L’artiste révélée, il y a trente ans, par le titre devenu tube « Juste quelqu’un de bien », vient de sortir en digital (la version physique sera disponible le 15 novembre), un nouvel album intitulé Pantoum inspiré par des poèmes dont la lecture lui a procuré des émotions. Explications…
Comment est née cette idée ?
« Je n’étais pas particulièrement une lectrice de poésie, j’en goûtais de temps en temps mais certains poètes m’avaient laissée sur cette sensation que ce n’était pas très facile d’accès. Et puis un auteur avec lequel j’adorais travailler est décédé, je ne pouvais plus lui demander des chansons et je suis donc allée chercher dans des recueils de poésie. J’ai lu Anna de Noailles et Marie Noël, deux femmes différentes mais intenses dans la manière d’appréhender les choses. Leur regard sur les choses et leur manière de l’écrire m’ont plu. Je me suis dit que l’on pouvait passer de la passion, à la plénitude, l’inquiétude ou le chagrin. Initialement, je pensais que ce serait uniquement pour la scène et finalement on a décidé de faire cet album. »
Vous avez retenu Frida Kahlo, Marguerite Yourcenar, Victor Hugo mais aussi des auteurs moins connus. Comment avez-vous procédé pour faire le choix parmi des milliers de poèmes ?
« Ça a été un travail colossal, je fonctionnais au coup de cœur, j’en mettais de coté et je me disais à telle période, il faudra avoir tant de chansons pour réaliser une première ébauche. Ça m’a obligée à chercher des parallèles entre les poètes et les thèmes de leurs écrits, ça m’a aidée à structurer mes recherches et mes pensées. Plus j’avançais plus le cadre s’élargissait, ça a été un travail de six années et on n’a, bien sûr, pas pu tout mettre. On a créé un spectacle puis j’ai demandé à mon producteur s’il voulait bien l’enregistrer. »
La mise en chansons des différents textes a-t-elle parfois posé problème ?
« Ce n’était pas donné à l’avance, j’avais proposé quelques textes à des compositeurs qui se cassaient les dents dessus et puis on a travaillé avec Hélène Weissenbacher et Romain Didier que je connais depuis de nombreuses années, ils ont fait le reste, ils ont été très productifs. »
Un deuxième opus est-il déjà dans un coin de votre tête ?
« Si Pantoum a du succès, évidemment que j’aurais envie de continuer. Le spectacle comporte d’ailleurs d’autres musiques qui n’ont pas été enregistrées car sinon il y aurait eu trop de titres sur l’album. »
Sur scène, vous êtes avec Hélène Weissenbacher au piano et Delphine Gosseries au violoncelle, il y avait une volonté de créer une atmosphère intimiste ?
« C’est l’amitié qui a parlé avant tout, ce sont des femmes qui pratiquent la musique de chambre. Les instruments et les arrangements font qu’il y a beaucoup de couleurs possibles. Nous sommes amies, j’adore leur mentalité, leur manière de jouer. »
Vous serez en concert au théâtre de la Tour Eiffel, le 19 novembre. Une tournée est-elle prévue avec un passage dans le Nord ?
« Ça dépendra de beaucoup de choses : du relais effectué par les médias, de la gourmandise du public mais aussi de l’accueil des théâtres qui peuvent parfois être inquiets de ne pas remplir. L’idée de la poésie peut faire peur à certains mais j’ose croire que mon nom d’artiste est associé à une certaine accessibilité et je l’espère à de la qualité. »
Un petit mot pour finir sur votre chanson la plus connue, « Juste quelqu’un de bien », qui fête ses trente ans. Pouviez-vous imaginer lorsque vous l’avez enregistré que ça pourrait être un tel tube ?
« Pas du tout, bien malin est celui qui est capable de savoir ça. Les producteurs ont bien sûr des convictions sur des artistes ou des chansons mais ça ne suffit pas. Elle m’accompagne depuis le début de ma carrière, c’est une belle chanson pleine de sens qui parle à la majorité des gens, facile à comprendre et à aimer, avec des propos sensés et bienveillants ».