Karin Viard : « Je crois que ma carrière me ressemble mais je ne sais pas ce qu’elle dit de moi »

25/03/2025 | Actualités, Festivals, Mais aussi ..., Séries, Télé

Membre du jury panorama international, Karin Viard a aussi proposé une masterclass passionnante. Photo Arnaud Loots/Séries Mania

Déjà présente lors de l’édition précédente en tant que comédienne pour défendre la série Dans l’ombre, diffusée il y a quelques mois sur France Télévisions, Karin Viard, l’une des actrices françaises les plus populaires, est revenue cette année à Séries Mania en qualité de membre du jury panorama international. Elle a aussi effectué une masterclass ce lundi après-midi dans un théâtre du Nord, plein à craquer.

La comédienne vue, entre autres, dans Tatie Danielle, Les randonneurs, La Nouvelle Eve, France boutique, Paris, Polisse, La famille Bélier ou encore Les Chatouilles, s’y est confiée sur ses origines, ses débuts, ses rôles marquants, son regard sur l’évolution du cinéma, de la place des femmes dans ce métier, ses goûts, ses envies

 

Membre du jury au Festival Series Mania

«  Ça me permet de découvrir des choses auxquelles je n’aurais pas eu accès en dehors de ce festival, ça alimente ma curiosité, ça élargit le champs de mes connaissances. Et puis, c’est toujours l’occasion de faire des rencontre, même si j’ai mis du temps à venir aux séries car je fuis ce côté addictif. Dernièrement, j’ai vu Adolescence sur Netflix. Il y a des plans-séquences d’une heure, des acteurs incroyables, un climat de tension… J‘adore aussi The White Lotus, c’est narquois, c’est méchant, c‘est vraiment une critique du couple, de la famille, des rapports sociaux.

Ce que j’aime ce sont les histoires, les enjeux entre les personnages, le côté original, car on a déjà traité tous les sujets donc ce qui change c’est le point de vue, la façon de filmer. Je n’aime pas quand c’est trop gentil, un peu cul-cul. Pour avoir de l’impact, il faut parfois oser dire des choses qui ne se disent pas, oser être un peu impolie, un peu pas gentille, un peu pas correcte. » 

La série, un terrain de jeu incontournable ?

« Bien sûr, les acteurs de cinéma se prostituent pour tourner à la télé désormais (rires). Avant, nous, les acteurs de cinéma, on regardait la télévision de façon un petit peu condescendante. Maintenant, c’est l’inverse. Ils nous font mordre la poussière donc c’est, en effet, devenu incontournable . Les films existent grâce à la télé. En plus, les scénarios sont de plus en plus fouillés. Ce qui est étonnant c’est que la série permet aujourd’hui ce que le cinéma ne permet plus. »

L’envie d’être comédienne

« Toute mon enfance, je me suis sentie différente, je voulais échapper à mon milieu, à ma famille, et je me suis toujours dit que j’avais un destin. Ma grand-mère me disait toujours « Pourquoi tu ne deviens pas institutrice, tu feras du théâtre pendant les vacances ». Je me disais non, je ne voulais pas que ce soit ça le meilleur scénario du monde pour moi. J’ai eu le déclic en regardant Notre Dame de Paris avec Anthony Quinn et Gina Lollobrigida. J’ai l’impression que ce film a déterminé toute mon existence. La logique aurait voulu que je fantasme sur Gina Lollobrigida en rêvant d’être comme elle mais je me suis totalement identifiée à Quasimodo. Je pense qu’ayant été abandonnée par mes parents, j’ai dû me sentir monstrueuse. A partir du moment où j’ai vu ce film, je me suis dit que je voulais faire un métier qui provoque aux gens des émotions aussi fortes que celles que j’ai ressenti en le regardant. »

Le premier film, « Tatie Danielle »

J’ai vécu quelques années de galère, je rencontrais des mauvais réalisateurs qui me demandait mon signe astrologique, de leur montrer les lignes de ma main, bref des réalisateurs nazes pour des trucs de télé pourris et je me disais, même ces gens-là ne me prennent pas. Un jour, j’ai fait un casting avec Étienne Chatiliez pour Tatie Danielle. Il me dit assez vite que je ne corresponds pas du tout au rôle mais que comme j’ai l’air sympathique et qu’il tourne beaucoup de publicités, il va quand même me faire passer des essais. Il me demande de préparer une caricature d’esthéticienne. Je me suis un peu déguisée, j’arrive au casting, j’attends, il passe devant moi plusieurs fois et en fait il ne m’avait pas reconnue. Pendant les essais, il était tout le temps de dos, je pensais que j’étais trop nulle mais en fait il pleurait de rire. Et finalement, j’ai eu le rôle. Et là, je me suis dit après toutes ces années de galère, où j’étais avec ces réalisateurs qui avaient des chaussettes de tennis dans leurs mocassins à glands, il fallait, en fait, que je rencontre des gens qui soient à mon niveau et je trouve que c’est toujours vrai dans la vie. »

Le César de la meilleure actrice

« C‘est vraiment quelque chose dans le sens où j’ai eu le sentiment d’être validée, reconnue par mes pairs, et ça, ça a vraiment beaucoup d’importance à ce moment-là. Je me revois chez mes grands-parents, allongée sur le canapé, en train de regarder la soirée des Césars. Il y a quelque chose qui me bouleverse, qui me rend très très fière, qui me fait très peur que ça me soit retirée. »

L’évolution de la place des femmes au cinéma

« Je suis à la fois bien et mal placée pour en parler. Comme toutes les femmes de ma génération, j’ai avalé un nombre de couleuvres hallucinant en trouvant ça normal et du couo il y a plein de comportements devant lesquels mes filles sont outrées qui ne me choque pas et je peux parfois trouver le regard de ces jeunes femmes un peu excessif, avec un discours un peu radical. Je me dis que ce combat mériterait un petit peu de nuance, mais en même temps, je comprends que les femmes soient énervées par tant d’oppression. Je pense qu’à ma façon j’ai apporté ma pierre à l’édifice du féminisme en étant qui je suis. Ce n’est sans doute pas suffisant mais les choses changent. J’ai fait un film dernièrement qui s’appelle « La maison des femmes », un film féministe mais qui porte un regard vraiment très complice sur les hommes et les femmes, comment on doit construire ensemble la société de demain ».

Boulimique de tournages ?

« Je fais pas mal de films c’est vrai, déjà parce que je dois gagner ma vie. J’ai la charge de mes deux filles de jeunes adultes. Je leur paye des appartements, des études. Je n’ai pas des goûts de luxe mais au fur et à mesure, je me suis installée dans une vie assez confortable. J’ai des emprunts sur une maison que j’ai achetée en Espagne. J’adore ma vie, mais il faut quand même que je travaille. Je pourrais éventuellement considérer que je dois réduire mon niveau de vie et si je suis obligée de le faire, je le ferai. Et si je n’étais pas obligée de gagner ma vie, je pourrais très bien rester quelques années sans tourner pour lire des livres, être en vacances, prendre des cours de danse, faire un travail psychologique

En fait, je n’ai pas besoin de faire ce métier comme une cinglée, contrairement à ce que les gens pensent mais c’est vrai que j’ai besoin de le faire parce que lorsque je ne travaille pas, je prends la tête de mes proches. Je suis trop intense, trop passionnée, j’ai trop d’énergie. Mon travail me permet d’évacuer des émotions. Je suis plus équilibrée quand je travaille. »

Le bilan de 30 ans de carrière

« Je ne porte aucun regard sur mon parcours, ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est le présent et éventuellement l’avenir. Ce que je crois, c’est que ma filmographie me ressemble, je suis quelqu’un de très sincère, de très authentique et je n‘ai jamais eu aucun cynisme par rapport à ce métier. Je me suis jamais dit, choisis ce film pour aider ta carrière ou pour l’argent. Je crois que ma carrière me ressemble, mais je sais pas ce qu’elle dit de moi. Quand on me disait que des projets n’étaient pas pour moi, je n’écoutais personne, j’avais encore plus envie de les faire et je les ai faits. Je suis une femme assez libre, ma carrière raconte sans doute ça et d’autres choses. »

Les projets pour l’avenir ?

«  je ne pense jamais en termes d’images, mais toujours en termes d’enjeux des personnages. Je pense tout le temps les œuvres, du point de vue de l’acteur donc je ne me sens vraiment pas capable de réaliser. En revanche, j’ai plutôt envie de faire un seule en scène : évoquer ma famille que j’adore mais qui était un peu dérangée. Ça pourrait réunir toutes mes envies d’actrice, mais je dois me battre contre beaucoup de pensées limitantes. J’aimerais bien y arriver parce que je pense que ça pourrait être personnellement assez chouette de poser un regard sur ce qui m’a quand même fait souffrir. »

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