Sa vie est un roman, sa carrière fut un chef d’œuvre, les deux combinés ont donné un livre. Mais ce mercredi, c’est bien sur grand écran que la France va découvrir l’histoire de Marinette Pichon, l’une des plus grandes joueuses de l’histoire du football français, une pionnière qui fut la première à partir gagner sa vie à l’étranger en rejoignant l’équipe de Philadelphie. Une ascension symbolisée par une montée des marches en forme de clin d’œil à un certain Rocky Balboa.
Mais le parcours de Marinette Pichon ne se résume pas à ses exploits balle au pied et son combat pour faire progresser le statut des joueuses de football. Dans « Marinette », en salle ce mercredi 7 juin, la réalisatrice Virginie Verrier s’est attachée à mettre en lumière l’envers du décor, bien moins réjouissant, beaucoup plus sombre même avec une jeunesse passée dans un climat familial anxiogène avec un père alcoolique et violent, interprété par un Alban Lenoir éclatant de monstruosité, et une mère courage (Emilie Dequenne) qui fait ce qu’elle peut pour protéger sa fille et l’aider à accomplir son rêve de jouer au football avec l’équipe masculine du village.
La place des femmes, les violences conjugales, les orientations sexuelles sont autant de thèmes qui ont accompagné la jeunesse de Marinette Pichon, magnifiquement incarnée par Garance Marillier, et qui deux à trois décennies plus tard sont, hélas, toujours tristement d’actualité.
« Ce film évoque des valeurs qui me sont chères, j’ai été touchée par les messages qui sont véhiculés sur la place des femmes, la violence, la liberté d’aimer qui on veut », confie Emilie Dequenne, qui, malgré sa passion du ballon rond, n’a découvert l’histoire de Marinette Pichon qu’après avoir été sollicitée par la réalisatrice Virginie Verrier. « Je ne la connaissais pas. Pourtant à l’époque, j’achetais L’Equipe tous les matins et je suivais assidûment notamment les matchs de Marseille mais la médiatisation du football féminin était très faible. »
Depuis qu’elle a rencontré son mari, « lui aussi gros footeux », il y a une quinzaine d’années, Emilie Dequenne reconnaît avoir pris ses distances avec le ballon rond : « J’ai lâché, sourit-elle. Je suis toujours les grandes compétitions internationales mais si vous me parlez de la Ligue 1, je suis totalement larguée. » Mais le film de Virginie Verrier a réveillé chez elle de grands souvenirs de jeunesse : « En lisant le scénario, j’ai repensé aux mangas que je regardais comme « Olive et Tom » ou « Jeanne et Serge », plein d’envie de vaincre, de volonté de ne jamais rien lâcher, poursuit la comédienne. Quand la vie qui peut parfois être une belle salope vous pousse dans vos retranchements pour vous en sortir, vous accomplir, forcément ça me parle, ça me plaît. »
Voilà pourquoi Emilie Dequenne, révélée au grand public en 1999, avec le film « Rosetta » des frères Dardenne, récompensé d’une palme d’or et d’un prix d’interprétation féminine pour la comédienne belge, a accepté d’endosser le rôle de cette mère courage. « La relation entre Marinette et sa mère me touche en plein cœur, avoue-t-elle. Je suis moi-même maman, mes parents m’ont accompagné dans mes passions et m’ont permis de réaliser mon rêve, c’est comme ça que je vois les relations parents-enfants. Et en même temps Marinette est sa porte de sortie, ce qui va lui permettre de quitter cette maison atroce. »
Un film riche de messages et de valeurs, qui dépasse largement le cadre du simple biopic.
« Marinette », de Virginie Verrier, en salle ce mercredi 7 juin avec Garance Marillier, Emilie Dequenne, Alban Lenoir, Fred Testot, Sylvie Testud…