En résidence à l’Aéronef, il y a quelques jours, pour préparer l’adaptation à la scène de son album Bunker Superstars, disponible depuis juin et sorti en vinyle ce vendredi 17 novembre, Barnabé Mons a bien voulu nous recevoir pour évoquer sa décision de se lancer dans une carrière solo ou presque.
« En fait, je ne suis pas vraiment seul, je n’ai pas vraiment quitté le groupe car je travaille avec les mêmes musiciens que dans « Sheetah et les Weissmuller », nous avons refait deux concerts ensemble depuis la rentrée et on ne s’interdit pas d’en refaire à l’avenir, précise-t-il. Disons que j’avais envie de vraiment défendre ce disque et quand on est dix, avec beaucoup de professionnels de la musique, tous très occupés, c’est compliqué de faire des interviews, des passages télé, des photos. Ça m’a semblé plus simple de le faire sous mon nom et peut-être aussi que je me suis autorisé plus de libertés. »
Très ancré, niveau influence, dans les années 1960 avec Sheetah et les Weissmuller, Barnabé Mons voulait proposer aussi quelque chose d’un peu plus actuel. « Je voulais également mettre des chansons plus mélancoliques que j’avais dans la tête depuis cinq à dix ans. Je fais du rock garage, de la bossa nova, des choses un peu planantes. J’avais envie de faire un disque avec plein de palettes différentes mais qui ne soit pas indigeste. »
Pas de vraie rupture donc mais une transition en douceur pour le chanteur qui continue de jongler entre la musique et ses expositions. Dans sa « Galerie des confusions » à Saint-André, il continue de donner de la visibilité à des artistes qui n’en ont pas suffisamment comme actuellement Marie-Thérèse Chevalier, 84 ans. « Elle fait de la production d’arts textiles érotiques, des énormes vulves en textile qu’elle enferme dans des boîtes de Plexiglas, une affirmation de la féminité qui choque encore aujourd’hui mais une œuvre très forte à mon sens », poursuit-il.
Entre ses diverses activités, l’homme ne veut pas trancher et des ponts se créent parfois, à l’image de cette rencontre avec Kiki Picasso, croisé lors de l’exposition « Psychédélice », qui a réalisé la pochette de son album.
Pour le clip du single Bunker superstars, l’artiste a écrit le scénario mais il a fait appel à la créativité de Cyril Jean du Studio Woom pour le réaliser. « J’ai été marqué par le film Tron quand j’étais jeune et je voulais une ambiance dans le style du film, poursuit-il. Je suis parti dans un délire un peu conspirationniste et, avec l’amour, je vais sauver le monde tombé aux mains d’une élite puissante qui nous dirige par les technologies. »
Satisfait de cet album dans lequel il s’est beaucoup plus investi que dans les précédents, Barnabé Mons reste, en revanche, dans l’attente d’une diffusion beaucoup plus large. « Je sais que le saut qualitatif a été remarqué par beaucoup de monde, y compris dans le métier mais c’est un investissement de plusieurs années avec mon manager Julien Alba.
Longtemps, Barnabé Mons n’a eu qu’un rêve : faire la première partie d’un concert de The Cramps. Ce premier rêve enfin exaucé, il s’en est fixé un autre, encore plus élevé. « J’adorerais sortir un tube, qui rayonne auprès du grand public mais qui soit quand même exigeant. Mes références ce serait B initials de Gainsbourg, Gaby Oh Gaby de Bashung ou Le Jerk de Thierry Hazard, des tubes énormes qui ne sont pas cons. »
S’il apprécie beaucoup aujourd’hui Clara Luciani et Juliette Armanet, il avoue ne pas trop se reconnaître dans les musiques qui fonctionnent : « Je ne connaissais pas Aya Nakamura, j’ai écouté et j’en suis désolé mais j’ai été consterné, confie-t-il. Je me dis que je suis très loin de ce qui plaît aux gens en ce moment. Je me sens largué donc je ne sais pas si je réussirai mon rêve mais ça me fait avancer. »
Barnabé Mons ne renie rien de son passé mais admet ne plus être prêt à tout. « Là, on a hâte d’aller sur scène mais je veux le faire dans de bonnes conditions, prévient-il. Je n’emmènerai plus les musiciens dans des bistrots à jouer pour 3 verres. J’ai dû donner 1 000 concerts dans ma vie, dans l’underground, où on ne sait pas où on dort, ce que l’on va manger et où on repart, sans avoir de quoi payer le plein d’essence. J’exagère à peine. Je ne veux plus de ça. »
« Bunker Superstars ». Label Monstre sonore. Prix : 20 € (Vinyle à 30,79 €).
Photos Elodie Fougere et Fred Lovino.