
Le public du Zénith de Lille aura le privilège ce dimanche 16 février (18 h) d’assister à l’une des dernières représentations du spectacle « Archétypes » que Fabien Olicard aura proposé pendant deux ans et demi. « C’est un peu surréaliste car on l’a lancé en octobre 2022 mais j’ai l’impression que l’on vient de le démarrer. Comme c’est du spectacle vivant, il est toujours en train d’évoluer, je n’ai jamais, l’impression qu’il est abouti, d’avoir trouvé sa version ultime, mais avoir une date de fin c’est bien, ça permet de prendre conscience qu’il est temps de créer de vrais souvenirs, pas juste d’avoir couru chaque jour après les trains, sourit-il. C’est aussi bien que ça s’arrête parce que les histoires ont du sens quand le livre est refermé. »
Depuis quinze ans, habitué à ouvrir un nouveau spectacle très rapidement après le précédent, Fabien Olicard ne sait, en revanche, pas encore quand le prochain verra le jour : « J’ai toujours enchaîné en laissant à peine deux ou trois semaines entre deux shows mais là je prends pour la première fois une pause à durée indéterminée. J’ai plein de projets de livres et de vidéos auxquels j’aimerai me consacrer un peu plus, j’ai aussi envie de passer un peu moins de temps sur les routes et, surtout, j’ai le sentiment que j’ai trouvé la recette pour écrire les spectacles et ça n’est pas une bonne nouvelle, insiste-t-il. Ça peut sembler prétentieux mais je pense être capable d’écrire en deux jours les fondements d’un spectacle qui plaira au public, remplira les salles et fera que tout le monde sera content, sauf moi, car je n’ai pas envie d’appliquer une formule. J’ai envie de prendre le risque de faire les choses autrement. Donc ça durera peut-être juste six mois ou deux ans, on verra. »
S’il aime délivrer quelques astuces dans des livres qui cartonnent partout dans le monde (notamment en Chine, Italie, Roumanie, Lituanie), Fabien Olicard, qui s’est aussi exercé dernièrement à la fiction interactive (« La harpe des quatre saisons », où le lecteur est maître de son destin), ne donne évidemment pas tous ses secrets : « Je ne scie pas la branche sur laquelle sont assis les mentalistes : je ne vais pas les expliquer les choses que l’on fait sur scène pour bluffer les spectateurs , d’autant qu’elle n’ont aucun intérêt dans la vie de tous les jours ; en revanche, les techniques de mémoire ou pour réussir un entretien d’embauche, ça peut aider. J’ai beaucoup appris dans les livres et ça m’importait de laisser une trace dans une bibliothèque de village ou une librairie. »
La transmission est une valeur essentielle à ses yeux : « Le mentalisme est devenu très tendance depuis quelques années et j’aime donner des conseils à de jeunes talents. J’ai écrit récemment un spectacle pour Charlie Haid. Il n’y a pas de notion de concurrence. Quelqu’un qui aime Viktor Vincent peut aussi venir à mon spectacle, il aura droit à deux propositions artistiques très différentes. »
La marque de fabrique de Fabien Olicard, c’est le mélange des genres : « Ce que l’on me reprochait parfois sur mon premier spectacle fait aujourd’hui mon originalité, sourit-il. Je mêle humour, science et mentalisme. »
Pour se faire, il se tient bien à jour des nouvelles découvertes, notamment dans les neuro-sciences : « Lors de la sortie de mon premier livre, j’avais été invité sur une radio avec un vieux médecin et je l’ai entendu dire des tas de bêtises, des choses que l’on pensait vraies quand il a passé son diplôme mais qui ont été démontées depuis. Je donne un exemple : on disait avant que le poisson était bon pour la mémoire. En fait, on sait aujourd’hui que le phosphore n’est ni meilleur, ni moins bon pour la mémoire mais aussi qu’il n’y a ni plus ni moins de phosphore dans le poisson que dans d’autres aliments. Je fais donc attention à ne pas penser que ce que je sais aujourd’hui scientifiquement sera vrai pour toujours. »
La science est d’autant plus importante pour ses spectacles que le mentalisme est en réalité quelque chose de très rationnel : « Les mentalistes, moi y compris, entretiennent un petit flou mais si je suis honnête, j’avoue que tout ce que je fais a une explication logique, rationnelle et méthodique. Ce qui explique qu’à l’inverse de l’hypnose, il n’y a pas de gens plus ou moins réceptifs. Il n’y a pas de défi entre le mentaliste et le spectateur. Je le dis dans mon show, si la personne ne fait pas ce que je lui demande, il n’y a pas de miracle, ça ne fonctionnera pas. »
« Archétypes » de Fabien Olicard, ce dimanche 16 février (18 h) au Zénith de Lille.