
La fascination pour les enquêtes criminelles n’est plus à démontrer, il suffit pour s’en convaincre de regarder les excellents chiffres d’audience des émissions de télévision consacrées aux différents faits-divers. Bonne nouvelle pour les passionnés : une soirée « L’univers du crime », consacrée aux plus grandes enquêtes criminelles est organisée ce jeudi et vendredi à Paris et sera retransmise dans une vingtaine de cinémas CGR, dont celui de la rue Charpak à Bruay-la-Buissière.
De nombreux spécialistes, qu’ils soient enquêteurs, magistrats, journalistes ou avocats apporteront leurs éclairages sur différentes affaires. Parmi eux, le médecin légiste et anatomopathologiste, Philippe Charlier, qui garde un excellent souvenir de son année d’internat en médecine effectuée à Lille.
Avant d’évoquer votre spécialité, comment expliquez-vous cet intérêt collectif pour tout ce qui a trait à l’univers du crime ?
« Il y a une vraie ambivalence en fait car d’un côté il y a une fascination assez habituelle pour la mort. Pas mal de gens ont une vraie appétence pour ça et veulent trouver des réponses à certaines enquêtes non résolues mais, d’un autre côté, il y aussi une relative appréhension : on ne veut plus mourir chez soi, on ne veut pas voir les corps. »
Vous êtes médecin légiste, anthropologue, qu’est-ce qui vous a guidé vers ces professions ?
« Il y a six ans lors d’un voyage à Pompéi, au cœur du Vésuve, j’ai vu des squelettes recouverts par du plâtre, ça m’a donné envie de faire parler les morts de façon cartésienne. J’ai voulu faire un peu plus d’archéologie, devenir un médecin des morts. J’ai travaillé sur des corps anciens mais aussi sur des patients récents pour la justice. En ce moment, je travaille sur le cœur de Voltaire, les ossements du peintre Raphaël ou encore les cheveux de Sainte-Thérèse de Lisieux. »
Vous vous êtes penchés sur le cas de nombreux personnages historiques On vous sollicite ou vous choisissez ceux qui vous intéressent ?
« Il m’est arrivé d’être sollicité par des communautés ecclésiastiques, des musées, la DRAC. On se saisir parfois de tel ou tel dossier qui nous intéresse, qui semble pertinent. On ne va jamais exhumer pour le plaisir, on respecte la volonté des défunts. Si une tombe doit être restaurée ou transférée, on en profite. Avec les reliques de Saint-Louis, on a pu déterminer la vraie cause de sa mort, qui est plus liée au scorbute qu’à la peste. Ça aussi permis de confirmer qu’Hitler était bien mort en avril 1945, qu’il n’avait pas survécu ailleurs. »
« Bones », « Alexandra Ehle, », « Body of proof », plusieurs séries ont mis en lumière votre profession. Est-ce que ça en donne une image assez juste et avez-vous déjà été contacté pour amener votre expertise ?
« J’ai été conseiller scientifique une fois dans l’un des films de Josée Dayan, dans lequel j’ai même joué mon propre rôle mais je préfère me cantonner dans un rôle de laboratoires et j’ai des collègues qui font ça plutôt bien. Il y a de moins en moins d’erreurs dans les séries même si évidemment on ne trouve pas de résultats de façon aussi rapides dans la réalité. »
Comment votre métier a-t-il évolué au fil du temps ?
« Je travaille depuis plus de vingt ans, il y a eu beaucoup d’avancées technologiques avec la microscopie, l’imagerie avec les rayons, l’ADN, les études alimentaires… Les progrès permettent d’ouvrir, de nouveau, certains dossiers qui étaient partiellement bouclés. »
« L’univers du crime », soirée retransmise au cinéma CGR, rue Georges Charpak à Bruay-la-Buissière.