Comme le dit la chanson, on n’a pas tous les jours vingt ans. Alors quand cet anniversaire se profile, il convient de le fêter dignement. Christophe Rossignon et Christian Carion, respectivement producteur et réalisateur du film « Joyeux Noël », sorti en 2005, avec au casting des acteurs de la trempe de Dany Boon, Guillaume Canet, Diane Kruger ou encore Daniel Brühl, ont ainsi décidé de ressortir le film en salle en novembre 2025.
En préambule à ce retour sur grand écran, ils ont également décidé d’organiser un ciné-concert le mercredi 8 janvier, au Nouveau Siècle à Lille, là où tout a débuté après le Festival de Cannes, dans une région qui a soutenu le film et avec bien sûr l’orchestre national de Lille, ses 130 musiciens, des choristes et même des solistes qui viendront interpréter des parties chantées du film. Le tout en présence bien sûr d’une grande partie de l’équipe du film dont l’enfant du pays Dany Boon.
« Le temps est le plus grand critique, c’est lui qui met tout le monde d’accord. Au bout de dix ans, on sait quels sont les films qui étaient dans l’air du temps, ceux qui sont inscrits dans le temps et ce ne sont pas forcément les mêmes. Il n’y a pas toujours d’explications mais être inscrit dans le temps c’est un privilège. On a un peu une impression d’éternité », avouent les deux hommes.
Ce film raconte, on le rappelle, un moment particulier de la vie des soldats au front durant la première guerre mondiale, cette trêve de Noël 1914, ce moment où des soldats allemands, britanniques et français ont fraternisé. Un événement auquel le réalisateur Christian Carion n’a d’ailleurs pas voulu accorder de crédit lorsqu’il en a pris connaissance dans un livre. « J’ai appelé aussitôt l’historien en lui disant que je n’en croyais pas un mot, ce qui l’a vexé. C’était bien sûr l’effet recherché pour qu’il me donne accès à ses documents pour m’en donner la preuve, explique-t-il. J’ai aussi passé beaucoup de temps à Londres, au War Museum, à Paris, aux archives militaires françaises. Les trois États-majors étaient persuadés qu’il n’y aurait qu’un seul Noël, que la guerre allait s’arrêter au printemps et ils ont veillé à ce que ce soit un Noël presque, comme à la maison ».
Proposer un ciné-concert a d’autant plus de sens que la musique a joué un rôle essentiel dans ce moment d’histoire. « Dans les tranchées allemandes, certains ont commencé à chanter Stille Nacht, qui est leur version de notre Douce nuit et les Français qui étaient à quelques mètres de là l’ont entendu et ont aussi chanté . C’est la musique qui a fait l’arc entre les deux lignes. C’est ce qui m’a décidé à faire de « Joyeux Noël » un film musical, indique Christian Carion. Un soldat plus hardi que les autres est alors sorti de la tranchée pour s’avancer sur le nomansland. En temps normal, il aurait été abattu mais ce ne fut pas le cas et tout le monde à commencé à sortir, les soldats se sont parlés et c’est là que commence notre film. Il y a des endroits où ça a duré 48 heures, d’autres deux semaines, au point que dans un compte-rendu de l’état-major britannique, il était inscrit : « Ça fait 15 jours qu’ils jouent au foot avec les Allemands On ne pourra plus rien en faire de ces gens-là, on va les renvoyer chez eux ». Plusieurs vies ont donc été sauvées par des matchs de foot. »
Vingt ans après sa sortie, le film « Joyeux Noël » est-il encore d’actualité ? : « ça peut paraître naïf ou surréaliste de ressortir un film sur la paix en cette période où les foyers de guerre sont nombreux mais je pense que ce film, par ce qu’il raconte, a toujours ce côté humaniste, universel, intemporel. Et ça fait sens, 20 ans après, de l’offrir à un public qui ne l’a pas vu à l’époque ou qui a envie de le revoir », estime Christophe Rossignon.
Un film qui a connu une trajectoire mondiale, avec des sorties au Japon et aux États-Unis ; un film qui avait même eu l’honneur de représenter la France aux Oscars 2006 à Hollywood. Une cérémonie dont Christian Carion et Christophe Rossignon conservent quelques précieux souvenirs, dont une rencontre magique avec Steven Spielberg. « On se décide à aller lui parler lors du dîner des nominés, je lui dis que sans lui, sans des films comme Duel, Sugarland express ou Rencontres du troisième type, je n’aurais sans doute jamais voulu faire du cinéma, que si j’étais là c’était grâce à lui et il s’est mis à rougir, confie le réalisateur nordiste. J’étais choqué que quelqu’un qui a tout vu, tout fait, soit capable de rougir devant le compliment d’un péquenaud de Bapaume. Je me suis dit que c’était la marque des très grands, de rester quelqu’un de normal. » Sous le coup de l’émotion, les deux hommes louperont la photo souvenir avec le cinéaste américain mais l’instant est bien gravé dans leurs mémoires.
Ciné-concert du film « Joyeux Noël », le mercredi 8 janvier (20 h) au Nouveau Siècle à Lille.
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