Il y a quelques semaines, Benjamin Epps était l’un des invités spéciaux de la Fnac pour sa soirée de rentrée littéraire au musée de la Piscine à Roubaix. Le jeune rappeur de 27 ans avait alors été séduit par la beauté du lieu : « C’est un site magnifique, un lieu atypique, c’est agréable d’être au milieu de ces écrivains, c’est inspirant. Nous les rappeurs, on écrit forcément, je ne dis pas que c’est de la littérature mais c’est une autre façon de jouer avec les mots. »
Ce soir-là, Benjamin Epps avait d’ailleurs partagé un joli un moment avec Abd al Malik, qui a, lui, connu le succès aussi bien comme rappeur que comme écrivain. Suivre les traces des aînés, aussi bien sur le plan familial que musical, a toujours été au coeur de l’évolution du Gabonais : « J’ai découvert le rap avec mes frères et notamment mon grand-frère qui vivait en France dans les années 1990 et qui a ramené plein de CD à la maison. C’est là que je suis tombé amoureux de la culture hip hop. »
Au fil des années, plusieurs rappeurs ont nourri sa passion et c’est tout naturellement qu’il a d’ailleurs fait appel à certains d’entre eux pour partager un titre sur son premier album La Grande désillusion, sorti en début d’année. « Avec Lino, il fallait que ça se fasse, j’étais déjà fan tout petit. C’était une opportunité que je ne pouvais pas manquer. Tout comme MC Solaar, qui a démocratisé le rap en France. Il était nécessaire pour moi d’aller chercher des gens qui ont marqué différentes périodes de ma vie », précise-t-il.
Un album en forme d’aboutissement de seize ans de travail. « Une passion qui est devenue un métier, confie-t-il. Quand on sort un EP, ça nous sert un peu de carte de visite, c’est une façon de dire, « je suis Benjamin Epps, jeune rappeur originaire de Libreville, voilà ce que je sais faire ». Un album, c’est une autre étape, c’est le moyen de dire aux gens qui l’on est, d’où l’on vient, comment on a grandi. On ouvre un peu la porte pour que les fans puissent se faire une idée de ce qu’ont été nos vies. En ce qui me concerne, j’espère que cet album n’est que la préface, j’ai encore tellement d’histoires à raconter. »
Parfois défini comme un rappeur un peu « old-school », Benjamin Epps amène néanmoins une fraîcheur, un souffle nouveau au genre : « Le fait d’avoir grandi au Gabon donne une autre perspective que celle purement franco-fraçaise. Je suis né dans une autre réalité, un autre environnement, avec une autre approche de la vie. ça m’a nourri et ça me permet d’avoir une identité propre. »
Ses punchlines font souvent mouche mais Benjamin Epps n’oublie jamais que tout cela n’est qu’un jeu : « Le rap c’est un peu comme de la boxe, beaucoup de bluff, de l’intimidation mais toujours dans le cadre de ce que l’on fait, assure-t-il. Il peut arriver que certains ne cloisonnent pas mais pour beaucoup d’entre nous, ça n’a rien à voir avec nos vies de famille, les hommes que nous sommes en dehors de la scène. »
C’est en tout cas avec un réel plaisir que l’artiste s’apprête à retrouver celle du Splendid : « Lille c’est spécial. Il y a toujours une belle énergie ici. Je pense que dans une autre vie, je serais né et j’aurais grandi à Lille. »
Benjamin Epps est en concert au Splendid de Lille, ce mercredi 6 décembre (20 h).
Photo Breakers.