Il y avait foule mercredi après-midi à la Fnac de Lille pour rencontrer Josée Marcotte, Dominic Bellavance, Simon Rousseau et Louis-Pier Sicard. Ces quatre Canadiens font partie d’un collectif de romanciers qui ont mis leurs talents d’écriture au service d’un concept original, celui de revisiter des contes pour enfants dans une version moderne et terrifiante. « Il y avait des comics américains « Fables » qui avaient repris des personnages issus de contes de notre enfance en les plaçant dans un monde cruel, tortueux. J’avais trouvé ça génial et je pensais qu’on pouvait modifier un peu le concept à notre sauce », explique Simon Rousseau, auteur et directeur de la collection.
Les éditions ADA au Québec ont validé l’idée et plus de quarante livres sont sortis, avec un succès tel que le collectif a décidé désormais de s’attaquer aux classiques. « Je sentais qu’on commençait à s’essouffler avec les contes et là ça nous permet de travailler sur des ouvrages plus épais, plus denses, poursuit-il. Tout le monde connaît les titres de ces classiques mais sans forcément les avoir tous lus. C’est une opportunité de les redécouvrir et peut-être de relire ensuite les originaux. »
Les quatre auteurs présents ont donc signé les premiers romans de cette nouvelle vague. Dominic Bellavance s’est attaqué à Vingt mille lieues sous les mers : « ça vient d’une fascination pour les abysses océaniques, confie-t-il. J’ai lu beaucoup de livres de Cousteau quand j’étais jeune, c’est un choix qui m’apparaissait naturel d’aller puiser dans les abysses l’inspiration, on y trouve facilement de l’horreur ne serait-ce qu’avec les créatures qu’on y trouve et les dangers des lieux. Chaque année on découvre de nouvelles espèces qui vivent à ces profondeurs-là. »
L’auteur affirme être resté proche de l’œuvre originale : « Au début il y a des bateaux qui coulent un peu partout dans le monde et on se demande si c’est lié à une créature préhistorique qui a ressurgi des abysses ou à des pirates. Une expédition est donc mise en place pour partir chasser cette créature ou trouver une réponse. »
Après avoir revisité, entre autres, « La princesse aux petits poids » et « Le lac des cygnes », Josée Marcotte a, elle, opté pour Orgueils et préjugés. « Je suis une fan finie de Jane Austen, j’avais lu son livre il y a une vingtaine d’années, j’adore la série télé de la BBC et le film avec Keira Knightley, explique-t-elle. J’ai essayé d’amener de la noirceur, de trouver ce qui pourrait arriver aux personnages dans un monde contemporain, est-ce que madame Bennet trouverait aujourd’hui son monsieur Darcy ».
Le troisième larron, Louis-Pier Sicard, n’avait pas lu Le fantôme de l’Opéra avant que le projet ne démarre : « Lors d’une première tournée en France, on avait visité le palais Garnier et ça m’avait inspiré, indique-t-il. J’ai trouvé une vieille édition chez un bouquiniste et j’avais tout ce qu’il me fallait pour commencer. Le contexte permet un peu de lyrisme que j’affectionne particulièrement. En fait, j’ai davantage brodé une intrigue au sujet du mystère concernant l’identité du fantôme. Je voulais vraiment qu’on ne fasse pas que le craindre, qu’on apprenne à l’aimer malgré son côté noir ».
Enfin, Simon Rousseau s’est penché sur le cas de Frankenstein : « C’est une œuvre gothique majeure que j’avais vraiment envie de retoucher même si je me suis un peu arraché les cheveux pour trouver la bonne approche et que mon récit ne soit pas cousu de fil blanc, précise-t-il. J’ai voulu y mettre une petite enquête policière et explorer la façon dont Victor réussit à trouver son monstre car ce n’est pas vraiment expliqué dans le roman original. »
Si les quatre amis n’hésitent pas à s’attaquer à différents genres – ils ont d’ailleurs tous écrit des romans érotiques dans la collection « Fantasmes » -, ils ont aussi déjà tous en tête les prochains classiques qu’ils rendront « interdits ».
Collection « Les classiques interdits » par Simon Rousseau, Josée Marcotte, Dominic Vallance et Louis-Pier Sicard. Editions ADA. Prix : 19 €.