Patrice Leconte : « Je n’aurais jamais envie de me débarrasser de l’image des Bronzés »

15/10/2023 | Ciné, Festivals

Invité d’honneur du festival CineComedies Lille, Patrice Leconte était dans la capitale des Flandres ce vendredi pour aller à la rencontre de son public après la projection en salle de son film « Les Grands Ducs ». Il nous a aussi accordés un entretien…

Les festivals de comédie sont rares en France. Que pensez-vous de ce festival CineComedies Lille ?

« Ce n’est en effet pas une initiative anodine. Dans les grands festivals, à Cannes, Berlin ou Venise, on ne voit quasiment jamais de comédies donc c’est important qu’il y ait ce type de festivals mais à part l’Alpe-d’Huez et Lille, il n’y a pas grand-chose d’autres en France. Quand les films sortaient en salle, on espérait que ça marche mais c’est bien qu’il y ait des événements pour donner un coup de projecteur. »

L’intérêt, c’est aussi ce mélange entre avant-premières et films plus anciens que les gens n’avaient peut-être jamais vu au cinéma, non ?

« Je ne sais pas si c’est unique mais en effet, c’est génial de projeter ces films du patrimoine comme « La cage aux folles ». Dans un festival, à Vevey en Suisse, ils avaient passé « Les bronzés font du ski » et j’avais demandé dans la salle qui n’avait jamais vu le film, deux mains se sont levés. J’ai ensuite demandé qui l’avait vu en salle et là il y a eu 3 bras levés, des gens plus âgés. Ces films un peu incontournables, ont été vus et connus par plein de générations uniquement à la télévision et forcément c’est un bonheur d’entendre une salle entière se gondoler en les regardant. »

Lille a choisi cette année dans votre filmographie de diffuser « Les grands ducs ». Qu’en reste-il ?

« C’est un film que j’ai aimé faire et que j’ai réussi. Pas dans le sens qu’il est réussi universellement, des gens ont aimé, d’autres pas, mais dans le sens où j’ai fait le film que je voulais faire. Le nombre d’entrées à sa sortie n’a hélas pas été terrible, nous étions tous très déçus mais le film a continué à exister via la télévision et il a trouvé son public. Je ne vais pas dire qu’il y a un fan club des « Grands ducs » mais je rencontre régulièrement des gens qui m’en parlent avec des trémolos dans la voix, ça rachète un peu l’accueil tiédasse à la sortie. »

Est-ce toujours le même bonheur de parler des « Bronzés » ou êtes-vous parfois lassés avec le temps ?

« Surtout pas, je n’aurais jamais envie de me débarrasser de cette image. Je sais que j’ai aussi fait d’autres films comme «Le mari de la coiffeuse » ou «Ridicule » après et que ma carrière ne se résume pas à ça mais je suis très heureux d’avoir fait Les Bronzés. Parfois des journalistes me disent « allez, on oublie les Bronzés », je leur dis « vous rigolez, je suis tellement fier de les avoir faits, ça a été tellement important dans ma vie.  D’ailleurs, pour les 40 ans des Bronzés font du ski, le producteur avait invité toute l’équipe à Val d’Isère qui avait été le lieu de tournage. La station était aux couleurs du film et on a passé une soirée extraordinaire dans un restaurant privatisé à manger des fondues et des raclettes. »

Quels sont les personnes qui ont bercé votre jeunesse ou vous font rire aujourd’hui  ?

« Adolescent à Tours, j’aimais regarder les films de Jerry Lewis et puis en grandissant et en devenant plus cinéphile, il y a eu les films de Léo McCarey et Franck Capra. Si on veut se rapprocher de notre époque, les comédies anglo-saxonnes comme « 4 mariages et un enterrement » et « Coup de foudre à Notting Hill » et en France, je ne sais pas si on a fait quelque chose de mieux depuis « Le dîner de cons ».

Il y a eu le «Mission Cléopâtre » de Chabat qui est de loin le meilleur Astérix mais ça date aussi. J’avoue que j’ai un mal à fou à citer des choses qui m’ont enthousiasmé ces dernières années. Je pense que Philippe Lacheau qui est inventif, avec une bonne gueule et de l’énergie, serait ce qui se fait de mieux pour moi aujourd’hui mais après je n’ai peut-être plus l’âge de me marrer avec des films qui font rire les jeunes. »

Est-ce plus difficile qu’avant de faire des comédies avec de plus en plus de sujets dont on ne peut plus parler sans risquer la polémique ou le buzz ?

« Je ne pense pas et je ne crois pas trop à la notion de sujets que l’on tourne en dérision. Je m’intéresse davantage aux situations , aux personnages, aux rencontres. Les producteurs attendent qu’on leur propose des comédies. Et dans une époque qui n’est pas drôle tous les jours, je ne trouve pas honteux de vouloir parfumer la vie des gens avec un peu de légèreté, de bonheur pour faire évaporer les soucis. »

Photos Pauline Maillet

Patrice Leconte est l'invité d'honneur cette année du festival CineComedies de Lille. Photo Pauline Maillet
Patrice Leconte est venu reparler des Grands Ducs. Photo Pauline Maillet

Whities revient avec un single très personnel

Moins d’un an après la sortie de son album, « La réalité n’existe pas », Whities revient sur le devant de la scène avec une...

« Dalloway » interroge notre rapport à l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle prend chaque jour une place croissante dans nos vies et de plus en plus de voix s’élèvent pour...

« Les tourmentés », une sombre chasse à l’homme

Il paraît que tout a un prix. Même la vie d’un homme ? C’est ce que semble penser « Madame » (Lihn-Dan Pham), une veuve...

Mikaël Mittelstadt espère rétablir quelques vérités sur Filip Nikolic

Encore trop jeune lorsque la mode des Boys band, et notamment celle des 2be3, a déferlé sur la France à la fin des années...

« Trois hommes et un couffin », 40 ans après, les petites histoires autour d’un grand film

Dans le panthéon des grandes comédies du cinéma français figure notamment un film de Coline Serreau, « Trois hommes et un...

Hugues Hamelynck partage avec humour et émotion sa passion pour la chanson française

Le grand public l’a découvert il y a un peu moins d’un an sur les écrans de TF1 mais celui qui a donné des cours de théâtre...

Jonathan Dassin : « Mon père fait partie du panthéon de la chanson française »

Fils aîné de Joe Dassin, Jonathan Dassin tourne un peu partout dans le monde en reprenant les grands titres de son père....

DNA : « C’est la première fois que Maud se trouve dans une situation aussi grave », avoue Sixtine Dutheil

Depuis le tout premier épisode, il y a déjà plus de huit ans, le quotidien des personnages de « Demain nous appartient » a...

« Hibakushas », un roman qui irradie de suspense et de passion pour l’Asie

Il y a 80 ans, le 2 septembre 1945, le Japon signait les actes de capitulation mettant officiellement fin à la seconde...

Empathie, une série coup de cœur sur la santé mentale

Depuis son installation dans le Nord de la France, jamais les équipes de Séries Mania n’avaient assisté à un tel...
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x