Il a déjà joué au Spotlight, rue Gambetta, et a très vite été séduit par le public lillois. « Quand tu vois l’ambiance sur la première soirée, tu dis que c’est peut-être exceptionnel, que ça arrive de temps en temps mais au bout de trois fois tu es sûr que c’est lié au public. Lille j’adore, en plus il y a moyens de surfer sur les références locales, les Lillois sont particulièrement portés sur l’humour. Le Sébastopol, ce sera une première mais plein de camarades m’en ont tellement parlé que j’ai déjà envie de le croquer. »
Le jeudi 4 mai, Karim Duval y jouera donc son spectacle Y : « ça concerne la génération des gens nés entre 1980 et 2000. J’en fais partie, j’en ai les travers, je figure parmi ces reconvertis qui ont plaqué un job confortable pour vivre de leur passion, explique-t-il. Au début, on se sent un peu seul, et puis quand on se promène sur les réseaux sociaux, quand on lit la presse, on s’aperçoit que de plus en plus de gens le font et que ça commence à créer un phénomène, que l’on est pas un cas isolé. Je me suis aperçu qu’il y avait matière à vannes, à caricatures. Par exemple, on se veut écolo mais dans le même temps on surconsomme. Il y a plein de contradictions comme celle-là. »
Issu du milieu de l’informatique, Karim Duval s’amuse aussi du langage particulier employé dans le monde du travail et notamment dans les start-up : « C’est du vécu, poursuit-il. Le digital appelle un jargon spécifique, on s’embourbe dans des termes très complexes, des mots en franglais. C’est un langage que je maîtrise et dont j’aime bien me moquer. »
Né au Maroc et grand fan de Charlie Chaplin, Karim Duval a développé son sens comique avec différents humoristes français : « J’avais un vinyle de Roland Magdane, sourit-il. Quand j’étais adolescent, je n’avais pas encore internet mais J’ai grandi avec ce que l’on voyait à la télévision : Les Inconnus, Muriel Robin, Pierre Palmade, si on a encore le droit de le citer. Puis à dix-huit ans, après le bac, je suis arrivé en France et je suivais Omar et Fred, Gad Elmaleh, Jamel Debbouze, Elie et Dieudonné. »
S’il a construit sa carrière en France, Karim Duval n’oublie pas ses racines, il a même construit un spectacle « Noss noss talgie » spécifiquement pour le public marocain : « C’est très différent de Y, c’est plus nostalgique, en lien avec mon enfance, des références qui ne sont pas les mêmes. Il y a beaucoup de choses autour de la langue arabe, ça ne se traduit pas. Et je sais qu’à l’inverse, Y ne marcherait pas au Maroc. Beaucoup d’humoristes vont plaquer leur spectacle comme si les Marocains connaissaient tous l’actualité en France, mais chaque pays a sa sociologie. »
En parallèle de son spectacle, Karim Duval vient de sortir un livre : « Petit précis de culture bullshit », inspiré de son personnage de Jean-Bill Duval, professeur de Franglais, qui élève le bullshit à un rang de pays avec ses traditions, sa cuisine, ses artistes, son code de politesse, sa manière de séduire… Au-delà du franglais, il est aussi question de « flangage », c’est-à-dire faire du flan avec du langage, l’art de brasser du vent en fait, c’est un langage très employé par les politiques, les énarques, conclut-il. On se rend compte finalement que les personnages lisses, très propres sur eux, disent aussi des horreurs. »
« Y », spectacle de Karim Duval, le mercredi 4 mai (20 h) au théâtre Sébastopol de Lille. Prix : 35 €.
Billets disponibles sur ticket masters et dans tous les points de vente habituels.