Mathieu (Guillaume Canet), la cinquantaine, est un acteur reconnu, qui semble avoir réussi sa vie. C’est pourtant un homme mélancolique qui se rend, seul, en thalasso dans une station balnéaire déserte, dans un hôtel trop blanc, trop grand, trop aseptisé. Le hasard va pourtant le remettre sur le chemin d’un amour passé, Alice (Alba Rohrwacher), la quarantaine, prof de piano.
Ils se sont aimés, quittés et chacun a continué sa vie. Leurs retrouvailles vont faire remonter à la surface tout un tas de souvenirs, d’émotions mais aussi d’interrogations. Mathieu et Alice vont requestionner leur relation qui ne s’est pas terminée de la bonne manière : « Ils vont se dire les choses mais sans pugilat, ce n’est pas du règlement de compte, assure le réalisateur, Stéphane Brizé. Cette semaine hors-saison va faire office de bascule pour les deux personnages qui ne seront plus les mêmes après ça. »
« J’ai beaucoup aimé cet aspect de l’homme qui arrive à un stade de son existence où il se demande s’il est justement à la bonne place, s’il est bien avec la femme de sa vie. Il pensait passer toute sa vie avec une femme forte qui réussit mais il a fait le tour de cette histoire et il se rend compte qu’il n’est pas heureux », confie Guillaume Canet.
« Je sortais de quatre films en six ans où chaque personnage est confronté à une désillusion et j’ai fait le même parcours qu’eux, avec la même désillusion sur le monde, ce qui me rend plus clairvoyant mais aussi plus mélancolique, indique Stéphane Brizé. J’étais parti sur un film social mais ça ne faisait pas sens, j’ai voulu y mettre une forme de douceur, prendre le temps de voir si on est à la bonne place, avec la bonne personne, si on a ouvert les bonnes portes. »
Pour Guillaume Canet, qui avait déjà interprété son propre rôle dans Rock’n roll, incarner de nouveau un acteur n’a pas été une contrainte. « J’ai pris du plaisir à tourner des séquences drôles dans le Spa avec les gens qui venaient me demander des selfies mais c’était aussi intéressant de montrer dans le film comme dans la vie que pour un acteur c’est parfois compliqué car les gens ont tendance à fantasmer nos vies, à penser que l’on a la vie de nos personnages, poursuit-il. Là, Mathieu veut faire comprendre à Alice qu’il est quelqu’un de banal, qu’il a des sentiments, des peurs comme tout le monde ; qu’il ne se sent pas au dessus de tout, pas plus fort, pas meilleur qu’un autre. »
« Pour les acteurs, ce n’est pas toujours simple, enchaîne Stéphane Brizé. C’est un métier qui m’émeut beaucoup. Ils reçoivent beaucoup de non, il faut encaisser les coups, je crois qu’on n’imagine pas à quel point ça peut être un métier d’humiliations. »
« Hors-saison », de Stéphane Brizé, en salle depuis ce mercredi 20 mars. Avec Guillaume Canet et Alba Rohrwacher.
Photo Michael Crotto