Il aurait peut-être pu faire carrière dans le football ou s’imaginer évoluer dans une grande administration mais c’est finalement sur scène que Phayik Charaf a décidé de se construire un avenir. A force de persévérance, le jeune homme, natif des Comores, mais qui a grandi à Dunkerque, commence à se frayer un chemin dans l’univers très peuplé des humoristes.
Son spectacle « Blanc », à la fois drôle, touchant et lucide sur notre société, a conquis le public du Spotlight au début du mois d’avril. Son prochain passage, ce mercredi 10 mai, affiche déjà complet. Mais le jeune homme a déjà d’autres dates programmées dans cette même salle (29 mai et 1er juilllet) et il entend bien s’exporter également dans toute la France.
Pour en arriver là, il a néanmoins dû faire preuve de persévérance et d’humilité après un premier échec : « J’avais 17 ans, j’étais au lycée, j’avais eu un coup de cœur pour un humoriste américain Dave Chapelle, qui m’avait donné envie de faire de la scène. Et comme un ami organisait une soirée caritative, je lui avais demandé de me laisser faire des sketchs, il y avait un rappeur, des danseurs et moi. Pendant 25 minutes, je me suis pris un bide monumental. »
Le gamin qui avait grandi en regardant l’émission « Au théâtre ce soir », ou encore les sketchs de Chevallier et Laspalès dont « Le train pour Pau », son préféré, a forcément pris un petit coup au moral mais il n’a jamais cessé de suivre différents humoristes et à se régaler des pièces de Laurent Baffie. « J’ai grandi dans un quartier populaire et l’accès au théâtre se faisait via la télévision. J’ai essayé d’embrigader mes frères mais ça ne les intéressait pas. »
Après avoir un temps brillé sur les terrains de football, étant même sélectionné par Les Comores pour disputer des matchs éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations contre le Mozambique, le Zimbabwe et l’Angola, – « une expérience folle à vivre, j’ai eu des frissons en entendant l’hymne national chanté a capella » -, Phayik Charaf a néanmoins donné la priorité à ses études et a décidé d’intégrer une licence en sciences politiques à Lille. « J’ai eu des professeurs qui ont cru en moi et je me suis senti capable de réussir des choses que je n’aurais pas imaginé être en mesure de faire, avoue-t-il. Et puis en venant sur Lille, j’ai décidé de retenter ma chance lors de scènes ouvertes,sur des plateaux de stand up en parallèle de mes études. Après la coupure covid, j’ai vu que ce que je faisais commençait à plaire et la scène a pris de plus en plus de places. Heureusement des amis me filaient les cours. Bizarrement plus mon investissement diminuait, plus mes notes augmentaient. »
Sa licence en poche, il décida de continuer en Masters en faisant croire à tout le monde qu’il était très motivé par ses études alors qu’il avait, en réalité, surtout décidé de se donner deux ans pour créer son spectacle. « Je suis toujours étudiant, ça m’a apporté une rigueur, une méthodologie que j’applique à la scène et à l’inverse la scène m’a donné de l’aisance, je faisais d’ailleurs toujours des blagues dans mes exposés et ça suscitait l’attention des profs et des autres étudiants. »
Sur scène, les opportunités se sont alors multipliées, les premières parties d’artistes confirmés comme Tony Saint-Laurent, Redouane Harjane, Gérémy Credeville ou Olivier de Benoist l’ont aidé à prendre son envol. « J’en ai profité pour poser des questions, prendre des conseils afin de ne pas reproduire les erreurs que d’autres ont pu faire. Ils ont tous pris le temps de me répondre. »
Des conseils qu’il essaie d’exploiter au mieux : « J’écris seul mais j’ai toujours des humoristes qui me font un retour sur une vanne, une posture, une intonation. Ça m’a permis de progresser. » Et de donner encore un peu plus corps à ce rêve de faire carrière sur scène.
Phayik Charaf en spectacle au Spotlight de Lille le 10 mai, le 29 mai et le 1er juillet.