
L’intelligence artificielle prend chaque jour une place croissante dans nos vies et de plus en plus de voix s’élèvent pour interpeller sur les risques que son développement fait peser sur la création artistique. Un thème qu’avait évoqué l’écrivaine Tatiana de Rosnay dans son livre « Les Fleurs de l’ombre », sorti en 2020, où elle avait imaginé une résidence ultra-moderne dans lequel des artistes en panne d’inspiration bénéficient du soutien d’une assistante virtuelle.
Un roman que l’on pouvait presque qualifier d’anticipation à l’époque mais dont l’adaptation cinématographique de Yann Gozlan, « Dalloway », sortie en salle ce mercredi 17 septembre, s’est de moins en moins apparentée à de la science-fiction. « Au début, je travaillais sur un film de science-fiction, dystopique mais l’arrivée de Chat GPT, fin 2022, a changé la donne, explique-t-il. J’ai compris qu’il fallait que j’actualise le film et plus le temps passé plus je rapprochais l’année où se déroulait l’action de notre époque. Finalement, c’est un miroir à peine déformé de ce que l’on vit aujourd’hui. J’ai juste monté un peu les curseurs. Après ce qui m’intéressait, c’était de parler dont l’IA rentre dans notre intimité. On a même eu des faits divers avec des gens qui ont développé une relation très obsessionnelle avec leur IA, qui les a poussés au suicide. Peut-être que dans un avenir proche, on dialoguera plus dans une journée avec une IA qu’avec un être humain. »
La comédienne belge Cécile de France ne cache pas sa joie d’avoir été retenue pour incarner Clarissa, cette romancière qui entretient un lien tellement particulier avec son assistance virtuelle, Dalloway, qu’elle finit par sombrer dans une paranoïa justifiée ou non. « C’est un rôle exceptionnel, très intense avec une large palette d’émotions puisqu’il faut jouer l’angoisse, la paranoïa, la folie, l’épuisement, explique-t-elle. En tant que spectatrice de thriller, j’étais aussi contente de travailler avec Yann Gozlan, qui est un spécialiste du genre. Le scénario m’a beaucoup interpellé, j’ai dû le lire plusieurs fois et à chaque lecteure, je découvrais des choses que je n’avais pas bien comprises auparavant. Ça nous interrige sur notre époque, sur ce monstre que l’on a crée et qui nous fascine, un peu comme le mythe de Frankenstein. »
Le choix de Mylène Farmer qui a prêté sa voix à l’assistante virtuelle s’est aussi avéré judicieux : « Je n’avais pas pensé à elle au départ, admet le réalisateur. Dalloway est un personnage clef au même titre que Clarissa. Je cherchais une voix envoûtante, fascinante qui crée à la fois de l’empathie et de la tension. Un soir, je suis tombé sur un reportage sur la carrière de Mylène Farmer avec un passage sur l’une des rares interviews qu’elle a données et j’ai été saisi par sa voix. Ça fonctionne d’autant mieux qu’elle a une vraie aura, ce truc un peu spécial d’icône. Son côté un peu mystérieux donne du sens à cette idée qu’elle puisse incarner une IA. J’espère que ce film ne sera pas considéré comme technophobe. Comme c’est un thriller, je souhaite qu’il y ait de l’angoisse, que les gens soient captivés. »
« Dalloway », un film de Yann Gozlan avec Cécile de France, Anna Mouglalis, Lars Mikkelsen et la voix de Mylène Farmer. En salle depuis ce mercredi 17 septembre.