Il y a ceux qui vénèrent les divinités égyptiennes et puis ceux, comme Ibrahim Maalouf qui ont décidé de rendre hommage à une diva du pays des pharaons, Oum Kalthoum. Le célèbre trompettiste franco-libanais a voulu célébrer cette année les dix ans de son album « Kalthoum » et les cinquante ans de la disparation de l’artiste africaine en relançant une série de concerts qui le verront passer par Lens, Calais et Cambrai au cours des prochaines semaines.
Un choix qui pourrait surprendre ceux qui l’imaginaient davantage inscrire Lille sur sa feuille de route : « J’ai toujours trouvé intéressant de faire voyager ma musique partout où c’est possible, explique-t-il. Je me considère comme un nomade et je vais avec plaisir découvrir de nouvelles personnes, là où nous somme invités. »
C’est aussi le sens de son passage télévisuelle dans l’émission « Prodiges » ou encore de son investissement au sein de l’association « Orchestre à l’école ». « Quand j’étais petit et que je disais que je voulais faire de la trompette, les autres me regardaient bizarrement car ils étaient tous dans les jeux vidéo. Nous n’étions qu’une dizaine à jouer d’un instrument mais grâce notamment au travail de ces associations les choses se démocratisent. »
Ibrahim Maalouf est très attaché aux notions de partage, de transmission, « Trumpets of Michel Ange » est ainsi le nom de son dernier album mais aussi le nom d’une nouvelle marque de trompettes et celui d’une académie qu’il a créée. « La transmission c’est dans l’ADN familial, je trouverai ça égoïste de faire ce métier sans transmettre, assure-t-il. J’ai commencé à enseigner à l’âge de 17 ans et je n’ai jamais arrêté. »
Guidé par cette ambition de réaliser le rêve de son père de voir des gens jouer de la trompette partout dans le monde, Ibrahim Maalouf attend avec impatience le grand concert qu’il donnera le 10 avril 2027 dans la Paris Défense Arena pour fêter un autre anniversaire, celui de ses vingt ans de carrière. « Si on m’avait dit que je ferai vingt ans de carrière, je ne l’aurais jamais cru, j’étais né pour être un homme de l’ombre mais la musique m’a amené sur scène et je suis heureux d’honorer l’héritage de mon père, avoue-t-il. Ce concert de 2027 est un très gros message pour moi car jusqu’à présent, je me confrontais au regard de gens qui disaient que la musique instrumentale n’était pas populaire, je me heurtais à des murs quand j’allais voir les maisons de disque ou les radios. D’ailleurs, 99 % de la musique qui passe sur les ondes sont des chansons. Avec ce concert, j’ai l’opportunité de montrer que c’est possible que des gens remplissent une Arena pour un seul instrumentiste. Quelques pianistes l’ont fait mais dans le jazz ça n’existe pas. »
Un concert qui témoigne du chemin parcouru par l’artiste depuis ses débuts : « En général j’essaie de ne pas regarder en arrière mais plutôt de me concentrer sur de nouveaux projets ; Cet anniversaire me pousse à réécouter des choses que j’ai pu faire. Je n’ai jamais fait d’albums conceptuels, je raconte toujours des choses très personnelles de ma vie, mon regard sur le monde. Je n’ai pas abandonné la philosophie que j’avais à mes débuts mais il y a des choses qu’aujourd’hui je ne ferai pas de la même façon, que je ne trouve pas assez abouties, où j’aurais pu prendre d’autres directions. »
Perfectionniste et curieux, Ibrahim Maalouf ne cesse de s’ouvrir de nouveaux horizons, il a ainsi poussé sa découverte de la musique électro dans « The Ibrahim Maalouf electronic experience » : « Je ne réfléchis jamais à l’avance à ce que je vais aller exploorer. Je laisse les choses se faire naturellement, indique-t-il. Je m’amuse dans la musique électronique depuis longtemps, j’avais bossé avec deux musiciens canadiens sur mon premier album. Là, je vais bien plus loin, je me mélange avec la musique électro d’aujourd’hui. Je bosse des sons avec Mercer, qui collabore avec DJ Snake depuis des années. L’idée c’est qu’il me sorte de ma zone de confort. »
Ibrahim Maalouf sera en concert le vendredi 14 novembre (20 h) au Colisée de Lens, le jeudi 27 novembre (20 h 30) au Grand théâtre de Calais et le jeudi 4 décembre (20 h 30) au théâtre de Cambrai.