
Avant de prendre la route du Festival d’Avignon, où il jouera du 5 au 24 juillet au théâtre du Train Bleu, Grégori Miège fait étape pendant quatre jours du 14 au 17 mai au théâtre du Nord pour présenter son spectacle « Comme tu me vois, récits d’une grossophobie ordinaire ».
Un spectacle né de l’envie du comédien de s’investir sur les questions de grossophobie, ce qui l’a amené à échanger avec le sociologue Arnaud Alessandrin et la sémiologue Marielle Toulze. « Elle m’a confirmé que c’était une discrimination encore très invisibilisée mais qu’il existait de nombreux témoignages, explique-t-il. Je me réjouissais donc de mettre en scène un spectacle avec des amateurs qui livreraient leurs expériences mais très vite ils m’ont dit que ce serait ingérable, qu’il fallait écrire une pièce et que je la joue. Ils m’ont assez vite convaincu, on a effectué une résidence d’écriture un été. »
Très vite, le théâtre du Nord a accepté d’accompagner le projet : « Cette discrimination est l’une des plus violentes. En résumé, si tu es gros c’est forcément de ta faute, c’est le seul prisme de lecture, déplore le directeur David Bobée. À force de travailler avec Grégori, j’ai pu voir les différents obstacles qu’il est obligé de traverser pour travailler normalement, les textes sont passionnants et on espère que ça donnera de la force aux personnes concernées d’avoir des outils d’affirmation de soi. Et pour les autres, il faut arrêter de se regarder de travers. Ce qui est dingue c’est que personne n’est vraiment heureux de son corps. »
Dans une société où près de la moitié des plus de 18 ans souffre de surpoids ou d’obésité, le sujet de ce spectacle est donc d’utilité publique.
Très vite, il fut également décidé que Grégori Miège serait seul sur scène pour porter des textes qui ne sont pas forcément les siens : « Il a fallu que je ramène tous ces textes à moi, même ceux écrits par des femmes, que l’on ait l’impression que c’est toujours mon histoire », précise-t-il.
Dans la mise en scène, il a été décidé de proposer la forme la plus épurée possible : « Je suis un passionné de costumes et j’avais donc au départ des idées un peu folles, pas mal de velléités esthétiques mais on s’est dit avec David que ça risquait de brouiller les pistes et qu’il fallait donc supprimer tout le superflu pour ne garder que l’essentiel », poursuit Grégori Miège.
Un spectacle auquel le comédien espère donner plusieurs vies et qu’il aimerait, par exemple, jouer dans des écoles ou des hôpitaux.
« Comme tu me vois – récits d’une grossophobie ordinaire », un spectacle interprété par Grégori Miège, du 14 au 17 mai au théâtre du Nord à Lille.