
Le film est culte. La pièce est en passe de l’être. Qui n’a pas rêvé d’avoir un professeur aussi peu conventionnel que John Keating, qui n’a pas ressenti de frissons à l’évocation de la scène finale et de cette fameuse phrase «Oh capitaine, mon capitaine ». « Le cercle des poètes disparus » a marqué toute une génération au cinéma. Une autre la (re)découvre depuis quelques mois au théâtre grâce à la mise en scène d’Olivier Solivérès, la performance ébouriffante de Stéphane Freiss et celle non moins remarquable d’une bande de jeunes comédiens, emmenée par Ethan Oliel, molière 2024 de la révélation masculine.
Avec six nominations et deux trophées, la pièce a convaincu la profession. Le public fut tout aussi séduit, si ce n’est plus, à en juger par la standing ovation à laquelle nous avons assisté, mi-mai, lors de l’une des deux représentations au Colisée de Roubaix. Le directeur de la salle, Bertrand Millet, a d’ailleurs signé pour une nouvelle représentation le 21 mars 2026.
En attendant, c’est le public touquettois qui est convié ce samedi 31 mai à découvrir cette hymne à la vie, portée par un Stéphane Freiss, qui était pourtant passé à côté de chef-d’oeuvre lors de sortie dans les salles obscures en 1990. « J’étais passé à côté au début et, ensuite, je n’avais pas voulu tomber dans cette sorte d’emprise où il faut aller voir un film parce que tout le monde en parle et que ça devient un phénomène, explique-t-il. Trente années sont passées et lorsqu’on m’a proposé la pièce, j’ai enfin pris le temps de le regarder. »
Le comédien a même travaillé la dernière adaptation avec le metteur en scène : « Il fallait respecter les arcs que le public qui a vu le film vient rechercher mais je voulais aussi amener un texte, une philosophique. Dans le film, le personnage de Robin Williams amuse ses étudiants, il les provoque, il les extravertit. Il leut fait aussi des blagues avec des accents que l’on ne peut plus faire aujourd’hui. On a donc essayé d’amener une pensée, surtout à une époque où tout est remis en question, à commencer par l’enseignement des professeurs qui sont d’ailleurs touchés dans leur chair, au sens propre pour exercer leur métier. Il fallait mettre dans la bouche de Keating un texte qui fasse la part belle à ces gens qui consacrent avec passion leur vie à ça. »
Ravi de voir autant de jeunes venir, et parfois même revenir plusieurs fois, lors des différentes représentations, Stéphane Freiss souhaitait glisser ce message « que l’on peut aller en cours et rencontrer des gens qui marquent ta vie qui te donnent une vocation ou du moins qui t’apprennent à penser par soi-même, à être libre ».
Le comédie affirme avoir lui-même croisé sur sa route ce genre de personnes : « J’ai eu un professeur de physique-chimie au lycée qui était un fou furieux. J’étais nul en sciences mais il m’a fait aimer sa matière par sa passion, sa pédagogie. Il donnait vie aux atomes, aux molécules… Puis, il y a eu mes professeurs de théâtre qui ont déclenché en moi cette envie folle de faire ce métier. Je dis souvent aux gens de bien ouvrir les yeux et les oreilles, il y a plein de trésors autour de nous. »
Les jeunes comédiens qui l’entourent sur scène sont, eux-mêmes, de véritables pépites : « Je suis entouré de jeunes qui vont probablement occuper une place importante dans ce métier au cours des trente ou même cinquante prochaines années. C’est une génération qui marquera le théâtre et peut-être le cinéma, pronostique-t-il. Je suis très fier car je vis une histoire fantastique avec eux, sans doute l’une des plus grandes de ma vie d’acteur. On est connectés, complices, je les admire et ils ont du respect pour moi. C’est un rôle marquant mais au-delà de ça, une aventure humaine inoubliable. Avec eux, je rajeunis et ça, ça n’a pas de prix. »
« Le cercle des poètes disparus » avec Stéphane Freiss, mise en scène d’Olivier Solivérès, ce samedi 31 mai (20 h), salle Ravel du Palais des Congrés au Touquet puis au Colisée de Roubaix le samedi 21 mars 2026.