaming où les gens dépensent une petite somme chaque mois et nous on ne gagne rien. Si ça rend les gens d’aujourd’hui heureux, je m’adapte mais je ne m’adapterai pas trop longtemps. En plus, produire un album coûte assez cher, il faut payer les musiciens, les arrangeurs, les studios. Alors c’est vrai qu’on arrive à travailler avec le monde entier depuis chez soi à travers le web mais il manque cette chaleur que l’on avait quand on était en studio. Il valait mieux être une artiste dans les années 1980 qu’en 2020.  Tout est devenu compliqué pour les jeunes. Pour vivre de sa passion, il faut partir en tournée mais c’est compliqué aussi pour le public car tout augmente et c’est un sacré budget pour aller voir un spectacle, surtout si on a des enfants. » 

Jeanne Mas, en concert ce dimanche 23 mars (17 h) au Théâtre Sébastopol de Lille

« Heure exquise ! » ou l’art de valoriser des œuvres méconnues

Heure Exquise ! diffusera le documentaire The Nomi song sur Klaus Sperber dans le cadre de son cycle LGBTQIA+ au mois de mai.

Créée en 1975 à l’initiative d’un collectif d’artistes, l’association Heure Exquise ! se donne pour mission depuis cinquante ans de distribuer, programmer et préserver des œuvres d’art vidéo et des documentaires, ce qui lui permet de posséder aujourd’hui un catalogue de plus de 4 000 œuvres. Depuis une vingtaine d’années, elle organise également une saison culturelle avec des structures partenaires comme Le Fresnoy à Tourcoing ou le Flow à Lille mais l’essentiel des projections, conférences et masterclass s’effectue dans ses murs au Palais des Beaux-Arts.

Le cycle dédié à la danse en début d’année trouve actuellement son prolongement avec le cycle Disco Stories entamé depuis deux semaines. Ce vendredi 21 mars (19 h 30), au Palais des Beaux-Arts, le journaliste musical Laurent Rieppi fera ainsi une conférence sur la carrière de Nile Rodgers, guitariste du groupe Chic, qui a collaboré comme producteur ou musicien à de nombreux succès de Madonna, Duran Duran ou encore David Bowie. Le mercredi 2 avril, même heure, même endroit, ce sera au tour d’un autre journaliste culturel, Olivier Pernot, d’animer une conférence sur l’âge d’or du Disco. Elle sera suivie d’une after party au Soultrain café, également situé boulevard de la Liberté.

En charge de la programmation, Véronique Thellier et Thierry Destriez, recommandent aussi vivement le film indien « Disco Dancer » de Babbar Subhash, le mardi 3 juin 19 h 30) au Palais des Beaux-Arts, un film « boule à facettes » qui devrait faire fonctionner vos zygomatiques.

Après avoir rendu hommage, début mars, à l’une des figures majeures de l’art vidéo, Bill Viola, décédé en juillet ; l’équipe d’Heure Exquise ! a aussi mis en place un voyage d’environ deux heures, le mercredi 30 avril (19 h 30) au Palais des Beaux-Arts, au sein de sa collection avec la diffusion de différents documentaires de pionniers de l’art vidéo comme Robert Cahen, Klaus Vom Bruch, Pascal Lièvre ou encore Jean-François Guitton, professeur d’art vidéo dans une université allemande à Brême, en présence du dernier nommé.

« Ce qu’on aime, c’est diffuser des documentaires qui ont été très peu montrés, pas du tout, ou même des inédits, ça représente un travail de recherche assez conséquent, puisque il faut trouver le film, le distributeur, ou l’ayant droit, une version sous-titrée si elle existe. Ça peut demander jusqu’à deux ans d’enquête », précisent les membres de l’association.

La saison 2025 s’achèvera avec un cycle LGBT+ au mois de mai avec une nouvelle conférence de Laurent Rieppi sur la place de la communauté Queer dans la musique, le mercredi 28 mai (19 h 30, Palais des Beaux-Arts). Une carte blanche a été offerte aux programmatrices de l’association Our Story  et parmi les projections annoncées, celle du documentaire primé, « The Nomi Song » d’Andrew Horn, sur la brève mais fulgurante carrière de Klaus Sperber, un chanteur allemand découvert par David Bowie, le mardi 27 mai (19 h 30, Palais des Beaux-Arts).

Parmi les rendez-vous à ne pas manquer, on citera, enfin, le mercredi 23 avril (19 h 30, Palais des Beaux-Arts), la projection de « Sound track to a coup d’Etat » de Johann Grimonprez, nommé aux Oscars cette année, un film qui parle de la façon dont la CIA et les États-Unis manipulaient les artistes, notamment les musiciens de jazz comme Louis Armstrong ou Nina Simone, pour défendre leurs intérêts à travers le monde.

Retrouvez toute la programmation sur le site internet www.heure-exquise.org

Du Splendid au Zénith, la fulgurante ascension de Thomas Marty

Thomas Marty revient à Lille, ce mercredi 19 mars, avec son premier spectacle, mais cette fois au Zénith.

Il n’en a pas encore terminé avec la tournée de son premier spectacle « Allez, la bise », que le prochain est déjà sur les rails. Attendu ce mercredi 19 mars (20 h) au Zénith de Lille, l’humoriste Thomas Marty vient d’annoncer qu’il jouera le prochain au théâtre Sébastopol le 30 avril 2026.

« Il est annoncé mais je n’ai pas encore fini de l’écrire, sourit-il. J’ai toujours fonctionné comme ça, au moins ça ne me laisse plus le choix, il faut que j’avance. » Sur la route du succès, l’artiste n’a pas traîné en chemin. Pour son premier spectacle, il sera passé du Splendid au théâtre Sébastopol pour finir donc ce mercredi au Zénith : « Je suis trop content de cette évolution, avoue-t-il. Déjà, quand j’ai commencé, 400 places au Splendid, ça me semblait beaucoup alors quand on a parlé du Sébastopol, je me suis demandé comment on allait remplir les 1 300 places. Finalement on a ajouté une deuxième date et là on fait le Zénith c’est exceptionnel. »

Des chiffres qui explosent, ça ne devrait pourtant pas impressionner cet ancien employé de banque qui a tout plaqué en 2020 pour se consacrer à l’humour. La pandémie lui a permis de se faire un nom sur les réseaux sociaux avec des vidéos qui cumulent les millions de vues. Le passage sur scène fut également rapidement un succès : « Un spectacle familial où je raconte ma vie de jeune trentenaire qui emménage avec sa copine, ma décision d’arrêter la banque, l’évolution des rapports avec mes parents et avec mon frère et au final des tas de gens se reconnaissent dans mes anecdotes car on vit tous un peu les mêmes choses », poursuit-il.

Élu mec le plus drôle de l’année 2024 par les internautes sur le site Billet Réduc’, Thomas Marty peut désormais appréhender sa carrière plus sereinement : « L’intégration dans ce milieu de l’humour s’est faite assez naturellement mais j’étais toujours en stress dans l’attente des taux de remplissage des salles. Là, j’espère avoir fidélisé un public et j’essaie donc de prendre un peu de recul sur ça pour me concentrer pleinement sur mes textes. »

Pas question pour autant de se reposer sur ses lauriers, il sait à quel point tout peut vite évoluer dans un sens comme dans l’autre. « Je suis toujours obligé d’être présent sur les réseaux, de poster des vidéos régulièrement, assure-t-il. Pendant mon voyage de noces, ma femme m’avait demandé de mettre le frein pendant quelques semaines. Je n’en ai quasiment pas fait un mois, j’ai tout de suite vu les conséquences, je n’ai pas pris de nouveaux abonnés et en parallèle de nouveaux talents étaient en train d’exploser. Il faut non seulement être présent mais aussi ne pas servir la même chose dans les vidéos que dans les spectacles, ça réclame une double écriture et il faut aussi faire attention à ne pas s’enfermer dans un sujet, toujours amené des nouveautés. »

Ravi de retrouver le public du Nord qu’il affectionne, après un passage il y a quelques semaines lors du festival Lillarious, Thomas Marty vient donc délivrer une dernière fois son premier spectacle à Lille, un show qui a énormément évolué depuis son premier passage au Splendid. De quoi surprendre même les plus assidus de ses fans.

Thomas Marty est en spectacle ce mercredi 19 mars (20 h) au Zénith de Lille. Il reviendra avec son nouveau spectacle au théâtre Sébastopol le 30 avril 2026.

«  À l’ombre de Winnicott » ou les mystères d’un étrange manoir

Le dernier livre de Ludovic Manchette et Christian Niemiec;

Planète Lille était ce week-end au salon du livre de Bondues. L’occasion d’échanger avec quelques auteurs présents et ainsi vous suggérer quelques idées de lecture au fil des prochains jours et des prochaines semaines. On commence par le roman «  À l’ombre de Winnicott » écrits à quatre mains par Ludovic Manchette et Christian Niemiec.

Pour leur troisième roman en commun, les deux hommes vous embarquent en Angleterre au début du XXe siècle chez les Montgomery, qui habitent un immense manoir du XVIIe à l’architecture assez austère. La famille accueille une préceptrice française, Viviane Lombard, pour s’occuper de leur fils aveugle George. Les méthodes peu académiques de la jeune femme vont rapidement susciter des conflits avec les parents, notamment la mère Lucille, mais aussi avec le personnel du manoir. « Pour elle, le fait que George soit aveugle n’est pas un problème et elle l’encourage à vivre sa vie, à s’épanouir ailleurs qu’entre les murs du manoir alors que sa mère qui le surprotège s’efforce de le maintenir au sein de la maison, n’hésitant pas à lui raconter que le lac qui entoure le manoir est peuplé de monstres pour éviter qu’il ne s’en approche et prenne le risque de se noyer, expliquent les auteurs. Viviane se heurte aussi rapidement au majordome en lui faisant bien comprendre qu’elle ne reçoit d’ordres de personne. Son arrivée est perçue comme une vraie intrusion par le personnel qui se méfie de cette femme issue d’un peuple qui a guillotiné son propre roi ».

Le personnage de Viviane Lombard a été inspirée par la photographe de rue américaine, Vivian Maier, qui était elle aussi une nounou très atypique. L’idée d’un enfant aveugle est venue de Ludovic Manchette. « J’habitais durant ma jeunesse en face d’un centre pour déficients visuels et j’avais été très marqué par tous ces garçons et ces filles que je voyais en train d’appendre à marcher avec une canne, explique-t-il. Avec Christian, on a tout de suite vu le potentiel de ce garçon qui pourrait entendre et ressentir des choses, sans savoir s’il y a vraiment quelqu’un dans la pièce avec lui. » Car, et c’est là tout le nœud de l’intrigue, il n’est pas le seul dans ce manoir, réputé comme hanté, à entendre et sentir des choses sans ne rien voir.

Que s’est-il passé  ? Y-a-t-il toujours quelque chose ou quelqu’un d’invisible dans cette vieille bâtisse. Comment chacun réagit aux éléments étranges qui surviennent et quel impact tout cela va-t-il voir sur un couple qui s’aime toujours mais qui est déjà fragilisé par des difficultés de communication et l’absence récurrente du père, Archibald, un archéologue régulièrement en déplacement pour son travail ?

« À l’ombre de Winnicott », éditions du Cherche-midi. Par Christian Niemiec et Ludovic Manchette Prix : 22,50 €