
Habitué à faire l’actualité dans le monde de la musique, le rappeur Yassine Le Coustumer, connu sous le pseudo de Meurdok junior a décidé de se lancer dans le cinéma. Son premier film comme acteur et réalisateur « Mon temps » est disponible depuis ce week-end sur la plateforme Dailymotion. Il évoque un jeune homme, qui vient de perdre son emploi, et qui en se rendant à un concert de rap, va découvrir un univers attractif. Entretien…
Yassine, qu’est ce qui vous a décidé à passer de la musique à la réalisation d’un film ?
« C’est justement la musique. J’appréhendais un peu le visuel à travers des clips et ça m’a permis de me projeter sur le processus. J’ai toujours eu une envie de cinéma mais j’étais freiné par le coût, ça me paraissait moins accessible que la musique quand on n’est pas issu de ce milieu. »
Le processus d’écriture est-il le même ?
« Non, c’est très différent, dans la musique, le propos est surtout guidé par la rime et le rythme. Le scénario est beaucoup plus libre,ça peut prendre une forme plus décousue. Dans le cinéma, c’est plus exigeant dans les dialogues. D’ailleurs, quand je suis revenu à la musique, j’ai eu plus de facilité à explorer d’autres thèmes dans la narration. »
A quel point cette histoire est-elle autobiographique ?
« Je pense à 80 %. On va dire que je me suis permis de romancer certaines situations, il y a des moments que j’ai bougés chronologiquement, des choses qui ont pris plus d’ampleur que j’ai minimisées pour trouver un peu de narratif sur la fin. J’ai pris du plaisir à faire ce projet où je me raconte avec parcimonie. J’aime être sincère, authentique, mais il y a une frontière entre l’introspection et le voyeurisme. »
Jouer le rôle principal était une évidence ou avez-vous hésité pour vous consacrer pleinement à la réalisation ?
« C’était une évidence, ne serait-ce que par souci de budget. J’auto-produis le film, je ne pouvais pas prendre quelqu’un qui devrait être disponible sur un mois de tournage et puis, j’ai avancé masqué avec les précédents projets avec mon pseudo de Meurdok junior. Là, j’avais envie de passer un cap en faisant l’acteur devant la caméra. »
Aviez-vous la volonté d’évoquer ces difficultés à émerger si on ne fait pas partie du sérail ?
« Bien sûr, on vit des choses de l’intérieur que les gens ne pourraient pas comprendre, j’ai essayé de le synthétiser au maximum dans le film. L’artistique, ce que l’on propose passe au second plan, après le copinage. Il faut dealer avec le système. »
« Passé », « Présent », « Futur » dans la musique, « Mon temps » au cinéma : il est toujours question de temporalité dans votre œuvre…
«Oui, je reste dans cette thématique qui évoque plein de choses et, en même temps, ça reste abstrait. J’aime avoir une œuvre cohérente, qu’il y ait une suite logique dans mes projets. »
Diriez-vous que votre parcours d’artiste est encore imparfait ou déjà plus que parfait ?
« C’est un parcours avec des hauts et des bas, je n’ai pas vraiment de recul sur moi même, je suis encore dans le film, dans l’histoire et je n’ai pas encore trouvé de fin. Je n’ai pas eu les portes qui s’ouvrent pour faire des choses dans de meilleures conditions. J’ai toujours tout fait en auto-production, j’ai investi beaucoup d’argent, c’est toujours un peu un parcours du combattant. »
Le futur proche sera plutôt musical ou cinématographique ?
« J’ai des envies dans les deux domaines, je prends tout ce qui se présente à moi. J’ai beaucoup investi sur le plan financier, personnel, en temps pour ce projet, ça peut être usant de se dévouer corps et âmes. La suite, ça va aussi être en fonction des retours mais ce que je peux dire, c’est que j’ai déjà des scénarios prêts et sur le plan de la musique, un album éponyme « Mon temps » vient de sortir en même temps que le film, toujours plutôt rap. »
Le film « Mon temps » est disponible sur Dailymotion.