
Il y a quelques semaines, la plus française des artistes australiennes, Tina Arena, était présente pendant deux jours au Stade Pierre-Mauroy pour prendre part à la grande bataille musicale entre les stars des années 1980 et des années 1990. Ce fut l’occasion pour Planète Lille d’évoquer avec elle ses souvenirs, ses projets, sa vision de l’évolution de l’industrie de la musique avant son retour en octobre 2026 au théâtre Sébastopol à Lille.
Tina, pourquoi avoir accepté de prendre part à ces soirées événementielles ?
« Je trouve ce concept très amusant, très divertissant, aussi bien pour le pubic que pour nous. C’était une occasion de se reconnecter tous ensemble, d’autant que je pense que nous sommes la dernière génération qui a vécu les vrais derniers jours de gloire de la musique. Avec le monde digital, le changement qui s’est opéré a été radical. »
Vous connaissiez bien vos camarades de scène ?
« Je connaissais surtout ceux des années 1990, notamment Hélène Segara avec qui j’ai fait beaucoup de plateaux de télévision ou encore Michael Jones avec qui je faisais Les Enfoirés. J’ai travaillé pour la première fois en 1995 mais je connaissais aussi Renaud et Patrick Hernandez. En Australie, « Born to be alive » était aussi un tube énorme et encore aujourd’hui quand la chanson est diffusée là-bas, tout le monde va sur la piste de danse. »
Ces concerts au stade Pierre-Mauroy étaient les prémisses de vos prochaines retrouvailles avec le public français ?
« Je ne sais pas si on peut vraiment parler de retour car je n’ai jamais vraiment quitté la France, j’y suis revenue à plusieurs occasions mais c’est vrai que je me suis réinstallée en Australie en 2012 et ça fait une quinzaine d’années que je n’étais pas montée sur scène ici. Le temps passe tellement vite. »
Malgré les années, votre cote est toujours aussi haute…
« Je le ressens, en effet, mais l’histoire que j’ai avec la France ce n’est pas une aventure d’un soir, c’est le résultat de beaucoup d’années de travail. Quand je suis arrivée, je ne parlais pas le Français, j’ai ressenti énormément de frustrations pendant des semaines et des mois. J’ai besoin de comprendre ce que les gens disent, je suis curieuse. Ma langue maternelle c’est l’Italien puis j’ai appris l’Anglais et ensuite le Français. Je comprends aussi un peu l’Espagnol. Les langues étrangères me fascinent, elles font partie de mon ADN. »
Vous serez notamment en octobre 2026 au théâtre Sébastopol à Lille. A quoi faut-il s’attendre ?
« On va entendre bien sur les tubes incontournables mais c’est aussi une occasion de mieux faire connaître mon univers musical, la France c’est une partie de ma carrière. Je vais présenter des chansons de mon répertoire de différentes époques, ce sera un petit voyage dans le temps. »
Quels souvenirs gardez-vous de vos passages dans le Nord ?
« J’ai des chtis dans la famille. C’est drôle, non ? J’ai toute une branche de la famille Arena, qui s’est installée en France, à Tourcoing en particulier. Les gens du Nord sont chaleureux, très accueillants, c’est un public qui n’a pas peur de montrer ses émotions, je trouve ça fabuleux. Tu le sens, dès que tu montes sur la scène, tu sens une vraie excitation. C’est très humain. C’est un très bel échange ».
Un nouvel album est en cours ?
« Oui, je viens juste de finir en studio, il y a quelques semaines. Je chante cette fois en Espagnol et en Italien, je pense que ça va sortir en fin d’année. »
Vous disiez en préambule que vous faisiez partie de la dernière génération qui a vécu les belles heures de la musique. Vous ne vous y retrouvez plus aujourd’hui ?
« Le cadre est différent, les gens consomment différemment. Ce n’est pas mon truc, je n’écoute pas la musique en streaming, je l’écoute chez moi, à l’ancienne, si possible avec un vinyle. J’ai besoin de toucher l’objet. Je sais que mes chansons sont disponibles sur les plateformes mais j’espère que les gens vont finir par se rendre compte que l’intelligence artificielle est un vrai danger, ça me fait peut, ça va tuer la création. J’alerte depuis un moment, j’ai toujours été considérée en Australie comme quequ’un qui parlait trop mais des artistes commencent à se mobiliser. La musique c’est un travail artisanal, ça prend des années. Ce que je trouve rassurant, c’est le succès de ces soirées années 1980-années 1990 avec tous ces gens qui chantent à chaque moment de toutes les chansons, ça prouve que les gens restent sensibles à la musique de cette période. »
Tina Arena sera en concert le samedi 17 octobre 2026 (20 h) au théâtre Sébastopolo de Lille.