Symbole de liberté et de courage, pionnière dans le monde de la voile en devenant la première femme victorieuse de la Route du Rhum en 1990, Florence Arthaud a un nom connu de tous. Son histoire, son parcours l’est peut-être moins.
Son décès tragique dans un accident d’hélicoptère sur le tournage d’une émission de télévision en 2015 en Argentine a marqué les esprits mais cet ultime épisode d’une vie vécue à cent à l’heure avec tous les excès que cela peut laisser supposer ne figure toutefois pas dans le film « Flo » de sa grande amie Géraldine Danon : une fiction inspirée de la vie de Florence Arthaud plus qu’un véritable biopic, qui sort ce mercredi 1er novembre au cinéma.
« Je n’avais pas envie de traiter de l’Argentine et ça ne me paraissait pas représentatif de sa vie, confie la réalisatrice. La première image que j’ai eue en commençant le scénario, c’est cette scène un peu christique, spirituelle, lors de son sauvetage en mer en 2011. Elle est seule au milieu de l’océan, le ciel et la mer ne font plus qu’un et il y a cet hélicoptère qui vient la sauver et qui semble en même temps menaçant. On a beaucoup travaillé sur la bande-son. »
Géraldine Danon a donc préféré achever son récit à cet instant, occultant la dernière partie de la vie de son amie mais pour le reste, la réalisatrice n’a rien voulu dissimuler. Et surtout pas les excès qui ont accompagné la navigatrice tout au long de sa carrière. Ses penchants pour l’alcool, les hommes, le sexe ne sont pas passés sous silence. « Dans la mise en scène, il faut faire le moins de concessions possibles et je suis naturellement quelqu’un qui n’en fait qu’à sa tête, sourit Géraldine Danon. On a pu me demander de faire quelque chose de plus « feel-good »mais je ne me voyais pas raconter Flo sans évoquer ses excès. Elle est avant tout solaire mais on ne peut pas côtoyer le soleil et les étoiles, si on n’a pas des parts d’ombre. Flo était une femme extrême à tous points de vue : extrêmement forte, extrêmement fragile… Une boulimique de la vie. Je ne pouvais pas en faire quelqu’un de lisse. »
Selon Géraldine Danon, « un marin , c’est quelqu’un qui côtoie les éléments, qui vit des moments de grande extrémité, de spiritualité. Comme pour Romy Schneider, dont la vie privée est intiment liée à sa carrière d’actrice, la vie sentimentale de Flo a influencé sa carrière sportive. C’était une grande amoureuse, ça transpirait de sa personne, ça aurait été un non sens de ne pas l’évoquer. C’est parce que Jean-Luc Parisis l’a contrainte à rester à terre qu’elle a trouvé la volonté de gagner la Route du Rhum et c’est parce que certains marins et notamment De Kersauson l’ont fait souffrir, qu’elle a trouvé la gnaque pour relever d’autres défis. »
Avec l’aide, pour l’adaptation du scénario, de l’écrivain Yann Queffelec, auteur d’un livre posthume sur Florence Arthaud, Géraldine Danon a donc dépeint ce monde des marins qu’elle connaît si bien, elle qui a vécu en couple avec Titouan Lamazou et aujourd’hui avec Philippe Poupon. « Les marins dont je parle sont des amis, je ne pense pas les avoir trahis dans ce film », précise-t-elle.
Dans son casting, après avoir vu à l’oeuvre quelques grandes actrices françaises, la réalisatrice a eu un coup de coeur pour Stéphane Caillard, capable d’incarner la luminosité, les forces et les faiblesses de la navigatrice. « C’est presque le rôle d’une vie, un cadeau, un rôle physique, un rôle d’icône. »
Elle a aussi visé juste en confiant le rôle d’Olivier de Kersauson à Alexis Michalik. « C’est un rôle impressionnant, celui d’un personnage haut en couleur, confie-t-il. Je connaissais le monde de la voile de loin et j’ai découvert plein de choses en lisant le scénario. Je pensais avoir deux scènes mais à la lecture du scénario je me suis rendu compte de son importance dans le film. »
Battante, Géraldine Danon a attendu le premier jour de tournage pour être certaine que le film se ferait, qu’il serait bien financé. Elle n’a pas non plus cherché la facilité d’un décor de studio sur fond vert pour rendre crédible les scènes en mer. « L’équipe a tourné en Guadeloupe et en Bretagne en s’adaptant presque en temps réel à ce qui se passait autour de nous », précise-t-elle. Il lui manquait néanmoins des scènes de « gros temps ». Elle a donc guetté le bon moment pour se rendre au large des Îles du Frioul à Marseille pour obtenir ce qu’elle souhaitait et donner encore plus de relief à son premier long métrage.
« Flo » de Géraldine Danon avec Stéphane Caillard, Alison Wheeler et Alexis Michalik. Durée : 2 h 05. En salle depuis ce mercredi 1er novembre.