
Finaliste du prix du roman Fnac 2025, Séverine Cressan a donné tout son sens à l’expression «Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître ». Passionnée d’écriture depuis son adolescence, elle a décidé de passer le cap et de faire de ses rêves une réalité. Pour son premier ouvrage, elle a décidé de s’intéresser aux nourrices. « C’est un personnage que je rencontrais souvent dans mes lectures mais dont on ne connaît rien, qui n’est généralement pas nommé, on évoque souvent juste sa fonction, explique-t-elle. Ça m’a toujours interpellé, quand on réfléchit à ce que ça représente vraiment d’allaiter un enfant qui n’est pas le sien et d’être payé pour ça. »
Séverine Cressan a préalablement entamé un gros travail de documentation. « Je me suis rendue compte que ça existait depuis l’Antiquité et ça a duré jusqu’à la première guerre mondiale. J’ai eu envie de savoir qui étaient ces femmes, pourquoi elles faisaient ça, quel était leur quotidien, poursuit-elle. Je voulais montrer l’exploitation de leur corps, leur marchandisation, d’autant qu’elles n’étaient pas forcément les premières bénéficiaires de l’argent qu’elles touchaient. J’ai lu tout ce que je pouvais sur le sujet, sur le lien mère-enfant et même sur la psychologie. »
La romancière bretonne n’a, en revanche, pas souhaité aller à la rencontre d’anciennes nourrices pour ne pas trop altérer sa créativité et laisser une part de fiction dans son roman. A une exception près tous ses personnages, dont Sylvaine son héroïne principale, sont le fruit de son imagination. « J’ai juste fait apparaître une vraie méchante, une nourrice normande qui, en l’espace de cinq ans, a tué 14 nourrissons dont elle avait la charge. »
En tant que mère ayant, elle-même, allaité longtemps ses deux enfants, Séverine Cressan avoue s’être posée pas mal de questions. « Je me suis demandé si je serais capable de prendre un bébé que je ne connais pas, de le mettre à mon sein, une partie très intime de moi-même et si je serais capable de me dévouer à lui pour de l’argent. »
Sur un petit nuage devant le succès de ce premier livre, cette professeure de Français se projette évidemment déjà sur un deuxième roman : « Je préfère encore garder le thème secret mais je l’ai déjà en tête depuis un moment, je fourmille d’idées, assure-t-elle. J’ai hâte de m’y remettre, écrire me procure tellement de plaisir. »
« Nourrices » de Séverine Cressan. Éditions Dalva. 272 pages. Prix : 21,50 €.