
Grâce à leurs chansons, les artistes sont un peu éternels. Vingt ans après sa mort, les succès de Pierre Bachelet sont encore bien présents dans nos têtes et pour ceux qui souhaitent se replonger ou découvrir son œuvre, Legacy Recordings sort ce vendredi 14 février une compilation de ses plus grands tubes simplement intitulée « Pierre Bachelet, les grands classiques ». On y retrouve tous les titres les plus connus de « Elle est d’ailleurs » à « Flo » en passant par « Les Corons », « En l’an 2001 » ou encore « Emmanuelle ». Un inédit ou presque a été également mis sur l’album « Frérot », une version avec une toute nouvelle mélodie de « Retrouvailles ». Des clips restaurés grâce aux nouvelles technologies figurent également sur le DVD. Fanfan, sa dernière compagne, a bien voulu évoquer avec nous quelques souvenirs à l’occasion de cette sortie.
Plusieurs artistes avaient repris les grands succès de Pierre en 2015 dans l’album « Nous l’avons tant aimé ». Cette fois, une compilation de ses « grands classiques » sort. En quoi est-ce important pour vous que son œuvre continue à vire ainsi ?
« Les chansons perdurent, c’est bien de remettre les artistes un peu en lumière même s’ils ne sont plus là physiquement. Je trouve que c’est aussi une opportunité de les faire découvrir à la jeune génération. La plupart de ses chansons sont toujours d’actualité car elles parlent de l’humain, de ce qui nous réunit. Elles sont authentiques, elles parlent au cœur, elles rappellent des moments de vie. »
Avez-vous eu la sensation en écoutant cette compilation d’en redécouvrir certaines ?
« Comme elles parlent de la vie, c’est vrai qu’avec la maturité, on voit les choses avec un autre regard, ses chansons nous parlent un peu différemment qu’au moment où elles sont sorties. »
Il y a un titre inédit « Frérot ». Que pouvez-vous nous en dire et est-ce qu’il en existe d’autres qui pourraient sortir dans les années à venir ?
« Pierre était très famille et il avait cette notion de fraternité avec ses meilleurs amis, peut-être parce qu’il était fils unique. « Frérot », c’est l’histoire d’un mec qui rencontre un vieux pote mal en point, un peu clochard, et qui va le prendre sous son aile pour l’aider à remonter la pente. Cette chanson existait déjà dans l’album « La ville, ainsi soit-il » et s’appelait « Retrouvailles ». Le texte, écrit par Yann Queffélec, est le même mais Pierre n’était pas convaincu par la mélodie et il avait décidé de la reprendre. Son ingénieur du son de l’époque a retrouvé cette nouvelle version, la maison de disque a a aimé et a décidé de la mettre sur l’album. À ma connaissance, il n’y a pas d’autres textes dans les tiroirs. »
Parmi toutes ses chansons, y en a-t-il une ou deux que vous aimez plus que les autres ?
« Il y en a une « On ne prend pas le temps d’aimer », qui était sur l’album « Un homme simple » mais qui ne figure pas dans la compilation. Elle, raconte ce manque de temps avec nos aînés, un jour ils ne sont plus là et on le regrette. En vieillissant on vit un peu la même chose, ça fait réfléchir. Quand je l’écoutais à l’époque, j’avais une seule envie, c’était d’appeler mes parents. Quand il la chantait, il y avait une sorte de temps suspendu dans les salles qui me marquait à chaque fois. Je pourrais en citer plein d’autres mais je vais parler aussi des « Corons », la chanson qui parle d’une région, d’une corporation. Pierre avait un énorme respect pour ses aînés, ça parle aussi de ça, de ce qu’on apprend de nos anciens. »
Dans le même ordre d’idée, savez-vous s’il y en a une qui lui tenait plus à coeur où dont il était plus fier que les autres ?
« C’était « Théo je t’écris » sur la relation entre le peintre Vincent Van Gogh et son frère auquel il avait écrit des tas de lettres. Il adorait aussi « Pleure pas boulou », l’histoire de ces deux mômes à la sortie de l’école qui n’ont pas envie de rentrer chez eux. »
Vous évoquiez « Les Corons ». Depuis vingt ans, les supporters de Lens reprennent la chanson à chaque match au stade Bollaert. Ça vous touche ? Avez-vous déjà eu l’occasion d’aller sur place pour l’écouter en direct ?
« Quand Pierre est mort en février 2005, il y a eu des hommages évidemment mais le plus beau le plus authentique, car en provenance du cœur, c’est celui des supporters de Lens. J’ai été très émue. Gervais Martel m’avait appelée. On ne se connaissait pas. Il m’avait demandé de venir donner le coup d’envoi du dernier match de la saison. Quand je suis montée sur cette pelouse et que les 40 000 supporters ont commencé à chanter, ça a été un truc de dingo. J’ai rarement vécu une émotion pareille. J’ai mis vingt minutes à reprendre mes esprits. Je tremblais de la tête aux pieds. »
«Pierre Bachelet, les grands classiques », Legacy. CD+DVD. Prix : 16,99 €. Disponible aussi en vinyle.