De retour dans son village natal, après des années passées à explorer le Pôle Nord et à traquer le yéti, Coline Morel (Blanche Gardin) doit faire face à une vie qui a volé en éclats avec un licenciement professionnel, une rupture amoureuse, des soucis de santé et des retrouvailles pas forcément simples avec ses deux frangins (Philippe Katherine et Bastien Bouillon) perdus de vue depuis des années.
Tourné dans les décors de montagne du Jura et dans l’immensité glaciaire du Groenland, « L’Incroyable femme des neiges », en salle dès ce mercredi 12 novembre, offre à Blanche Gardin un écrin dont l’artiste n’aurait même pas osé rêver. « Je n’ai jamais vraiment calculé quoi que ce soit, je ne m’attendais donc pas à ce que l’on me propose ce type de rôle et c’est arrivé comme un cadeau, confie-t-elle. En lisant le scénario, j’ai tout de suite été très émue de voir à quel point ça évoquait des thèmes qui me tenaient à cœur pour des raisons personnelles, philosophiques. »
La comédienne avoue n’avoir jamais autant travaillé pour un rôle : « J’ai senti que, pour la première fois, on me proposait quelque chose qui me semblait important, qu’il fallait que je me prépare sérieusement. J’ai travaillé avec un coach de jeu, chose que je n’avais jamais faite avant, précise-t-elle. J’ai découvert un tas de techniques, ça m’a ouvert les yeux sur une façon de jouer que je ne soupçonnais pas, en termes d’approche de corps, de physique, de ressentir exactement ce que le personnage ressent. »
Habitué à ne pas trop réfléchir aux comédiens susceptibles d’incarner ses personnages, le réalisateur Sébastien Betbeder a, cette fois, fait une entorse à son fonctionnement. « Dès le début, j’ai écrit en pensant à Blanche. Si elle n’avait pas accepté, il n’y aurait pas eu de film, indique-t-il. J’avais besoin pour ce personnage, plus que pour tout autre film, d’être en accord avec la personne qui allait interpréter ce rôle sur des questions politiques, sur le rapport au monde et à l’époque. Avec Blanche, on partage ce sentiment que la comédie est l’endroit idéal pour raconter des choses sérieuses et j’ai eu le sentiment qu’on pouvait approfondir cette Coline Morel ensemble. C’est ce qui s’est passé au-delà de mes espérances parce que Blanche a pris le personnage à bras-le-corps. »
Un personnage né de l’imagination du réalisateur : « Je me suis forcé à ne pas prendre comme référence une exploratrice ou une anthropologue. C’est un personnage dont on comprend, par bribes, le passé, l’éclectisme de sa démarche. »
Enchanté de tourner avec Blanche Gardin, Sébastien Betbeder était tout aussi heureux de retrouver le Groenland, un territoire qui a énormément compté dans sa carrière et qu’il a découvert grâce à l’explorateur Nicolas Dubreuil qui vivait la moitié de l’année dans le village des personnages inuits du film. Deux longs métrages, Inupiluk et Voyage au Groenland figuraient déjà à sa filmographie : « J’ai été tellement bouleversé par le rapport aux habitants, aux lieux, au froid. Je m’étais dit que je reviendrais un jour avec un bon sujet de film. »
Un décor en revanche totalement inconnu à Blanche Gardin et qu’elle a découvert à travers les yeux de son personnage : « Je me suis tout de suite sentie dans un univers qui m’a fait comprendre pourquoi elle fuyait là-bas, en raison de son inadaptation au monde tel qu’il est, là où elle a grandi. Quand on arrive au Groenland, on comprend pourquoi ça peut être un lieu de nouvelles constructions, d’imaginaire, un lieu d’où l’on peut repartir à zéro, tout effacer. »
« L’Incroyable femmes des neiges », un film de Sébastien Betbeder, en salle, ce mercredi 12 novembre, avec Blanche Gardin, Philippe Katherine, Bastien Bouillon…