Sa vie à basculé suite à une chute du haut d’une échelle alors qu’il n’avait que dix ans. Handicapé suite à cet accident, Matthieu Nina a, malgré tout, réussi à force d’audace et de persévérance à se faire une place dans le milieu de l’humour. Avant ses passages dans le Nord, à la comédie de Lille (27 novembre) et au casino de Dunkerque (30 janvier), il a accepté de revenir sur son parcours…
Matthieu, à quel moment vous avez envisagé de faire une carrière dans l’humour ?
« C’est un peu particulier, étant handicapé depuis l’âge de 10 ans, je pensais que je ne pourrais pas être sur scène mais tout a basculé suite à différentes rencontres. Il y a notamment eu une discussion avec Helmut Fritz dans les coulisses d’une émission, auxquelles j’avais pu accéder car je connaissais des gens de la production. Il m’a dit que j’étais drôle,qu’il fallait que j’écrive, ça m’est resté en tête et je me suis dit que j’allais essayer. »
Comment frappe-t-on à la porte de ce milieu, aviez-vous déjà des connexions ?
« Non, j’ai grandi à Tours et mes parents n’étaient pas du tout dans ce domaine . En fait, j’étais passionné par la Star Academy et j’ai appris que Philippe Lelievre, qui y était professeur de théâtre donnait des cours dans une école à Paris. J’ai contacté l’école, la directrice lui a transmis mon message, il m’a rappelé le lendemain et on a parlé pendant une demi-heure. Ensuite, j’ai pu obtenir des stages sur certaines émissions, comme Secret Story. Comme je suis quelqu’un d’avenant, qui a parle facilement, j’ai rencontré petit à petit pas mal de gens et un jour je me suis incrusté dans un cocktail où je n’étais pas invité, j’ai discuté avec Arnaud Viard, on a sympathisé et il m’a proposé de jouer dans un de ses films. Je suis donc entré dans ce milieu à l’audace, au culot, grâce à des rencontres. »
Vous dites avec humour que ça a mis du temps pour percer car il n’y avait pas de rampe d’accès mais avez-vous ressenti une vraie discrimination en lien avec votre handicap…
« Quand je bossais en prod télé, je sentais des gens un peu réticents, pas mal de portes étaient fermées et beaucoup d’entreprises préfèrent payer des taxes plutôt que d’embaucher des personnes de situation de handicap. En revanche, je n’ai pas senti de gens spécialement fermés en tant qu’humoriste. »
Il y a de plus en plus de personnes en situation de handicap qui font des spectacles, de Doully à Florence Mendez en passant par Lilia Benchabane et, avant eux, le regretté Guillaume Bats. Avez-vous le sentiment que l’inclusion gagne du terrain ?
« On va dire qu’on avance petit à petit dans le bon sens. »
Vous partagez l’écriture de votre spectacle avec Pierre-Emmanuel Barré et Arsen. Comment fonctionnez vous ensemble ?
« Pierre-Emmanuel Barré, je l’ai rencontré via un ami en commun et Arsen travaillait déjà avec lui. J’ai amené beaucoup de ma vie, Pierre-Emmanuel a transformé cette narration en quelque chose de drôle et Arsen amène des punch line. »
Qu’avez-vous souhaité mettre dans ce spectacle ?
« Je raconte mon parcours, ma vie qui n’est pas banale mais je voulais montrer que malgré mon handicap, je suis quelqu’un comme tout le monde avec ses qualités, ses défauts. Je parle du travail, de mes relations amoureuses… »
Vous avez joué dans une série (« Handicops ») et au cinéma (« Arnaud fait son deuxième film ») , est-ce que ce sont des terrains d’expression que vous avez envie d’explorer davantage ?
« Je suis ouvert à toutes les opportunités, j’ai des envies je ne m’interdis pas de présenter des projets à des productions. J’aime bien faire des choses totalement différentes. J’ai déjà coorganisé et coanimé un défilé handifashion avec des mannequins valides et handicapés. Si je peux amener ma pierre à l’édifice, faire des choses pour mettre le handicap sur le devant de la scène, pour qu’il y ait moins de tabous, moins de regards bizarres. »
Vous allez jouer à Lille et à Dunkerque, vous connaissez déjà le public du Nord ?
« Je l’aime beaucoup, j’ai joué deux fois au Spotlight, j’ai participé au festival Lillarious en janvier dernier, le public était incroyable, chaud, chaleureux. Si tous les publics étaient comme à Lille, ce serait trop cool, tous les humoristes ont envie de jouer dans le Nord. J’ai hâte. En plus, je parle de Dunkerque dans mon spectacle mais pour savoir pourquoi il faudra venir le voir. »
« En bas de l’échelle », un spectacle de Matthieu Nina, le jeudi 27 novembre (20 h) à la comédie de Lille et le vendredi 30 janvier (21 h) au casino de Dunkerque.