
Le groupe rock folk québécois des Cowboys fringants pose ses valises ce samedi 12 avril (20 h) au Zénith de Lille. Entretien avec l’un des principaux auteurs des chansons, le guitariste et chanteur Jean-François Pauzé…
Jean-François, lorsque vous avez créé ce groupe en 1995 avec Karl Tremblay alors que vous étiez encore étudiants, vous ne pouviez pas imaginer exister encore trente ans plus tard ?
« Ce n’était, en effet, pas dans nos plans immédiats puisqu’au départ on avait monté ce groupe pour faire rire nos copains. On ne pouvait pas imaginer que ça allait durer une si longue période. C’est dur d’analyser les raisons de ce succès mais je pense que la proximité avec le public lors de nos spectacles est vite devenue notre marque de commerce et qu’il y a eu beaucoup de bouche à oreille, d’abord au Québec puis dans l’Europe francophone. Nos textes ont aussi su fédérer une certaine partie de notre public, même si nos références ne parlent pas forcément à tout le monde en Europe. »
Le groupe a vécu plusieurs secousses avec le départ du batteur Dominique Lebau à la fin des années 2000 et, surtout, le décès de Karl Tremblay, il y a quelques mois. Il a fallu se relancer à chaque fois, est-ce que ça a toujours été une évidence de continuer cette aventure ?
« Après le départ de Dom, il a en effet fallu reconstruire le groupe mais ça n’a pas été trop long. En revanche, depuis le décès de Karl, c’est vrai que nos activités sont un peu à l’arrêt. On se contente des projets en cours comme cette comédie musicale que vous verrez à Lille et on analysera au fur et à mesure quelle suite on veut donner ou pas. »
Karl Tremblay avait eu le temps d’enregistrer quelques titres qui figurent dans le dernier album « Pub Royal ». J’imagine que ça doit être particulier de les chanter aujourd’hui sur scène sans lui ?
« Il y a vraiment eu des moments assez difficiles à vivre. D’abord pour lui qui était très malade au moment où il enregistrait ces titres là mais il voulait vraiment les chanter. Le voir dans cet état, n’était pas non plus évident pour nous et c’est vrai que de les entendre chanter par d’autres personnes que lui, ça crée quelque chose d’ambivalent. D’un côté, nous sommes contents que ça se perpétue mais de l’autre, c’est dur de savoir qu’il ne reviendra plus les chanter avec nous. »
De nombreux personnages fictifs comme Gina Pinard ou Jipi Labrosse peuplent vos chansons. Parlez-nous d’eux ?
« J’ai toujours été fan des chansons où les personnages entraient en jeu donc on a fait en sorte de concocter des personnages hauts en couleur, totalement ridicules dont on se sert à travers ce projet de comédie musicale. »
Vous êtes définis comme un groupe très engagé sur le plan politique, est-ce indispensable à vos yeux que votre musique véhicule des messages, fasse réfléchir ?
« Non, il n’y a aucune obligation et on a aussi des chansons avec des histoires loufoques, simples, pathétiques. Une chanson c’est fait pour divertir. D’ailleurs je n’aime pas trop cette étiquette de groupe engagé qui nous a été collée car il s’agit d’une trentaine de chansons sur plus de deux cents titres qu’on a pu faire. »
Vous disiez tout à l’heure qu’en Europe, tout le monde n’a pas toujours les références quand vous évoquez la politique, l’histoire du Québec dans vos textes, est-ce qu’il y a du coup des adaptations quad vous jouez hors de vos frontières ?
« Non, on a toujours fait comme au Québec et je pense que les fans des Cow-boys fringants font eux même leur recherche,qu’ils ont la curiosité de comprendre les références. C’est la démarche que je faisais moi-même quand j’écoutais à 25-30 ans les chansons de Renaud dont j’étais un grand fan pour comprendre les références que je n’avais pas. »
Vous êtes sensible aux questions écologiques. Que vous inspire la décision du groupe français Shaka Ponk qui a décidé de stopper sa carrière en plein succès pour des raison environnementales, en raison d’une trop grande empreinte carbone générée par leurs déplacements, leur logistique ?
« Je n’étais pas encore au courant de leur démarche mais c’est tout à leur honneur. Nous on a une fondation cowboys fringants pour compenser. Ce n’est pas parfait mais on a déjà planté plusieurs millions d’arbres, on limite les déplacements notamment en avion, mais on a quand même besoin d’avoir une carrière pour vivre. On fait des compromis. »
Lille est un public réputé en France, est-ce que cette réputation a franchi les frontières et quels souvenirs gardez-vous de vos précédents passages ?
« Souvent quand un journaliste pose ce genre de questions, on a tendance à répondre dans chaque ville où l’on passe que c’est le meilleur public mais pour le coup, je dois admettre qu’on a de superbes souvenirs ici. On a déjà joué au Splendid et à l’Aéronef avec un public complètement fou. »
Les Cowboys fringants seront en concert ce samedi 12 avril (20 h) au Zénith de Lille.