Passionné de films de prisons comme Les évadés, Au nom du père ou encore Le prophète, Grégory Boutboul rêvait depuis un moment de réaliser une comédie dramatique en milieu carcéral : « Je voulais mêler émotion et comédie dans un milieu qui ne s’y prête pas au premier abord, confie-t-il. Ce film a été inspiré par plusieurs histoires vraies et notamment les témoignages d’un aumônier juif qui avait célébré des fêtes de Pâques avec des détenus juifs et musulmans. J’ai adoré ce message de fraternité. »
Neuilly-Poissy, c’est l’histoire de la chute aux enfers de Daniel (Max Boublil), propriétaire d’une chaîne de restaurants qui mène la grande vie et qui suite à des malversations financières se retrouve en prison, dans un monde opposé au sien, dont il ne connaît pas les codes et où, en tant que juif, il va devoir apprendre à se faire une place au milieu des autres détenus (Malik Amraoui, Steve Tientcheu…) de différentes communautés et religions avec le soutien d’un aumônier (Gérard Jugnot) et d’une surveillante (Claudia Tagbo).
« Mon personnage est un gars qui se lève le matin dans un 300 m² aux côtés de sa femme (Mélanie Bernier, que Max Boublil retrouve ainsi dix ans après Les gamins) et qui se couche, le soir dans une cellule de 9m2 avec des gars moches ». Un passage du rêve au cauchemar qui paradoxalement va le sortir changé et grandi de cette expérience. Cette évolution était intéressante à jouer. »
Afin d’être le plus juste possible, le réalisateur Grégory Boutboul s’est beaucoup renseigné sur l’univers carcéral et a même pu bénéficier de conseils de certains comédiens, eux-mêmes ancien détenus, qui ont validé la crédibilité de différentes scènes. Plusieurs ont d’ailleurs été tournées dans une prison désaffectée. « Le décor fait 80 % du travail, assure Malik Amraoui. Quand tu rentres dans cette prison, tu ressens toute l’histoire qu’il y a derrière. Le bruit des serrures, les portes qui claquent, ça te met dans le bain. »
« Quand on a tourné la scène d’arrivée de Daniel (Max Boublil) dans la cellule, les trois autres comédiens qui jouaient ses co-détenus avaient eu le temps de se connaître et de créer une complicité entre eux, ce qui laissait forcément Max un peu de côté, indique Grégory Boutboul. J’ai laissé la caméra tourner et j’ai vu Max se laisser gagner par une vraie émotion, une larme est arrivée, c’était plus vrai que nature. »
Le fait de se pencher sur la question des tensions communautaires en prison n’était pas le sujet le plus simple à traiter mais avec les événements du 7 octobre et avec le décès du jeune Nahel, la mission était encore plus sensible. Un contexte qui n’est pas sans rappeler la sortie de Rabbi Jacob avec Louis de Funès en 1973 en pleine guerre du Kippour.
« On savait que ce serait un sujet difficile mais suite aux événements, j’ai eu la sensation que le message ressortait d’autant plus et lors des avant-premières, on a pu constater qu’il y avait beaucoup plus d’émotion dans les réactions du public », indique Max Boublil.
« Quand on reçoit un tel scénario on se pose bien sûr des questions, admet Steve Tientcheu. Mais c’est une comédie avec laquelle on essaie justement de casser les clichés et de véhiculer un message de paix »
« L’avantage c’est que c’est très bien écrit. On a aussi eu la chance d’avoir beaucoup de liberté sur le tournage. On savait qu’on était sur une pente glissante mais on n’a jamais glissé, se réjouit Malik Amraoui. Il y avait peu d’egos, beaucoup de générosité, une très bonne ambiance sur le tournage, c’est rare et ça a été payant pour le film car ça se ressent à l’image. »
La présence de seconds rôles ou de guests comme Clotilde Courau, Gérard Darmon (déjà présent, pour l’anecdote, dans Rabbi Jacob), Claudia Tagbo et surtout Gérard Jugnot a évidemment ravi les comédiens. « C’est toujours bon de tourner avec ces personnes-là », apprécie Steve Tientcheu. Si par bonheur le message de fraternité peut être entendu, entre deux éclats de rire, l’objectif sera totalement atteint.
« Neuilly-Poissy », une comédie Grégory Boutboul, en salle ce mercredi 8 mai. Avec Max Boublil, Mélanie Bernier, Malik Amraoui, Steve Tientcheu, Gérard Jugnot…
Photo Latika 2024.