Après le triomphe, l’an passé, de Back to fever night, récompensé par un prix du public lors d’une cérémonie mettant à l’honneur les meilleures comédies musicales, le nouveau spectacle imaginé par Alexis Meriaux pour le Casino Barrière de Lille, intitulé In my eighties, est également une franche réussite.
Après les années 1970, le metteur en scène nous emmène cette fois au coeur de la décennie suivante pour un show pétillant, plein de couleurs, d’énergies, d’émotions qui fait danser, à chaque représentation, toutes les générations. « J’avais envie de continuer dans cet univers de fête initié l’an passé, même si chaque spectacle à son propos, confie Alexis Meriaux. Dans Back to fever night, on évoquait la différence, l’homosexualité, le regard des autres ; les années 1980 ce sont des musiques que les gens adorent, que toutes les générations connaissent, les gamins de 11 ans chantent toujours aujourd’hui des tubes comme Les Sunlights des tropiques. Ça nous rappelle des moments joyeux, une époque où on se prenait moins la tête, où il y avait moins d’interdits mais il y a aussi des tonalités sombres durant ces années. »
Le SIDA est ainsi au coeur du spectacle : « Je voulais en parler car j’ai, comme beaucoup de gens, une histoire personnelle avec cette maladie, poursuit-il. Mon grand-père a subi une opération en 1983 suite à laquelle il est décédé et il a fallu quelques années pour retracer ce qui lui était arrivé et ça a donné le scandale du sang contaminé. Je voulais rappeler que cette maladie qui a fait 40 millions de morts, qui a changé nos vies, notre façon de s’aimer, notre approche de la sexualité, n’est pas une épidémie sale, qui concerne les hommes homosexuels. »
Alexis Meriaux a ainsi volontairement choisi une femme pour incarner son personnage principal, Eve Petit. « Je voulais que ce soit une femme hétéro qui meure du SIDA et c’était aussi important car ce sont les années où les femmes ont réussi à s’émanciper, se réaliser dans leurs carrières tout en étant mères de familles. »
Pour l’incarner, le jury a arrêté son choix lors des castings sur Lucile Luzély, que le grand public avait découvert en 2008 dans l’émission Nouvelle star sur M6, où elle avait été finaliste dans la promotion d’Amandine Bourgeois. « Lucile a été très vite une évidence, explique le metteur en scène. Elle avait passé le casting de Back to fever night, elle avait tout déchiré, c’était même la meilleure, mais je trouvais que le spectacle n’était pas fait pour elle et comme j’avais déjà ce spectacle des années 1980 en tête, je savais que ça lui conviendrait mieux. Elle a le grain de voix, la personnalité et une façon de s’habiller au quotidien qui collent à cette décennie. »
Pour l’accompagner, des musiciens, des danseurs et des chanteurs qui ont la particularité de représenter chacun un de ses traits de personnalité. Des voix et des gabarits volontairement très différents pour lutter contre les stéréotypes et décomplexer les gens.
Si le choix des chansons a été un véritable casse-tête, « j’ai dû sacrifier tellement de morceaux iconiques mais il fallait que je retienne ceux qui me permettaient d’imager mon propos et de faire avancer le spectacle », Alexis Meriaux a tout de même, à travers différents mash-up, distillé pas mal de madeleines de Proust pour les spectateurs. L’équipe artistique a aussi particulièrement soigné les costumes, les décors et les lumières. « C’est comme un joli tableau, s’il n’y a pas le cadre qu’il faut et la bonne lumière, ça ne rend pas pareil ».
Prochaines représentations du spectacle « In my eighties » au Casino Barrière de Lille, vendredi 15 mars, samedi 16 mars, samedi 23 mars, vendredi 29 mars et samedi 30 mars, à chaque fois à 21 h. D’autres dates sont prévues ensuite jusqu’au vendredi 21 juin.