Lorsqu’on a lui a proposé le scénario de Machine, une mini-série actuellement diffusée sur Arte le jeudi soir et en accès libre sur la plate-forme de la chaîne, Margot Bancilhon a rapidement adhéré à l’histoire même si elle a vite eu également des interrogations sur la façon d’appréhender ce personnage baptisé Machine, dont la vie est menacée par un commando militaire, et qui, pour subsister, va se faire embaucher comme manutentionnaire dans une usine d’électroménager en plein conflit social.
Fille cachée de Uma Thurman et de Bruce Lee, Machine adopte un look très particulier avec une tunique jaune qui n’est pas sans rappeler Kill Bill et Le jeu de la mort, mais elle est aussi tatouée et coiffée de dreads. « Pour être honnête, l’idée des dreads vient du réalisateur Fred Grivois et je n’y croyais pas jusqu’au dernier moment mais finalement ça l’a fait et pour les tatouages, je me suis dit autant y aller à fond dans le personnage, avoue la comédienne. Alors que je me demandais comment j’allais appréhender ce rôle très physique et peu bavard, je dois avouer que les costumes m’ont permis de me mettre vraiment dans la peau de mon personnage. Pour une fois, on peut dire que l’habit a fait le moine. »
La préparation physique, dans tous les sens du terme, n’a pas été de tout repos. « Il a déjà fallu que je sois crédible au niveau du corps sur le plan musculaire, j’ai fait quelques cours de boxe thaï pour commencer puis j’ai suivi une formation en cascades assez intensive durant dix journées et j’ai eu trois séances hebdomadaires avec un coach sportif, énumère-t-elle. On a aussi pris une semaine pour enregistrer presque toutes les chorégraphies de baston du film. » Le réalisateur Fred Grivois tenait, en effet, à ce que l’actrice effectue elle-même la quasi-totalité des cascades.
La coiffure et les tatouages ont aussi nécessité du temps : « J’avais une perruque sur une moitié de la tête et devant 18 dreads étaient vraiment cousues, c’était deux heures de préparation tous les matins. Pour le tatouage, semi-permanent, il fallait également plusieurs heures pour le refaire tous les dix jours. »
Joey Starr en terrain connu
L’autre point de passage dans la préparation de son rôle fut la rencontre avec son partenaire Joey Starr : « Je dois dire qu’il y avait un mélange de curiosité et d’appréhension, on a rapidement organisé un dîner, je crois qu’il a dû se demander qui était cette pimbêche en doudoune blanche et bottes en cuir, sourit-elle , mais ça a très vite collé entre nous et ça a été un partenaire en or. »
Celui-ci ne cache pas avoir été animé également d’un sentiment de curiosité : « Je connaissais un peu le parcours de Margot et je ne l’attendais pas dans un rôle si physique mais j’ai vite vu que ça le faisait grave. Et quand on m’a présenté ce personnage de JP, ancien toxicomane reconverti au marxisme, sur fond de kung-fu, de syndicalisme et de cyclisme, je me suis demandé comment tout ce mélange allait opérer. »
Le sujet de la réappropriation de l’outil de production par le prolétariat parlait aussi beaucoup au comédien : « Je viens d’un milieu populo, j’ai grandi dans une ville communiste et ce contexte des années 1990 je le connais bien. C’était aussi l’époque où je sévissais avec NTM et nous étions bien au fait de tout ce qu’il se passait autour de nous. Là, j’ai aimé l’interaction entre nos personnages et le fait que le mien amène celui de Margot à s’intéresser à ce qui se passe autour d’elle. »
La maîtrise du kung-fu de cette dernière va, en effet, s’avérer d’une aide précieuse pour ses collègues lors de différents conflits. « Elle passe d’une lutte solitaire à une lutte solidaire, poursuit Margot Bancilhon. J’adore la trajectoire suivie par Machine, cette femme très en colère, fermée sur elle au départ, qui va peu à peu sortir de son enfermement au contact de JP et des autres ouvriers. »
« L’idée, c’était aussi de montrer la différence entre quelqu’un qui avait une vision marxiste assez pure de ce que pouvait être la lutte sociale et résignation des syndicats prêts à signer des accords de fermeture des usines en touchant des contreparties financières, expliquent les créateurs de la série, primée il y a un mois au festival Séries Mania de Lille dans la compétition française. Le personnage de JP reste lui sur sa position de principe pour défendre l’usine et Machine va mettre son grain de sel là-dedans, passant ainsi du combat individuel au combat collectif. »
« Machine », six épisodes disponibles gratuitement sur la plate-forme Arte.tv et dont la diffusion continue sur Arte ce jeudi 18 avril à 21 h.