Travailler en boîte de nuit pour payer son loyer mais ne plus avoir assez d’énergie pour se lever le matin et aller passer des auditions alors qu’on a trois années de cour Florent dans ses bagages, c’était un gâchis dont Anne Boissard a pris conscience le 31 décembre 2018. « Au moment, où tout le monde se souhaitait bonne année, je me suis mise à chialer en me demandant ce que je foutais là, derrière un bar, à servir des vodka Red Bull », se souvient-elle.
Le moment étant propice à la prise de résolutions, la jeune femme a donc décidé à l’approche de la trentaine de reprendre sa vie en mains et de se réorienter vers ce qu’elle aimait réellement. À force de traîner au Paname Café, elle s’est aussi mise à faire des blagues qu’elle a décidé de poster sur les réseaux sociaux.
Son petit gimmick de début de vidéo, « Salut les gens » est vite devenu viral. « C’est venu un peu par hasard mais du coup ça m’a donné une identité sans que ce soit voulu », sourit-elle. De fil en aiguille, de plus en plus de gens l’ont remarquée. Camille Combal a même fait appel à ses services comme chroniqueuse dans son émission « Camille et images ». Elle a aussi fait la première partie de Roman Frayssinet, un humoriste qu’elle apprécie beaucoup, au même titre que Fary et Panayotis Pascot.
Aujourd’hui, Anne Boissard a monté son spectacle « Assume », qu’elle jouera le mercredi 3 décembre (21 h) au Spotlight à Lille et dont elle a écrit les textes elle-même. « Au départ, j’avais un peu le syndrome de l’imposteur et j’étais donc allé chercher des hommes du milieu pour m’aider mais je suis rendu compte qu’il fallait en finir avec ces démarches patriarcales et que j’étais tout à fait capable de le faire seule, même s’il est toujours intéressant d’avoir des discussions, des retours de collègues qui peuvent t’éclairer sur certains points », confie-t-elle.
Sur scène, l’artiste propose quelque chose qui ne ressemble pas à ses vidéos : « Ce sont deux univers différents. Les vidéos sur les réseaux, c’est le moyen d’expression le plus rapide mais dans mon spectacle je parle de choses plus profondes, j’avais envie en écrivant de vulgariser les tabous de la société, parler de l’adoption, de la psychanalyse, des liens familiaux et amoureux car c’est ce qui régit toute notre vie, indique-t-elle. Je parle aussi des addictions que ce soit la clope, l’alcool, la drogue et même le sport. »
Anne Boissard a donc à cœur de distraire mais aussi de véhiculer des messages. « Je trouve même qu’on ne réfléchit pas encore assez dans mon spectacle, j’aimerais qu’on le fasse davantage dans le prochain, qui devrait être plus intellectuel, annonce-t-elle. J’ai envie de parler d’avortement, de maladies invisibles comme la bipolarité mais c’est compliqué de faire en sorte que le public sorte de la salle avec matière à réflexion, tout en le faisant rire. Il faut que ton écriture soit suffisamment forte pour faire passer quelque chose. »
Anne Boissard joue son spectacle « Assume » ce mercredi 3 décembre (21 h) au Spotlight à Lille.