Une ligne narrative, pas de paroles, beaucoup d’interactions avec le public et surtout une multitude de sons issus non pas d’instruments classiques mais d’objets du quotidien comme des cuillères, des balais, des casiers, des poubelles, des éviers ou encore des caddies : voici les ingrédients du succès de Stomp. Ce spectacle, imaginé en 1991 par deux Britanniques Steve Mc Nicholas et Luke Cresswell, tourne partout dans le monde depuis maintenant une trentaine d’années.
Le Suisse Adrien Rako, basé à l’époque sur Londres pour chercher du travail dans la danse, a rejoint la troupe il y a huit ans. Depuis, même s’il a mené des projets en parallèle en fondant une école de danse, en créant une association à Fribourg pour promouvoir la danse urbaine mais aussi en passant un bachelor et un masters en traduction à Genève, Adrien Rako n’a plus jamais quitté la compagnie. « La magie de Stomp, c’est le mélange de la danse, de la musique, du théâtre. C’est un voyage dans l’inconnu, les gens ne savent pas à quoi s’attendre. »
L’intéressé reconnaît le côté atypique de la prestation : « C’est à la fois intuitif et dérangeant, familier et étranger, déroutant et ludique, confie-t-il. On fait de la musique avec des objets auxquels on ne s’attend pas du tout mais, en réalité, dans la vie de tous les jours, les gens ont naturellement tendance à faire ce genre de bruits, à tapoter par exemple sur leur verre avec une fourchette. »
Parmi les huit artistes présents sur scène, chacun a sa spécialité, certains ont un penchant pour la musique, d’autres pour la danse. Adrien Rako fait partie de la deuxième catégorie. « Il y a beaucoup de chorégraphies, des mouvements qui accompagnent la musique car nous ne jouons pas assis. On est debout, en interaction avec les autres et avec les objets. »
Doté d’un sens du rythme, inculqué par ses parents, Adrien Rako, guitariste de formation et qui sait aussi jouer de la basse et du piano, avoue que faire de la musique avec des objets du quotidien est très différent : « Il n’y a pas de méthodologie pour apprendre à s’en servir, il y a beaucoup d’intuition, des moments d’improvisation mais on arrive à créer une vraie harmonie, des moments d’unisson. Au fil du temps, le Suisse reconnaît aussi « une curiosité accrue pour le potentiel sonore d’un objet ». « Cette recherche quotidienne est presque une seconde nature pour nous, ce n’est pas évident pour les gens qui vivent avec nous », s’amuse-t-il. C’est, en revanche, une vraie révélation pour le public.
Plus de quinze millions de spectateurs ont déjà laissé opérer la magie à travers le monde. Pour les Nordistes, rendez-vous est donné ce samedi 21 ou dimanche 22 octobre au théâtre Sébastopol de Lille.