
Alors que près des trois quarts des pays membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont la France, ont procédé ce lundi 22 septembre à la reconnaissance de l’État de Palestine, Planète Lille s’est intéressé au dernier ouvrage de l’enseignant et chercheur Rachid Benzine, « L’homme qui lisait des livres » , sorti fin août aux éditions Julliard. Un roman que l’auteur a eu envie d’écrire juste après l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas dans la bande de Gaza le 7 octobre 2023.
Convié à la soirée de rentrée littéraire de la Fnac, organisée la semaine passée au musée de la piscine à Roubaix, Rachid Benzine fait de la lecture un acte de résistance en imaginant cette rencontre inattendue entre un journaliste français, en quête d’images sensationnelles, et Nabil Al Jaber, un vieil homme assis sur le seuil de sa librairie, en train de lire, au milieu des bombes et des ruines, « comme s’il état en train de prier, comme si les mots pouvaient le sauver. »
« Ne pensez vous pas que derrière tout regard, il y a d’abord une histoire », interroge le libraire, conviant le journaliste qui souhaite le prendre en photo à venir, d’abord, prendre une tasse de thé afin de lui raconter sa vie, une existence entamée en 1948, au moment de l’exode palestinien d’une partie de la population arabe.
Un ouvrage qui entend lutter contre la période de déshumanisation et de manque d’empathie que nous traversons : « Quand on annonce le nombre de morts, ça finit par devenir des statistiques et ça ne touche personne. Les livres sont des transmetteurs de mémoire, la littérature ne sauve pas du fracas, elle ne ressuscite pas les morts, elle ne reconstruit pas les maisons et tout ce qui est effondré mais elle permet de préserver ce qu’il y a de plus érudit chez l’être humain. »
Au fil des pages, l’auteur convoque ainsi, tour à tour, de grands auteurs tels que Malraux, Hugo ou encore Darwich…
Écrire sur le conflit israélo-palestinien et venir en débattre en public n’est pas une démarche aisée tant le sujet est sensible mais Rachid Benzine assume : « Le propre de l’écrivain, c’est de prendre à bras le corps les questions de son temps. Là, il y a urgence, ce qui se passe à Gaza nous concerne tous, insiste-t-il. J’aurais pu faire un essai d’analyse politique mais je constate que ça prend de moins en moins. Globalement, ce ne sont désormais plus les faits qui deviennent le lieu de la vérité mais plutôt le ressenti des gens. À partir de là, il faut passer par le sensible, raconter une histoire, comme celle de ce libraire qui chaque jour, au milieu des bombes, ouvre sa boutique comme un acte d’insubordination, de résistance. »
« L’homme qui lisait des livres », un roman de Rachid Benzine, aux éditions Julliard. 128 pages. Prix : 18 €.