
Planète Lille était ce week-end au salon du livre de Bondues. L’occasion d’échanger avec quelques auteurs présents et ainsi vous suggérer quelques idées de lecture au fil des prochains jours et des prochaines semaines. On commence par le roman « À l’ombre de Winnicott » écrits à quatre mains par Ludovic Manchette et Christian Niemiec.
Pour leur troisième roman en commun, les deux hommes vous embarquent en Angleterre au début du XXe siècle chez les Montgomery, qui habitent un immense manoir du XVIIe à l’architecture assez austère. La famille accueille une préceptrice française, Viviane Lombard, pour s’occuper de leur fils aveugle George. Les méthodes peu académiques de la jeune femme vont rapidement susciter des conflits avec les parents, notamment la mère Lucille, mais aussi avec le personnel du manoir. « Pour elle, le fait que George soit aveugle n’est pas un problème et elle l’encourage à vivre sa vie, à s’épanouir ailleurs qu’entre les murs du manoir alors que sa mère qui le surprotège s’efforce de le maintenir au sein de la maison, n’hésitant pas à lui raconter que le lac qui entoure le manoir est peuplé de monstres pour éviter qu’il ne s’en approche et prenne le risque de se noyer, expliquent les auteurs. Viviane se heurte aussi rapidement au majordome en lui faisant bien comprendre qu’elle ne reçoit d’ordres de personne. Son arrivée est perçue comme une vraie intrusion par le personnel qui se méfie de cette femme issue d’un peuple qui a guillotiné son propre roi ».
Le personnage de Viviane Lombard a été inspirée par la photographe de rue américaine, Vivian Maier, qui était elle aussi une nounou très atypique. L’idée d’un enfant aveugle est venue de Ludovic Manchette. « J’habitais durant ma jeunesse en face d’un centre pour déficients visuels et j’avais été très marqué par tous ces garçons et ces filles que je voyais en train d’appendre à marcher avec une canne, explique-t-il. Avec Christian, on a tout de suite vu le potentiel de ce garçon qui pourrait entendre et ressentir des choses, sans savoir s’il y a vraiment quelqu’un dans la pièce avec lui. » Car, et c’est là tout le nœud de l’intrigue, il n’est pas le seul dans ce manoir, réputé comme hanté, à entendre et sentir des choses sans ne rien voir.
Que s’est-il passé ? Y-a-t-il toujours quelque chose ou quelqu’un d’invisible dans cette vieille bâtisse. Comment chacun réagit aux éléments étranges qui surviennent et quel impact tout cela va-t-il voir sur un couple qui s’aime toujours mais qui est déjà fragilisé par des difficultés de communication et l’absence récurrente du père, Archibald, un archéologue régulièrement en déplacement pour son travail ?
« À l’ombre de Winnicott », éditions du Cherche-midi. Par Christian Niemiec et Ludovic Manchette Prix : 22,50 €