Lambert Wilson privilégie désormais les projets musicaux

12/03/2025 | Actualités, Concerts, Musique

Lambert Wilson sera dimanche au Nouveau-Siècle avec l'orchestre national de Lille. (c) Igor Shabalin

Attendu ce dimanche 16 mars (16 h) au Nouveau Siècle à Lille pour être récitant, au coeur de l’orchestre national de Lille, sur l’œuvre de Schoenberg, « Un survivant de Varsovie », le comédien Lambert Wilson nous a confiés sa passion pour la musique et la difficulté de cet exercice.

Vous aviez déjà tenu ce rôle de récitant pour la même œuvre en 2001 avec déjà l’Orchestre national de Lille. Quels souvenirs en gardez-vous ?

« Je l’ai fait avec Jean-Claude Casadessus et pour tout dire quand j’ai revu la partition, que j’ai réécoute les enregistrements, je me suis aperçu que je n’avais pas tant de souvenirs. Je me rappelais évidemment du sujet, du texte, de la difficulté rythmique de la partition mais j’avais l’impression que c’était beaucoup plus long, qu’il y a des choses que je n’avais pas spécialement travaillées. C’est un nouveau chef, des éléments de l’orchestre sont différents donc ça va être une autre aventure. Ce qui est intéressant, c’est que j’ai travaillé avec l’Orchestre de Lille, l’un des meilleurs de France, il n’y a pas si longtemps. C’était juste avant l’interruption du Covid, sur un spectacle autour du compositeur allemand Kurt Weill, qui a justement a été très influencé par Schoenberg. C’est vraiment une école viennoise très spécifique. »

Parlez-nous de ce rôle de récitant ?

« C’est un peu particulier, super court, très rythmé sur la partition. Le texte est en anglais et en allemand. En anglais, c’est le récitant qui parle de la personnification, la voix de ces juifs du ghetto de Varsovie et puis c’est interrompu par la voix extrêmement brutale du SS qui veut les envoyer dans la chambre à gaz. C’est l’histoire de cette prière qui s’empare de tout le monde et qui se termine par ce chant antique, le Shema Israël. C’est une œuvre particulière, un peu coup de poing. »

Est-ce que tenir un tel rôle nécessite de se replonger dans les livres d’histoire ?

« Non, nous sommes suffisamment nourris par les célébrations du 80e anniversaire de la découverte du camp d’Auschwitz , par les films. Il se trouve que récemment, j’ai eu un grand choc cinématographique. Parfois, on passe à côté d’énormes chefs-d’œuvre et on ne sait pas pourquoi on ne les a pas vus. Je viens seulement de regarder La liste de Schindler. Ce n’est pas Varsovie, c’est un autre ghetto, mais c’est la même chose. C’est la même horreur. Le film est vraiment fabuleux. Il donne tellement la sensation d’y être. Steven Spielberg a filmé les gens d’une façon tellement proche. On ressent ce danger permanent de la mort, cette injustice absolue. »

Comment fonctionnez-vous avec le chef d’orchestre ?

« Pour le récitant, ça ne rigole pas, il faut lire la musique. Il faut être absolument à l’aise sur la partition. Il faut rassurer le chef, parce que c’est placé très spécifiquement par les compositeurs. La parole est dite et rythmée d’une façon très spécifique. Il y a des intonations. C’est le fameux parlé-chanté, le Sprechgesang, que Schoenberg utilisait beaucoup dans des œuvres comme « La nuit transfigurée ». La mission, c’est avant tout de rassurer le chef et de lui dire, ne vous inquiétez pas pour moi, je maîtrise la situation. Après, on devient instrumentiste, on devient soliste, on est une voix.

Certaines œuvres nécessitent une complicité entre le chef et le récitant. Il y a des chefs qui aiment cette complicité, et il y a des chefs qui sont complètement fermés. Généralement, les chefs d’orchestre n’aiment pas les parties avec voix parlées. Pour vous dire clairement, ça les emmerde un peu. D’abord, ils sont obligés d’attendre et, en plus, parfois, ils ne comprennent pas le langage. Ils attendent que ce soit terminé pour faire leur musique. Et puis, il y en a d’autres qui sont passionnés par le drame, c’est-à-dire par l’attention dramatique que l’acteur peut créer, et aussi par la musique que l’acteur peut créer. C’est là où, moi, j’apporte ma formation de chanteur et d’écouteur de musique. »

Vous faîtes régulièrement ce type d’exercice ?

« Je donne beaucoup la priorité à ces projets-là. D’ailleurs, ça devient problématique. J’accepte tellement souvent ces propositions musicales que mes agents de cinéma sont parfois un peu gênés car je suis peu disponible pour des tournages mais j’adore être avec des musiciens et surtout avec un orchestre harmonique. Quand je suis avec les musiciens, et à fortiori avec les chefs d’orchestre, j’ai la sensation que ce sont des gens qui ont énormément travaillé pour en arriver là. S’ils sont dans l’orchestre et solistes, c’est qu’ils sont vraiment à un certain niveau alors que chez les acteurs, vous pouvez être en première ligne parce que vous êtes beaux, dans l’air du temps. Vous pouvez ne rien connaître de l’histoire du théâtre, ne rien savoir de l’histoire du cinéma et être propulsé sur le devant de la scène. Dans mon quotidien en tant qu’acteur, je fréquente des gens qui n’ont pas le bagage qu’ont les musicien et pourtant ces derniers sont généralement plutôt dans l’humilité que dans l’orgueil. »

La montée de l’antisémitisme a-t-elle participé à votre envie de participer à ce projet avec l’orchestre national de Lille et avez-vous l’espoir de faire passer quelques messages ?

« Non car ça fait très longtemps que les contrats ont été signés. C’est vrai que c’est un sujet de nouveau très préoccupant mais je ne suis pas arrivé là pour ces raisons. En revanche, le fait d’être dans ce contexte est une occasion de se dire que ça a d’autant plus d’intérêt de faire réfléchir. Je vais peut-être faire une pièce qui traite du problème de l’antisémitisme, de l’antisionisme, autour d’un personnage et de toutes ces questions qui sont très brûlantes en ce moment. »

Concert symphonique, « Un survivant de Varsovie », dimanche 16 mars (16 h) au Nouveau Siècle à Lille.

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