
Les voyages dans le temps, on le sait, sont propices aux situations comiques. En transportant un couple des années 1950 jusqu’en 2025, la réalisatrice Vinciane Millereau a utilisé un formidable terrain de jeu pour son premier long métrage, « C’était mieux demain », sorti en salle ce mercredi 8 octobre.
Ses héros ne font certes pas un bond dans le temps aussi conséquent que dans « Retour vers le futur » ou « Les visiteurs » mais ça n’empêche pas les anachronismes et l’objet du film n’est pas de comparer deux époques pour déterminer laquelle est la meilleure mais bien d’offrir un voyage initiatique à ses personnages pour renforcer, au final, leur relation.
Hélène (Elsa Zylberstein) et Michel (Didier Bourdon) coulaient globalement déjà des jours heureux dans les années 1950 avec leur deux enfants mais leur séjour en 2025 va totalement bousculer leur vie et leur vision de la place de chacun dans la société et dans le foyer. « Je voulais écrire sur les rapports hommes-femmes, l’évolution au fil du temps sans émettre de jugements sur les époques et je souhaitais absolument y mettre beaucoup d’humour, de l’humanité et même de la magie comme dans E.T. le premier film que j’ai vu au cinéma. »
Vinciane Millereau a apporté un soin tout particulier à la direction artistique, aux lumières, aux décors : « J’avais été très claire avec le producteur et les partenaires financiers, je voulais un film chic et élégant, poursuit-elle. Il était hors de question que je maltraite l’image. On l’a beaucoup travaillée pour y mettre ce grain qui plonge d’emblée le spectateurs dans les années 1950. »
Le film est porté par deux comédiens remarquables, Didier Bourdon et Elsa Zylberstein. « Je me suis beaucoup interrogée sur le parcours émotionnel de cette petite femme parfaite des années 1950, qui fait des petits gestes, qui est corsetée dans des costumes serrés, qui est peut-être frustrée, indique l’actrice. Pour citer Simone de Beauvoir, « on ne naît pas femme, on le devient ». Je me suis donc demandée ce à quoi elle rêvait et quand elle est catapultée à notre époque, on voit qu’au départ elle a peur de cette liberté qu’elle découvre mais elle va finir par s’épanouir et avec son mari ils vont vraiment se découvrir, mieux s’envisager, se rendre la vie meilleure pour tous les deux. »
« Ce qui fait la beauté du film, c’est que mon personnage n’est pas non plus un homme très libre, il est engoncé dans son costume et sous la coupe d’un patron à son travail . Je me suis un peu inspiré de mon père, notamment dans le rapport aux enfant. Avec mon père, les rapports physiques étaient compliqués au début mais ça n’empêchait pas que les sentiments étaient là. En vieillissant, il nous a davantage pris dans ses bras, confie Didier Bourdon. À la base, Mon personnage a ce relationnel un peu compliqué, il dit même à un moment des horreurs à sa fille ».
« C’est aussi un film sur la famille et je voulais qu’il y ait de l’amour un peu partout », confirme Vinciane Millereau, qui a mis un point d’honneur « à ne pas enfermer ses comédiens principaux dans un huis clos mais à les entourer de très jolis seconds rôles. » La réalisatrice livre donc une comédie féministe, qui réussit le double pari de divertir tout en faisant réfléchir.
« C’était mieux demain », une comédie de Vinciane Millereau avec Elsa Zylberstein et Didier Bourdon, en salle depuis ce mercredi 8 octobre 2025.